Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Le temple avait trois portes

Avant d'évoquer les 3 portes je commencerai par La Porte :

Elément d'architecture elle m'a toujours fascinée, renfermant un secret, ouvrant sur un monde nouveau, une fois le seuil franchi, espace où nous ne sommes plus au dehors et pas encore au-dedans.

Portes des villes, remparts contre les envahisseurs, les franchir aujourd'hui, c'est essayer de comprendre l'histoire, le passé, c'est encore un espace clos. Ce passage nous révèlera toujours quelque chose, une chapelle, une maison, l'agencement de l'ensemble, une pierre sculptée, des parfums, une atmosphère, des bruits, le sourire d'un enfant !

Porte de maisons, généralement ouverte à l'Est, que l'homme franchissait au point du jour pour se rendre à la chasse, puis aux champs.

Porte DOGON, joliment sculptée de symboles. Elle ferme le grenier à mil, protège la nourriture pour l'année, trésor de survie pour le village.

Portes dont on m'avait confié les clés afin d'établir, parfois sans la présence des propriétaires, un état des lieux. De l'extérieur je me faisais une idée de l'ensemble. Une fois la porte poussée, entrée dans cet univers qui m'était étranger, je me retrouvais, chargée de joie, de sérénité ou de tristesse, du poids, laissé dans les pierres de l'édifice par ceux qui l'avaient habité.

La Porte, lieu de passage entre deux mondes, deux états, qu'ils soient concrets ou abstraits, connus ou inconnus, c'est un lieu de transformation. Porte basse, étroite, ouverte sur la vie et que nous avons, à notre tour, ouverte sur d'autres vies, qui nous a fait passer des ténèbres à la lumière.

Lumière, ce feu qui brûle l'homme qui veut s'approprier le savoir et le pouvoir tel Icare, au point de tomber dans les ténèbres !

Ces ténèbres, dissimulées derrière la porte de la nuit, du noir, de la mort, elles contiennent, néanmoins, toutes les promesses du jour. Tout comme le blé avant sa germination, avant que la nature ouvre la porte du printemps.

La porte, symbole de dualité me fait automatiquement penser à Janus, Dieu des transitions, Dieu de l'Initiation, Dieu aux deux visages fermant le passé et ouvrant l'avenir. Il garde la porte de la nouvelle année, du jour, du mois, ainsi que le passage des saisons.

Les Chrétiens ont « transformé » JANUS en JEAN, Jean Baptiste et Jean l'Evangéliste ne faisant qu'un, toujours aux deux visages.

En référence à la bible on notera que Jean Baptiste né peu avant le Christ, s'est éteint peu après la crucifixion de ce dernier. On l'a identifié à la ligne horizontale, au niveau, à la lune, au passé. Jean l'Evangéliste, en poursuivant la marche s'identifie à la ligne verticale, au fil à plomb, il est l'apôtre de la lumière.

Cette idée de dualité, de passage, d'initiation ne peut se réaliser sans qu'il y ait un avant et un après. Cette sorte de borne, de seuil, de frontière qui marque la limite entre les deux, ce serait donc « la porte » ! Cet entre-deux, siège de la pensée entre les deux visages de Janus, porte qui divise et unit par la métamorphose à la recherche de l'harmonie, elle-même fille de Venus et de Mars, d'où, encore, dualité !

Janus c'est donc le gardien des portes célestes ouvrant à la lumière comme le sont dans la bible, St Pierre porteur des clés, précédé de St Michel gardien des seuils. N'est-ce pas lui, n'est-ce pas eux, qui étaient postés à la porte du Temple lorsque nous avons courbé le dos, que nous venions des ténèbres, du monde profane, puis de cet œuf dont nous parlait récemment un frère que l'on appelle le cabinet de réflexion. Je me pose la question, cet œuf est-il les ténèbres ou déjà la porte ? Je veux bien croire que chaque étape est une porte !

Détenions-nous déjà une clé pour pousser cette porte et pénétrer dans le monde sacré ? Sans doute elle s'appelait volonté d'amélioration, recherche, mais chacun détient la sienne. Si nous n'avons pas poussé le cri du nouveau-né c'est que l'émotion était trop forte, la lumière trop vive, éblouis par tant de beauté.

Notre Janus à nous, ce gardien de notre T et # 61532 ; se nomme couvreur pour garder la porte de l'intérieur et tuileur (expert) pour la protéger des assauts extérieurs.

