GLMFMM Bulletin : Khalam 10/2006


La sagesse des tarots

L'arcane XX : Le Jugement
K020-5-1

Le Jugement ou lame majeure XX du Livre de Thot est l'Arcane de la Résurrection des morts, c'est à dire des non initiés aux Mystères, ceux qui « ne connaissent pas » l'Idéal de Résurrec­tion ou Voie du Salut dont le chemin est montré, dans le cadre de l'initiation aux « nouveaux vivants » et permet­tant, par l'usage de l'intuition, de puiser ce qui est nécessaire à la régénération de l'être dans la Mémoire Universelle.

La Résurrection constitue l'ho­rizon existentiel de l'âme individuelle consciente par l'entrée en action de l'Esprit en l'homme ; c'est une inter­vention active pour la purification in­dividuelle en vue de la régénération du monde par la mise en oeuvre de l'impulsion et de la foi thérapeutique. C'est la Voie du Salut du christianisme primitif pour lequel l'Idéal de Résur­rection constitue la transformation de l'être incarné par l'acte d'alchimie in­dividuelle et collective de la transmuta­tion de la Nature en perpétuelle évolu­tion. L'Idéal de Résurrection nécessite une force d'âme permettant l'action matérielle et spirituelle qui rend ca­pable l'individu de devenir un esprit moteur contribuant à l'évolution du Grand Tout plutôt qu'un esprit mû su­bissant l'existence terrestre. L'Idéal de Résurrection est la caractéristique de ia religion du Salut (gnose christiques, pure reprise de l'Hermétisme des an­ciens égyptiens, laquelle se distingue de l'hellénisme païen qui consiste à ac­cepter le monde tel qu'il est parce qu'il serait à priori et définitivement parfait du brahmanisme indou ou naturisme spirituel selon lequel la dégénération et la régénération du monde est cyclique, pré-programmée et inéluctable, que les chutes et réincarnations alternent com­me les saisons et qu'il suffit d'attendre, et du bouddhisme ou humanisme spi­rituel qui proteste contre la chaîne de cyclicité de souffrance au nom de l'être individuel et qui propose d'y mettre un terme par le renoncement et la rupture de l'esprit humain avec le monde in­carné.

Par sa configuration cartogra­phique, l'Arcane XX nous montre que l'acte magique de Résurrection néces­site le son ou parole de la mémoire d'Akasha (somme psychique totale de toute l'histoire de l'Humanité) mani­festé par la trompette de l'Ange tellement actif par vocation ainsi que l'acte d'amour du Père et la voix d'amour de la Mère. Cet Arcane nous montre que c'est l'Amour qui permet l'action en permettant de nous souvenir ce que nous sommes vraiment et d'où nous venons car pour agir nous avons besoin de nous rappeler tout ce qui est néces­saire à l'action entreprise.

L'acte de Résurrection mani­festé par le Jugement est une oeuvre magique en ce sens qu'il permet la réunification du corps, de l'esprit et de l'âme non par voie d'une nouvelle naissance physique mais par réintégra­tion de la nouvelle Unité de l'individu dans la Mémoire Divine autrement ap­pelé Livre de Vie, ce dernier étant l'es­sence et la science de la Loi de com­pensation ou de réincarnation (appelée aussi, par besoin d'exotisme, loi du Karma). L'Idéal de Résurrection est un acte magique car il relève de l'action fondée sur la Mémoire Universelle ; il n'a rien à voir avec la philosophie qui se borne à l'interprétation et à la spécu­lation intellectuelle.

L'Idéal de Résurrection né­cessite aussi et nécessairement, outre l'action des entités externes précitées, l'effort actif de celui qui postule à la Voie du Salut c'est à dire à la mémoire du Père et de la Mère universels. Il est donc constitué d'une double action d'en haut et d'en bas » absolument indispensables et indissociables l'une de l'autre. L'acte de redressement repré­senté par cette lame majeure n'est pas le seul produit d'une action extérieure mécanique, il ne résulte pas d'une dé­cision arbitraire de la toute puissance divine, mais il est bien la conjonction de cette double actio  avec l'adhésion volontaire à une opération spirituelle à laquelle aspire par l'amour et la con­naissance l'individu éclairé. L'idéal de Résurrection est donc la synthèse de l'expression de deux volontés, divine et humaine. Son résultat est la neutralisa­tion du binaire « vie-mort » car après la Résurrection l'intéressé peut agir libéré des liens terrestres de la mort et devient alors une synthèse vivante de la vie et de la mort, de l'intuition et de l'action, du mouvement et du repos. La Résur­rection du Jugement transforme l'âme courante incarnée en âme forte, c'est à dire que plutôt que subir par imitation le modèle hypnotique des générations familiales terrestres l'âme créera son propre modèle d'évolution fondé sur la puissance des force célestes qui l'atti­rent comme un aimant (un amant ?). L'initié ressuscité ne dépendra plus que de l'hérédité verticale empreinte de l'individualité divine en étant libéré de l'hérédité horizontale familiale faite de contraintes et de peurs, très exactement comme l'enseigne Jésus dans les Évan­giles de Thomas et de Marie ; il devien­dra alors Tri-un à L'image de Dieu car il unifiera un lui le Père, la Mère et le Fils

