GLDF Revue : Points de Vue Initiatiques 1T/1975

Discours sur la Mythologie
De la Mythologie des Anciens (*)

Consultons à présent la mythologie des Orientaux. Plus nous approcherons de la première origine des nations, plus nous trou­verons leur théologie épurée.

Zoroastre, dit Plutarque, enseignait « qu'il y a deux dieux d'opérations contraires : l'un auteur de tous les biens ; l'autre auteur de tous les maux. Il appelle le bon principe, Oromaze ; et l'autre le démon Arimane. Il dit que l'un ressemble à la lumière et à la vérité ; l'autre aux ténèbres et à l'ignorance. De plus, il y a un dieu mitoyen entre les deux, nommé Mythras, que les Perses appellent Intercesseur ou Médiateur. Les mages ajou­tent qu'Oromaze est né de la plus pure lumière et Arimane des ténèbres ; qu'ils se font la guerre l'un à l'autre et qu'Oromaze a fait six génies, la Bonté, la Vérité, la Justice, la Sagesse, l'Abondance et la Joie ; et qu'Arimane leur en a opposé six autres, la Malice, la Fausseté, l'Injustice, la Folie, la Disette et la Tristesse. Oromaze s'étant éloigné de la sphère d'Arimane autant que le Soleil l'est de la terre, orna le Ciel d'astres et d'étoiles. Il créa ensuite vingt-quatre autres génies et les mit dans un oeuf (par lequel les Anciens désignent la terre) ; Aria urane et les génies percèrent cet oeuf brillant ; aussitôt les maux furent confondus avec les biens : mais il viendra un temps fixé par le Destin où Arimane sera totalement détruit et exterminé ; la terre changera de forme et deviendra unie et égale et les hommes heureux n'auront plus qu'une même vie, une même langue et un même gouvernement. Théopompe écrit aussi que, suivant la doctrine des mages, ces dieux doivent se combattre pendant neuf mille ans, l'un détruisant ce que l'autre a fait, jus­qu'à ce qu'enfin l'enfer soit aboli. Alors les hommes seront bienheureux et leurs corps deviendront transparents. Le Dieu qui a tout produit, se cache jusqu'à ce temps : cet intervalle n'est pas trop long pour un Dieu ; mais il est semblable à un moment de sommeil. »

Nous avons perdu les anciens livres des premiers Perses. Pour juger de leur mythologie, il faut avoir recours aux philosophes orientaux de nos jours et voir s'il reste encore parmi les disciples de Zoroastre quelques traces de l'ancienne doctrine de leur Maître. Le célèbre M. Hyde, docteur de l'Eglise anglicane, qui a voyagé dans l'Orient et qui savait parfaitement la langue du pays, a traduit de Sharisthani, philosophe arabe du quinzième siècle, les principes suivants : « Les premiers mages ne regardaient point les deux Principes comme coéternels ; mais ils croyaient que la lumière était éternelle et que les ténèbres avaient été produites. Voici comme ils expliquent l'origine de ce mauvais Principe : la lumière ne peut produire que la lumière et ne peut jamais être l'origine du mal. Comment donc a été produit le mal ?

La lumière, disent-ils, produisit plusieurs êtres, tous spirituels, lumineux et puissants ; mais leur chef nommé Ahriman ou Arimane eut une mauvaise pensée contraire à la lumière. Il douta et par ce doute il devint ténébreux. De là sont venus tous les maux ; la Dissension, la Malice et tout ce qui est opposé à la lumière. Ces deux Principes se combattirent l'un l'autre. Ils firent ensuite la paix, à condition que le monde inférieur serait soumis à Arimane pendant sept mille ans. Après cet espace de temps, il rendra le monde à la lumière. »

Voilà, ce me semble, les quatre idées dont je parle dans mon ouvrage. 1° Un état avant que les biens et les maux fussent mélan­gés. 2° Un état après qu'ils furent mêlés et confondus. 3° Un état où le mal sera totalement détruit. 4° Un dieu mitoyen entre le bon et le mauvais Principe.

