GLMFMM Bulletin : Khalam 06/2009

Troisième Arcane :
L’Impératrice

K028-6-1
Le troisième Arcane majeur, l’Impératrice, est celui de l’arithmétique sacrée qui nous permet de prendre conscience que : trois égal Un. C’est ici, avec Elle, que le corps, l’âme personnalité et l’esprit  réunis forment un être vivant cons­cient durant son incarnation. Ces trois plans de la réalité humaine (qui se traduisent par l’appétit, les sentiments et la connaissance) ou formes-consciences assemblées sont chacun liés à des fonctions vitales et à leurs besoins respectifs nécessaires à l’équilibre de l’homme : Le ventre pour les besoins matériels liés à l’instinct, la poi­trine, siège du cœur, pour l’âme - personnalité et ses besoins sociaux,  psychiques, émotionnels, et la tête pour ses besoins « en esprit », spi­rituels ; ces zones de besoins et de conscience sont subordonnées l’une par rapport à l’autre tout en étant toutes trois complémen­taires, indissociables et indispensables à l’être incarné conscient, la grande erreur de certaines cultures et religions étant d’avoir opposé le corps et l’âme allant jusqu’à nier la véritable utilité du premier alors que sans lui l’âme en recherche de ce qui lui est nécessaire n’a plus de véhicule approprié. Sans oublier que le cœur est le médiateur entre le cer­veau et le ventre qui ne se suppor­teraient pas sans cette médiation interne, tant leurs besoins et fonc­tions sont différents ; les trois sont donc indispensables à la survie des deux autres ainsi qu’à l’har­monie de l’ensemble. C’est ce que représente au plan anthropomorphique l’Impératrice ou troisième Arcane majeur du Livre de Thot-Hermès.
Toutes les anciennes traditions  véhiculent depuis la nuit des temps cette identité tri-unitaire de l’être humain incarné caractérisée par les trois corps, les trois enve­loppes, les trois fonctions cons­cientes qui correspondent aux regards que l’homme peut porter sur l’univers en fonction de la nature de son être qui prédomine alors au moment où il regarde: matériel, mental ou spirituel, le premier permettant d’être en vie,  le second d’avoir conscience de soi et le troisième d’avoir conscience de la beauté du monde. Notre lecture de ce qui nous entoure, l’interprétation de ce qui nous arrive et, in fine, notre Réalité du monde dépendent donc de « l’œil » dont la fonction prédomine en nous et de ses perfor­mances : matériel, mental ou spirituel, et la valeur de notre pro­pre existence dépendra de celle des trois fonctions qui aura prédominée durant celle-ci. C’est ici que nous comprenons qu’à côté de notre propre approche des êtres et des choses, il en existe de nom­breuses autres différentes, toutes aussi légitimes dès lors qu’elles sont le résultat de l’état d’avancement et de développement de chaque individu. Cette tri-unité corporelle et fonctionnelle des êtres humains conditionne aussi le type d’organisation collective qui sera donnée à un moment de l’histoire aux sociétés humaines, selon que prédominera majoritairement l’un ou l’autre de ces trois aspects de l’homme dans une société donnée.
C’est en raison de cette réalité liée à la nature même de l’homme que, sans attendre qu’apparaisse l’Impératrice dans le Hieros Gamos de notre vie, nous devrions tou­jours nous poser la double question des initiés lorsque l’on pense et agit pour évaluer la portée et les conséquences de notre comporte­ment et de nos actes :
·         Est-ce que je pense et agis au niveau des instincts (du ventre), des émotions (du coeur) ou de l’Esprit (de la tête) ?
·         Ne pourrais-je pas penser et (ré)agir sur cette question, en cette circonstance, sur les deux autres plans simultanément, donc sur les trois plans qui « m’habitent », en harmonie avec moi-même et ce qui m’entoure ?
Avec l’Impératrice, nous sommes donc en présence d’un être incarné complet dont les trois niveaux de conscience et de vie sont en parfaite harmonie, c’est-à- dire en présence d’une Unité vibratoire vivante composée de trois éléments consubstantiels et parfaitement coordonnés ; l’être incarné devenue Impératrice est une copie conforme de ce qu’est, à une échelle multipliée et démultipliée : une planète, un univers, une galaxie ; il est donc en situation de faire prévaloir dans l’action humaine la magie céleste où sacrée mise à disposition de ceux qui voient et entendent avec l’œil et l’oreille internes, fonction résul­tant de l’accouplement parfait des trois plans de l’être qui nous « habitent » simultanément. 
