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Travailler à la Gloire
du Grand Architecte de l’Univers

Ce n’est pas la première fois que le sujet de l’un des travaux que j’ai eu à présenter en Loge fait référence à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, pour aucun d’entre nous du reste.

L’un des derniers travaux  ne fait cependant qu’aborder le sujet. Celui qui m’a été confié par notre V :. M :. m’a permis d’élargir ma réflexion.

La dédicace de nos travaux se fait « A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers ».

Au-delà de l’hommage, ou de l’entretien d’une renommée qui bien sûr ne sont pas à rejeter, au-delà même de la dévotion qui est affaire de chacun, la Gloire du Grand Architecte de l’Univers a une signification bien précise ; son modèle émaille tout au long l’Ancien Testament sous le nom de Gloire de Yahvé.

La Gloire de Yahvé, ou kabod, manifestation du Principe Créateur, apparaît en effet, si j’ose m’exprimer ainsi, dans Exode, Lévitique, Nombres, I Rois, Chroniques, Ezéchiel, Isaïe, Jérémie, Sagesse du Siracide ou Ecclésiaste, c’est en quelque sorte comme un leitmotiv qui jalonne l’Ancien Testament.

Elle constituait souvent un signe, Nuée le jour, Feu source de Lumière la nuit. Les rendez-vous qu’elle fixait rythmaient la vie du peuple. La Parole jaillissait quelquefois.

Elle y indiquait une présence, tout en évitant, pas toujours, ni tout le temps, l’interdit mortel du monothéisme, l’anthropomorphisme et surtout l’apparition :

« Tu ne pourras voir Ma Face, seulement mon dos…» apparition que l’on n’aurait pu contempler « de face » sans y laisser la vie. La Gloire joue alors le rôle de l’Ange de Yahvé, l’autre grand recours contre l’anthropomorphisme.

On trouve également dans l’iconographie chrétienne ce que l’on appelle le Christ en Gloire où il est représenté auréolé de Lumière.

La notion de lumière apparaît également dans l’acception profane de la gloire, en particulier celle de renommée.

Travailler « à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers » c’est alors travailler « en présence » du Grand Architecte de l’Univers et dans sa Lumière, et seulement dans le Temple une fois les travaux ouverts.

Cette « présence » est bien spécifiée dans le Volume de la Loi Sacrée, dans I Rois VI 12 :
« Cette Maison (le Temple) que tu bâtis, si tu marches selon mes préceptes,…J’y résiderai »

Ce temple, notre Temple, ce lieu où non seulement la parole descend mais encore circule - et c’est bien cela les travaux de Loge- ce lieu est « habité » lorsque nous y travaillons, et qu’elle est « juste et parfaite ».

Ce dernier point est important, un maçon seul ne peut susciter la Parole, sept rendent la Loge  juste et parfaite, et c’est seulement dans une telle assemblée que cette Parole peut circuler. La raison principale a été donnée plus haut- « Tu ne pourras voir ma Face… », et l’on répète dans les milieux autorisés l’histoire de ces trois savants qui étaient descendus dans le « jardin », le premier en mourut, le second devint fou et corrompit la jeunesse (s’adonna à l’hérésie), seul le troisième fut sauvé.

Travailler « à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers » nous amène donc à nous interroger sur deux points particuliers : la Lumière et le Grand architecte de l’Univers lui-même.

Dans un article de la version électronique 2008 de l’Encyclopedia Universalis consacré à « Lumière et Ténèbres », Alain Delaunay, philosophe, pose en principe trois aspects à la Lumière considérée comme symbole qu’il oppose repectivement à trois formes correspondantes des ténèbres, la démarche est d’une grande richesse :
  • La lumière-séparation
  • La lumière-orientation
  • La lumière-transformation
La lumière séparation s’oppose à l’abyme dans le processus de création, la lumière-orientation qui, s’opposant à l’obscurité, sous-tend la recherche de la Connaissance, la Lumière-transformation quant à elle est symbole de manifestation en s’opposant à l’opacité tandis qu’elle apparaît comme symbole de purification en se mesurant avec l’ombre.

Delaunay remarque dans un premier temps que le premier aspect, celui de la séparation, est commun aux principales cosmogonies, encore que l’on puisse se poser la question de savoir ce que le terme « principal » signifie appliqué à un tel domaine :

Du sein d’un abyme complètement indifférencié, appelons le Chaos pour simplifier les choses, surgit brutalement l’Ordre qui va totalement structurer le Cosmos par ce qu’il identifie comme trois nouvelles séparations, elles font appel à ce qu’Alain Delaunay nomme la lumière-répartition, la lumière-fécondation, et la lumière-illumination.

La lumière-répartition crée les oppositions fondamentales que sont le haut et le bas, l’avant et l’après  par création du temps, la nuit et le jour avec les luminaires qui vont rythmer la vie du monde, la dernière ne viendra que plus tard, l’intérieur et l’extérieur. Elle met également  en place l’opposition fécondant-fécondé qui aboutira à celle du Ciel et de la Terre.

La lumière-fécondation crée les cycles de vie et de mort, de renaissance aussi, on l’a bien vu mes Frères Apprentis à la mort du vieil homme, vous l’avez vécu cette mort, condition nécessaire de la régénération.

La Lumière-illumination est celle de l’Esprit, cette étincelle qui a jailli sans que l’on sache vraiment ni pourquoi ni comment, la condition est la descente en soi-même

Ceci nous amène à, Delaunay l’a identifiée, et cela a été noté au début de ce travail, la lumière-orientation. C’est le symbole du Chemin. C’est la Lumière des gnostiques, psychopompe sur le chemin du retour vers la Lumière, malgré les assauts de la matérialité, Chemin globalement ascendant, troublé par les rechutes successives et l’attirance de l’ombre. C’est le Chemin vers la lumière de la Connaissance, la quête. Cet itinéraire en dents de scie est bien représenté par le pavé mosaïque, peut-être encore mieux par les labyrinthes qui ornent le pavement de certaines églises. C’est la marche à l’étoile, où que l’on soit, quoi que l’on ait fait pour y arriver, elle brille et nous montre le chemin. Cette Lumière, qui nous permet également de nous repérer par l’Orient, la droite et la gauche.

Cette lumière-orientation c’est également le symbole de l’intuition, qui frappe après que le douloureux travail de préparation a été effectué, brutalement « on sait », mais tout le chemin reste encore à faire.
 
Le troisième terme qui permet de caractérises la lumière est, dans la construction intellectuelle très riche de Delaunay la lumière-transformation.

Avant de continuer dans cette direction, qui n’est pas la plus simple, je voudrais revenir sur le terme de « construction intellectuelle » qui m’a servi pour qualifier le travail, au demeurant remarquable, de M.Delaunay. Il est peut-être ésotériste, je n’en sais rien, mais dans son article il se fait, à cause de ses lecteurs, ésotérologue, hors pair sans doute, ésotérologue quand même. Il traite de son sujet avec le détachement que ses lecteurs sont censés montrer eux-mêmes. En un mot il lui manque, dans son article tout au moins, comme dans toute étude en fait, l’authenticité du vécu. Son travail est cependant un outil précieux, dont la contemplation s’avère des plus fructueuse.

Peut-être a-t-il été touché, par nécessité, par une lumière transformation « à l’envers », je suis conscient de la maladresse du terme mais il me permet de me faire comprendre, du moins je l’espère, sinon de comprendre.

Cette lumière-transformation, nous dit Delaunay, en s’opposant à l’opacité est symbole de manifestation. C’est donc elle qui au premier chef devrait être l’objet de notre réflexion sur la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, manifestation avant tout. C’est sans aucun doute la plus difficile à appréhender.

Il semblerait pourtant que les choses soient simples, travailler « à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers » c’est travailler en présence du Grand Architecte de l’Univers. Le problème, s’il y en a un, est de savoir si le Grand Architecte de l’Univers se confond avec le Principe Créateur dont l’existence est proclamée par la Grande Loge de France. Est-ce que ce Principe complètement indifférencié, non borné, dans le temps comme dans l’espace, peut être confondu avec celui par qui « tout a été réglé par mesure, nombre et poids », l’Architecte, dont la nature ne peut être approchée que dans sa Création.

C’est là qu’intervient la Lumière-transformation, celle qui transforme l’objet révélé par le regard de celui qui le découvre.

Comment cette transformation a-t- elle pu s’opérer ? une image pourrait le faire assentir, comme l’Apprenti qui s’ajuste au Principe par une descente en lui-même, que je persiste à refuser d’appeler une introspection, on peut imaginer l’ajustement inverse, à la mesure au nombre et au poids , la descente du Principe en lui-même pour faire jaillir cette Lumière-Transformation qui l’amènera, comme l’Apprenti à bégayer le « Je » primordial.

Vénérable Maître, J’ai dit
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