Le
serment dans tous ses états
De nos jours et dans nos campagnes, au marché aux bestiaux,
pour conclure une
affaire, on tope la main, et cochon qui s’en
dédit. Cela peut ressembler à du
folklore, mais ce geste remonte aux Grandes Foires du Moyen Age, il
traduit
depuis le temps, la confiance qu’il y a entre les partenaires
et le respect de
cette confiance. C’est en quelque sorte un pacte
scellé par le serment de confiance,
et chacun peut repartir chez lui sereinement.
Depuis la nuit des temps, les sociétés humaines,
comme les individus ont eu
besoin de la confiance, pour vivre, pour entreprendre, pour conserver
les
acquis sociaux, culturels, religieux et initiatiques. La confiance
devenant
l’élément moteur pour exister et se
démarquer du monde animal. Cette confiance
étant basée essentiellement sur la prestation
d’un serment.
Pour donner du sérieux et de la solennité
à cette prestation, les sociétés
humaines, ont plus que théâtralisé,
elles ont ritualisé la prestation du
serment, en le sacralisant.
Toutes les confréries, les religions les ordres de toutes
sortes, les
institutions font appel au Serment, c’est dire que son
utilité comme sa
nécessité est reconnue comme une valeur
importante dans la vie de l’homme.
C’est une garantie.
Dans le système féodal, le vassal fait
allégeance au suzerain, par un serment
rendant l’hommage au suzerain, et de ce fait le vassal est
intégré dans la
société féodale, il est reconnu comme
un maillon indispensable au
fonctionnement de la féodalité. Lorsque le
suzerain fait appel à l’Host, pour
guerroyer, le vassal accoure, et malheur à celui qui ne
réponds pas. Il est
accusé de félonie, et il encourt le bannissement
l’excluant de la société
médiévale.
Il en est de même pour les confréries et les
guildes, c’est le serment qui uni
et qui lie tous les membres à la défense des
intérêts de la corporation. Mais
il en est de même de nos jours, et même si cela
peut prêter à sourire, la
Confrérie de la Tripe d’Or, tout comme les
Chevaliers du Taste Vin, sont en
ligne directe dans la continuité des us et coutumes du Moyen
Age. Gare à ceux
qui bafouent les règles. Ils sont exclus de la
Confrérie, et donc du circuit
économique, avec les conséquences que
l’on imagine.
Dans les religions c’est la même chose. Pendant
l’ordination des Prêtres,
l’Eglise demande l’allégeance
à ses valeurs et ses principes religieux. Si par
malheur, le Prêtre défaille, il devient un
curé défroqué, et il est
rejeté de
la communion universelle.
Dans les institutions, nos hauts fonctionnaires, les magistrats et les
officiers ministériels, prêtent serment de
respecter et de faire respecter les
valeurs institutionnelles, fondement de nos
sociétés. La sanction, est la
radiation et le déshonneur.
Pour le citoyen qui témoigne, il jure de dire : «
toute le vérité ! Rien que la
vérité ! » . En cas de faux
témoignage, la sanction est très lourde, pour
signifier à l’imprudent, l’importance du
respect des Lois.
Au USA, les immigrants, pour témoigner de leur
désir d’intégrer ce pays,
prêtent serment sur la Bible et le drapeau. En contrepartie
du pacte ainsi
établi, ils deviennent et c’est important, des
Citoyens.
Dans les sociétés que l’on dit
primitives, le serment ce scelle par le pacte du
sang, on devient Frère de sang pour la vie
entière. On commence à aborder le
domaine du sacré ; car le sang depuis des temps
immémoriaux est le symbole de
la vie avec une connotation de liquide sacré dans toutes les
civilisations.
Palsambleu juron du Moyen Age, on lave son honneur dans le sang, buvez
ceci est
mon sang, là on entre vraiment dans le spirituel et le
sacré, on sacrifie soit
un animal, soit un humain, pour renouveler le pacte social avec les
Dieux, on
devient Frères de sang, non pas seulement par les liens
familiaux, mais aussi
par un pacte signé avec le sang.
On dépasse les liens normaux et familiaux, par le pacte, on
établi une fratrie
supérieure et transcendante.
On se rapproche de la Maçonnerie, avec le serment des
Chevaliers, qui jurent de
défendre le faible, la veuve et l’orphelin. Ce
serment repose sur l’adoubement,
et si le Chevalier manque à ses devoirs, on brise, devant
les autres
Chevaliers, son épée, symbole de son appartenance
à l’Ordre des Chevaliers.
Dans toutes les sociétés initiatiques du
passé, comme avec la seule qui existe
encore de nos jours, pour appartenir à un ordre initiatique
il faut faire acte
d’allégeance par un serment approprié.
Comme par exemple le fameux serment des
Templiers, serment qui causa leur perte et leur condamnation, serment
dont en
réalité on ne connaît pas grand-chose,
la mémoire n’a retenu que la fameuse
statuette dite du BAPHOMET.
Venons-en à la Maçonnerie :
Le fonctionnement de la Maçonnerie, tient à
l’acceptation par ses membres des
valeurs et des principes qui en découlent. Prudente dans son
recrutement, elle
va tout au cours du rituel d’intégration,
présenter ses valeurs, mais en
spécifiant à chaque fois, le caractère
sacré de l’engagement à prendre par le
néophyte.
Dans le déroulement du rituel d’admission, mais
pas encore d’intégration du
futur maçon, au cours d’une phase du rituel, en
soulevant légèrement le
bandeau, le néophyte découvre étendu
sur le sol, un cadavre couvert de sang,
entouré de maçons pointant leurs
épées sur le cadavre. Le VM indique au
candidat, que ce qu’il vient d’entrevoir,
c’est ce qui arrive aux parjures.
Dans d’anciens rituels, le VM, fait appel au Frère
chirurgien, pour sceller
dans le sang, la parole du néophyte, marquant dans ce geste
théâtrale, la
gravité et le sacré d’une telle
demande. Certes cela reste une caricature, car
on ne passe jamais à l’acte, mais on
imprègne la mémoire du postulant que son
engagement est pris au sérieux par les membres de la Loge,
et que ceux-ci en
attendent autant du postulant. D’emblée, nous lui
faisons confiance.
Au moment de la grande
Lumière, l’impétrant ébloui,
distingue autour de lui des
Hommes en armes, il peut à juste raison
s’inquiéter, mais le VM, le rassure en
lui disant que les FF autour de lui avec leurs
épées sont là, pour le
protéger.
De la première manifestation des
épées, à la seconde, nous sommes
passés de la
mise en garde et de la crainte, à la
sécurité par la protection du groupe. Mais
cette confiance ne sera définitivement
concrétisée qu’au moment de la
prestation du Serment Maçonnique du futur Frère.
Car jusqu’à présent le
candidat est resté en dehors de la structure initiatique.
Donc la main gauche
sur le cœur, la droite au dessus des trois grandes
lumières, et récitant après
le VM la formule consacrant son admission, le candidat devient par sa
parole,
un maçon, un frère. La main gauche sur le
cœur, souligne, à mon sens le
caractère sacré du Serment maçonnique,
car c’est dans le cœur que circule le
sang source de vie physique, mais aussi source de vie spirituelle, la
main
droite n’étant que pour signifier au nouveau
Frère qu’il aura besoin d’outils,
pour construire son initiation.
L’installation de l’apprenti en tête de
la colonne du Nord marque la fin de son
intégration. Maintenant il sait qu’il peut faire
confiance aux MM, il a
commencé d’ailleurs à comprendre du
moins je l’espère, qu’il pouvait
être en
confiance avec des personnes inconnues, lors des trois voyages. Tout
son futur
relationnel, va maintenant être basé sur la
confiance mutuelle entre lui et la
Loge, à la condition qu’il respecte son Serment
Maçonnique.
C’est une constante de la vie en
société, profane ou initiatique, le socle de
cette vie repose sur la confiance, qui pour les Maçons
devient de l’Amour
Fraternel.
Tout au long de sa vie maçonnique, il devra renouveler son
Serment, au cours de
sa progression initiatique, afin de lui rappeler que son engagement
maçonnique
n’est pas une simple formalité, que son
entrée dans une société initiatique
est
un engagement sérieux.
Mais le fait le plus intéressant, en dehors du serment des
maffieux, est que le
contenu et la teneur du serment est conforme à la morale
ambiante, et ceci est
valable dans tous les cas de figures énoncées
plus haut.
Pour respecter le serment, point besoin d’être un
héros antique, mais un individu
honnête avec lui-même, donc avec les autres,
conscient de ses responsabilités.
En maçonnerie, on ne demandera jamais au Maçon le
sacrifice ultime, mais c’est
arrivé dans des événements troubles de
l’Histoire ; des Frère d’eux
mêmes, pour
protéger l’Ordre ont offert leur vie. Notre
serment repose sur deux colonnes,
le respect et la défense de nos Valeurs.
Notre confiance en l’autre, c’est le ciment qui uni
les pierres du futur Temple
et qui en assure la solidité comme la
pérennité.
Dans un vieux rituel, il est
dit que nous élevons des Temples à la Vertu, et
que nous creusons des cachots pour le vice. C’est dire que
notre Serment est
sélectif.
Malheur à ceux qui transgressent leur parole, non seulement
ils trahissent les
FFMM, mais ils se déshonorent et n’ont plus leur
place sur les colonnes du
Temple.
Le serment maçonnique n’est imposé
à personne et c’est en toute liberté
qu’il
est prononcé, et il n’existe que pour
défendre des valeurs profondément
humaines, c’est toute la différence entre
l’homme et l’animal.
« En portant la main droite sur le cœur, je
renouvelle l’engagement que j’ai
pris devant mes FF, de les secourir, en cas de besoin. »
Extrait d’une planche de compagnon
P\ L\
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