L’Arcane III est en ce sens un « clin d’œil » que la Tradition Primordiale ou Universelle délivre aux initiés du Livre de Thot- Hermès car, à contre-courant des canons patriarcaux vétéro-testamentaires, c’est en effet un élé­ment féminin qui incarne l’Être achevé et accompli dans la Science sacrée du Trois Fois Grand (ou, plus exactement, du Trois Fois Mage: Melchior, Gaspard et Bal­thazar enfin réunis en Un). 
Cette magie sacrée incarnée en l’Impératrice, correspondant au sacerdoce des titulaires du magistère complet (ceux qui ont réuni en eux-mêmes les trois mages humains de la Tradition), relève de l’opération consistant à permettre au mage d’être l’instrument des forces cosmiques ou divines pour permettre au subtil de dominer l’épais, à l’énergie de gouverner la matière et elle est totalement anti­nomique avec la sorcellerie, le spiritisme, la théurgie (limitée à l’appel sur terre de certaines entités) ou avec un usage profane des sciences sacrées (comme l’astrologie événementielle), car toutes ces pratiques illicites (au sens ésotérique de contrariété des Lois Naturelles Universelles), où le sorcier est tantôt l’instrument, tantôt la source des forces élémentaires mises en œuvre, reposent sur une double inversion du processus magique sacré ou naturel : Elles ne concou­rent, par ces usages dévoyés, qu’à la satisfaction immédiate de besoins égoïstes personnels et elles font appel sur terre à des entités astrales soit en les détour­nant de leur objectif naturel, soit en les retardant dans leur processus d’évolution. À l’opposé de ces comportements déviants, la magie sacrée ou sacerdoce naturel nécessite que l’initié s’élève vers les sphères de conscience plus évoluées (ce que l’on appelle plus communément les Génies ou les Anges) pour communiquer avec les Maîtres et/ou la Source, par l’épuration préalable de sa pensée au moyen de la prière et de la méditation, à des fins purement altruistes même si c’est pour résoudre une difficulté d’ordre matériel personnelle dans le légi­time but de rétablir une harmonie ou un équilibre perdu afin de se réinscrire soi-même dans la Grande Architecture Universelle.
Et c’est bien ce que suggère notre Impératrice avec sa couronne (pouvoir du divin sur la conscience : la légitimité), son sceptre (pouvoir de la conscience sur l’énergie : la puissance) et son écu (pouvoir de l’énergie sur la matière : le but), soit les trois attributs du sacerdoce sacré qui, réunis en Un, autorisent la magie couronnée d’en haut, seule légitime pour s’exercer dans le monde des vrais vivants ; ces trois pouvoirs étant synthétisés de manière symbo­lique sur notre troisième Arcane par la cathèdre sur laquelle est assise notre Impératrice, magi­cienne sacrée.
À partir de ces trois attributs caractérisant la science divine en action, voyons ce qui fait qu’un mage sacré devenu Impératrice n’est pas un usurpateur, et déterminons par là même la méthode permettant de démasquer les faux mages dissimulés derrière les apparences trompeuses.
Le mage sacré, symbolisé dans le Livre de Thot-Hermès par l’Impératrice, est couronné, mais à la différence de la tiare de la Papesse, la couronne du mage sacré ne porte que deux étages, ce qui signifie que sa fonction, l’exercice de la magie sacrée opérative, porte sur les deux premiers plans alors que la Papesse, la Gnose incarnée, réinscrit son action dans le plan divin Source de la Gnose sublimée. Ce mage sacré en activité parmi les hom­mes, sur terre, porte aussi en bras l’écu frappé d’un aigle signifiant l’action libératrice et éclairée, qui est à la fois son identifiant et la protection dont il va se servir pour se protéger et protéger ses proté­gés des forces inversées de la sorcellerie et autres théurgies ineptes ; cet écu caractérise le but de l’initié aux sciences sacrées, il est « son étiquette annonçant en toute transparence la couleur » aux profanes et solliciteurs ; sans son écu identifiant, un mage initié à la science de Thot-Hermès n’est qu’un faux mage, car il ne s’est pas lui-même sublimé en tant qu’homme en rejetant ses désirs inutiles ou indus, il ne s’est pas exhaussé jusqu’à un idéal qui lui permette de triompher des contin­gences humaines et matérielles, il n’a pas transmuté ses émotions et pulsions en forces vivantes de la Nature ; c’est ensuite le sceptre, le bâton du magicien que tient notre Impératrice, qui représente le moyen par lequel la magie sacrée va atteindre son but.
