Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Nos symboles n’expriment pas des idées abstraites
 mais des réalités vivantes


Je ne vous apprendrai pas qu’en Franc-maçonnerie tout est symbole, depuis notre initiation nous l’avons tous compris.
Je vais donc essayer de vous transmettre ma vision des symboles, de vous transmettre le ressenti intérieur, physique, réel et vivant que j’éprouve en travaillant sur les symboles qui nous sont donnés.

La réalité vivante de nos symboles existe lorsqu’ils sont devenus actions de notre vie, il faut les ressentir dans nos actions, qu’ils deviennent évidents et permettent d’avancer sur le chemin de la recherche de la vérité et de la connaissance, de la fraternité et de l’amélioration.

Ils deviennent réalité lorsque nous avons changé, évolué et que la progression en maçonnerie se retrouve dans notre comportement de profane.

La possibilité d’expliquer nos symboles et de restituer ce qu’ils représentent, chacun en ayant sa propre interprétation, devrait être la preuve de leur compréhension.
Mais arriver à en expliquer le sens profond et de faire en sorte que son frère ressente et comprenne la même chose est une tache bien plus ardue, et pourtant  peu approprié à notre démarche.
En effet, cela placerait les maîtres en professeurs et les apprentis en élèves recevant et apprenant une seule vérité.
La complexité de la tache de la transmission réside plutôt dans l’envie que le maître doit donner à l’apprenti de rechercher et trouver sa propre vérité qui le mènera sur le chemin de la connaissance.

Il est donc nécessaire pour cela d’utiliser des symboles et qu’aux travers de ces symboles qui vont baliser le chemin, chacun se les approprie et les transforme en règles de vie, et donc, en réalité vivantes.

L’apprenti,  dans les premiers mois, observe et  reçois une quantité d’informations qu’il ne comprendra que plus tard, et c’est par certains déclics dans son cheminement qu’il va ressentir, comprendre et intégrer de qui l’entoure.

Lorsque j’étais apprenti, lors de la première séance d’instruction avec le second surveillant, il nous fi réfléchir sur un symbole que j’avais intégré sans en saisir forcément le sens :
 « que représente le travail des maçon de midi à minuit. »
Lors de l’ouverture des travaux le Vénérable Maître dit :

« A quelle heure les maçons ont-ils coutume d’ouvrir leur travaux ?
-     A midi plein  VM  répond le 1er surv
-     Frère Second surveillant quelle heure est il ?
-      Il est midi plein VM .
-      Puisqu’il est midi plein, heure à laquelle commencent les travaux des maçons, frères premiers et second surveillants, prévenez sur vos colonnes que je vais ouvrir les travaux au premier degré. »

C’est lors de cette séance d’instruction que je compris que « midi plein », quand le soleil est au zénith, qu’il n’y a pas d’ombre, dans la plénitude, pouvait être l’interprétation de la plénitude de ma vie de profane.

C’est effectivement à ce moment là que je pensais  être dans la plénitude, sans zone d’ombre, je pensais avoir répondu à toutes mes interrogations et être un être accompli professionnellement et familialement.

Je cherchais autre chose, à aller plus loin,  et  mes futurs frères ont vu alors que j’étais peut être prêt et pouvais ouvrir d’autres travaux pour l’autre partie de ma vie, jusqu'à la fin, jusqu'à minuit.

Le second surveillant siège au sud, symbolisant la position du soleil à midi en pleine lumière et son bijou  est le fil à plomb servant à vérifier l’alignement vertical d’une surface et symbolisant la droiture des maçons. Pour les apprentis il symbolise aussi le premier travail qui consiste à descendre en soit pour mieux se connaître.
Maintenant, le lien entre le symbole et la réalité me parait évidente.

Le lien entre le symbole midi-minuit et la vie réelle s’est donc révélé à ce moment précis, j’y repense souvent et ce déclic sur cette réalité vivante m’a donné une autre acception de tous les symboles qui nous entoure, une autre compréhension et surtout une autre envie d’apprendre.

Reprenons le symbole et la réalité vivante séparément :
Le symbole vient de la Grèce antique, dérivé du grec « SYMBOLON » ou « SUMBOLH », signifiant mettre ensemble, joindre ou ajustement de 2 éléments en un seul. Il s’agissait le plus souvent de 2 morceaux de poterie, préalablement cassé et qui devaient s’assembler en reconnaissance d’ayant droit, montrant ainsi leur origine.

Au figuré le symbole devient l’ensemble qui lie deux représentations de la même signification et par dérivation, le symbole est un élément imagé ou audible (lors des voyages par exemples) relié à un sens caché qu’il représente.

« Derrière le symbole, rechercher l’idée, ou encore  recherche l’idée sous le symbole »

Le symbole apparaît ainsi comme la réalité visible, accessible au cinq sens, qui invite à découvrir des réalités invisibles, représentation de l’imperceptible.

Les 2 éléments, visible et invisible forment alors un tout et l’un ne se comprend pas sans l’autre.

La réalité vivante, elle, représente un élément concret, animé, qui existe :
Une langue régionale pourtant non reconnue mais qui est parlée par des concitoyens est une réalité vivante de leur culture, le symbole de leur appartenance.

La réalité vivante de la foi est également omniprésente.

Dans le coran, comme dans la bible, la parole de Dieu, symbole ultime est révélée pour guider l’homme et avoir un lien direct avec sa réalité d’être humain.
Pour les premiers hommes qui ont entendu le prophète, leurs yeux pleuraient et leur corps frissonnait. Ils trouvaient que chaque parole du coran convenait parfaitement à leurs préoccupations, leurs expériences et à leur vie quotidienne.
Le coran était une réalité vivante car l’expression des choses réelles qui nous entourent et l’expression vivante de la parole de dieu à travers le prophète.

Il y a peu de temps disparaissait une personne que j’ai grand plaisir à citer devant vous, elle savait dépasser toutes les religions pour les réunir, en un seul endroit, alliant le corps et l’esprit, le visible et l’invisible, la pensée et l’action, l’homme.

Elle disait :
«  Cela m’agace de chanter faux avec ma bouche, alors que je chante juste dans mon cœur, je voudrais chanter la beauté du monde illuminé par le divin. Le plus important n’est pas de croire en Dieu mais de croire en l’homme » « la fraternité guide ma vie »

Quoi demander de plus à une femme de foi comme sœur Emmanuelle qui place l’homme comme une réalité vivante de la pensée universelle d’amour et de fraternité.

La mise en application d’une réalité invisible, d’un sens caché, représenté par nos symboles en font une réalité vivante et active, génératrice d’amélioration, de compréhension d’écoute et d’entente avec les choses et les êtres qui nouds entourent.

Reprenons notre démarche maçonnique du profane devenant apprenti, il doit écouter, observer, s’imprégner et chercher à comprendre, il a reçu la lumière et doit observer ce qu’il peut maintenant découvrir.

Les premiers symboles qu’il découvre parmi d’autres sont :

-  le cabinet de réflexion, ou beaucoup de symboles  sont représentés, le profane ne sait pas encore leur importance, mais il les voie, il a du temps et il médite.
-  au cour des  voyages de l’initiation, là, il ne voie pas, mais il entend le tumulte, sent le feu, touche la main ferme de l’expert qui le guide ou la pointe du compas, goutte l’amertume de la coupe des libations.

Lorsqu’il reçoit la lumière le profane devenu apprenti maçon, a déjà utilisé ses cinq sens pour renaître à la lumière, et devra utiliser tout cet acquis pour suivre le chemin sur lequel il se trouve.
La lumière n’étant pas ce qui est vu mais ce qui fait voir. Elle ne changera pas et c’est son  regard, sa perception, sa propre réalité qui changera le maçon au fur et a mesure de son approche de la vérité.

Déjà l’apprenti n’est plus le même, il a changé, il a compris qu’en utilisant 4 de ses sens lors de l’initiation, tel un aveugle il a redécouverts une perception de ce qui l’entoure plus intérieure, plus réfléchie.
Il est devenu un cherchant, son devoir est d’écouter dans le silence et de méditer.

