Obédience : NC | Site : http://www.artsetprogres.org | 21/11/2006 |
La Lune Au clair de la lune, mon ami Pierrot,
prête
moi ta plume pour écrire un mot !
Aujourd’hui nous sommes mardi, quel
dommage,
une planche sur la lune ne devrait se faire que le lundi : dies lunae
– jour de
la lune, ceci est vrai en français, en latin en anglais en
allemand et même en
japonais. Pleine lune : cercle parfait que l’on
trace
avec un compas ! Douce lumière qui éclaire ma
colonne, douce
lumière, qui m’éclaire, moi
l’apprentie qui risquerait d’être
éblouie par la
luminosité si vive du soleil. J’étais dans le noir, un
bandeau sur les yeux
et on me guidait comme l’enfant qui vient de
naître. Le bandeau me fut ôté, et
la lumière de ma colonne me fut
révélée. Je n’aurais pas pu
supporter une
lumière plus forte après la
cécité du bandeau, de même
qu’un afflux de
connaissance ne sert à rien, pour être utile elle
doit être distillée petit à
petit. Nos Maîtres sont les lumières
de notre Loge
et nous nous nourrissons de leur reflet, ils nous enseignent, nous les
regardons et par la force de l’exemple nous apprenons. Les travaux en loge commencent à midi et
se
terminent à minuit, on retrouve ici nos luminaires, midi :
moitié du jour,
plein soleil ; minuit, moitié de la nuit, la lune. Il
s’agit là d’un double
symbole de régularité. Midi est l’heure
astronomique par excellence, le moment
du jour qui varie la moins, déterminé par le
passage du soleil au zénith.
Commencé à midi, notre travail se prolonge
jusqu’à la douzième heure qui suit,
pour montrer que le Franc-Maçon doit employer la
moitié de son temps à se
rendre utile, à s’instruire et à
s’améliorer. Jules Boucher nous dit que : La lune est dite
« bénéfique » dans ses phases
ascendantes et « maléfique » dans ses
phases
descendantes. La lune est figurée « croissante
» dans le « tableau d’apprenti
»
et également dans le « tableau de compagnon
» On peut extrapoler et dire que
croissance égale apprentissage et connaissance, et
décroissance égale oubli de
la connaissance, on monte ou on descend. La lune est le principe passif qui
reçoit et
réfléchit. Elle dépend à la
fois de la terre et du soleil. En tant que planète
la lune est un morceau détaché de la terre, une
partie de sa chair vive qui lui
reste reliée par des champs de force. En parlant de la lune
et de son principe
réfléchissant, ne devrait on pas aussi parler du
miroir ? En effet lui aussi
est passif et réfléchit. Dans le cabinet de
réflexion, nous nous sommes
regardés dans ce miroir et qu’avons-nous vu : une
femme ou un homme, avec
toutes ses qualités et tous ses défauts, mais
nous avons pu également y voir un
être en devenir, grâce à
l’étude et à l’initiation.
Connais toi toi-même ! La lune
est un symbole de la connaissance
indirecte, en effet elle ne produit pas de lumière, elle
reflète la lumière. On
l’oppose toujours au soleil mais en
réalité, ce n’est pas une opposition
mais
une complémentarité, le soleil a besoin de la
lune et la lune a besoin du
soleil pour exister. En effet, la lune a besoin du soleil
puisqu’elle en est le
reflet, mais le soleil a également besoin de la lune. Que
serait le soleil si
la nuit n’existait pas : une lumière fixe et
brûlante qui ne s’éteint jamais et
qu’on ne peut comparer à rien,
puisqu’elle est seule. Que serait la
connaissance sans l’ignorance ? La lune met le soleil en
valeur, de même que
l’ignorance met la connaissance en valeur. La lune est
seulement le symbole de
la connaissance par reflet, c'est-à-dire de la connaissance
théorique,
conceptuelle, c’est aussi pourquoi la lune est yin par
rapport au soleil qui
est yang, elle est passive, réceptive, elle
reçoit la lumière du soleil, elle
est l’hiver alors que le soleil est
l’été. La clarté lunaire
révèle le monde secret de
la nuit. La nuit symbolise le temps des gestations, des germinations,
donc du
devenir. Elle est en même temps le creuset
d’où jaillira la clarté du jour.
C’est ainsi que dans le monde celtique la nuit
représente le commencement de la
journée. De même, selon les Anciens, la
première étoile scintillant dans le
ciel, symbolisait la naissance du jour et de la lumière. Le
monde nocturne est
donc le milieu indispensable à sa création. Loin
de l’occulter, la nuit
apparaît en quelque sorte comme l’ombre de la
lumière qui permet de la révéler
parce qu’elle l’engendre. La perception de la
lumière est liée à la nuit,
à la
lucidité sur nos propres ténèbres et
à cette soif de sacré indispensable pour
en sortir. Sur le chemin de la connaissance, la lune est la
première forme de
lumière. En cela, elle évoque le désir
initiatique et la naissance en esprit. Il existe deux calendriers dans l’Islam ;
l’un solaire en raison des nécessités
de l’agriculture, l’autre lunaire pour
des raisons religieuses, la lune étant le
régulateur des actes canoniques. Le
Coran lui-même emploie un symbolisme lunaire. Les phases de
la lune et le
croissant évoquent la mort et la résurrection, ne
trouve t’on pas le croissant
de lune sur le drapeau de nombres de pays musulmans ! Avec la lune on retrouve le chiffre trois :
lune ascendante, pleine lune, lune décroissante. La lune symbolise les rythmes biologiques,
astre qui croit, décroît et disparaît,
dont la vie est soumise à la loi
universelle du devenir, de la naissance à la
mort…Il est facile de comparer le
cycle lunaire au cycle de la vie : naissance, vie et mort, trop facile
peut-être … Elle symbolise le changement, en effet chaque
jour qui passe nous présente une lune différente
de la lumineuse pleine lune à
la nuit noire sans lune. Cette idée de changement se
retrouve quand on dit
d’une personne qu’elle est lunatique, ne dit on pas
que son humeur est aussi
changeante que les phases lunaires. La Lune est associée symboliquement
à Lilith, première femme d’Adam.