Mais attention, la magie sacrée « science des miracles », la seule légitime au sens ésotérique et de l’ordre naturel des êtres et des choses, n’a jamais vocation à s’exercer au détriment de qui que ce soit, et il s’agit d’un pouvoir exceptionnel qui ne trouve à s’exercer qu’en conformité avec les Lois Naturelles Universelles, lesquelles ne souffrent d’aucune exception à ce principe sauf préju­dice grave pour... le faux mage ; son but, comme ses moyens, ne peuvent donc être qu’altruistes, positifs, désirés par le destinataire et inspirés par la Science des sciences, la Connaissance éter­nelle, la Gnose hermétique du livre tenu par la Papesse; ce service désintéressé, ne souffrant d’aucune contrepartie matérielle, confère sa légitimité à la magie sacrée et per­met de faire la différence avec les pratiques occultes, personnelles et usurpatrices. C’est pour cela et à ces conditions que la magie sacrée de l’Impératrice est la « science des miracles » et que son sceptre, « bâton des magi­ciens », sera opératif ou non, en recevant d’en haut ce qu’elle va redistribuer en bas, très exacte­ment comme le fait le Vénérable Maître de la loge maçonnique lorsqu’il ouvre les travaux pour « capter le ciel » au bout de son épée et le transmettre ensuite aux initiés lorsqu’il pose la pointe de celle-ci sur le crâne des impétrants. Pour l’Impératrice, Mage sacré canal des miracles de l’invisible dans le monde de la matière, point focal terrestre des énergies cosmiques et telluriques condensées dans son siège ­cathèdre, la volonté transmutatrice est nécessaire en puisant son ins­piration dans sa verticalité céleste, car elle est désormais exonérée de sa dépendance horizontale terrestre, ce qui justifie que ce n’est pas une magie personnelle qui s’accomplie à travers le Mage Impératrice, mais bel et bien une magie céleste au service de ce qui est en bas par le pouvoir de ce qui est en haut ; c’est en cela que le Mage sacré guérisseur, « faiseur de miracles », ne peut être qu’une synthèse achevée de l’Amour d’en haut au service de l’amour d’en bas, et c’est en cela que le Mage est à la fois un prêtre (de la reli­gion naturelle universelle) et un médecin, comme l’étaient le mages de Babylone, de Sumer et de la Vieille Égypte, comme le furent le Maître Jésus et ses véritables épigones tels Cornélius Agrippa, Éliphas Lévi, l’abbé Julio, Oswald Wirth et Maître Philippe de Lyon, par exemple.
Le cherchant ne trouve que ce qu’il cherche aidé en sa quête par l’amour guérisseur, transmutateur des forces célestes au bénéfice des besoins terrestres, amour guérisseur qui est à sa disposition lorsqu’il en fait son but et son outil ; mais cela nécessite que la Gnose universelle soit préalable­ment acquise par le cherchant en passant de l’état de Bateleur celui de Papesse, dépositaire de la connaissance, puis à celui d’Impératrice-Mage sacré, médecin opératif des esprit et des corps ; car la magie sacrée n’est que le fruit actif de la Gnose mystique acquise en qualité et fonctions à partir de la « révélation mystique » du Bateleur : Contact réel avec le divin par la méditation inspirée et l’intuition, prise de conscience de la Gnose éternelle, mise en pratique des outils divins ou célestes acquis temporaire­ment, car voilà le processus opé­ratif en trois étapes résumé par les trois premiers Arcane du livre de Thot-Hermès indissociables en leur œuvre de transmission du grand savoir immuable et éternel ; tout cela étant parfaitement syn­thétisé par le sceptre tenu par l’Impératrice, constitué dans sa partie supérieure de deux coupes inversées formant le globe de la manifestation parfaite et symboli­sant la puissance divine et la volonté humaine assemblées en harmonie.
Donc, pour acquérir et mettre en œuvre cette science des relations entre l’homme et la Nature, nul besoin d’études longues, fastidieuses et incertaines, de traités et de textes particuliers et obscurs en dehors de l’observation incessante et attentive du Grand Livre de la Nature et de son assimilation en « esprit », nul besoin de s’en remettre à un maître qui ne fera que transmettre ses théories, inertes parce que personnelles, peut-être profitables à l’un mais probablement inadaptées à l’autre parce qu’aucune science acquise de manière cérébrale par un autre cerveau n’est neutre et sincère de désir. L’ouverture à la science de la magie sacrée s’opère par intuition, en solitaire, par Apocalypse personnelle (révélation interne) ; elle peut être enclenchée par la méditation sur les quelques rares textes qui méritent véritablement le qualificatif de sacrés parce qu’anonymes et inspirés tels l’Apocalypse, improprement attribué à Jean, ou la Table d’Émeraude, mais encore est-ce là une gageure, s’il ne s’agit que de les comprendre à des fins de richesse matérielle, de pouvoir temporel ou de découvertes spectaculaires, car les œuvres de la magie sacrée qu’ils décrivent de manière cryptée sont souvent discrètes et, au long terme, obtenues presque par inadvertance, de surcroît, durant l’accomplissement de l’œuvre philosophale interne, au moyen d’un désintéressement le plus authen­tique aux éventuelles contrepar­ties personnelles. Le seul danger de la magie sacrée enseignée par l’Impératrice est qu’elle soit inopérante par incompréhension de ce que le mage sincère a acquis, ou par erreur dans la mise en œuvre de cet acquis, alors que les dan­gers de la magie occulte person­nelle sont multiples et bien réels : « ... troubles cardiaques incura­bles, destruction lente de la moelle épinière et du cerveau, désordres sexuels et folie attendent ceux qui s’y risquent » sans jouir des qualités requises (Arthur Avalon in La puissance du serpent).
Le but (le livre) de la Papesse est la révélation mystique de la Gnose éternelle, le but (bouclier-écu) de l’Impératrice est l’action inspirée libératrice, la restauration de la capacité individuelle de liberté men­tale et spirituelle ; elles sont donc inséparables, consubstantielles, pour les comprendre respective­ment et la première sans la seconde est stérile, la seconde sans la première n’existe tout simplement pas. Cela nous est indiqué par l’aigle sur l’écu porté par notre Impératrice, sujet de multiples dissertations sans cesse renouvelées dans nos loges, qui est le symbole de l’Être achevé, en passe de réintégrer en prenant son envol, enfin libéré de l’ancre ter­restre par l’action salutaire de la Grande Magicienne sacrée lui permettant d’accorder attention à la seule chose qui vaille et pour laquelle nous sommes ici : La construction de notre idéal personnel en concordance avec l’Idéal spi­rituel céleste, c’est-à-dire de recouvrer, enfin, le sens de la vie vraie unifiée à l’essentiel.
La cathèdre sur laquelle est assise notre Magicienne sacrée signifie qu’elle est installée dans ce monde-ci de la création naturelle pour libérer les individus de la corruption, de la corrosion, mentale ; notre Impératrice magicienne s’adresse donc aux êtres qui espèrent sincèrement, aux « hommes de désir ». Les ailes pétrifiées qui constituent le dossier de son siège cathèdre nous informent qu’elle peut rendre leur liberté de mouvement aux êtres pétrifiés, englués dans l’illusion trompeuse de la matière, par l’action du verbe incarné réveillant la volonté enfin libérée de la suggestion, pour la substituer aux idées fixes ou préjugés, et aux peurs psychopathologiques infondées.
Le magicien sacré devenu Impératrice, à l’inverse des opératifs de la magie cérémonielle, de la cabbale pratique, de la théurgie évocatoire, ne projette pas sa force ou son fluide personnel en autrui, il libère le bénéficiaire des forces et fluides malsains qui lui empoisonnent l’esprit et le corps par l’usage du sceptre sacré qui protège le Mage opérant des pol­lutions évacuées en lui conférant la capacité de transmuter les forces obscurcies de l’individu en énergie blanche créatrice ; et libre à chaque lecteur inspiré de donner sa propre consistance au sceptre opératoire dont il s’agit, partant du principe intangible que le succès de la magie sacrée dépend de la capacité du mage inspiré à faire corps avec ce qu’il accomplit, d’être partie intégrante de l’exercice pratique qu’il met en œuvre à travers son propre rituel interne, ce qui est résumé par la parole du Maître des Mages Divins: « Je suis la voie, la vérité et la vie », signifiant qu’il ne faisait qu’un avec ce qu’il accomplissait, que le magi­cien sacré doit s’identifier à son œuvre qui doit être le reflet de la Grande Architecture Universelle vivifiée au plan humain, s’il veut que « cela marche ».
La magie sacrée de l’Impéra­trice, faiseuse de miracles, c’est-à-dire rendant tout simplement visible sur le plan inférieur la cause invisible d’un plan supérieur, n’a pas pour but de détruire l’existant mais de le transformer, en se servant de la force de l’Énergie en mouvement perpétuel en tout ce qui existe, en transmutant les manifestations obscures ou néfastes que les hommes ont pu lui attribuer en opportunités actives de libération, de création et de réalisation. Cette capacité de transmutation transcendantale ne s’acquiert qu’au terme d’un incessant, dur, parfois frustrant et décourageant labeur dans tous les domaines des sciences sacrées authentiques, et elle n’est obtenue que lorsqu’on ne la cherche plus, de surcroît comme il a déjà été dit, de manière à écar­ter naturellement les apprentis mages insincères ou non aptes.
La magicienne sacrée (magi­cienne divine) traduit concrètement l’idéal hermétique en mettant au service de la vie et de la réalisation de l’être les forces constructives en mouvement perpétuel dans la matière, en les respectant pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire une manifestation de La Source, alors que la science profane et le sorcier (le supposé magicien à seule vocation humaine) ne recherchent en permanence que l’asservissement et la transformation de cette énergie en la rendant « productive » et source de béné­fices monétaires et de pouvoir sur l’environnement naturel (Oh ! science sans conscience...) ; la magicienne sacrée n’aspire qu’à collaborer avec les forces natu­relles dans une alliance bien comprise avec elles pour l’amélioration individuelle des êtres et de leurs existences, alors que la science scientiste et le sorcier ne cherchent qu’à contraindre ces forces au bénéfice des ambitions hu­maines; la magicienne hermétique sert l’homme et la Nature, le scientifique moderne et le sorcier ne cherchent qu’à assurer, à conforter, le pouvoir des pouvoirs humains sur les deux. C’est en cela que l’Impératrice ne se com­prend qu’avec le Bateleur (incarnant la mystique) et la Papesse (manifestation de la Gnose) dont elle assure la synthèse. Car la Magie sacrée demeure incompréhensible et inopérante sans
l’assimilation préalable de la mystique et de la Gnose ; cela nous indique aussi que les Arcanes majeurs ne sont compréhensibles que dans leur relation avec tous les autres et qu’ils demeurent « hermétiques » pris individuelle­ment, que seule une lecture glo­bale du Livre de Thot-Hermès permet d’apprivoiser chacune de ses lames-chapitres, chacune constituant une synthèse « en image » de chacun des principes fondamentaux de La science céleste à la disposition des cher­cheurs sincères. 
L’Impératrice est la grande prêtresse de la « Nature surnaturelle » qui ne doit sa réalité qu’à l’élan vital cosmique, le souffle de vie en action, sur lequel nul ne peut. 
C’est le grand Arcane de la vie régénérée, de la vie verticale relevée de l’horizontalité de la vie terrestre. Son action a donc pour seul but d’aider ceux qui manifestent clairement et honnêtement le désir de prendre le chemin de la régénération, de se réinscrire dans les processus naturels d’existence, de réapprendre à vivre tout simplement ; elle est la manifestation tangible de l’Idéal de résurrection des hermétistes ou de la Voie du salut des chrétiens authentiques. Elle constitue donc le lien nécessaire et provisoire entre les plans supra terrestres et le chercheur sincère en son idéal d’existence. 
Symbole de l’équilibre parfait en action, troisième volet du triptyque mystique de l’œuvre achevée, notre Impératrice, lorsque qu’elle apparaît au consultant sincère, lui annonce une belle espérance en la vraie vie (possibilité de devenir lui-même un authentique mage), un changement radical dans la façon d’être ici et maintenant, mais aussi la nécessité, non pas de se déshu­maniser pour devenir mage, mais de la nécessité de se « démécani­ser » et de se «désintellectuali­ser », phase essentielle enseignée dès le degré d’apprenti maçon pour dépouiller le « vieil homme » de ces oripeaux et accéder à la nouvelle naissance; son appari­tion dans le jeu sacré du chercheur authentique peut signifier également qu’une opportunité nouvelle de réalisation personnelle en d’autres plans va se présenter au consultant-chercheur. 
Pendant plusieurs mois, en raison d’événements personnels et obédientiels indépendants de ma volonté, jai dû abandonner provisoirement mon périple au sein du grand livre de la Nature en compagnie de mon fidèle compagnon de route : Le Livre de Thot Hermès, qui n’en est pas un puisqu’il s’adresse à l’intelligence de l’âme et non aux sens cérébraux, puisqu’il ne nécessite ni instruction scolastique, ni cul­ture particulière au sens académique du terme mais seulement une atten­tion sincère à Dame Nature. Ce fut un ineffable plaisir de reprendre ma pérégrination sacrée en compagnie de l’Arcane III, cette Impératrice que je n’ai pas l’ambition d’imiter, mais seulement de comprendre pour tenter, si elle m’en juge digne, de m’en faire une amie. Mille mercis aux sœurs et frères qui me replacèrent sur ce chemin-là en exprimant durant ce silence leur souhait maintes fois renouvelé de le conti­nuer avec moi. 
Patrick-Gilbert FRANCOZ Passé Grand Maître Général de l’Ordre de Memphis-Misraïm

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 28 - Juin 2009

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