Comme la doctrine des mages persans est une suite de la doctrine des brahmanes des Indes, il faut consulter l'une pour éclair­cir l'autre. Il nous reste peu de traces de l'ancienne théologie des gymnosophistes ; mais celles que Strabon nous a conservées supposent les trois états du Monde.

Après que cet historien eut décrit la vie et les mœurs des brahmanes, il ajoute : « Ces philosophes regardent l'état des hommes pendant cette vie, comme celui des enfants dans le sein de leur mère. La mort est, selon eux, une naissance à une véritable et heureuse vie. Ils croient que tout ce qui arrive aux mortels ne mérite le nom ni de bien, ni de mal. Conformes aux Grecs en plusieurs choses, ils pensent que le monde a commencé et qu'il finira ; que Dieu qui l'a produit et qui le gouverne est présent partout à son ouvrage.

Onesecrite, continue le même auteur, ayant été envoyé par Alexandre le Grand, pour apprendre la vie, les mœurs et la doctrine de ces philosophes, trouva un brahmane nommé Calanus, qui lui enseigna les principes suivants. Autrefois l'abondance régnait partout. Le lait, le vin, le miel et l'huile coulaient des             fontaines ; mais les hommes ayant abusé de ce bonheur, Jupiter les en priva et les condamna à travailler pour conserver leur vie ; quand la tempérance et les autres vertus reviendront sur « la terre, alors l'ancienne abondance se rétablira. »

Pour juger de la doctrine des anciens gymnosophistes, j'ai consulté ce qui a été traduit du Vedam qui est le Livre sacré des bramines d'aujourd'hui. Quoique son antiquité ne soit pas peut- être aussi grande qu'on l'a dit, on ne peut nier cependant qu'il ne contienne les anciennes traditions de ces peuples et de leurs philosophes.

Il est constant par ce Livre « que les bramines reconnaissent un seul et souverain Dieu qu'ils appellent Vichnou ; que sa pre­mière et plus ancienne production fut un dieu secondaire nommé Brama ; que le souverain Dieu le tira d'une fleur qui flottait sur la surface de l'abîme avant la création de ce monde ; et enfin que Vichnou donna à Brama, à cause de sa vertu, de sa recon­naissance et de sa fidélité, le pouvoir de créer l'univers. »

Ils croient de plus « que les âmes sont émanées de l'Essence divine de toute éternité, ou du moins qu'elles ont été produites longtemps avant la création du monde ; que dans cet état pur elles péchèrent et que depuis ce temps elles furent envoyées dans les corps des hommes et des bêtes, chacune selon ses mérites ; de sorte que le corps où l'âme habite est comme un cachot ou une prison. »

Ils enseignaient enfin « qu'après un certain nombre de métempsychoses, toutes les âmes seront réunies à leur origine, rentreront dans la compagnie des dieux et seront divinisées. »

Je n'aurais pas regardé ces traditions comme authentiques et je ne me serais point fié aux traducteurs du Vedam, si cette doc­trine n'était pas parfaitement conforme à celle de Pythagore que je viens d'exposer. Ce philosophe ne fit qu'enseigner aux Grecs ce qu'il avait appris des gymnosophistes.

La découverte de ces sentiments uniformes et semblables dans la Grèce, dans l'Egypte, dans la Perse et dans les Indes m'a donné envie de pénétrer plus avant dans l'Orient et de porter mes recherches jusque à la Chine. Je me suis adressé à ceux qui entendaient la langue de ce pays, qui y avaient demeuré plusieurs années de suite et qui en avaient étudié les Livres originaux. Ils m'ont communiqué les traits suivants qu'ils ont traduits des anciens Livres chinois qu'on a apportés dans l'Europe et dont ceux qui entendent cette langue peuvent vérifier la traduction.