En fait, il va se rendre compte que les deux sont liés.

Le silence est la condition de la méditation,  il est fait de réceptivité,   il rend possible le travail d’assimilation,… d’intégration à soi même de ce qui nous entoure.
Le silence, symbole, doit devenir une réalité vivante, physique pour permettre l’ouverture au monde de l’esprit et de la compréhension.

Si dans sa vie passée, le profane avait tendance à ne pas écouter son entourage, sa famille et donc de passer à coté de ce qu’ils avaient à dire, voir de leur vérité intérieure, son expérience d’initié va lui donner une plus grande écoute au monde qui l’entoure et être en harmonie avec ses proches.
C’est souvent ses amis qui vont témoigner le mieux de ce changement en le remarquant.

L’apprenti transforme petit à petit le symbole en réalité vivante et sa vie entière évolue sur le chemin de l’amélioration.
Il va faire taire sa propre fébrilité pour écouter, et faire confiance à la personne de son interlocuteur ; la compréhension du message est devenue inséparable de l’acceptation de la personne.

Le silence et l’écoute devenant « SUMBOLH », les deux éléments joints en un seul.
Le compagnon, lui capable d’écoute et de compréhension, va prendre conscience de l’immensité des connaissances humaines.

Lors du premier voyage de son initiation, muni d’un maillet et d’un ciseau représentant l’élément actif agissant sur le passif, il on lui propose les cinq sens.
Ils représentent comme nous venons de le voir, la première année des études du néophyte qui dégrossi sa pierre brute.
S’il en est là, c’est que ses frères ont perçu qu’il avait réussi à transformer en réalité vivante l’utilisation de ces cinq sens et qu’il avait su être attentif à s’observer et à descendre en lui-même.

Lors du deuxième voyage muni d’une règle et d’un compas, le sujet de méditation est l’architecture et que le temple qu’il doit construire c’est lui-même.
Il est donc bien dans la réalité des symboles qui lui sont proposé, dans sa propre réalité :

La règle symbolisant sa droiture et sa justesse, le compas sa sagesse, sa prudence et son discernement.

Le troisième voyage lui apporte les sept arts libéraux  représentant l’ensemble des arts et des sciences humaines, qu’il doit tous étudier, les sciences étant le moyen de rechercher les principes supérieurs.
La notion soupçonnée alors de l’importance de la tache à accomplir et du travail à fournir lui apparaît pleinement.
Le quatrième voyage lui montre successivement la sphère terrestre et la sphère céleste, leur invocation trace le lien entre les choses d’en bas et les choses d’en haut, et l’incite à lire dans le monde d’en bas le reflets des choses d’en haut.

Le cinquième voyage le ramène à sa réflexion, il lui a été donné de nouveaux symboles, de nouvelles directions et c’est par le travail sur lui-même qu’il va devoir former son plan de conduite, synthétiser son action.

Pour cela, il lui est donné un guide «  l’étoile flamboyante » symbolisant le feu sacré dont le grand architecte nous a doté, mais aussi la parfaite géométrie amenant à pratiquer le vrai, le juste et l’équitable. Les 5 pointes figurant les sens  rapportant leur perception à l’intelligence représentée par la lettre G.

Remarquons que 5 est le nombre du Compagnon et que 3 est celui de l'Apprenti, hors 5/3 = 1,618 qui correspond au nombre d’or représentant la parfaite harmonie de la nature et du corps humain.

Autant de symboles qu’il va convenir d’étudier et d’utiliser pour accomplir l’œuvre commencé lors de l’initiation. 
Le chemin viens de s’allonger et le compagnon prend aussi conscience que la recherche de la vérité ne se finira jamais.

Le compagnon  aussi sera amené à visiter les autres loges, donc à découvrir le monde, et à prendre la parole.
Mais avant tout, c’est le travail qui est glorifié car maintenant qu’il sait que seul le travail sur lui-même le fera progresser, il lui faudra vainque ses vices tel l’oisiveté pour y parvenir.
Il lui faudra rassembler ce qui est épart pour le synthétiser et le transformer en une réalité d’homme.
La tache est ardue si l’on s’y plonge vraiment, on n’est qu’au début du chemin, alors que l’on croyait cela facile en temps qu’apprenti.

La réalité la plus difficile pour le compagnon est de passer de sa méditation d’apprenti aux actes, pour cela il ne doit plus se laisser guider mais faire preuve de volonté pour devenir actif.

Il doit devenir le maillet et non plus le ciseau. 
Le compas doit commencer à recouvrir l’équerre.

L’esprit commence à dominer la matière, quoi de plus significatif comme preuve de la réalité vivante de nos symboles.
C’est  par sa volonté de travail et son renoncement à la facilité que le compagnon va sentir le changement, mais il faut que cela devienne une chose naturelle, c’est ce qui va être la preuve qu’il a évolué.

Rappelez-vous :

La réalité vivante de nos symboles existe lorsqu’ils sont devenus actions de notre vie, il faut les ressentir dans nos actions, qu’ils deviennent évidents et permettent d’avancer sur le chemin de la recherche de la vérité et de la connaissance, de la fraternité et de l’amélioration.

Ils deviennent réalité lorsque nous avons changé, évolué et que la progression en maçonnerie se retrouve dans notre comportement de profane.

Notre avenir dépend de ce que nous pensons et faisons maintenant avec notre bagage de connaissance, parce que la vie ne se passe ni dans le passé, ni dans l’avenir, mais ici et maintenant.
Il faut donc être dans cette réalité vivante pour apporter ce changement, si nous voulons changer notre vie et tailler notre pierre brute.

Dans l’instruction du compagnon , « La connaissance de dieu est amenée par le spectacle des merveilles de la nature avec le secours de l’intelligence »,… la nature est donc tout et l’homme en fait partie.

En allant plus loin, dans l’intégration de cette réalité vivante, on arrive vite à des principes philosophique et l’étude de la philosophie devient tout a coup plus accessible, plus évidente.

La philosophie rassemble les 7 arts libéraux du troisième voyage du compagnon.
Elle est issue du trivium, car elle fait appelle à la grammaire, la dialectique et la  rhétorique, mais aussi du quadrivium car elle peut être spéculative et déductive c'est-à-dire en suivant l'ordre géométrique à partir de définitions, sur le modèle des mathématiques, comme avec Descartes.

Mais c’est plutôt la doctrine philosophique Panthéiste, chère à Spinoza, selon laquelle « tout est dieu » qui se révèle intéressante pour notre propos.
Du grec ancien « pan » signifiant « tout » (étant associé à la nature) et  « théos » « dieu »

En effet,  selon lui, à chaque chose, correspond une idée, par exemple une pierre, c'est un corps physique, présent dans l'espace, mais aussi une idée, l'idée de pierre comme la pierre brute qu’est l’apprenti, il lie donc l’idée au symbole, le visible à l’invisible …….et le « tout » à Dieu.

N’est ce pas ce que GHANDI exprimait en disant :
« Ce à quoi je veux arriver, ce que je me suis efforcé d’atteindre [...] c’est la réalisation de moi-même: voir Dieu face à face. …» 

Quand il dit « la réalisation de moi-même » il veut dire la construction de son temple.
« … tout homme a en lui une parcelle de Dieu. La « réalisation spirituelle » consiste à éveiller en soi la conscience que l’on est Dieu. C’est pour cela que Gandhi, en se voyant lui-même, pense voir Dieu, qui n’est autre que Gandhi lui-même!
Voilà un bien beau sujet de méditation pour atteindre la vérité.

Je terminerai par une autre de ses citations qui nous convient parfaitement :
« Soit le changement que tu voudrais voir dans le monde » 

Dire que je n’aimais pas la philosophie à l’école, et que maintenant j’y trouve un sens réel, lit Spinoza et cite Gandhi, si ce changement n’est pas une réalité vivante ...

J’ai dit

P\ F\

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