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Pour l'Hermétisme, cette Lame XX du Jugement signifie que le corps individuel divin, composé de l'esprit et de l'âme en l'homme, est éveillé au son de la trompette du Jugement le Verbe en action et devient immortel car conscient de son lien indéfectible avec le monde d'en haut par hérédité verticale. Le processus de Résurrection n'est par suite pas instantané mais est le résultat d'une suite d'incarnation mûries durant le processus d'incarnations successives au cours duquel l'esprit et l'âme de l'homme vont, au moyen de l'ascèse spirituelle du Salut, effectuer des inscriptions nouvelles dans le « Li­vre de Vie » selon la Loi de compensa­tion, ou loi de causes et d'effets, qui agit inexorablement dans tout le processus de vie incarnée. La loi de compensation, l'une des dix Lois Naturelles Universel­les, selon laquelle chacun récolte tôt ou tard ce qu'il a semé en pensées, en pa­roles ou en actes est présenté, sous une forme ou sous une autre, dans toutes les religions du monde et elle correspond à ce que l'on appelle la Justice Divine qui s'applique, dans les affaires humai­nes, aussi bien aux domaines physique que spirituel ; elle permet de compren­dre que, au delà des apparences, la vie de tout être humain n'est pas le fruit du hasard ou d'un destin arbitraire mais le résultat de son propre comportement. Dès lors que toutes nos pensées, paroles et actes s'inscrivent systématiquement dans la Mémoire Universelle (archives d'Akasha) nous en subissons toujours, à un moment ou à un autre, les con­séquences positives ou négatives. Cette loi de compensation nous rend person­nellement responsable de l'ensemble de notre comportement sans pouvoir imputer nos malheurs à autrui ce qui, d'ailleurs relève de la superstition et du fatalisme deux concepts qui sont étran­gers aux initiés à la Science d'Hermès. La Loi de compensation, le Jugement du Livre de Thot, est purement évolutive et elle nous apprend à exercer de manière de plus en plus positive notre libre ar­bitre pour améliorer notre personnalité spirituelle et accéder ainsi au Salut.

La Résurrection correspond à la victoire finale sur la mort l'état du profane subissant sa vie par la maîtrise des événements et des circonstances terrestres. Elle confère au ressuscité l'in­carnation éternelle unificatrice au sein de la Jérusalem Céleste.

Quant au Jugement qui confère l'Idéal de Résurrection, il s'agit de celui de la conscience éclairée, par attribut de l'âme, qui examine alors tous les chefs d'accusation ressortant aux Lois Natu­relles Universelles ; ce Jugement, abso­lument identique pour tous les êtres, est le symbole parfait de l'égalité humaine devant la Loi Divine, quelles que soient leurs qualités d'incarnation respectives, car Dieu ne juge rien lui-même il ne fait que tirer les conséquences du Ju­gement de la conscience en montrant la voie de compensation à suivre par la lecture du Livre de Vie qu'il met à la disposition de ceux qui le désirent. Ce Jugement n'exclut personne de la Voie du Salut car il n'y a pas de damnés au sens de la Loi Divine, il y a seulement l'exemple de la conscience éveillée, à l'image de celle du Christ, qui met en relief tout ce qui n'est pas nécessaire pour accéder à l'hérédité verticale.

La Résurrection par le Ju­gement constitue donc l'opération magique à la fois divine et humaine où l'Amour Divin et l'amour humain triomphent de l'oubli et de la mort qui sont les caractéristiques de l'hérédité horizontale terrestre. L'Homme ressus­cité sera alors véritablement reconstituédans son unité, à l'image de Dieu.

Le 27 août 2006.
Patrick-Gilbert FRANCOZ Maçon de la Vieille Egypte

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 20 - Octobre 2006

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