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Le Pavé Mosaïque

Fait de carrés successifs, alternativement blancs et noirs, en entrecroisements perpendiculaires sur une surface rectangulaire ou carré long. Se situant au milieu du temple, voire à l’entrée, ou ailleurs pour ne pas être contrariant avec ceux qui savent...
Avez-vous remarqué comme ils sont nombreux à connaître la vérité ? Même en Franc-maçonnerie. Utilisent-ils correctement le pavé mosaïque ?

Revenons à nos carreaux...
En fait, au premier jour était...mon initiation…suivie d’une reprise très progressive de mes sens. C’est alors seulement que je découvre un jeu de dames ! Me suis-je fourvoyé ? Est-ce que les F\ du GO de cette Loge sont à ce point perturbés par la mixité ?
Plus tard je m'interroge, je me dis qu’il s’agit du plateau d’un jeu d’échecs qui permet avec des pions/des pièces de faire subir les épreuves aux compagnons qui aspirent à la Maîtrise. Ainsi les figurines doivent représenter ceux que l’on appelle les hauts grades. Non, il me semble que le nombre de cases ne colle pas.

Alors ne s’agit-il pas d’une grille aux possibilités multiples, comme celle utilisée en orient où les pions sont remplacés par des concepts. Où le blanc et le noir figurent un mode binaire, à l’origine du développement des connaissances mathématiques et de la science expérimentale basée pour l’essentiel sur l’analyse (nombre deux avec la thèse et l’antithèse) et sur la synthèse (nombre trois, troisième).

Je remarque toutefois que le nombre de carrés blancs est égal au nombre de carrés noirs, qu’ils se situent alternativement sur chacune des colonnes et des lignes, et qu’ils sont de couleur semblable sur les diagonales. Qu’un carré noir est le centre d’une croix blanche, comme le carré blanc est le centre d’une croix noire.

Ce pavé mosaïque, où Le blanc -candidus- est la couleur du candide, du candidat, de celui qui va changer de condition. D'ailleurs n'est ce pas la lumière, qui de l'est à l'ouest va briller, il est donc couleur de passage, suivant un rituel immuable. Axe des départs et des mutations. Couleur de la plume de Maât représentant la droiture, l'équité et la justice, l'équilibre du monde et en particulier des hommes de l'Egypte. Couleur de la couronne de Nekhbet, Déesse personnifiée par un vautour femelle blanc.

Le noir, couleur des ténèbres et de l'indifférencié, contre-couleur du blanc en tout point son égal en valeur absolue. Couleur associée à l'axe nord-sud, celui des pôles et de la transcendance. En Egypte, attribuée à tous les personnages divins, car c'est dans la nuit que naissent les dieux et la lumière, comme les nouvelles consciences. Ce qui nous rappelle le noir de l'initiation. Le noir couleur du voile d'Isis, cette Déesse-mère, sœur et épouse d'Osiris, qui de ce fait est une partie du dieu lui-même. Dualité, qui nous enseigne que tout être est à la fois Isis et Osiris, ce que nous retrouvons dans l'initiation.

Au centre du temple, le pavé mosaïque figure l'indissociable complémentarité opérative des deux principes antagonistes. Le nouvel initié et les Franc-maçons, ont ainsi au Naos, entre les trois piliers, la représentation constante des forces positives et négatives. Ces forces qu'il devra maîtriser pour œuvrer d'une manière constructive et être digne de la Franc-maçonnerie.

Puis comme une mosaïque est un assemblage décoratif de fragments de divers matériaux, une association d'éléments variés, on dira aussi « une mosaïque de peuples ». Mais il faut remonter à l'origine de l'adjectif mosaïque se rapportant à Moïse pour retrouver ce que peut signifier le pavement mosaïque.

Sur le mont Sinaï, devant l'Eternel, Moïse se trouva devant deux énormes colonnes de feu qui étaient la manifestation de YHVH (tétragramme souvent inscrit au centre du triangle lumineux, nom hébreu, initiales de Yod, Hé, Vau, Hé), l'une de flammes blanches et l'autre de flammes noires. Virevoltant devant deux pierres plates elles matérialisaient les secrets relatifs à tous les mystères. Les lettres de YHVH s'inscrivaient sur la pierre et disparaissaient sous l'action du feu noir, alors que celles gravées par le feu blanc ne disparaissaient pas. Moïse comprit ainsi que le feu blanc correspondait à la parole écrite et le noir à celle qui ne s'écrivait pas… Devant ces tables de la loi, conscient de l'importance de cette ineffable connaissance, il se résolut à l'enseigner. Cette instruction se fit « à main droite » et « à main gauche », tandis qu'il se déplaçait sur la figure d'un huit qui symbolisait les deux flammes, la blanche et la noire. A ceux qui passaient devant lui il enseignait les textes de YHVH inscrits sur les pierres, tandis qu'à ceux qui s'éloignaient derrière lui il révélait l'ésotérisme de la parole. Les nouveaux initiés découvrirent que ce qui peut être écrit n'est qu'une sélection de ce qui peut être manifesté, ainsi la connaissance n'est pas uniquement visible dans la lumière blanche mais figure essentiellement dans la lumière noire.

Le pavé mosaïque, un damier qui met en évidence le mode binaire, le nombre deux de la symbolique des nombres. Avec un principe de séparation, d’opposition, de complémentarité, d’alternance et d’homogénéité. Ce dernier principe suppose que le concept attribué à une couleur reste le même pour les autres couleurs semblables.
Un tel modèle, est par conséquent, complexe par ses multiples facettes, d’autant que nous sommes sur la base d’un processus binaire qui se répète.

A ce stade, j'aimerais vous rappeler que le Papyrus (mot qui donnera papyros en grec et papier chez nous) était souvent roulé, contenant les hiéroglyphes ou la connaissance. Il peut, du fait de le rouler ou de le dérouler, représenter l'involution ou l'évolution, l'ésotérisme ou l'exotérisme de la connaissance, l'alternance du secret et de la révélation. Un mode binaire, base de réflexion et par là même de quasi transcendance de la connaissance.

Le pavé mosaïque c’est le tout ou rien, le bien ou le mal, et pourquoi pas le terrain d’affrontement de deux adversaires...qui feront appel à l’intelligence et à la rigueur.
Imaginons les pièces, il n’en est pas une en déplacement qui n’ait de répercussion sur les autres. Alors que chacune est tributaire du savoir faire de son Maître, et qu’à aucun moment elles ne décident...pourtant elles sont le jeu.

L’homme n’est donc qu’un pion dans l’entreprise ?, sur l’échiquier politique ? dans ce monde ? Alors où sont les joueurs, les manipulateurs...y aurait-il un joueur unique ?
Le pavé mosaïque maçonnique n’est pas le lieu d’un jeu, qui mène généralement à un vainqueur et à un ou des vaincus. Mais bien le lieu d’un d'un débat, à considérer comme nécessaire si ce n’est indispensable... Celui du binaire qui compose l’être humain, le franc-maçon, qui combat contre et avec lui même.

Nos perceptions se plient à la loi des contrastes, à travers la binaire vision élémentaire. La lumière ne se conçoit qu’en opposition aux ténèbres, le bien nous attire dans l’exacte mesure où le mal nous repousse, la vie résulte d’un conflit permanent où toute chose est engendrée par une opposition.

Le pavé mosaïque est à l’intérieur du temple, loin du monde profane, dans un lieu où le regard est différent. Là où l’on perçoit, avant d’en être convaincu, qu’une autre alternative est possible.

Ainsi l’initiation doit permettre de dépasser la vision élémentaire, pour arbitrer entre des forces uniquement antagonistes, afin de parvenir à l’équilibre et la stabilité. Et je n’oublie pas que l’ancien franc-maçon répète à l’infini que nous restons des apprentis, certes initiés, mais des apprentis.
Le profane ne veut connaître que le pour ce dont il est partisan, de même qu’il ne s’attache qu’au contre de ce qu’il combat.

Nous, francs-maçons, ne craignons pas d’épouser l’optique de notre « adversaire », pour parvenir à nous placer au-dessus du débat. Faisant du pavé mosaïque un grand jeu composé de règles que nous percevons au fur et à mesure de notre engagement.
Des règles qui ne débouchent pas sur un vainqueur, une soi-disant supériorité, mais vers un autre élément du ternaire... Celui des hommes libres.

J’ai dit


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