Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Voyage du Nadir au Zénith De tous temps, le cheminement initiatique à l’image de la quête mystique a dessiné la Finalité Première, celle de ramener le binaire à l’Unité. Ce long chemin qui peut être un jour, autorisera la métamorphose suprême, passe inéluctablement par le silence et la solitude. Je les ai rencontré tous deux au cours de mon apprentissage, le premier d’entre eux en me préservant des contradictions et des passions, a autorisé la concentration puis la distillation de mes énergies tout en me prédisposant à la paix de l’esprit. Dans le silence, j’ai pu grâce aux intermédiaires sacralisés que sont les symboles, les emblèmes, les allégories, progressivement voyager de la relativité à une certaine absoluité. Par leur force opérante, ils ont pu revivifier cette énergie enfouie en chacun de nous et permettre le mouvement descendant du Père vers l’homme et celui ascendant du nouveau »fils » vers le père. La solitude et la règle ont de même marqué cette étape car : « …l’homme doit être seul pour rencontrer Dieu qui est seul … »(Philon d’Alexandrie) et il ne saurait être question de cheminement initiatique sans une discipline intérieure, une réelle personne morale que les sociétés monastiques désignaient sous le terme de Règle. Soumis fidèlement à la Règle, la Vérité se dévoile graduellement selon nos mérites, nôtre progression ou la totalité du don de soi, c’est à cela d’ailleurs que se rapporte la danse orientale des « sept voiles » qui s’accomplit une main levée vers le Cosmos pour en recevoir la Grâce et l’autre baissée vers le monde des hommes, pour en répandre la Bénédiction. En revenant alors doucement vers mon Centre, j’ai pu entrevoir le fait que l’homme n’est pas seulement qu’une image de la Divinité mais qu’il est également une expression de la réalité divine. N’affirme-t-on pas : « …qui se connaît soi-même, connaît son Seigneur… » ? Cette révélation vécue, j’ai pu m’élever dans la spirale du devenir car rien n’est jamais figé, tout est mouvement, du trois je suis passé au cinq, à ce chiffre cinq composé d’un demi carré posé sur un demi cercle comme si ses deux moitiés constitutionnelles étaient là pour nous avertir d’une imperfection propre à cette étape. L’avertissement est simple :même initiés, nous sommes toujours sous l’emprise de la matière : « …ce grand voile qui empêche de percevoir l’Intelligence séparée… »(Maimonide). Cinq comporte en effet bien des dangers car si nous disposons tous d’une dimension divine « …laquelle est lumière, bien, perfection… »(Mohammad Khan Kermani), je n’oublie pas que l’autre, celle de nôtre ipséité est ténèbres. Lumière et ténèbres sont de fait bien présents dans le message symbolique de l’Etoile Flamboyante, redressée et inversée. Prendre la décision adéquate n’est pas si aisée, d’ailleurs les miniatures médiévales représentant l’homme microcosme bras et jambes écartés, sont là pour nous rappeler que l’équilibre est précaire voire périlleux. J’ai pu aussi traverser cette délicate étape en retrouvant l’usage de la Parole car en acquérant une spiritualité efficiente, celle-ci devient par la bouche de l’homme un ETRE RELIGIEUX, en parlant la langue sainte, on parle la Divinité. N’est- il pas écrit « … Au commencement était la Parole et la Parole était auprès de Dieu et la Parole était Dieu… » ? En somme, en attribuant à l’homme le langage, Dieu lui a accordé non seulement le privilège de communiquer, mais encore de communier avec lui car « …la prononciation des…noms divins suffit pour établir le contact entre l’homme et son Dieu…, les lettres sont des étincelles provenant de la Parole Divine créatrice de toutes choses… »(C.Mopsik). La spirale s’est de nouveau accélérée, j’ai ressenti la régénérescence du nombre six :marque du sceau de Salomon avant d’apercevoir l’Acacia. Ce dernier a d’abord suscité en moi bien des souvenirs ainsi que l’image d’une vie persistante aux confins du désert avant de me ramener à d’autres constats. Dans la tradition Chrétienne comme Hébraïque, l’Acacia semble rapporté à la mort, au deuil d’un passé irrémédiablement perdu, la couronne du Christ comme l’Arche d’Alliance n’étaient-elles pas d’acacia ? A ce premier message véhiculant tristesse, deuil, perte, se dégage presque instantanément une extraordinaire promesse d’espoir au travers du simple fait que l’acacia marque aussi un emplacement, celui d’Hiram où siège la Connaissance. Dès lors, comment ne pas voir en la mort un passage, celui d’une existence limitée vers celle de l’Eternité ? J’ai ainsi retrouvé l’image symbolique de l’immortalité, là même où l’on désespère le plus de la trouver. A travers l’arbre acacia, c’est aussi l’ image de l’échelle, de la colonne qui est exprimée, celui d’un moyen privilégié de communication entre la terre et le Ciel, les ténèbres et la Lumière. Dès lors, Hiram apparaît donc indirectement comme celui d’où émane une nouvelle clarté, qui éclaire un monde régénéré au travers de la colonne sacrée reconstituée. Mais alors pourquoi Hiram, élément de perfection, fut il assassiné à travers une mort aussi violente ? Cette disparition tragique m’a renvoyé à celle du Phoenix, d’Osiris, du Christ, c’est à dire au mythe traditionnel de la Mort-Résurrection. La mort est bien indispensable à la régénération car tout être existant s’érode au fil du temps. Se régénérer implique que toute réalité puisse retourner dans « l’amorphe « pour réintégrer l’Unité Primordiale dont elle est issue car « …si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits… » (Jean 12 :23-24). D’autres parallèles s’enchaînent en moi :au meurtre d’Hiram par les mauvais compagnons, se superpose celui d’Abel assassiné par Caïn. Abel projection voilée d’un état originel et idéal, n’est-il pas ce pôle supérieur de l’Humanité auquel s’oppose Caïn, l’homme de la chute, le représentant du genre humain dans tout ce qu’il a de plus profane et de désacralisé, condamné à évoluer au travers du temps, des cycles et des lois de mutation ? Paradoxalement, c’est ici que réside nôtre espoir à tous, car pour que s’effectue le commencement des cycles, il faut que Caïn puisse tuer Abel, il faut que Judas puisse livrer le Christ, et qu’une nouvelle humanité lave la faute adamique pour ainsi avoir accès à cette phase de rédemption collective rendue possible uniquement par l’avènement du meurtre fondamental. Aujourd’hui je sais que le voyage est loin d’être achevé car il existe d’autres phases, par lesquelles surgit la libération absolue, la disparition des formes, le retour à cette essence spiritueuse qui fut manifestée, lorsque le Créateur se contempla lui-même. Redevenir l’ADAM PRIMORDIAL, voilà toute la raison de poursuivre nôtre cheminement. O\ G\ |
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