GLDF Revue : Points de Vue Initiatiques 4T/1987

L'originalité
de la Grande Loge de France

La Franc-Maçonnerie est représentée en France par plusieurs grandes obédiences.

Chaque Obédience regroupe des loges, les loges étant elles- mêmes constituées par des groupes de francs-maçons qui se réu­nissent régulièrement.

La diversité des obédiences, même si elle est la résultante actuel­le et vivante de l'histoire de la Franc-Maçonnerie en France est un champ chaotique d'écoles de pensées diverses, éparpillées et concurrentes.

En effet, de même que la recherche de perfectionnement de soi- même, l'aspiration à se réaliser soi-même, peuvent emprunter des voies différentes, de même chaque grande obédience maçon­nique, avec sa tradition, sa personnalité, son style, ses principes, peut constituer l'une de ces voies particulières.

La Grande Loge de France est l'une de ces voies particulières, et à tous égards une voie majeure.

Si l'on voulait définir la Grande Loge de France, la meilleure dé­finition serait peut-être celle donnée par l'article I de la constitu­tion de la Grande Loge de France, lequel dit :

«La Franc-Maçonnerie est un ordre initiatique, traditionnel et universel, fondé sur la fraternité. Elle constitue une alliance d'hommes libres et de bonnes mœurs, de toutes races, de toutes nationalités et de toutes croyances.»

La Grande Loge de France est née en 1894, affirmant simultané­ment son attachement au Grand Architecte de l'Univers.

Pour comprendre la nature de la Grande Loge de France, et le fond de sa tradition, il faut remonter l'histoire de la Franc- Maçonnerie en France jusqu'à l'année 1732.

C'est en 1732 que la première loge française reçut patente de la Grande Loge de Londres. Elle a été fondée à Paris. Très rapide­ment, d'autres loges furent créées en province.

A la veille de la Révolution, l'ordre maçonnique français avait conquis dans le pays une place considérable : plusieurs dizaines de milliers de Francs-Maçons étaient répartis dans deux obédien­ces : La Grande Loge de France dite «de Clermont», du nom de l'un de ses anciens grands maîtres, et le Grand Orient de France. Les deux obédiences fusionnèrent d'ailleurs en 1799.

En 1804 est créé le Suprême Conseil de France du Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui va provoquer la réunion d'une Grande Loge générale écossaise. Ce Suprême Conseil existe d'ailleurs en­core aujourd'hui, rue Puteaux à Paris, et a juridiction sur les hauts grades.

A la fin de la même année, Napoléon ler contraint les Francs- Maçons à n'avoir plus qu'une seule obédience, le Grand Orient, pour les trois premiers degrés : apprentis, compagnons et maî­tres, le Suprême Conseil gardant son autorité sur les autres gra­des de la Franc-Maçonnerie française.

Dans les années qui suivent la chute de Napoléon, sa volonté n'est plus respectée et la situation maçonnique évolue avec la création de nombreuses loges qui ne dépendent pas du Grand Orient. Progressivement, ces loges se rassemblent sous l'autorité du Suprême Conseil de France.

Il y a là d'ailleurs une fait important à souligner, propre à la na­ture même de la Franc-Maçonnerie, c'est que les relations des frères, qu'ils appartiennent à l'une ou l'autre juridiction, sont harmonieuses, amicales et fraternelles. En dépit de leurs points de divergence, la fraternité des maçons a toujours prévalu.

1877 marque un tournant important dans l'histoire de la Franc- Maçonnerie en France. C'est en effet cette année-là que le Grand Orient de France autorise ses loges à abandonner l'invocation au Grand Architecte de l'Univers, symbole fondamental de la Franc-Maçonnerie, provoquant ainsi des remous importants dans le monde maçonnique.

Le Suprême Conseil de France va devenir alors l'autre pôle de la Franc-Maçonnerie française.

En 1894, le Suprême Conseil de France favorise la naissance de l'actuelle Grande Loge de France, et lui délègue autorité sur les trois premiers degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Aujourd'hui, la Grande Loge de France compte plus de 400 loges, dont 160 à Paris et en Ile-de-France, 230 en province et une vingtaine outre-mer.

La Grande Loge de France invoque dans tous ses travaux le Grand Architecte de l'Univers.

Quel homme, fut-il même de notre temps, pourrait prétendre ne jamais s'être interrogé sur l'origine du monde et des êtres qui le peuplent ?

Chez les Egyptiens, la création du monde serait né de la pensée ; une espèce particulière de pensée devenue réalisée, objectivée, ou incarnée. Les prêtres de Memphis proclameront Toth le créateur et le moteur de toutes choses.

Ensemble, les penseurs grecs pré-socratiques soutinrent des théo­ries diverses :

Pour Thalés, l'Univers venait de l'eau. Pour Anaximène, d'une sorte de brouillard. Pour Anaximandre, d'un infini très vague.

Pour les chrétiens, selon 1'Evangile de St Jean : «Au commence­ment était le verbe, le verbe était auprès de Dieu et le verbe était Dieu ».

Ne serait-ce d'ailleurs pas là le Logos grec d'Héraclite, considéré comme principe créateur, sorte de pensée fécondante. On retrou­ve également ce Logos chez les Hébreux, parfois assimilé à la Sa­gesse Divine. Nous pourrions énumérer maintenant les concep­tions plus orientales, mais nous en avons assez évoqué pour éclaircir ce que la Grande Loge de France entend par Grand Ar­chitecte de l'Univers.

Le Grand Architecte de l'Univers est l'expression symbolique du Principe Créateur.

Mais il n'est pas défini, il ne saurait être déterminé par aucun dogme. C'est à chaque Franc-Maçon d'y apporter un sens, en fonction de ses propres convictions et de ses propres interroga­tions, voire de ses doutes.

La Grande Loge de France n'impose aucune limite à la recherche de la vérité, et c'est pour garantir à tous cette liberté, qu'elle exige de tous la tolérance.

La Grande Loge de France, Ordre initiatique, travaille au Rite Ecossais Ancien et Accepté, le rite le plus pratiqué dans le monde, qui se caractérise par sa dimension spirituelle.

par l'établissement des Constitutions d'Anderson, rédigées par le pasteur protestant anglais, James Anderson, en 1723.

C'est à ces constitutions que se réfère la Grande Loge de France. Il y est dit en particulier :

«La Franc-Maçonnerie se doit d'être le Centre de l'Univers, cette union d'hommes d'origines, de confessions, de conditions socia­les et de tempéraments différents qui, sans la Franc-Maçonnerie, ne se seraient jamais rencontrés et appréciés».

On peut dire que la Franc-Maçonnerie, et en particulier celle pra­tiquée à la Grande Loge de France est avant tout un rite.

Qu'est-ce qu'un rite ? C'est un acte cérémonial, un ensemble de symboles vécus, réglés et mis en scène dans une forme définie, qui ont pour aboutissement le fait de faire accéder l'homme à l'initiation.

Qu'est-ce que l'initiation ? L'initiation, c'est le dégagement de l'homme des limites de son état humain, c'est ce qui le rend ca­pable d'accéder aux états supérieurs. C'est comme une naissance qui ouvre à une vie de réalisation personnelle et spirituelle.

Or, c'est la pratique des rites qui permet cette accession aux états supérieurs, parce que les rites portent en eux, cachés sous leurs symboles, des vérités, ou des signes de vérités, qui nous ratta­chent à la vérité primordiale, d'où d'ailleurs le sens de tradition­nel de la Franc-maçonnerie, tradition voulant dire : acte de transmettre.

Le Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui n'a rien d'écossais, et dont les racines, anciennes, plongent jusqu'à la maçonnerie opé­rative du moyen-âge, laquelle elle-même se trouvait reliée à des traditions plus reculées, possède indiscutablement cette dimen­sion spirituelle et traditionnelle.

La Grande Loge de France a adopté, comme texte de référence, les Constitutions d'Anderson.

La naissance de la Franc-Maçonnerie spéculative au début du XVIIIème siècle, laquelle est d'origine anglaise, a été marquée par l'établissement des Constitutions d'Anderson, rédigées par le pasteur protestant anglais, James Anderson, en 1723.

C'est à ces constitutions que se réfère la Grande Loge de France. Il y est dit en particulier :

«La Franc-Maçonnerie se doit d'être le Centre de l'Univers, cette union d'hommes d'origines, de confessions, de conditions socia­les et de tempéraments différents qui, sans la Franc-Maçonnerie, ne se seraient jamais rencontrés et appréciés».

La Grande Loge de France est apolitique. D'ailleurs, l'article 4 de la déclaration de Principes de la Grande Loge de France définit ses rapports avec la politique :

La Grande Loge de France est apolitique. D'ailleurs, l'article 4 de la déclaration de Principes de la Grande Loge de France définit ses rapports avec la politique :

«La Grande Loge de France, ni ses loges, ne s'immiscent dans aucune controverse touchant à des questions politiques ou confessionnelles. Pour l'instruction des frères, des exposés sur ces questions, suivis d'échanges de vue sont autorisés. Toutefois, les débats sur ces sujets ne doivent jamais donner lieu à un vote, ni à l'adoption de résolutions, lesquels seraient susceptibles de contraindre les opinions ou les sentiments de certains frères ».

C'est là effectivement l'une des caractéristiques essentielles de la Grande Loge de France : son apolitisme.

Chaque membre de la Grande Loge est libre, à titre individuel, de prendre quelque position politique que ce soit, si celle-ci n'est pas contraire aux principes de l'ordre maçonnique. Mais la Grande Loge ne peut prendre aucune position dans le débat

politique.

Il faudrait une grave atteinte aux libertés et aux droits de l'hom­me, pour que le Convent, assemblée démocratique constituée des représentants des loges, le Conseil Fédéral, assemblée exécutive de 33 membres élus pour 3 ans, ou le Grand Maître, puissent être amenés à alerter l'opinion.

De même, la Grande Loge de France ne s'immisce dans aucune controverse touchant à des questions confessionnelles.

Là encore, chaque Franc-Maçon de la Grande Loge de France est totalement libre en matière de religion, mais se doit de respecter les convictions de ses frères. C'est ici encore, la volonté de «Cen­tre de l'Union» des Constitutions d'Anderson.

La Grande Loge de France est adogmatique : si, dans leur travail en loge, ses membres recherchent la vérité, elle ne prétend pas la détenir.

La Grande Loge de France est une obédience masculine, elle n'ini­tie que des hommes

La Grande Loge de France est une obédience masculine, cependant de 1901 à 1940, la Grande Loge de France a abrité des loges féminines dites d'adoption. Celles-ci se sont regroupées, après 1945, en une fédération autonome, la «Grande Loge Fémi­nine de France» avec laquelle la Grande Loge de France entre­tient les meilleures relations.

En repoussant à la fois tout dogmatisme religieux, comme tout engagement politique partisan, la Grande Loge de France place au-dessus la Tolérance, base fondamentale de l'épanouissement spirituel libre de chacun de ses membres.

Dans ce sens, elle constitue ce que l'on pourrait appeler la Troi­sième Voie.

20 SEPTEMBRE 1987 :

Publié dans le PVI N° 67 - 4éme trimestre 1987  -  Abonnez-vous : PVI c’est 8 numéros sur 2 ans

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