Née des ténèbres dont
elle tire son nom, elle refusa la loi divine et
revendiqua la plénitude du désir.
Chassée du jardin d’Eden, elle rejoignit
Sammaël (Satan) et devint pour toujours la reine de la nuit. La lune symbolise le temps qui passe, le
temps vivant, dont elle est la mesure par ses phases successives et
régulières.
La lune est l’instrument de mesure universel. Le
même symbolisme relie entre
eux la lune, les eaux, la pluie, la fécondité des
femmes, celle des animaux, la
végétation, le destin de l’homme
après la mort et les cérémonies
d’initiation. Selon les pays, la lune est soit de sexe
masculin, soit de sexe féminin. Les Anciens attribuaient à la lune,
entre
autres fonctions, une nature guerrière, combative. Elle
portait, parmi ses noms
multiples, celui de « couteau » et son croissant
symbolisait la faucille qui
tranche et sépare. Le dieu Egyptien THOT était
dit, en sa qualité de dieu
lunaire « Maître de Justice » La lune, dont le disque apparent est de la
même dimension que celui du soleil, a en astrologie un
rôle particulièrement
important. Elle symbolise le principe passif, mais fécond,
la nuit, l’humidité,
le subconscient, l’imagination, le rêve, la
réceptivité des femmes et tout ce
qui est instable, transitoire, influençable, par analogie
avec son rôle astronomique
de réflecteur de la lumière solaire. La lune fait
le tour du zodiaque en 28
jours. Les bouddhistes croient que Bouddha
médita 28
jours sous le figuier, c'est-à-dire un mois lunaire avant
d’atteindre le
Nirvana et d’arriver à la connaissance parfaite
des mystères du monde. Les dieux et les déesses lunaires sont
légion
dans la mythologie ou l’histoire ancienne des peuples : - Isis
l’égyptienne : coiffée du disque et des
cornes de vache (puissance et
fertilité) - Astarté la phénicienne ou Ishtar la babylonienne dont le culte est lié à la fécondité et est la protectrice de la dynastie - Séléné
figurant l’opposition polaire jour-nuit, nature-esprit,
volonté masculine,
passivité féminine - Hera, la
pleine lune, symbole de maternité et de dignité
conjugale féminine -
Diane-Artémis, la pulsion vitale de
l’âme non contrôlée par la
raison, dont
l’attribut est l’idéogramme en forme de
faucille - Le croissant
lunaire, transférée à la vierge Marie
par les artistes chrétiens (la madone à
l’enfant se tenant sur les cornes de la lune et
écrasant la tête du serpent). Quoi de plus triste et sombre qu’une nuit
sans lune, mais si sa lumière est pale elle
éclaire le monde et guide les
peuples, comment se dirigeaient les anciens et les navigateurs, si ce
n’est grâce
à elle et aux étoiles. La lune a toujours fait rêver les hommes,
a
toujours nourri l’imagination des écrivains. La
science fiction n’est elle pas
née grâce à elle: est elle
habitée ? Hélas les scientifiques s’y
sont
intéressés jusqu’à y poser
le pied : « un petit pas pour l’homme, un grand pas
pour l’humanité » et ils l’ont
démystifiée : ce n’est plus
qu’un caillou aride
et sans eau apparente. Bien sur il y a Mars et ses petits hommes verts,
mais la
lune est plus proche de nous, on peut la voir, on peut dire
qu’on peut presque
la toucher, la lune est un astre accessible. La lune est aussi le nom d’une maladie :
les
enfants de la lune, ces enfants sont atteints d’une maladie
qui les empêche de
sortir le jour sous peine de développer un cancer de la
peau, ils n’ont droit
qu’à la nuit, le soleil leur est interdit !
Comment peut on apprécier la lune
si l’on est condamné qu’à ne
connaître qu’elle ! Le soleil brûlant
nous fait
apprécier la douce lune, mais sans comparaison, la lune
devient froide et
triste. Lune : nuit, sommeil, rêve Mais c’est tellement mieux dit par Paul
Klee
: « La lune est le rêve du Soleil
». La lune complice des amoureux : je ne pense
pas qu’il soit nécessaire de
l’expliquer. Etre dans la lune, c’est être
en train de
rêver, être sur une autre planète
très loin de son corps physique, l’esprit
s’est évadé. Ce temps d’apprentissage m’a
apporté beaucoup
de joie, joie d’avoir été accueillie,
moi qui avais été rejetée loin de la
lumière, joie d’avoir commencé
à apprendre, joie de vous avoir vu et
écouté.
Joie de savoir que ce n’est que le commencement. J’espère que mes
Maîtres jugeront que je ne
suis pas trop dans la lune, et qu’ils me permettront de
commencer à regarder le
soleil ; bien sur, j’ai beaucoup de chemin à
parcourir avant de le regarder en
face, mais avec leur aide et en travaillant,
j’espère y parvenir, sans être
trop éblouie. Et pour terminer cette phrase de
François
Mauriac à méditer : « Il ne sert de
rien à l’homme de gagner la lune s’il
vient
a perdre la terre ». J’ai dit. |
3020-3 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |