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Les Vignes de l’Apprenti

Mes bien aimés frères, j'ai eu l'occasion de constater durant nos agapes que nous avions tous une attirance marquée pour ce délicieux nectar issu du jus de raisin.

Buvons !

Je me suis donc posé la question : qu'est-ce qui rend le vin si populaire ?

Dans « Le livre des superstitions » d'Eloïse Mozzani, page 1788, on peut lire :

« Si l'homme mange du fruit de la vigne, il est doux et bon comme un agneau ; s’il boit le vin, il s'imagine être un lion et malheur lui   arrive ; s’il boit habituellement, il devient grossier comme un porc ; s’il s'enivre, il babille, se dandine et grimace comme un singe. » Allusion au fait que le diable lui même aurait par jalousie égorgé aux pieds des ceps de Noé un agneau, un lion, un porc et un singe ; arrosant ainsi le sol de leur sang mélangé.

Qui a le premier découvert les bienfaits de la vigne et de ses raisins ?
Bien malin qui pourra nous le dire, car une symbolique si dense attire bien des convoitises.
Reprenons simplement la bonne parole de mon maître J.M.PELT, dieu des botanistes sanctifié de son vivant par tous les amoureux des plantes : « Une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus. » (Paroles de nature, Albin Michel).
Ceci dit, l'origine de la vigne semble bien établie dans l'antiquité, par Osiris en Egypte, Bacchus dans le monde romain et Dionysos en Grèce.

Buvons !

La vigne, latin vinea de vinum, vin : arbrisseau grimpant dont une espèce cultivée produit le raisin, que l'on consomme comme fruit, ou dont le moût fermenté fournit le vin. (Petit Larousse 1998, page 1066).
Comme un Maître, la tige ligneuse de la vigne, ou cep, porte des rameaux feuillés qui se lignifient ensuite et deviennent des sarments. Les rameaux tels des apprentis, s'accrochent par des vrilles à leur tuteur : ils seront ensuite replantés par bouturage, devenant par là même des ceps-fils.

Comme chacun sait, le fruit de la vigne forme une grappe constituée de raisins, délicieuses petites baies supportées par la rafle. De couleur rouge, blanche ou noire, on en extrait un jus.
Commence alors le lent processus de la vinification : alchimie plutôt que chimie, car on ne peut vinifier sans les Anges, la nature naturante et un zeste de non manifesté.

Buvons !

Donc nous y voilà : les grappes sont foulées et éraflées, puis s'ensuit la mise en cuve avec 1 million de levures au cm cube (4 à 5 souches différentes, pour plus d'arômes). La macération à lieu en anaérobie, à température inférieure à 35°, sinon les levures meurent.
De cette alchimie résulte le vin de goutte, premier jus digne des grands crus.
Le reste sert aux seconds crus, voire aux cubitainers.

Mais il y a un « mais » : de même que tout profane n'est pas sensible à l'Art Royal, tout raisin n'est pas vinifiable. Il faut séparer le bon grain de l'ivraie. C'est pourquoi certains Châteaux, comme certaines RL choisissent soigneusement chaque « postulant » à la divine alchimie.
C'est ainsi que mes collègues apprentis et moi nous nous retrouvons dans la cuve, à mijoter ; à transpirer (comme en RL quand le FF Organiste refuse d'allumer la clim), à nous anastomoser, tels des paramécies galopantes ; à nous repousser tout en nous attirant; à vouloir tous nous jeter sur la seule issue possible dans la cuve : le robinet salvateur, promesse de Lumière et miroir aux alouettes à la fois. Car la Lumière se mérite, et rien n'est plus détestable qu'un vin qui régale les yeux et le nez par une robe chatoyante et un bouquet subtil ; sans agrémenter la bouche comme il devrait le faire. Ainsi sont faits les mauvais crus et les mauvais initiés, car passés trop vite du cabinet de réflexion au Soleil : Vanitas vanitatum et omnia vanitas.
« Tout ce que ta main se trouve capable de faire, fais-le par tes propres forces ; car il n'y a ni œuvre, ni bilan, ni savoir, ni sagesse dans le séjour des morts où tu t'en iras ». (Qohéleth ou l'Ecclésiaste, fils de David, roi à Jérusalem 1,2).

Une fois le vin tiré, il faut le boire !
Buvons, mes frères, ce nectar des Dieux, autrefois réservé aux seuls immortels. Riche en éléments naturels, un verre de vin par jour éloigne le docteur, selon le dicton populaire. Mon bon professeur de chimie analytique, Claude Cabanis, aussi œnologue et formateur d'œnologues à Montpellier III, nous l'a souvent répété : le vin est la meilleure boisson qui soit pour l'organisme. C'est aussi la plus riche en potassium qui existe sur le marché.
Composé de tanins, flavones rouges, anthocyane jaunes, polyphénols, oligoéléments, alcool, eau et sucres (glucose et fructose), acides tartrique, malique et citrique et encore beaucoup d'éléments « traces » qui contribuent tout simplement à nous délecter.

Buvons !

Cela nous donne, si tout va bien dans un monde juste et parfait, un vin typique d'un terroir ; équilibré et harmonieux; droit et franc ; dont la persistance du goût doit être très longue en bouche. Merci à mon ami Christian Vergier, œnologue et épicurien à ses heures, qui m'a initié à la dégustation de ce breuvage.
Je passerai sous silence les vertus médicinales propres à chaque constituant du vin, et aussi les dégâts dus à l'alcool présent parfois en trop forte proportion (qui n'a là aucun sens divin).

Serons-nous aussi typiques de notre RL Joseph au Saint Sépulcre ?
Aurons-nous construit un Temple intérieur équilibré et harmonieux ?
Serons-nous toujours droit et franc ?
Pourrons-nous toujours être apprécié avec autant de chaleur fraternelle par tous nos frères ?

OUI si nous travaillons assidûment, non seulement aux tenues d'instruction, mais aussi à tous moments propices à la réflexion. Pour ma part, toutes ces élucubrations viennent du fait que je me suis levé ce matin, et, voulant me raser, je me suis aperçu que je n'avais point d'eau ! Mais que fait la CGE ? Après appel, leur répondeur annonce de sa belle voix qu'il n'y a « aucune coupure sur la commune de Saint Pierre » ! Ce qui me rend encore plus malade. Je crois que je vais me noyer dans le vin pour oublier…de là à me doucher au Bordeaux…ce serait du gaspillage.

Buvons !

Je vais essayer d'aller squatter la douche de ma voisine, en tout bien tout honneur.
Bon dimanche ! (Je rajoute ceci pour mon TCF CC de Saint Martin qui s'est mal réveillé ce matin, n'appréciant guère les « bonjour, salut, tu as raison, je suis d'accord avec toi etc… » et tous les maîtres grincheux dont nous « encombrons » la liste !)

Triple bise à mes FF apprentis de la cuvée Joseph au Saint Sépulcre, et à tous ceux qui se reconnaîtront, petits et grands.

BUVONS ! BUVONS ! BUVONS ! (il en restera bien quelque chose.)

A\ P\


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