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Le cabinet de réflexion

Le cabinet de réflexion ou l’antichambre de la symbolique maçonnique.

Par ce travail, je n’ai pas la prétention, ni la volonté de faire un traité exhaustif sur le sujet, je n’en n’ai ni l’âge, ni la connaissance. D’autant plus, mes frères, que nous avons tous foulé ce lieu, et que chacun en a un vécu différent, « Tot capita, tot sensus », « Tant de têtes, tant d’avis ». Par contre je vais essayer de vous livrer le regard d’un jeune apprenti confrontant sa timide expérience, ses lectures et le ressenti vécu depuis son passage, depuis cette naissance en ce lieu de gestation.

Pourquoi ai je intitulé cette planche « Le cabinet de réflexion ou l’antichambre de la symbolique maçonnique » ?

Quand j’ai décidé d’entrer en franc-maçonnerie, j’avais fait le choix de ne pas me réapproprier les lectures faites quelques années auparavant, de ne pas connaître les détails du rite, mais plutôt de faire confiance à ceux qui m’entouraient, de m’accepter ou non parmi les leurs. Ce choix d’être une véritable pierre brute était intuitivement de laisser mes métaux à la porte du temple, de laisser la connaissance acquise maladroitement, ne pas parasiter mes pensées.

Ce choix volontaire me fit pénétrer abruptement dans le confinement du cabinet de réflexion. Etre confronté à tant de symboles maçonniques, le jour même du grand jour était comme une révélation trop lumineuse avec comme toile de fond, l’initiation, qui occulta un peu l’importance de cette divulgation des premiers éléments de la symbolique maçonnique. La forme occulta quelque peu le fond et c’est à posteriori que les éléments ressurgissent en étant assimilés au cours de notre parcours comme des jalons symbolisant notre chemin. Nous ne sommes pas encore initié, mais déjà nous sommes confrontés à la franc-maçonnerie, ou plutôt avec nous même à travers la franc-maçonnerie.

Le passage dans le cabinet de réflexion fut scindé en deux étapes, le testament philosophique et la réflexion de son engagement. La notion de temps devenue absente, la rédaction du testament devient irréelle, il faut se dépêcher tout en étant calme, sincère et honnête vis-à-vis de soi même, prendre son temps dans l’infini de l’attente. C’est la première introspection que nous faisons sur nous même et sur notre choix d’entrer en Franc-maçonnerie, c’est le premier coup de maillet sur notre pierre brute, même si nous ne sommes pas encore initié, c’est le premier travail de dépouillement du monde profane, avant notre renaissance.

Une fois ce premier travail établi, le silence se fait, nous levons notre regard, nous sommes confrontés pour la première fois à la symbolique maçonnique, nous détaillons ce qui nous entoure et commence alors cette alchimie, étrange tout d’abord, du travail de réflexion qui nous accompagnera jusqu’à l’orient éternel, mais cela nous n’en n’avons pas encore conscience trop marqué par les éléments qui nous entourent.

Ce premier voyage de l’initiation, situé entre le profane et le sacré, symbolise la terre. Les éléments du cabinet en sont les témoins, ils ont pour but de nous amener à réfléchir une ultime fois sur notre engagement, vis-à-vis de notre entrée en loge, et surtout au regard de nos motivations profondes au plus profond de nous même, au plus profond de notre grotte intérieure.

Il est intéressant de nous arrêter un instant à la définition du dictionnaire concernant le mot de réflexion.

Le premier sens du terme est décrit comme suit : « Retour de la pensée sur elle même en vue d’examiner, plus à fond une idée, une situation, un problème ». Le deuxième sens est encore plus intéressant : « Changement de direction des ondes qui rencontrent un corps interposé ». Et c’est bien le but premier du cabinet de réflexion, le prise de conscience de la pensée sur elle-même et un changement de direction au contact du monde sacré, que l’on qualifie de naissance.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’une naissance, d’une re-naissance, non plus à l’état de fœtus, mais à l’état d’adulte en pleine conscience, d’une naissance réfléchie, active et solaire au regard de la passivité de la lune.

La terre est l’élément de la mort, mais de la mort renaissante, la terre nourricière que l’on retrouve dans beaucoup de mythologies, à travers une déesse fécondatrice, de la terre et des hommes, tel Cybèle, la « Magna mater » romaine.

Le cabinet de réflexion devient alors un creuset fécondateur, au contact des symboles, pareil au ventre de la mère, il prépare à cette renaissance, à cette renaissance éveillée, il est l’antichambre des ténèbres à la lumière. « Je vais vous faire connaître un Mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés... » Cor. 15, 45-53.

Cette idée est renforcée par le lieu même, ce confinement, peint de noir, peu éclairé qui est là pour symboliser la grotte, la grotte est le lieu de la sécurité, n’ayant qu’une entrée et qu’une sortie, la grotte est aussi le lieu de naissance, de Jésus-Christ, de Mithra pour ne pendre que ces mythologies mais l’image forte que l’on peut retenir de ces symboliques est avant tout le ventre maternel, tout comme le cabinet de réflexion il est exigu, sombre, les sons sont audibles sans être compréhensibles, nous avons été dépouillés de nos métaux qui nous caractérisent dans le monde profane, nous sommes à ce moment là tous égaux, assaillis par le doute, mais renforcé par notre choix de liberté de s’élever en toute fraternité pour nous même et tous ceux que nous côtoyons ; sans le savoir nous nous apprêtons à franchir la porte basse qui va nous conduire vers la lumière, tout comme le nouveau-né, les yeux s’ouvriront alors sur un nouveau monde.

Le cabinet de réflexion est le tabernacle de notre franc-maçonnerie, il brille durant notre parcours, comme une lumière de réflexion, nous rappelant à chaque moment les questions, les raisons de notre entrée en loge. Il est le cierge pascal du baptême catholique. La flamme de sa bougie symbolisant notre parcours initiatique en quête de « l’homme véritable ».

J’ai dit Vénérable Maître.


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