Obédience : NC | Loge : NC | 09/2013 |
Le Miroir…qui réfléchit…et fait réfléchir Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies - Montaigne. Le thème du miroir est, certes, un sujet qui ne laisse pas les femmes indifférentes, en particulier parce que fréquemment le physique féminin est ramené à un consommable. Mon expérience maçonnique a été celle d’une surprise, en découvrant le miroir au cours du rituel d’accession au grade de Compagnonne. D’abord, parce que j’ai eu le sentiment de me voir comme si je découvrais une autre personne que moi-même, simple et sans métaux. J’ai senti ce choc comme un avertissement : celui de ne jamais me perdre des yeux. Que faire et ne pas faire ? Quel est mon chemin ? Comment bien agir ? Je ressens que « l’homme est sa propre métrique » - Même si mon entourage me pousse à agir dans une direction, c’est « une consultation très privée de moi avec moi » c’est en me regardant dans un miroir – réel ou symbolique, comme un examen de conscience – que je peux redimensionner les événements et me réajuster, me corriger, m’améliorer. Cette affirmation répond à un de mes besoins : je ne serai pas limitée par le « qu’en dira-t-on ». En effet, tout n’est pas visible dans un miroir : le maquillage sublime l’image, comme Photoshop. Le voile renie la personnalité. Le miroir sans tain permet de voir sans être vu : il triche. Le miroir aux alouettes est un leurre. Le miroir brisé apporterait, selon la superstition, 7 ans de malheurs. Il m’apparaît ainsi que je peux faire une sorte de « critique des sources » et me dire que chaque miroir envoie au mieux « une partie de mon image » et au pire « une image déformée » de ce que je suis. Le mythe de Narcisse représente le miroir des eaux stagnantes, qui répond invariablement, « je suis toi ». L’homme à la recherche de lui-même. La réalité n’est pas, comme dans « Alice au pays des merveilles » de l’autre côté du miroir, mais bien en deçà, du côté de la réflexion. Le merveilleux n’est que mirage, image virtuelle, projetée par le désir. La marâtre de Blanche Neige, furieuse, et vaniteuse, a cassé son miroir. Le mythe de la caverne de Platon nous enseigne combien l’image de nous-même peut être tronquée, et combien il est difficile de s’approprier de sa réalité. Le miroir est un symbole qui réfléchit l’intériorité, synthèse entre l’idée et l’apparence. Il devient alors un idéal de spiritualité, de beauté, de vérité. Le miroir est symbole de fusion entre ce qui est visible et invisible, ce qui transparaît et ce qui est caché. Claudel, dans l’Epée et le Miroir, compare le miroir à la lune, symbole de la vierge porteuse de l’épée flamboyante. L’enseignement maçonnique m’apprend chaque jour à me détacher du socialement désirable, des passions qui m’animent, de l’hypertrophie du « moi j’ai raison et j’aurai le dernier mot » et des stéréotypes que je draine par l’influence de mon entourage et par mon éducation. Le miroir qui reflète mon image me dit que mon pire ennemi n’est peut être pas devant moi, mais bien en moi…ou plutôt que c’est moi. Il m’apprend à me battre pour moi, contre moi. Briser le miroir de l’auto-contemplation, pour aller vers soi, et aller vers l’acceptation de soi et de l’autre, dans son altérité, c.-à-d. dans sa différence. Les miroirs sont multiples en franc maçonnerie : le cabinet de réflexion est un miroir, le bandeau est un miroir, mes sœurs sont des miroirs, la méditation en Loge est un miroir. J’apprends avec le fil à plomb, à apprivoiser ma réalité, ma vérité, en m’écartant des images toutes faites. Et c’est à travers les multiples facettes de ces miroirs, que se construit mon chemin vers la sagesse et le perfectionnement. C’est le tracé de Socrate, que je chemine, faisant mien le « connais toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux ». R\ D\ |
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