Dans les anciens Commentaires sur le Livre Yking, c'est-à-dire le Livre des Changements, on parle sans cesse d'un double Ciel, d'un Ciel primitif et d'un Ciel postérieur ; et voici comment on y décrit le premier Ciel : « Toutes choses étaient alors dans un état heureux, tout était beau, tout était bon, tous les êtres étaient parfaits dans leur espèce. Dans ce siècle heureux le ciel et la terre unissaient leurs vertus pour embellir la Nature. Il n'y avait aucun combat dans les éléments, nulle intempérie dans les airs. Toutes choses croissaient sans travail. Une fécondité univer­selle régnait partout. Les vertus actives et passives conspiraient d'elles-mêmes sans effort et sans combat à produire et à per­fectionner l'univers. »

Dans les Livres que les Chinois appellent King ou Sacrés, on lit les paroles suivantes : « Pendant le premier état du Ciel une pure volupté et une tranquillité parfaite régnaient partout. Il n'y avait ni travaux, ni peines, ni douleurs, ni crimes. Rien ne résistait à la volonté de l'homme. »

Les philosophes qui ont suivi ces traditions antiques et sur­tout Tchouang-sé disent « que dans l'état du premier Ciel l'homme était uni au-dedans à la souveraine raison et qu'au-dehors il pratiquait toutes les oeuvres de la justice. Le cœur se réjouissait dans la vérité. Il n'y avait en lui aucun mélange de fausseté. Alors les quatre saisons de l'année suivaient un ordre réglé sans confusion. Il n'y avait ni vents impétueux, ni pluies excessives. Le Soleil et la Lune, sans s'obscurcir jamais, fournissaient une lumière plus pure et plus éclatante qu'aujourd'hui. Les cinq pla­nètes suivaient un cours réglé sans inégalités. Rien ne nuisait à l'homme et l'homme ne nuisait à rien. Une amitié et une harmo­nie universelle régnaient dans toute la Nature. »

D'un autre côté le philosophe Hoainantsé dit en parlant du Ciel postérieur : « Les colonnes du Ciel furent rompues ; la terre fut ébranlée jusque aux fondements. Le Ciel s'abaissa du côté du Nord. Le Soleil, la Lune et les astres changèrent leurs mouvements. La terre s'écroula ; les eaux renfermées dans son sein sortirent avec violence et l'inondèrent. L'homme s'étant révolté contre le Ciel, le système de l'univers fut dérangé ; le Soleil s'obscurcit ; les planètes changèrent leur route et l'har­monie universelle fut troublée. »

Les philosophes Ventsé et Lietsé qui vivaient longtemps avant Hoainantsé, parlent le même langage : « La fécondité universelle de la Nature, disent ces anciens auteurs, dégénéra dans une horrible stérilité. Les herbes se fanèrent ; les arbres se desséchèrent ; la nature désolée et éplorée refusa de répandre ses dons. Toutes les créatures se déclarèrent la guerre les unes aux autres ; les maux et les crimes inondèrent la face de la terre. »

Tous ces maux sont venus, dit le Livre Likiyki, parce que « l'homme méprisa le souverain Empire. Il voulut disputer du vrai et du faux ; et ces disputes bannirent la raison éternelle. Il regarda ensuite les objets terrestres et les aima trop ; de là naquirent les passions ; peu à peu il fut transformé dans les objets qu'il aimait et la céleste raison l'abandonna tout à fait. Voilà la source primitive de tous les crimes ; ce fut pour les punir que le Ciel envoya tous les maux. »

Ces mêmes Livres parlent d'un temps où tout doit être réta­bli dans la première splendeur, par l'arrivée d'un héros nommé Kiuntsé, qui signifie pasteur et prince, à qui ils donnent aussi les noms de Très-saint, de Docteur universel et de Vérité souve­raine. C'est le Mythras des Perses, l'Orus des Egyptiens, le Mer­cure des Grecs et le Brama des Indiens.

Les Livres chinois parlent même des souffrances et des com­bats de Kiuntsé, comme les Syriens de la mort d'Adonis qui devait ressusciter pour rendre les hommes heureux et comme les Grecs des travaux et des exploits pénibles de ce fils de Jupiter qui était descendu sur la terre pour combattre les monstres. Il paraît que la source de toutes ces allégories est une très ancienne tradition commune à toutes les nations, que le Dieu Mitoyen à qui elles donnent toutes le nom de Soter ou Sauveur, ne détruirait les crimes qu'en souffrant lui-même beaucoup de maux : mais je n'in­siste point sur cette idée. Je ne veux parler que des vestiges qu'on trouve dans toutes les religions d'une nature élevée, tombée et qui doit être réparée par un héros divin.

Ces quatre vérités règnent donc également dans les mytholo­gies des Grecs, des Egyptiens, des Perses, des Indiens et des Chi­nois. Voyons à présent la mythologie hébraïque.

J'entends par-là le rabbinisme ou la philosophie des docteurs juifs et surtout des Esséniens. Ces philosophes enseignaient, selon le témoignage de Joseph et de Philon, « que le sens littéral du Texte sacré n'était qu'une image des vérités cachées. Ils changeaient les paroles et les préceptes de la sagesse en allégories, selon la coutume de leurs pères qui leur avaient laissé plusieurs « livres de cette science. »

C'était le goût universel des Orientaux de peindre sous des images corporelles les propriétés et les opérations des intelli­gences.

Ce style symbolique semble même être autorisé par les écri­vains sacrés. Le prophète Daniel nous représente la Divinité sous l'image de l'Ancien des jours. Les mythologistes hébreux et les cabalistes, qui sont une suite de l'Ecole des Esséniens, prirent de là occasion d'expliquer les attributs divins, comme les membres du corps de l'Ancien des jours. On voit cette allégorie portée jus­qu'à l'extravagance dans les livres des rabbins. On y parle de la rosée qui sort du cerveau du vieillard, de son crâne, de ses che­veux, de son front, de ses yeux et surtout de sa barbe merveil­leuse.

Ces comparaisons sont sans doute absurdes et indignes de la majesté de Dieu. Mais les philosophes cabalistes prétendent les autoriser par des idées métaphysiques.

La création, selon eux, est un tableau des perfections divines. Tous les êtres créés sont par conséquent des images de l'Etre suprême, plus ou moins parfaites, selon qu'elles ont plus ou moins de rapport avec leur original.

Il suit de là que toutes les créatures sont en quelque chose semblables les unes aux autres et que l'homme ou le microcosme ressemble au grand monde ou au macrocosme ; le monde matériel, au monde intelligible ; et le monde intelligible à l'archétype, qui est Dieu.

C'est sur ces principes que sont fondées les expressions allé­goriques des cabalistes. En dépouillant leur mythologie de ce mys­térieux langage, on y trouve des idées sublimes et semblables à celles que nous venons d'admirer dans les philosophes païens. Voici quatre de ces idées que je trouve assez clairement énoncées dans les ouvrages des rabbins Irira, Moschech et Jitzack, dont Rit­tangelius nous a donné les traductions dans la Cabale dévoilée.

1° « Toutes les substances spirituelles, les anges, les âmes des hommes et même l'âme du Messie furent créées dès le commencement du monde. Le premier père par conséquent dont parle Moïse représente non un individu mais le genre humain « entier gouverné par un seul chef. Dans ce premier état tout était éclatant et parfait : rien ne souffrait dans l'univers, parce que « le crime y était inconnu. La nature était une image sans ombre et sans tache des perfections divines. » C'est le règne d'Osiris, d'Oromaze et de Saturne.

2° « L'âme du Messie parvint par sa confiance dans l'amour divin à une union étroite avec la pure Divinité et mérita d'être le roi, le chef et le conducteur de tous les esprits. » Cette idée a quelque rapport à celles que les Perses avaient de Mythras, les Egyptiens d'Orus et les Grecs de Jupiter conducteur, qui menait les âmes dans le lieu sublime.

3° « La vertu, la perfection et la béatitude des esprits ou des séphirots, consistaient à recevoir et à rendre sans cesse les rayons qui émanent du centre infini, afin qu'il y eût dans tous les esprits une circulation éternelle de lumière et de bonheur. Deux sortes de séphirots manquèrent à cette loi éternelle. Les Chéru­bins qui étaient d'un ordre supérieur, ne rendirent point cette lumière, la retinrent au-dedans d'eux-mêmes, s'enflèrent et devinrent comme des vases trop pleins ; enfin ils se brisèrent en pièces et leur sphère se changea en un chaos ténébreux. Les Ischim qui étaient d'un ordre inférieur, fermèrent les yeux à cette lumière, en se tournant vers les objets sensibles ; oubliè­rent la suprême béatitude de leur nature et se contentèrent de la jouissance des plaisirs créés. Ils tombèrent par-là dans des corps mortels. »

4° « Les âmes passent par plusieurs révolutions, avant que de revenir à leur premier état ; mais après l'avènement du Messie, tous les esprits seront rétablis dans l'ordre et jouiront de l'an      cien bonheur dont ils jouissaient avant le péché du premier père. »

Je laisse à décider si ces quatre idées ne ressemblent point à celles que nous avons trouvées en Perse, en Egypte et en Grèce. C'est cette ressemblance qui m'a autorisé à donner les quatre tableaux mythologiques qui se trouvent dans mon ouvrage.

* * *

Dans tous ces systèmes on voit que les philosophes anciens, pour réfuter les objections des impies sur l'origine et la durée du mal, avaient adopté la doctrine de la préexistence des âmes, et de leur rétablissement. Plusieurs pères de l'Eglise ont enseigné la première opinion comme le seul moyen philosophique d'expli­quer le péché originel ; et Origène s'est servi de la dernière, pour combattre les impies de son temps.

A Dieu ne plaise que je veuille défendre ces deux erreurs condamnées par l'Eglise ; je ne m'en suis servi que pour montrer les ressources que la sage Antiquité avait trouvées contre l'im­piété et pour faire sentir que même avec la seule raison, on peut confondre les philosophes qui refusent de croire sans comprendre.

C'est pour cette raison que je fais parler à Daniel un autre langage qu'à Eléazar. Ce prophète conseille à Cyrus d'oublier toutes les spéculations subtiles et de laisser à Dieu le soin de jus­tifier les démarches incompréhensibles de la Providence. Il le replonge dans une obscurité plus salutaire et plus convenable à la faiblesse humaine, que toutes les conjectures des philosophes. Il réduit ce qu'il faut croire sur ces matières, à ces quatre vérités principales.

1° Dieu souverainement bon, n'ayant pu produire des êtres méchants et malheureux, il faut que le mal moral et physique qu'on voit dans l'univers, vienne de l'abus que font les hommes de leur liberté.

2° La nature humaine est déchue de la première pureté dans laquelle elle fut créée ; et cette vie mortelle est un état d'épreuve, où les âmes se guérissent de leur corruption et méritent l'immor­talité heureuse par leur vertu.

3° La Divinité s'est unie à la nature humaine, pour expier le mal moral par son sacrifice. Le Messie viendra enfin dans sa gloire pour détenir le mal physique et renouveler la face de la terre.

4° Ces vérités nous ont été transmises de siècle en siècle depuis le déluge jusqu'à présent par une tradition universelle. Les autres nations ont obscurci et altéré cette tradition par leurs fables. Elle n'a été conservée dans sa pureté que dans les Livres sacrés, dont on ne saurait disputer l'autorité avec aucune ombre de raison.

On croit ordinairement que toutes les traces qu'on voit de la religion naturelle et révélée, dans les poètes et les philosophes païens, se doivent originairement à la lecture des Livres de Moïse ; mais il est impossible de répondre aux objections que les incré­dules font contre cette opinion. Les juifs et leurs livres furent trop longtemps cachés dans un coin de la terre pour devenir la lumière primitive des nations. Il faut remonter plus haut jusqu'au déluge même. Il est étonnant que ceux qui sont persuadés de l'authenti­cité des Livres sacrés, n'aient pas profité de cette idée pour faire sentir la vérité de l'histoire mosaïque sur l'origine du monde, le déluge universel et le rétablissement de la race humaine par Noé. Il est difficile d'expliquer autrement que par la doctrine que je mets à la bouche de Daniel, l'uniformité de sentiments, qui se trouve dans la religion de toutes les nations.

Voilà, ce me semble, les grands principes du christianisme ; et voilà l'hommage que j'ai voulu lui rendre, en justifiant les dogmes contre les vaines subtilités des esprits téméraires et contre les préjugés superstitieux des âmes faibles.

(*) Voir Points de Vue Initiatiques no, 15 et 16.


Publié dans le PVI N° 17 - 4éme trimestre 1975   Abonner-vous à PVI : Cliquez ici

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