Combien de portes avons nous ouvertes dans les corridors de la vie avant de frapper à celle qui nous a donné la véritable Lumière mais à nouveau, ouvert sur le labyrinthe, en attendant la dernière…

Je ne peux pourtant fermer cette porte, sans revenir sur la nôtre, celle de Lumière de Saintonge, si j'y ai frappé c'est parce que j'ai senti qu'elle s'articulait autour de gonds parfaitement huilés, par un rituel, un travail, une fraternité.

J'aurais pu faire une pl\ essentiellement sur la porte tant le sujet est vaste seulement je me suis engagée à vous en entrouvrir trois ! Donc je passerai le pont, porte qui ouvre sur l'autre rive et qui relie…

Mais auparavant, je ne peux résister au plaisir de vous citer cet extrait d'Ethiopiques de Senghor : « Je ne sais en quels temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden, Comme je mêle la Mort à la Vie, un pont de douceurs qui relie ».

Le temple avait donc trois portes, oui, déjà, au premier degré… Sur le tableau de Loge il comporte (tiens ! Comporte, porte avec !) 3 fenêtres. Tel qu'il est mentionné dans la bible « le roi Salomon bâtit une maison en hommage à Yaweh et celle ci avait 3 fenêtres à grilles fixes ».

Ces trois fenêtres, disposées de l'orient à l'occident éclairent la L\ du lever au coucher du soleil. Compte tenu de leur hauteur ne nous permettent pas de voir sur l'extérieur. Elles protègent les Maçons des vices pouvant provenir du monde profane car notre but est d'élever un Temple à la vertu.

La première, celle de l'Orient éclaire le premier Surveillant (ou les deux Surveillants selon l'emplacement du deuxième) ; la 2e, au Midi dispense sa forte lumière aux apprentis ainsi qu'à l'ensemble de la Loge ; la 3e, à l'Occident, alors que le soleil décroît offre sa faible lumière au T\ R\ M\.

On se trouve dans le mouvement lié à celui du soleil.

Lors de l'initiation, au premier degré, une fois la porte basse franchie, le rituel initiatique va conduire le profane de l'Occident à l'Orient au cours de trois voyages qui lui feront franchir 3 portes. Dans le rituel, on peut lire, « qu'il passe… ». Il s'agit donc bien de passages de portes invisibles et symboliques, vers une transformation, une progression puisque à chacune de ces portes l'impétrant est purifié par l'air, l'eau et le feu. Nous avons fait 3 pas !

Plus tard, l'on nous a ouvert les 5 portes de l'étoile, reçu les outils qui nous ont permis de travailler sur le chantier de l'ouverture à la connaissance, aux voyages par la marche des 5 pas !

Pour en arriver au troisième degré, …enfin direz-vous ! …La porte franchie à reculons eut sur moi un effet bouleversant. La porte, grande ouverte, dont à mes yeux il ne restait que le cadre qui m'a paru si haute cette fois en pénétrant dans les ténèbres, où régnait un pesant silence. M'introduire dans la chambre du milieu par cet arc, par lequel les armées romaines entraient dans la ville au retour de la guerre pour se purifier et se décharger des énergies destructrices acquises auprès de l'ennemi.

De dos, ma première pensée fut : Pourquoi ? Je n'ai jamais tourné le dos à mon destin. A cet instant je croyais posséder mes clés acquises lors de l'Initiation, puis du passage au Second Degré mais j'étais certaine de posséder celles de mes doutes comparables à cette obscurité, atmosphère propice à l'introspection. Retournement fait, la porte s'est ouverte sur le corps d'Hiram, gisant sous le drap noir.

Qui était Hiram ? Fils d'une veuve, Salomon l'avait fait venir de Tyr ; c'est donc un étranger, il est célèbre dans l'art qu'il pratique. Au regard des compagnons c'est une victime potentielle car marquée d'une différence, qui plus est, il détient un secret et non des moindres.

L'édifice allait être achevé et 3 compagnons voulurent connaître le secret des MM\. Comment pourrait-on nommer ces Comp\ qui se considèrent assez instruits ?

A la chute du jour, donc après minuit puisque Hiram se trouvait seul sur le chantier, seul et sans défense, habitué à vérifier la progression du travail après le départ de ses équipes.

Si l'Initiation symbolise le lever du jour, le commencement, le printemps, l'heure ou le soleil commence sa croissance dans le ciel, l'heure de l'éveil, puis de l'action, Au grade de Comp\ il est midi, l'été, l'heure de la jeunesse, des études, le soleil est à son zénith. C'est le moment de la force, du travail et de l'apprentissage de la méthode. A la chute du jour c'est le déclin, le soleil décroît, voici venu l'âge mur, la saison de la cueillette, l'automne. Ayant parcouru tout ce chemin, Le M \ est accompli, il n'a plus peur :

Il enjambe la mort dans sa marche alors que déjà pointent les ténèbres.

Nos trois Comp\ se placèrent chacun à une porte, verrouillant ainsi tout passage sur l'extérieur, ne laissant apparemment à Hiram aucune chance de s'échapper. Ils sont déterminés à obtenir le secret des Maîtres, persuadés chacun de mériter cette augmentation de salaire et être admis en Chambre du Milieu.

En conséquence, le premier Comp\ devient gardien de la porte du midi, au plateau du 2e Surv et # 61532 ; (Nous reviendrons plus loin, sur ce point).

Le second, à l'occident au plateau du 1er Surv\ et le troisième à l'Orient, à celui du V\ M\. C'est à nouveau le mouvement de la vie qui se déroule.

Au midi, le premier Comp\est muni d'une règle (donc le 2e surveillant) Cet outil qu'on lui a confié au moment de son passage au second grade est l'instrument de mesure, elle lui a permis de tracer des plans, elle représente l'infini, sans commencement ni fin. Elle figure dans ce cas, l'imagination qu'il a pu développer au cours de ses voyages. Seulement, on la lui a confiée accompagnée du compas qui donne la mesure véritable, du levier pour la finalité et la maîtrise des choses, de l'équerre pour déterminer la rectitude et le point de départ.

L'utilisant seule, l'imagination est à son comble. Avec cet instrument ce Comp\ (2e surv) vise la tête du M et # 61532 ; Hiram et atteint l'épaule gauche, le côté féminin, l'affect, l'intuition, l'émotion.

Certains rituels plus anciens nous disent que la gorge était visée, c'est le centre de la communication, du souffle. D'après Annick de Souzenelle il s'agirait de la Porte des Dieux, donc du verbe.

A l'occident le deuxième Comp\ (1er surv) est muni d'un levier. Accompagné de la règle il donne le sens de la finalité juste. Seul, c'est un outil monstrueux, sans frein, il peut provoquer des ravages. A nouveau la tête est visée et il atteint l'épaule droite, la cote masculin, la logique, l'action.

Le M\ Hiram tombe sur l'un, puis sur l'autre genou. Il met donc un genou, puis le deuxième en terre. Serait ce en signe d’humilité ?

Hiram est sans défense, il ne cherche pas à fuir, simplement à emprunter une autre issue. Il se dirige vers l'Or\ où l'attend le 3e Comp\ gardien de cette troisième porte. Le T\ R\ M\ descendu de sa chaire n'est plus la Lumière de la Loge, il devient un Comp\ félon, le delta lumineux est masqué, notre T et # 61532 ; R et # 61532 ; M et # 61532 ; ne représente donc plus le sur conscient mais le subconscient. Il est armé du maillet, son instrument d'autorité, de commandement, de sagesse.

Cet outil seul, sans équerre ni compas, devient alors un terrible outil de domination. A nouveau la tête est visée et il atteint le front, l'esprit, le siège du sur-conscient, le troisième œil de Shiva.

Cette succession, et l'ordre dans lequel sont assénés les coups ainsi que les parties visées, me posent un problème. Au fur et à mesure de mes recherches, j'ai consulté plusieurs livres dont celui du M\ de Gibet et la symbolique de la mort de Trescases, tous les deux évoquant le R. E. A. A.

Si je reprends Trescases je peux lire :

1) La règle, premier instrument du 1er Comp\ vise la gorge et atteint l'épaule droite, donc le bras qui nous a permis de faire notre premier travail sur la pierre.

2) Le levier, 2ème instrument du 2ème Comp\ vise le cœur, centre de l'intelligence divine, et atteint la nuque, porte de vie entre la tête et le corps.

3) Le maillet, 3ème instrument du 3ème Comp\ Là, rien n'est modifié, il faut bien en finir !

Ceci me pose question : les centres touchés par les différents coups me paraissent davantage conformes à la progression maçonnique. Nous retrouvons ensuite, dans ce dernier schéma un triangle, non pas comme il figure dans notre T\, mais tel qu'on peut le voir dans d'autres Loges, peut-être plus proche du rituel, mais surtout plus à même, pour le second Surv\ de dispenser la Lumière sur la Col\ Du Nord.

C'est une réflexion, faite au travers d'une porte « vitrée », je ne puis l'ouvrir car en dehors de notre clé principale, le rituel, je n'en ai pas trouvé d'autre.

Hiram est mort, les trois Comp\ l'ont assassiné et enterré. Les portes se sont donc refermées à jamais sans qu'eussent été dévoilés les mots du M\. Ces mots se méritent et ne s'acquièrent pas par la brutalité, ce n'est qu'après avoir longuement travaillé sur notre pierre, à notre heure et lorsque nous avons l'âge, que nous sommes reconnus capables par les MM et # 61532 ; et la décision collégiale, de raisonnement, de discernement, du sens de l'union et de considérer toutes choses avec relativité.

Pourquoi Hiram a t il été assassiné ?

Avait-il atteint l'âge où la vieillesse assèche les cœurs ? N'était-il plus objectif quant à l'heure de la récompense, du salaire de ses Comp et # 61532 ? NON, Hiram était le M\ accompli, homme de savoir et de tolérance, en recherche de vérité, d'égalité et de justice, il construisait le T\ idéal.

Je parlais plus haut du qualificatif propre à chacun des Comp\ Vanité, Fanatisme, Ignorance.

N'est ce pas ces 3 Comp et # 61532 ; trop souvent Cerbères de nos portes, que nous devons combattre, car il s'agit de la construction de notre propre T\ à force de travail, de don de soi, en bannissant l'orgueil et repoussant les mirages (vanité) qui ne sont qu'illusion et par le retour permanent aux grades d'App\ et de Comp\.

Pour ce faire, il faut grandir, et un jour, tuer le père, le vieil homme qui est en nous, afin que renaisse l'homme nouveau, plus radieux que jamais. Tuer le M\ Hiram, c'est aussi cela, c'est tuer le bouc émissaire, tel Œdipe afin que Thèbes soit débarrassée de la peste, et que renaisse la vie dans la sérénité et la joie. C'est établir l'ordre après le chaos !

Neuf MM\, après de longues recherches, au cours d'une marche en spirale autour de la dépouille de notre M\ Hiram, retrouvent enfin son corps enterré sous l'acacia !

Ces portes que je pensais refermées à jamais s'ouvrent à nouveau par la volonté de 3 MM\ : tentant chacun à leur tour de redonner vie a notre M\ Hiram. Ils n'y parviennent que dans l'union qui fait la force, « car sans le secours des uns pour les autres, nous ne pouvons rien ». C'est donc le T\ R\ M\ qui le ramènera du plan horizontal au plan vertical, à la vie, en lui donnant le mot en même temps que les cinq points de la maîtrise. Hiram renaît, abandonnant dans le tombeau son ancienne dépouille.

Notre Atelier en deuil a retrouvé la Lumière que nous avions perdu ! Le nouveau M : Est né, il a 7 ans et plus…

Combien de portes a t il franchies ? Logiquement ce devrait être 9 mais il m'en manque ou plus exactement j'en ai trop ? (La gestation qui aboutit a la naissance ne nécessite t elle pas 9 lunes). Combien de pas a-t-il fait : 8, il m'en manquerait donc 1, je suppose que le neuvième est celui qui permet de  rejoindre l'Or\ Eternel.

Ces portes, comme je vous le disais plus haut, je les ai entrouvertes et vous constaterez que bien des clés, demeurent, encore dans l'obscurité.

Je vais tout de même vous en ouvrir encore une petite, sur ces quelques lignes de Plantagenet, je la nommerai « réflexion »…par exemple !

« Dans le secret de nos consciences, le silence et le recueillement, écoutons Hiram, le M\ nous apprendre à vivre dans la sagesse et la folie, avec la raison pour guide, et le rêve comme élément ».

Ce cheminement de portes en portes, de passages en métamorphoses, du profane au sacré, du travail à la joie qui brille à la lumière de notre cœur nous conduit tout naturellement à la sagesse et au détachement faisant de nous l'Homme nouveau, radieux, apte à porter au dehors l'œuvre commencée dans le Temple, à condition de ne jamais révéler notre secret.

J'ai dit

T\ R\ M\' O\


3009-S L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \