Obédience : NC | Loge : Le Rameau d'Argent | 17/02/2011 |
La chambre des réflexions Elle nous a inspiré recueillement, tristesse, effroi en nous plongeant dans le néant des choses humaines. Les symboles Coq et Sablier renvoient respectivement aux termes Vigilance et Persévérance. Le Coq représente le point du jour, l'émergence de la lumière nécessaire à la carrière maçonnique, il est aussi l'éveil de notre conscience qui nous rend vigilant, avant tout sur nos propres actions. Les maximes sont provocantes et évoquent tour à tour : la curiosité, la lumière, la dissimulation, les métaux, la peur et la persévérance. « Si la curiosité t'a conduit ici, va t'en ! » Quelles doivent être les vraies motivations d'un profane avant de frapper à la porte ? Il a à cœur de vaincre ses passions, asservir ses volontés et faire de nouveau progrès en maçonnerie. « Si tu crains d'être éclairé sur tes défauts, tu seras mal parmi nous ». En effet, c'est ni nu ni vêtu que le profane se présente en loge, dans un état d'innocence. « Si tu es capable de dissimulation, tremble, on te pénétrera ». La lumière que demande le futur frère est une allégorie de la vérité, on ne peut recevoir la lumière qu'en étant soit même de la lumière, c'est à dire en vérité. La lumière des frères en loge est une vérité humaine à partager. « Si tu tiens aux distinctions humaines, sors, nous n'en connaissons point ici ». L'abbé Pérou en 1744, disait ceci : « Que l'on soit gentilhomme ou non, on est toujours annoncé pour tel parmi les Francs Maçons : la qualité de frères qu'ils se donnent entre eux les met tous de niveau par la condition ». « Si ton âme a senti l'effroi, ne vas pas plus loin ». Face à moi même dans la chambre des réflexions, c'est le courage qui me permet d'entrer dans la carrière, je ne dois renoncer devant l'ouvrage ardu : la construction de mon temple intérieur. « Si tu persévères, tu seras purifié par les éléments ; tu sortiras de l'abîme des ténèbres et tu verras la lumière ». Cette dernière maxime, correspond à la transformation du profane en maçon, par la révélation de la lumière. Cette lumière éclairera le chemin du nouveau frère qui parmi nous poursuivra son œuvre dans la persévérance en se donnant le temps nécessaire. Il rejoint ainsi des hommes « qui sont dans le monde, mais qui ne sont pas du monde ». La chambre des réflexions m’a permis de me soustraire à l'espace et au temps. J'y ai senti la nécessité du détachement, tout en étant au centre de ce qui advient. Les éléments eau, bible, feu de bougie, lumière sont communs à la chambre des réflexions et à la loge. L'eau apparaît lors du deuxième voyage. Le pain, l'eau, la bible et la bougie évoquent, ou pour le dire mieux matérialisent la vie, la parole et la lumière. Lors de mon passage en ce lieu, dans la Bible, j'ai relu un passage du Cantique des Cantiques, une ode à l'amour. Je vous en livre ici un bref extrait : « Qu'il me baise des baisers de sa bouche. Tes amours sont plus délicieux que le vin ; l'arôme de tes parfums est exquis ; ton nom est une huile qui s'épanche, c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment. Entraîne-moi sur tes pas, courons ! Le roi m'a introduite en ses appartements ; tu seras notre joie et notre allégresse. Nous célébrerons tes amours plus que le vin ; comme on a raison de t'aimer ! » Un crane humain nous fait face, ce caput mortuum nous interroge sur notre propre mort, la seule certitude de notre vie. Il représente ce qu'il en reste dans sa matière la plus minérale. Il est le lieu de l'intelligence passée. Le sel et le soufre sont pris comme éléments des ténèbres évoquant la désolation. Dans le Deutéronome il est dit au chapitre 29, verset 22 : « Soufre, sel, toute sa terre est brûlée ; on n'y sèmera plus, rien n'y germera plus, aucune herbe n'y croîtra plus. Ainsi ont été changées Sodome et Gomorrhe, Adma et Cceboyim que Yahvé dévasta dans sa colère et sa fureur ! » Toujours dans l'ancien testament, en Jérémie chapitre 17, versets 5 et 6 : « Ainsi parlait Yahvé : maudit soit l'homme qui se confie en l'homme, qui fait de la chair son appui et dont le cœur 'écarte de Yahvé ! Il est comme un chardon dans la steppe : il ne ressent rien quand arrive le bonheur, il se fixe aux lieux brûlés du désert, terre salée où nul n'habite ». Toutefois, le sel est un élément essentiel à la vie, notre sang lui même a la concentration en sel, du chlorure de sodium, de l'océan originel, le sel et l'eau pris ensemble sont des éléments vivaces. Ne peut-on pas également, considérer le sel comme symbole de la connaissance ? Tubal-Caïn, est un descendant de Caïn, frère d'Abel. Tubal-Caïn fut l'inventeur de l'art du forgeron et des autres arts des métaux, c'est-à-dire, du fer, de l'acier, de l'or et de l'argent. Tubal-Cain, est celui des fils de Lamek, enfanté par Cilla (Genèse 4, 22) qui nous enseigna l'art de travailler les métaux. N'a t'il pas utilisé le sel et le soufre comme des catalyseurs dans cette vertueuse transmutation des éléments ? Le sel et le soufre peuvent ils conduire l'initié à maîtriser cet art supérieur ? La disposition des différents éléments et symboles de la chambre de réflexions ne doit rien au hasard. À gauche le sel et le soufre, à droite le pain l'eau au centre, éclairée par la bougie la bible. La lumière éclaire le chemin, la bible, et me rappelle que ma force et en Dieu, ce chemin médian se trace entre la vie, symbolisée par le pain et l'eau et la mort par le soufre et le sel. Il convient de rappeler que le pain, dans la liturgie catholique se transforme en la chair du Christ par transsubstantiation, c'est tout le mystère de l'eucharistie. Au total, notre chambre de
réflexions est un lieu de mort philosophique avant que
d'accéder à la lumière. Mais c'est
aussi le lieu de la noétique c'est-à-dire un lieu
d'étude de la nature et du fonctionnement de l'intellect
humain et les liens entre cet intellect et l'intellect divin. Aristote,
l'un des fondateurs de cette branche de la philosophie
écrivait : « Il y a d'un
côté l'intelligence
caractérisée par le fait qu'elle devient toutes
choses, et, de l'autre, celle qui se caractérise par le fait
qu'elle produit toutes choses, comme une sorte d'état
comparable à la lumière »
(De l'âme, Et dans ce versant philosophique de ma planche, comment ne pas évoquer avec vous mes frères le mythe de la caverne de Platon (dans son ouvrage La République). Cette célèbre allégorie de la caverne met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans une demeure souterraine qui tournent le dos à l'entrée et ne voient que leurs ombres et celles projetées d'objets au loin derrière eux. Elle expose en termes imagés la pénible accession des hommes à la connaissance de la réalité, ainsi que la non moins difficile transmission de cette connaissance. Que l'un des ces hommes soit libéré de force de ses chaînes et soit accompagné vers la sortie, il sera d'abord cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l'on veut lui montrer. Alors, ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure ? Cette caverne, comme notre chambre des réflexions, symbolise le monde sensible où les hommes vivent et pensent accéder à la vérité par leurs sens. Mais cette vie ne serait qu'illusion. Notre chambre de réflexions, comme la caverne, sont des lieux du possible changement intérieur, c'est-à-dire la Métanoïa. Le mot métanoïa est traduit par « pénitence » ou par « repentance », mots devenus suspects en Occident, tant ils sont entachés d'une spiritualité doloriste. Métanoïa signifie « au-delà de nous », au-delà de l'intellect, de notre raison rationnelle et se rapporte à un mouvement de conversion ou de retournement par lequel l’homme s'ouvre à plus grand que lui-même en lui-même. Fondamentalement, ce passage dans ce lieu de ténèbres, m'interroge sur des questions existentielles : suis-je Seul ? Ou bien suis je l'élément d'un tout cohérent ? Que me dit le monde visible ? Mes sens me mentent ils ? Si oui où est le monde invisible, comment être en lien avec lui ? Là j'ai écrit mon testament philosophique qui vous a été livré par le Vénérable, en mon absence. Mes deux premières réponses étaient les suivantes : que doit un homme à soi même ? – la vérité. Que doit un homme à son prochain ? -la même chose qu'à soi même. Devant vous, aujourd'hui je réitère cet engagement de vérité, de lumière, pour moi-même et pour vous tous mes frères. J’ai dit. Y\ B\ |
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