Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Le miroir

A partir du mythe de Narcisse qui, tout à la contemplation de sa propre image, oublia de vivre, notre F B\ M\ nous parle du reflet de soi-même, dans le miroir, le jour de l'initiation, puis dans le regard des autres.

Et il s'interroge, il nous interroge
Comment peut-on être son propre ennemi ?
Faut-il chasser le vice pour trouver la vertu ?
Qu'y a-t-il de l'autre côté du miroir ?

Et il conclut que le plus important, c'est l'image de la fraternité lue dans le regard du F, de la S, qui nous permet de nous redécouvrir.

Si les pratiques de l'usage du miroir varient quelque peu d'un pays à l'autre, ou d'une Obéd à l'autre, tous nous avons eu l'occasion de le rencontrer comme symbole, et tous aussi, nous connaissons l'expérience de faire face aux autres, pour y lire notre reflet dans leur regard. Peut-être vous posez-vous d'autres questions que notre F Bruno ? Peut-être avez-vous des réponses originales ?

Je terminerai l'intro par une petite remarque : quelle que soit votre utilisation du miroir dans votre L\, n'oubliez pas que nous sommes ici au 1er degré.

Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus bel ?

Ah, je ris de me voir si bel en ce miroir !

Bonsoir Narcisse, toi qui tombas amoureux du reflet de ton visage dans l'eau d'une source. Mais, tout à ta contemplation, tu en oublias de vivre.

Egotisme : « sentiment exagéré de sa personnalité, de sa valeur » dit le petit Larousse.

Ton mythe, Narcisse, semble chargé d'une morale bien funeste. Est-ce là la vérité de ton destin ? Se résume t-il à cette dictée bien-pensante ? Celle qui nous enjoint d'oublier notre nombril. Celle qui méprise l'intérêt que l'on porte à soi-même, jusque dans des ascèses tout aussi mortifères ?

Evidence pour évidence, il en est une que tout un chacun ne peut manquer d'expérimenter : l'image renvoyée par le miroir est inversée. En définitive, Narcisse, ta perte ne vient-elle pas de t'être noyé dans la contemplation d'une image déformée de ta propre réalité ? Ne serait-tu pas passé à coté de toi-même, de ce qu'il pouvait y avoir de plus aimable encore en toi, comme dans le monde. N'est tu pas mort de confusion ?

Miroir, reflet, connaissance.

« Connais-toi toi-même et tu connaîtras la cité, l'univers et les dieux » promet le sage.

Narcisse, dans les reflets de l'onde, au-delà d'une apparence bien sympathique, ce sont tes incertitudes, tes doutes que tu devais lire. Tout ce qui dans ton intimité faisait aussi ta réalité. Ce sont des questions sur toi et sur le monde.

Narcisse, je ne puis guère te rassurer. Comme toi, parfois, je surnage à peine.

Le jour de mon initiation, j'ai cru à une simple astuce.

« Retournes-toi ! » dit le rituel. J'aperçois alors mon reflet dans le miroir, « on a parfois de pire ennemi que soi-même », dit encore le rituel. J'ai pris un symbole pour un artifice moralisateur. Comment peut-on être son propre ennemi ? Faut-il vraiment chasser le vice pour porter les lauriers de la vertu ?

L'ennemi, ce ne peut être réellement soi-même, mais plus vraisemblablement une représentation inexacte que l'on se fait de soi. Tout est symbole. Il revient à chacun de s'approprier celui-là, comme les autres.

Je ne crois pas à l'ennemi, ni à l'erreur de casting, ni à la chasse à la vanité ou l'orgueil. Il y a tout au plus confusion, manque de clairvoyance sur soi et par voie de conséquence, sur le monde. Il n'y a en retours de vertueux qu'un peu de clairvoyance. Par delà le bien et le mal, par delà le vice et la vertu, il n'y a de vertu qu'un peu de clairvoyance sur soi et le monde. Cette lecture me convient mieux.

Dans l'ombre du Cabinet de réflexion, l'expression VITRIOL est une première invite à cette introspection, afin, ensuite d'y voir plus clair, sur soi-même et le monde. Mais nous n'avons pas encore reçu la lumière. Et les contours de la réalité ne s'aperçoivent que dans ce jeu de lumière et d'ombre, qui les soulignent par contraste.

Le Miroir intervient rapidement après avoir reçu la lumière. Et il en faut pour lire son reflet. Il en faut pour apprendre à lire son reflet et tenter de comprendre.

Le chemin peut-être long et difficile. Mais l'initié n'est pas seul.

Narcisse tu es mort aussi de ta solitude, de ton isolement, de ton refus de retourner ton regard vers le monde.

Juste avant la présentation du miroir dont le reflet est inversé, le rituel nous invite à regarder autour de soi et vérifier attentivement si, dans l'assistance, un ennemi ne s'y cache. Chaque soeur, chaque frère de l'assistance est déjà comme un miroir. Que lisons-nous dans chacun de ces regards ? Quel reflet renvoi-t-elle ? Quel reflet renvoi-t-il ?

C'est par le regard de l'autre, des autres que nous existons, que nous nous sentons exister, que nous nous sentons être au monde. Chaque regard nous appelle à notre propre introspection, à notre intimité, autant qu'il nous montre qu'il existe, d'autres reflets, d'autres intimités, d'autres visions du monde. Et ces regards sont ici bienveillants, ce sont ceux  du coeur.

Le chemin de l'initié s'accomplit d'abord en loge, ensemble, en fraternité.

Et de l'autre coté du miroir, qu'y a-t-il ?

Au bout du chemin, subsiste-t-il l'exact reflet de notre propre réalité ?

Sommes-nous capable de l'atteindre ou, tout au plus, de l'entrevoir ?

Quelle consistance donner à cette question ? Est-ce si essentiel ? Que m'importe en définitive cet autre reflet que je ne saurai lire aujourd'hui. Espérer, Désespérer. A quoi cela me sert-il, si ce n'est de me perdre dans des conjectures bien incertaines.

C'est celui que je peux lire aujourd'hui qui m'importe, le mien, le vôtre, le nôtre.

Le rituel nous donne une dernière invite.

« Retournes-toi encore ! » A la place du miroir, c'est un autre regard qui apparaît, un autre reflet, le plus souvent, celui de l'amitié déjà connue, désormais fraternelle. Comme pour lever un dernier doute, c'est l'image réelle d'une fraternelle amitié qui unies tous les SS et FF et dans laquelle nous sommes invités à nous redécouvrir.

J'ai dit.

S\


3013-G L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \