Obédience : NC Loge : NC Date : NC

Notre Voyage Initiatique

Au moment où nous accueillons, après son initiation,  pour sa première tenue, notre frère DAVID, j’ai souhaité que nous nous rappelions pourquoi un jour nous nous sommes, nous aussi,  embarqués  pour ce grand VOYAGE, pour cette aventure initiatique que propose la franc-maçonnerie.

Rejoindre la Maçonnerie répond à des motivations multiples et plus ou moins conscientes. Le hasard y prend parfois sa part, jamais la contrainte.
Ce soir il n’est pas question de s’interroger sur le pourquoi de cet engagement, mais plutôt sur le comment.
On peut envisager la maçonnerie comme un embarquement pour un grand voyage. En maçonnerie le voyage est le contenant, et les voyages une partie des contenus. Tout comme le rite contient les rituels.

Voyager suppose le choix d’une destination, ainsi que celui d’un itinéraire. L’absence de destination signifierait errance, vaine fuite de soi-même. Sans itinéraire, ces voyages tiendraient lieu de cabotage. Quelquefois, l’itinéraire ne s’interprète qu’après le voyage. Il arrive que le maçon ne comprenne la route empruntée qu’une fois rendu à l’escale. Ce coup d’œil en arrière, est indispensable à la continuation de sa route. Même bien étudiés et organisés, ces voyages ne sont que ce que le maçon en fait.
Les traversées sont quelque fois malaisées, jalonnées de récifs, voire de pannes. Elles appellent une curiosité qui ne peut naître que de la disponibilité. Une disponibilité de l’esprit et du corps, un largage d’amarres qui correspond à une mise en congé du monde profane, seul préalable pour aller vers ce quelque part espéré : LA LUMIERE.
Il est vrai que chacun vit ses voyages et ses escales de façon personnelle, et que ce vécu va plus loin que l’horizon. Il faut au maçon, il nous faut, humilité, tolérance, force, courage, sens de la justice, grande ouverture d’esprit.

La méthode maçonnique et en particulier celle dispensée par le REAA, mettent à notre disposition étape après étape, tous les itinéraires, les moyens, les outils nécessaires au VOYAGE. C’est un voyage, faut-il le rappeler, qu’elle laissera toujours chacun de nous, entièrement libre et responsable d’organiser, d’entreprendre, de parcourir et même d’interrompre à tous moments. Chaque degré acquis,  permet au franc-maçon de vivre celui qu’il vient de quitter dans la plus profonde humilité, dans l’attente d’autre chose,  dans l’attente de découvrir, l’espère t’il le Mystère insondable qui est son devenir.
L’initiation constitue sans doute, la meilleure et la plus solide des préparations à l’ascension spirituelle. Pour reprendre Michel BARAT, notre Grand Maître, indiscutablement nous avons une vocation spirituelle et sans oublier notre exigence humaniste
Aussi, lorsque certains abandonnent cette  recherche spirituelle pour poursuivre leurs actions professionnelles, commerciales, ou politique, ils se désacralisent et plus grave, ils désacralisent les autres frères et les empêchent de retrouver leur source originelle.
                       
Tout voyage commence par un départ. Les premiers mètres du parcours du futur initié, s’ouvrent sur une découverte : La Terre inconnue du symbolisme.

Celui –ci se signale dès le cabinet de réflexion et prend tout son sens, une fois franchies les colonnes du temple. De spectateur, le futur initié devient acteur. Ces quatre  premiers voyages le marqueront à jamais. L’adage prétend que partir c’est mourir un peu, ici, c’est revivre.
Laissé pour mort en tant que profane, les voyages de la terre, de l’air, de l’eau et du feu le ramènent à une nouvelle vie. Mais il faut bien savoir que c’est le voyageur qui fait le voyage autant que le voyage fait le voyageur, en conséquence  le ressenti de ces parcours est éminemment personnel. Chacun y a vu un relief particulier, pressenti un monde inconnu. Chaque maçon sait dès le départ qu’il appareille pour plusieurs voyages dits de passage.
Petit à petit, il  prend conscience d’avoir emporté trop de bagages. Parmi eux, les valises d’idées toutes faites, et les grands sacs de préjugés. Des métaux encombrants, qu’il larguera au fur à mesure de son avancée.

Parmi tous les symboles qu’il découvre depuis sa nouvelle vie de maçon, l’un d’eux s’imposera peut-être avec plus de force : le pavé mosaïque. Ses rencontres du blanc  au noir laissent une empreinte dans laquelle vient se mouler le mot tolérance. Il découvrira que  le chemin de l’initié fait qu’il se déplace sur la voie du juste milieu, sur le fil du rasoir, sur la ligne médiane qui relie les carrés des deux couleurs           .
Dans notre esprit nous pouvons donner un sens aux symboles puis en changer, trouver les limites à franchir, aller vers l’autre sans timidité. Ce voyage immobile que beaucoup ont chanté est la vraie voie vers la délivrance de la pensée, corsetée par tout notre vécu et nos propres interdits.

Et un jour, après de nombreux périples, alors peut-être, pourra t il être déclaré par les maîtres,  bon pour la suite, non plus des voyages, mais du voyage maçonnique.

En effet en maçonnerie, les surveillants sont là pour jouer le rôle d’éveilleurs autant que de veilleurs, et les maîtres, ceux de vigie et de passeurs.

A l’heure, où le rêve est mis en boîte par les agences de pub, comment dans ces conditions, parler de mystère, de rêve sans avoir recours au symbolisme. Comment apprendre, puis communiquer les essentiels maçonniques, qui sont connaissance de soi, morale, recherche de vérités, si l’on fait l’économie des voyages initiatiques. Ou placer la fraternité sans rencontre de l’autre.
On ne lutte bien contre une pente qu’en la remontant. Là réside le travail maçonnique. Là réside cette aventure qui doit donner un sens supérieur à la vie du maçon en se rappelant que le seul véritable voyage n’est pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux pour aller vers son idéal tout en comprenant le réel.
           
J’ai dit…         


3006-8 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \