GLDF Revue : Points de Vue Initiatiques 1T/1979


Science, Philosophie, Religion

Et Grand Architecte de l’Univers

Science, philosophie, religion prétendent amener l'homme à la « connaissance », c'est-à-dire, lui fournir une « explication » de lui-même et du monde qui réponde au schéma scolastique : « Quis ? Quid ? Ubi ? Quibus auxiliis ? Cur ? Quomodo ? Quando ? » (Qui ? Quoi ? Où ? Par quels moyens ? Pourquoi ? Comment ? Quand ?), questions qui délimitent toutes les sortes d'interrogations que l'on peut se poser à propos d'un fait quelconque. Pour toutes les trois le but est donc identique, seul le point de vue diffère. La science entend prouver par l'expérience ce qui lui permet, à partir d'un fait particulier, de dégager des lois générales valables dans tous les cas similaires, lois que l'on peut généralement vérifier en les soumettant à la reproduction expérimentale à moins que l'on n'abou­tisse à une certitude d'évidence ; la philosophie veut enseigner la sagesse par la connaissance intellectuelle en faisant appel à la raison raisonnante qui détermine une attitude face à soi-même et au monde ; la religion fournit une réponse dogmatique, c'est-à-dire admettant une partie non vérifiable par la raison sur le pourquoi et le comment des êtres et des choses.

Dès lors, puisque science, philosophie, religion, comme nous venons de le voir, s'assignent un but apparemment identique, d'où provient leur spécificité propre ? De leur méthode sans aucun doute mais aussi de leur finalité. L'on peut à bon droit se poser la question de savoir si chacune d'elle répond à toutes les questions, ou mieux, au « tout » de l'homme. C'est ce que nous essaierons de vérifier.

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La science « commence par l'étonnement et finit par son contraire » selon Aristote. Savoir ne consiste pas pour autant à ne plus s'étonner mais à comprendre et à reproduire. Le savoir empirique n'est que de la science en gestation car cette dernière repose sur la connaissance rationnelle et même dogmatique en un certain sens (l'on parle d'ailleurs en pédagogie « d'enseignement dogmatique ») puisqu'elle se fonde sur un système élaboré par les savants afin d'en faciliter la transmission par l'enseignement. C'est pourquoi la première condition que suppose l'esprit scientifique est une remise en question des « vérités acquises » sans quoi la science serait figée. Or la dynamique qui lui est propre l'entraîne inexorablement vers le changement dans un approfondissement sans cesse croissant de la connaissance rationnelle.

Le savant travaille sur des hypothèses qu'il lui importe de vérifier, de mesurer : il pense atteindre la vérité mais « la vérité n'est pas la science, elle est l'idéal de la science ». Heidegger a été le premier à dissocier « vérité de la connaissance » et « vérité de l'être » faisant ainsi ressortir l'ambiguïté du mot « vérité ». La connaissance scientifique prétend conduire à la vérité de l'être mais la vérité du « connaître » masque celle de « l'être » qui pourtant la fonde. La formule mathématique d'une loi physique, même fondamentale, peut satisfaire l'intellect mais elle ne saurait apporter à l'homme cette vérité dont il a besoin dans son être. La vérité théorique n'est qu'une sorte d'extrait de la vérité de l'être. C'est pourquoi la connaissance scientifique ne saurait suffire pour répondre à toutes les dimensions de l'homme. La réponse qu'elle fournit est d'ordre tangible, démontrable, repro­ductible, c'est-à-dire d'essence positiviste sinon matérialiste.

Fondée sur une méthode rigoureuse, une objectivité que l'on croit totale, la science est incapable de satisfaire le « tout » de l'homme. D'ailleurs, admettre qu'un jour plus ou moins proche, la science pourra répondre à toutes les questions de l'homme dans n'importe quel domaine, revient à nier l'homme, à condamner l'humanité à une vie dans laquelle l'intelligence sera effacée au profit de la mémoire puisqu'elle n'aura d'autre possibilité que la répétition : tout aura été dit, il ne restera rien à découvrir ou inventer. Bref, soutenir une telle proposition c'est faire du scien­tisme primaire.

La « Religion de la Science » a vécu pour finalement céder la place à un « sur-rationalisme » scientifique qui donne à la science un « espace » plus en rapport avec l'abstraction qui la nourrit. D'un âge positiviste l'on passe à un nouvel âge scientifique fondé sur la spéculation intellectuelle, non que la raison y perde ses droits, bien au contraire, mais ce qui change profondément c'est la conception de la réalité qui, selon un terme à la mode, se voit « déchosifiée ». Einstein a dématérialisé la matière selon l'hypo­thèse astronomique qui soutient que l'espace est consistant et que sa déformation constituerait justement la matière. Ce qui a « l'être », c'est la relation puisque la réalité est différente suivant le système de relations dont elle peut faire partie. (Exemple du champ magnétique pour un système de coordonnées qui peut être en même temps électrique pour un autre système en mouvement par rapport au premier).

C'est ainsi que nous voyons la science évoluer vers des conceptions spéculatives et non plus s'en tenir uniquement à « ce qui est » : le réel est réalisation, l'expérience est relative, le complexe est premier et non le simple, etc. Dans une certaine mesure la science retourne à ses origines, la philosophie.

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Etre philosophe, ce n'est pas posséder une sagesse, sorte de remède-miracle qui permette de traverser dans une superbe indifférence les épreuves de la vie, réfugié dans la tour d'ivoire de Dame Philosophie. C'est essentiellement une attitude que l'on essaie de réaliser, un esprit que l'on s'efforce de vivre. Ce n'est ni l'optimisme béat, ni la neurasthénie ou la misanthropie, ni la médiocrité bourgeoise du « juste milieu ». C'est une recherche, paradoxale parfois, d'une voie qui conduit à la connaissance du monde et de l'homme, une tentative d'organisation systématique des données de l'expérience humaine. Il ne s'agit donc pas essen­tiellement d'une connaissance livresque mais d'une attitude de fond, une conquête de soi-même qui mène à la réalisation de la conscience et fait passer de la vie à l'existence.

Le philosophe, nouveau démiurge, ne se contente pas d'imiter mais d'inventer, de rechercher, d'organiser. Sa réflexion s'appli­que aussi bien aux lois de la pensée qu'aux principes de la conduite morale ou sociale pour en saisir le mouvement profond, en scruter la signification et la valeur.

Tout homme est amené un jour ou l'autre à se poser les trois questions classiques : « D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? » C'est alors qu'il philosophe car selon le dilemme célèbre d'Aristote : « Vous dites qu'il faut philosopher ? Alors il faut en effet philosopher. Vous dites qu'il ne faut pas philoso­pher ? Alors il faut encore philosopher pour le démontrer. De toute manière il est nécessaire de philosopher ».

La philosophie peut se définir comme « l'étude rationnelle de la pensée humaine » étude menée du double point de vue de la connaissance et de l'action. Elle s'intéresse aux causes dernières ou au sens ultime, c'est-à-dire à ce qui est à la limite ou en dehors des moyens d'investigation scientifique proprement dits. C'est aussi une réflexion sur la science, tout aussi bien que sur la religion mais elle ne peut s'identifier ni à l'une ni à l'autre car son point de vue est différent. La philosophie consiste à opérer une réflexion totale (au contraire de la science qui fragmente à l'infini) et d'amener à une expression d'idées claires et distinctes (ce en quoi elle est incompatible avec la religion et son « mystère »). André Malraux définit fort bien la philosophie lorsqu'il lui assigne comme but de « transformer en conscience une expérience aussi vaste que possible ». Il n'y a donc de philosophie que rationnelle et logique, même la philosophe de l'Absurde.

Pour le philosophe, l'on peut dire que « tout est clair » : point de mystère mais avec la restriction d'Alain : « Toute vérité devient fausse au moment où l'on s'en contente ». La philosophie rejette donc tout dogmatisme : rien n'est jamais définitif, ce qui revient à dire qu'il n'y a point de certitude, ce que nombre de disciples ont la fâcheuse tendance d'oublier. Il suffit pour s'en convaincre de citer Chaulieu : « Ce que Marx a dit de vrai, de profond, d'important et de nouveau sur la Société et l'Histoire, il le dit malgré un « ailleurs » qui commande toute sa pensée : que l'Histoire doit aboutir à la Société sans classes... L'essentiel de ce qu'il découvre ne peut être accommodé dans son propre sys­tème. » (Socialisme et barbarie). L'on pourrait conclure de ce passage que marxisme et religion ont d'étranges points communs...

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C'est en effet sur un « ailleurs » — Paradis ou Nirvâna, pléni­tude de vie ou fusion dans le Tout — que reposent toutes les grandes religions, « ailleurs » qui échappe à la raison et suppose, de la part du croyant, un acquiescement intérieur, véritable acte de foi. En ce qui concerne le christianisme, il convient de discerner entre religion et foi, la première n'étant que la dimension socio­historique de la seconde, un « avatar » de la foi en quelque sorte. La foi chrétienne est une espérance fondée sur la rencontre per­sonnelle avec un Dieu-Sauveur révélé par le médiateur entre ce Dieu et les hommes, Jésus-Christ.

Cette religion « historique » est encore abusivement assimi­lée au christianisme alors qu'elle n'en est que la caricature, la contre-façon, qui, à partir d'un message d'amour universel, de liberté totale, érige un système d'oppression des consciences. La « Lettre » déformée par une exégèse accommodatrice, l'appel à l'argument de convenance ou d'autorité, la « Tradition » codifiée et confisquée par les « clercs », la légitimation d'usages profanes élevés à la hauteur de dogmes intangibles, la certitude orgueilleuse (et quelque peu puérile !) d'être seul détenteur de la « Vérité » et par conséquent seul dépositaire de la volonté révélée de Dieu, voilà les connotations ordinaires de ce pseudo-christianisme véhi­culé par les églises dites « de masse ». Ce dernier terme est d'ailleurs antinomique de christianisme car l'Evangile suppose tou­jours la libre adhésion personnelle dans une rencontre individuelle, unique dans ses modalités propres, avec le Dieu « Père de toute sagesse et vérité », rencontre qui est don gratuit, élection divine, grâce qui touche au plus secret de l'être. Démarche indicible, expérience incommunicable où l'on adore « en Esprit et en Vérité ». Qu'il est loin et dérisoire le « ex-opere operato » d'une religion mécanique où la magie remplace la réflexion personnelle, dialogue entre l'Homme et son Dieu.

La religion voit dans l'homme une dimension supplémentaire que rejette la science et la philosophie encore que pour cette dernière la métaphysique aboutit à une attitude intellectuelle dans laquelle Dieu peut avoir sa place mais privée du rapport affectif, personnel, que l'on trouve dans la foi qui est plénitude de l'être pour le croyant. Si véritablement, comme nous le croyons, l'homme est un animal particulier, singulier, la religion apporte une réponse

que la science et la philosophie sont incapables de donner ; non qu'il s'agisse de nier la possibilité d'un athéisme logique, éclairé, rationaliste mais plutôt d'affirmer vigoureusement que l'homme est un être à part, différent, unique, car autrement sur quoi pourrait- on fonder la dignité de la personne humaine et le respect de l'indi­vidu ?

Si l'homme n'est que le résultat du hasard d'une longue évolution de combinaisons physico-chimiques, « un miracle sans intérêt » selon la formule de Jean Rostand, pourquoi ne pas ins­taurer l'eugénisme planifié, la lobotomie systématique pour assurer l'harmonie sociale, l'euthanasie institutionnelle pour éliminer les non-producteurs, etc. ?

L'on a parfois reproché — et souvent fort injustement — à la religion d'être d'abord un savoir-mourir avant que d'être un savoir-vivre mais sa vision de l'homme ne peut se borner au sensible, au matériel : pour elle, « l'essentiel est invisible avec les yeux, l'on ne voit bien qu'avec le coeur » selon la formule de Saint-Exupéry. Cette attitude fondamentale des religions est sus­ceptible d'évolution quant aux affaires terrestres — on le voit bien de nos jours — et c'est pourquoi la célèbre formule de Marx souvent attribuée à Lénine : « La religion c'est l'opium du peuple » n'est qu'une généralisation hâtive. Projection subjective ? Cer­tainement mais le plus instructif pour notre propos est de consta­ter que les tenants de cette doctrine, prenant la formule au pied de la lettre, sous prétexte de chasser l'opium ont tout simplement tué l'homme... D'ailleurs il faut rétablir la vérité sur ce propos de Marx, qui montre le danger des citations tronquées. En effet, dans sa « Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel » Marx écrit ceci : « La religion est le soupir de la créature accablée, le coeur d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit d'une époque sans esprit. Elle est l'opium du peuple ». Comme quoi l'on n'est jamais trahi que par les siens...

Il faut donc admettre que l'homme ne peut se réduire à la simple animalité, qu'il porte en lui, comme nous l'affirmons, une « étincelle de divin » quel que soit par ailleurs ce que nous enten­dons par « divin », étincelle qui fonde sa dignité d'être particulier, animal, certes, mais différent, « autre ».

Chacun d'entre nous doit choisir, en son for intérieur, sa voie pour vivre, pour assumer, sa « divinité » : il y a plusieurs demeures dans la maison du Père, ce qui revient à affirmer que nul ne possède la Vérité, qu'il soit savant, philosophe ou croyant. Si personne ne la possède et que chacun la recherche, la pluralité des opinions est inévitable et par conséquent, légitime, avec pour corollaire obligé la tolérance, qui est respect de l'autre en tant qu'autre, différent.

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Science, philosophie, religion, peuvent toutes trois conduire à une vision organisée de l'homme et du monde et pour cela il faut qu'elles se rejoignent, par le sommet. Nicolas de Cuses affir­me : « La Vérité crie sur les places publiques et ce qu'elle crie c'est qu'elle habite sur les sommets ». Notre époque, qui est celle de la séparation outrancière des disciplines de l'esprit dans une spécialisation qui frise l'absurde, semble justifier le mot célèbre de Bernard Shaw : « Les spécialistes sont des gens qui en savent de plus en plus sur de moins en moins de choses de telle sorte qu'à la fin ils savent tout sur rien. »

Notre époque, donc, éprouve le besoin de revenir à des pra­tiques plus saines et l'on se gargarise de la pluridisciplinarité. Le savoir humain dépasse de beaucoup les possibilités d'un seul homme : aussi est-il de plus en plus nécessaire que tous ceux qui cherchent dans des branches différentes du savoir puissent confronter la justesse de leurs conclusions lorsqu'elles les condui­sent en dehors du champ de leur spécialité propre. Un exemple concret permettra de comprendre, mieux que ne sauraient le faire tous les exposés discursifs, ce que recouvre cette notion de pluri­disciplinarité et son importance capitale.

Examinons quelques-unes des hypothèses qui concernent tout à la fois la science, la philosophie et la religion. Il s'agit d'un sujet très ancien mais inépuisable : celui qui traite des questions posées par l'existence et l'organisation de la matière.

Deux positions : ou bien la matière est éternelle ou bien elle a été créée. Nous nous contenterons d'examiner la première de ces hypothèses : la matière est éternelle.

Dans un petit livre de grande diffusion dans les écoles, « La découverte du cosmos par l'astronomie, l'astrophysique et l'astro­nautique » de Philippe de la Cotardière on lit ceci dans la préface de Jean-Claude Pecker, président de la société astronomique de France : « La cosmologie est, de tous les aspects de l'Astronomie, celui qui touche de plus près à la philosophie, voire à la métaphy­sique. Le « premier quart d'heure » de l'expansion, après le « Grand Boum » ? — ou, au contraire, l'univers stationnaire infini et éter­nel ?... Que d'implications qui énervent les esprits confus !... Je suis personnellement séduit plutôt par un autre type d'univers. L'idée de « création du désordre » ne me satisfait guère, non plus que les acrobaties sur la notion de temps. Un Univers éternel, illimité (relativiste), statistiquement stable, mais localement fluc­tuant, ne semblerait plus acceptable... » (p. 3 et 4). Ce n'était que la préface.

Quant à l'auteur lui-même, vice-président de la société astrono­mique de France, voici ce qu'il écrit dans le chapitre « Origine et évolution de l'Univers » : « Admettre que l'Univers eut un commencement pose le problème de son origine. D'où provenait l'atome primitif ? Etait-il l’œuvre d'un Créateur ? S'était-il formé par la contraction d'un Univers ayant existé auparavant ? Ce sont là des questions auxquelles ne peut répondre la science. » Ce qui ne l'empêche nullement de conclure le chapitre p. 80, en écrivant à propos de la théorie de Pecker, Roberts et Vigier : « L'hypothèse du big-bang est éliminée au profit d'un modèle quasi-statique d'Univers, c'est-à-dire invariable dans son ensemble et sans origine ni fin dans le temps. »

Donc certains savants, et non des moindres, et aussi certains philosophes, s'imaginent qu'en soutenant la théorie d'un univers éternel, ou d'un recommencement éternel et cyclique de l'univers, ils échappent ainsi à la doctrine hébraïque de la création et répon­dent au problème posé par l'existence même de l'univers.

C'est là une illusion et une faute de raisonnement car l'on voit mal comment l'on pourrait établir positivement, scientifique­ment, l'éternité de l'univers car la notion même d'éternité est anti­scientifique quoique accessible au niveau du concept théorique. Constatons qu'en affirmant que l'univers est éternel l'on ne répond absolument pas au problème posé par son existence même.

En effet, dans l'hypothèse d'un univers éternel, il faut rendre compte d'une éternité d'être, ontologique. Le problème est donc augmenté à l'infini. Même si l'on admettait l'hypothèse préférée par certains savants selon laquelle le modèle cosmique compor­terait des cycles d'expansion et de contraction, de dégradation et de restauration, le problème posé par l'existence de cette série infinie d'univers qui se succèdent, ne serait pas pour autant résolu, ni même abordé : il serait simplement multiplié ! Notons que la démonstration scientifique de la vérité d'un modèle d'univers limité temporellement et spatialement pourra peut-être se faire un jour tandis que l'on voit mal comment la science positive pourrait établir l'éternité et l'infinité de l'univers, infinité spatiale et temporelle. Les deux hypothèses sur univers créé ou univers éternel ne sont donc pas symétriques au départ, c'est-à-dire de même valeur du strict point de vue de la philosophie des sciences.

Si l'on repousse l'idée d'un premier commencement de l'uni­vers, il restera à expliquer les multiples commencements qui mar­quent et constituent l'évolution d'un univers éternel : la difficulté sera la même. Bref, l'on n'aura rien gagné : en éliminant un com­mencement premier, il restera tous les autres...

Sur le plan des principes, l'on peut aussi remarquer que, si certains savants et philosophes professent l'éternité de l'univers et veulent s'y tenir pour écarter la doctrine juive de la création, c'est qu'ils introduisent, plus ou moins consciemment, l'idée de nécessité. Il est nécessaire que l'univers soit éternel parce qu'ainsi l'on peut maintenir qu'il est l'Etre absolu, l'Etre nécessaire, et que par le fait même l'on se trouve débarrassé des questions suscitées par son existence. C'est là un sophisme, un paralogisme, qui ne répond absolument pas à la question posée par l'existence de l'univers : c'est tenter d'éliminer cette question en allongeant infiniment cette existence afin de ne pas en voir le bout...

Mais admettons encore cette idée que l'univers est éternel. On sait, de manière certaine, que l'univers est en évolution : c'est donc cette évolution cosmique qui est éternelle, sans commence­ment ni fin dans le renouvellement des cycles. Or nous la connais­sons sur quelques milliards d'années. Donc, il faudra admettre, si l'on veut à tout prix maintenir l'éternité de ce processus cosmique, qu'il est, soit inépuisable, soit qu'il se reconstitue lorsqu'il est épuisé, en quelque sorte, qu'il revient sur lui-même quand il a fini sa course. Il faudra imaginer que cette évolution de la matière que nous voyons commencer par des atomes relativement simples, pour s'orienter vers l'édification d'atomes plus complexes, a connu, auparavant, et de toute éternité, une évolution antérieure, qui nous conduirait vers des structures de plus en plus simples. C'est une probabilité logique si nous suivons la courbe d'évolution de la matière telle que nous la connaissons scientifiquement et en l'extrapolant dans le passé.

Mais cette tendance à des structures de plus en plus simples que nous devons reconnaître si nous suivons l'évolution de la matière en remontant le cours du temps, n'aura pas de fin si nous soutenons l'éternité de la matière. Cette matière qui se simplifie de plus en plus du point de vue structural au fur et à mesure que nous remontons le cours du temps, ne peut être, du point de vue de l'hypothèse d'un univers éternel, que l'Etre absolu, celui qui ne dépend d'aucun autre. Il nous faut donc faire appel à une autogenèse, à une autocréation, qui est impensable, puisque, c'est évident, pour se créer, il faut déjà être...

Suivons maintenant l'évolution de l'univers et de la matière dans l'autre sens, celui de l'avenir. Nous constatons qu'au cours du temps la matière s'oriente vers des structures de plus en plus complexes mais aussi comme en conviennent la plupart des savants, cette matière vieillit, s'use, se dégrade, se consume. Il faut donc imaginer pour que la matière soit éternelle dans l'avenir et que l'univers n'ait pas de fin, soit que la matière trouve le moyen de se regrader, de se régénérer, ou bien, qu'il y a création continuée de matière nouvelle (théorie de l'expansion illimitée de l'univers). Ce sont là des hypothèses gratuites : du point de vue scientifique, nous sommes en pleine utopie.

Donc cet univers éternel existe seul, il est incréé, il ne dépend d'aucun autre et s'il évolue, il le fait par ses ressources propres : il est, comme l'affirme Marx, en régime d'auto-évolution, d'auto- genèse. Traduisons : il est l'Etre absolu, se suffisant à lui-même puisqu'il est sa propre cause.

Ainsi nous voilà revenus aux doctrines des premiers philoso­phes grecs, Anaximandre de Milet, Anaximène et Héraclite d'Ephèse, entre autres, qui imaginaient une substance matérielle éternelle, originelle, toujours jeune, qui façonnait les mondes. Ces philosophes semblent avoir poussé jusqu'au bout les conséquences qui résul­taient de leur point de départ commun à tous, d'un univers divin, modèle repris plus tard par les Stoïciens. « Il en est de Dieu et de la Matière comme du miel qui passe à travers les rayons » enseigne Zénon de Cittium.

Si l'on trouve quelque difficulté à admettre que cet univers divin soit en devenir — ce qui est contraire au caractère de la divinité qui est immuable — l'on sera tenté de considérer ce devenir comme une apparence et l'on retournera à la métaphy­sique de l'Un à la suite de Xénophane de Colophon qui « prome­nant son regard sur l'ensemble de l'univers matériel assure que l'Un est Dieu ».

Cependant, un élément nouveau entre en jeu dans notre ana­lyse : la connaissance que nous avons effectivement de l'univers et de son évolution. Ce devenir évolutif manifeste une orientation Irréversible dirigée dans un certain sens : de la matière relative­ment simple à la matière vivante, puis à la matière pensante avec l’avènement d'un animal capable de penser l'univers, l'homme. La question est de savoir si, malgré cette connaissance de l'univers, en adoptant le principe, le point de départ des philosophes grecs, les esprits positivistes partisans de l'éternité de la matière, peu­vent échapper aux conclusions qui furent celles de leurs devan­ciers grecs : le panthéisme et l'animisme cosmique, c'est-à-dire Dieu est dans tout, tout est Dieu ou bien une « âme » cause pre­mière en tout. Partant d'un même point il paraît normal qu'on aboutisse à des conséquences analogues.

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L'univers a une histoire, tout le monde est d'accord sur ce point, il est un processus temporel irréversible, il est évolution. La matière a une histoire naturelle : la formation des noyaux lourds est relativement récente ; la matière organisée est encore plus récente : trois milliards d'années environ. Il y a quelques milliards d'années, dans notre système solaire et vraisemblablement dans notre galaxie et dans les autres galaxies dans la mesure où elles nous sont connues, il n'y avait pas encore de matière vivante, ani­mée. L'apparition des êtres pensants est toute récente si l'on tient compte de l'échelle du temps. Or, dans la perspective étudiée, non seulement l'univers existe seul et par lui-même, mais, de plus, il produit constamment les éléments qui le constituent afin de se maintenir dans une éternelle jeunesse. Mais ce n'est pas tout.

Il y a trois milliards d'années environ, la matière, sur les obscu­res planètes au moins, s'est mise à s'organiser en molécules de plus en plus complexes. Plus tard, les premiers organismes vivants monocellulaires sont apparus. Cela encore c'est l'oeuvre de l'uni­vers, puisqu'il est seul. C'est lui qui a organisé la matière qui le constitue pour produire les êtres vivants, qui a inventé les espèces vivantes, toujours dans le même sens, du plus simple au plus complexe, vers des organisations de plus en plus perfectionnées, vers des systèmes nerveux de plus en plus riches en connexions, de plus en plus céphalisés. C'est lui, l'univers, qui a inventé les organes qui font l'admiration des anatomistes et des physiologistes, qui a mis au point les fonctions biologiques, qui a adapté le vivant au milieu. Qui serait-ce d'autre puisqu'il est seul ?

Tout ce que nous voyons apparaître en lui historiquement, c'est l'univers qui l'a fait de lui-même. Il s'ensuit nécessairement que s'il a su par ses propres forces produire les êtres vivants et pen­sants avec la merveilleuse organisation que nous avons décrite, c'est donc qu'il avait en lui de quoi les produire, c'est qu'il avait en lui, de toute éternité, la vie et la pensée. Car, s'il ne les avait pas eues, comment aurait-il pu les produire ? Nul ne peut donner ce qu'il n'a pas ; nul ne peut produire, par ses ressources propres, plus que ce qu'il a en lui-même. C'est bien connu : la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a et c'est déjà beau­coup...

Si l'univers a su produire en lui-même la vie et la pensée c'est que, manifestement, il avait déjà de tout temps, de toute éternité — puisqu'il est supposé éternel — la vie et la pensée. Nous ne nous en doutions pas : l'hydrogène et l'hélium qui constituent la majeure partie de l'univers étaient pourvus d'un génie créateur insoupçonné. Nous avons été bien injustes à leur égard.

Les bons matérialistes du siècle dernier estimaient que, pour penser, un cerveau était nécessaire et que pour vivre, il faut être un corps organisé. Ils se trompaient. Il faut reconnaître que l'hydro­gène et l'hélium, en nuages diffus, contenaient déjà, au moins à l'état « potentiel », la vie et la pensée et tout le génie créateur que l'on verra s'exprimer dans les oeuvres de l'homme.

Mais diront nos philosophes marxistes, l'univers n'avait certes pas la vie et la conscience comme nous les voyons aujourd'hui. L'univers physique avait en lui la vie et la pensée d'une manière potentielle », « virtuelle », « en puissance » seulement. Ainsi Ils pensent échapper à ce qu'avait d'un peu gros la conclusion qui s'était imposée à nous par la force des choses. Mais en quel sens faut-il entendre ces expressions et que contiennent-elles ?

Si je dis qu'une graine contient « en puissance » l'arbre qui va se développer à partir d'elle, j'entends par là que l'arbre n'était pas contenu réellement en elle comme le pensaient les préforma­tionnistes mais que la graine a cependant en elle « de quoi » rendre compte du développement de l'arbre. Elle est « capable » de le produire. Les généticiens nous diront qu'elle a reçu « l'information génétique » nécessaire pour reconstituer un arbre, ou, plus généra­lement, un organisme semblable à l'organisme qui a donné la semence.

Passons donc de la puissance à l'acte pour reprendre Aristote et constatons que cela n'est possible que parce qu'il y avait aupa­ravant un être en acte, c'est-à-dire un organisme adulte qui avait donné l'information nécessaire à la semence chargée de reproduire l'organisme paternel.

Est-ce en ce sens que l'univers avait en lui la vie et la pensée « en puissance » et d'une manière « virtuelle » ? Si c'est en ce sens germinal, il faut immédiatement se demander d'où notre univers a reçu cette « puissance », cette « information génétique » qui lui permettra de reproduire la vie et la pensée. La tiendrait-il d'un univers antérieur ? Mais il resterait à expliquer cette série d'univers antérieurs ayant en eux l'information nécessaire pour produire la vie et la pensée et la transmettre à leurs fils... Et si l'on refuse de rechercher ailleurs qu'en lui-même l'origine de cette « puis­sance » de produire la vie et la pensée, qui se trouvait dans notre univers, nous revenons à notre point de départ : ce « germe », cette « virtualité », était son oeuvre s'il est seul, éternel, incréé. Il est bien le père de tout ce qui est issu de lui, la vie et la pensée. Cela ne se voyait pas il y a dix milliards d'années : mais, d'une manière occulte, il avait en lui la vie et la pensée puisqu'elles sont apparues au terme d'une longue évolution.

On n'a absolument rien gagné, on le voit, à minimiser le plus possible la présence de la vie et de la pensée dans l'univers en déclarant que cette présence n'était que « potentielle » car de cette potentialité même il faut encore rendre compte. On voit mal d'ailleurs comment et en quel sens la vie et la pensée seraient contenues d'un manière « germinale » dans l'univers d'il y a dix ou quinze milliards d'années. Bref, l'on a usé d'une métaphore qui, en fait, n'était qu'un subterfuge, mais sans issue.

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Puisque l'univers a su produire en lui la vie et la pensée par ses ressources propres, il faut donc reconnaître, d'une manière ou d'une autre, qu'il avait en lui la vie et la pensée. Il faut revenir dans son intégrité à la doctrine des anciens Grecs et avoir le courage de le proclamer : l'univers existe seul, incréé ; il produit, seul, la matière dont il a besoin pour se renouveler ; il produit, seul, la vie et la conscience qui apparaissent en son sein. Il est donc un « grand Vivant » selon la formule de Platon, d'Aristote, de Chrysippe, etc., éternel, incréé, créateur de tout ce qui naît en lui au cours du temps. Bref, il a tous les caractères que les théo­logiens attribuaient, à tort, à Dieu !

Voici, Israël, ton Dieu qui t'a fait sortir d'Egypte, et qui t'a créé : ce n'est pas un veau d'or fabriqué par la fonte des bracelets et des colliers. NON, c'est une nuée d'hydrogène et d'hélium, prin­cipalement. Elevons-lui un temple ; adorons ce dieu nouveau né des noces du marxiste et de l'astrophysique !

Il faut être logique avec soi-même, avoir le courage d'aller jusqu'au bout des conclusions nécessaires, inévitables, qui résul­tent des principes que l'on a posés. Si l'on veut être un matéria­liste conséquent, il faut, compte tenu de ce que nous savons sur l'univers, aller jusqu'au bout des conséquences que cela comporte et l'avouer, le professer : l'univers incréé, éternel, ne devant rien à personne, est l'Etre, le Vivant, le Pensant, génial créateur des êtres vivants et pensants, qui a en lui par nature et par lui-même tout ce qui est nécessaire pour expliquer tout ce qui naît en lui et se développe en lui : la vie et la pensée.

Ainsi l'on passe du matérialisme athée à l'animisme cosmique et au panthéisme, sous une forme stable ou sous une forme théo­gonique (c'est-à-dire de représentation du monde), pour peu que l'on réfléchisse sur ce qu'est le monde, sur ce qu'il contient, sur ce qu'il devient au cours du temps.

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Mais dira-t-on, comment se fait-il qu'aujourd'hui tant de gens se disent athées dans des milieux cultivés notamment de formation scientifique et qui répugneraient manifestement à admettre de telles conclusions sur l'univers ?

La réponse est simple. D'abord, peu de gens vont jusqu'au bout des conséquences impliquées par leurs propres principes, comme nous avons essayé de le faire en mettant cruellement en lumière les conséquences cachées, impliquées, tapies. Le plus souvent on laisse ces conséquences dans une ombre propice à leur perpétuation. Comme les bactéries anaérobies, certaines consé­quences impliquées et cachées gagnent à ne pas prendre l'air : cela les tuerait.

Le panthéisme secret de toute philosophie matérialiste consé­quente ne peut pas aujourd'hui se présenter à visage découvert : la lumière lui serait fatale à cause du développement des sciences positives. Paradoxe : les matérialistes ne sont-ils pas les premiers à faire la guerre à l'animisme qu'ils prétendent sous-jacent à toute religion ? Ce qui est absolument faux en ce qui concerne la théo­logie juive et chrétienne qui s'est justement constituée contre l'animisme.

De plus, peu de philosophes contemporains réfléchissent sur l'univers. Le travail, qui relève de ce qu'Aristote appelait la « philo­sophie première » est considéré communément comme impossible. La philosophie de la nature est mal famée et l'on renonce à constituer une cosmologie. Les philosophes préfèrent méditer sur le cogito : celui de Descartes, de Kant ou de Husserl. Ils sont presque exclusivement tournés, si l'on excepte Bergson et Blondel pour la génération passée, vers une réflexion sur le sujet connais­sant humain. Aussi ont-ils écarté de leur champ la réflexion sur le monde, la nature, la vie, la conscience qui précède l'homme, ce que Blondel a appelé « la pensée cosmique ».

Les savants, eux, découvrent les problèmes philosophiques qui se posent à l'horizon de leur travail scientifique, de leurs découvertes. Mais comme ils n'aperçoivent pas de philosophes qui veuillent prendre en main le travail rationnel requis, à partir du donné qu'ils découvrent eux-mêmes, les savants sont portés à penser qu'en somme seule la science expérimentale a compé­tence pour penser le problème cosmologique. Puisque aucun philo­sophe ou presque ne se présente pour travailler avec eux, les savants en viennent à conclure que peut-être l'univers n'est plus un objet de réflexion pour le philosophe. L'objet privilégié de réflexion pour le philosophe d'aujourd'hui, c'est semble-t-il, le philosophe lui-même en train de philosopher.

Mais il y a plus grave : ne trouvant pas de philosophe pour traiter ces problèmes rationnels qui se posent inévitablement à la pointe de la recherche scientifique, le savant est tenté de se débrouiller tout seul, en faisant appel à ses souvenirs scolaires, à la formation philosophique qu'il a reçue autrefois. Dans la plupart des cas, faut-il le dire, il arrive que cette formation philosophique soit très nettement insuffisante pour traiter d'une manière tech­nique rigoureuse les problèmes ardus qui se posent. Les exemples foisonnent : citons pour mémoire le fameux livre de Jacques Monod, « Le Hasard et la Nécessité » dont les théories, simplistes sur le plan philosophique, connurent un vif succès. La réfutation vigoureuse de M. Barthélémy-Madaule en a fait justice et le silence est retombé sur ces « hardiesses »... d'un jour !

Les matérialistes d'aujourd'hui, avoués ou implicites, s'en tirent donc à bon compte, relativement, dans une époque que l'on peut déjà qualifier, dans le domaine de la pensée, de post-marxiste. Ne réfléchissant pas aux problèmes que pose l'univers dans son existence et sa structure, son contenu et son évolution, ils s'en vont répétant que la matière est éternelle. Ils ne semblent pas avoir aperçu ce que cela implique nécessairement comme nous l'avons vu : que l'univers est divin.

A titre d'exemple, l'un d'entre eux, F. Jeanson, écrit candi­dement au début d'un de ses livres, « La foi d'un incroyant », p. 14 : « Vous ne comprenez pas comment il peut y avoir un Monde si ce Monde n'a pas été créé ? Moi non plus... ». On pourrait faire remarquer à l'auteur que, dans ces conditions, avant d'écrire son livre, il eût peut-être été préférable de réfléchir à cette question. Car tout est là : si l'on ne sait pas, eh bien, dans ce cas il vaut mieux continuer à chercher en attendant. Encore a-t-il l'honnêteté de le dire.

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Voilà donc où nous a conduit cette réflexion sur Science, Philosophie, Religion. Si j'ai choisi ce thème de réflexion sur la cosmologie c'est, il faut bien le dire, avec une arrière-pensée.

Nous affirmons dans notre rituel du ter degré que « la Franc- Maçonnerie proclame comme elle a proclamé dès son origine l'existence d'un principe créateur sous le nom de Grand Architecte de l'Univers ». Bien sûr, nous sommes libres, fort heureusement, de définir chacun pour notre propre compte ce que nous entendons par ce symbole qui guide notre démarche d'initiés rituels, ou vir­tuels, comme l'on voudra. J'ai donc voulu rappeler un principe fondamental du Rite Ecossais Ancien Accepté et faire toucher du doigt en quelque sorte l'extraordinaire complexité des problèmes que voile ce symbole tout autant qu'il les révèle, si l'on veut bien se donner la peine de le méditer.

Notre rite est l'héritier d'une longue Tradition initiatique et cela suffit pour refuser de réduire la Franc-Maçonnerie à n'être, comme certains l'ont fait, qu'une société de pensée. Nous sommes donc restés fidèles au symbole du Grand Architecte de l'Univers et nous avons voulu en montrer la signification et l'importance dans une société profane infiltrée par des doctrines matérialistes insi­dieuses, diffuses, qui nous agressent parfois à notre insu.

Souvenons-nous de ce qui nous a été dit : « Vous n'accepterez aucune idée que vous ne compreniez et ne jugiez vraie. Ne profa­nez pas le mot de Vérité en l'accordant aux conceptions humaines. La Vérité absolue est inaccessible à l'esprit humain ; il s'en approche sans cesse mais ne l'atteint jamais. »

Nous nous sommes voués à la recherche de la Vérité : culti­vons sans relâche son jardin secret, construisons ce temple inté­rieur, espace sacré qui débouche sur l'éternel.


Publié dans le PVI N° 32 - 1éme trimestre 1979  -  Abonner-vous à PVI : Cliquez ici

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