GLMFMM Bulletin : Khalam 02/2006

Franc-Maçonnerie, symbolisme et culte
ou de l'origine, des heurts et malheurs
 de notre Ordre

Il était difficile de présenter l'aspect historique de notre Rite spécifi­que car cet apport a été entrepris et mené à bien par divers auteurs et, en ce qui concerne l'époque contemporaine, par le Frère Franc d'Oreille en son Ouvrage intitulé "Les Nouveaux Compagnons de la hiérophanie ou les véritables arca­nes de la maçonnerie Egyptienne restitués" (Editions LACOUR) que chacun d'entre nous peut se procu­rer.

C'est donc à un SURVOL de l'his­toire générale de la franc-Maçon­nerie que je vais m'employer ici en soulignant peut-être la lutte qui fût entreprise par nos Frères et Sœurs des Temps Passés afin que perdu­rent notre Engagement et notre vertu au travers des siècles.

Cette planche sera présentée en deux partie entre ce Khalam et le prochain.

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1ere PARTIE

du temple de Salomon aux croisades

L'Initiation et le Symbolisme ont de tous temps existé et coexisté... D'Adam et Eve, du Serpent et de la Pomme, d'Enoch Fils de Caïn (l'Initié initiant) jusqu'aux Prêtres de l'Ancienne Egypte (Maîtres du Ciel et de la Terre) en pas­sant par la commémoration des sols­tices et autres cérémonies que nous connaissons bien; tous ces aspects ré­vèlent de nombreuses analogies avec notre symbolisme maçonnique.

Il faut noter, par exemple, qu'ISIS, HATER et URANUS personnifient le Ciel, le Soleil et la Lune ..., trois aspects que nous retrouvons en nos Temples.

Je ne parlerai pas ici de l'érection des Pyramides qui demandent à elles seu­les une étude trop approfondie par rapport à ce modeste éditorial.

Entre l'an -1500 et -1000 av. J.C., les premiers ouvriers-bâtisseurs de l'Ere contemporaine sont apparus lors de la construction du temple de Salo­mon à Jérusalem. Réunis en Collèges de Constructeurs, ils pratiquèrent des Cérémonies appropriées au MESTIER qu'ils exerçaient.

Entre -800 et -500 av. J.C. éclorent en Ionie des philosophes dénommés de nos jours "Présocratiques" qui étudiè­rent l'univers et ses phénomènes, le monde et son organisation matérielle, l'homme et ses sentiments. Ces philo­sophies reposaient sur la connaissance des substances primordiales : l'eau, l'air, le feu. Or, nous appliquons sou­vent de nos jours les mêmes éléments "naturels" ...

PYTHAGORE rapproche les Nombres d'une Loi Sacrée et certifie de la trans­formation progressive de la personna­lité en MYSTE, ce qui en grec signifie INITIÉ. Ce dont ARISTOTE déclarera plus tard : "On ne demande pas à l'ini­tié d'apprendre quoi que ce soit mais de se mettre en état d'esprit voulu".

À ce propos, les auteurs grecs de cette époque font souvent allusion à une Caverne, à un Cratère, là où se mé­langeraient les éléments du Monde. EMPEDOCLE plonge dans le cratère de l'Etna pour devenir un Dieu ... et HERMES déclare : "Ceux qui furent saisis dans l'intelligence de la Caverne possédèrent la Gnose et devinrent des initiés, des hommes parfaits ...".

L'intervention et l'occupation romaine en Grèce (-200 à +400 ap. J.C.) amè­neront la Paix Romaine. Puis, la dé­cadence de cet Empire appellera le Sauveur JESUS, le mythe du Christ et Le martyre des Chrétiens.

CONSTANTIN 1er - Empereur romain

vers 337 ap. J.C. - avait déjà choisi de s'appuyer sur le christianisme, et THÉOSOPHE 'le' qui lui succéda en fit la religion d'État. Le Moyen-Age sera alors caractérisé par la domination ab­solue de l'Église. De ce fait, l'art pri­mitif se développera avec ses dogmes impérieux et précis.

Néanmoins, et devant le dictat de l'Église, les Ouvriers-Bâtisseurs appli­queront les préceptes de PYTHAGORE dont les Vers d'Or débutent en pres­crivant à l'initié de "rendre extérieu­rement aux Dieux immortels le culte sacré mais de garder intérieurement intactes ses propres convictions".

Au 7éme siècle, à SALERNE (Italie du Sud), est fondée la première université composée d'un Juif, d'un grec et d'un Arabe. Cette conception a joué un rôle prédominant dans la mystique maçon­nique.

Entre 550 et 1000 de notre Ere, les moines font souvent appel à des Caï­ques (les lais) pour rénover les édifi­ces religieux. En frappant les poutres maîtresses de ces édifices à l'aide de leurs maillets, ces ouvriers en vérifient la solidité. Nous retrouvons l'écho de leurs tentatives au sein de nos loges lors du battement, certainement atté­nué, de nos propres maillets... L'in­quiétude manifestée à propos de l'af­faiblissement des couvertures en bois des monastères nous est restitué par le dialogue entretenu entre le F. second Surveillant et le F. Couvreur lors de "l'Assurance de sûreté" de nos RR. LL.

Et c'est encore dans l'architecture que nous retrouvons le fil conducteur qui unira, du moins en apparence, l'Église et la Franc-Maçonnerie Opérative de ces temps. Depuis le plan d'ensem­ble des édifices religieux jusqu'à leurs moindres ornements, tout y est ordon­né selon des Nombres Mystiques et des Ordres Architecturaux qui décou­lent d'une géométrie connue des seuls initiés sur laquelle se greffait une Doc­trine secrète.

Les Croisades amèneront la cassure de la société moyenâgeuse. Elles avaient pour but de "délivrer les lieux Saints", c'est-à-dire les places géographiques où se seraient déroulé les évènements relatés par les Évangiles et qui étaient, jusqu'alors, occupées par les Musul­mans. Ce sont principalement des Princes et des Seigneurs français qui fourniront la masse la plus importante de Croisés car les Chapitres Généraux de la chrétienté tenaient, tous les trois ans, leurs Convents en France. Ces dits croisés, pour se reconnaître entre eux, conviendront de Signes et Mots qu'ils garderont secrets. Ils leur permettront de ne point être confondus ni avec les "Infidèles", ni avec les "Sarrasins". Cet usage a perduré jusqu'à nous, mais ils ne sont certainement plus les mê­mes...

C'est donc en Palestine que l'Ordre des "Pauvres Chevaliers du Christ" s'unira à l' "Ordre des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem" ; au retour des croisades se formeront des loges qui rappelleront les étapes de l'intervention des Croisés (qui se sera d'ailleurs fort mal termi­née...). Elles porteront toutes le titre de "LOGES DE SAINT JEAN".

C'est EDOUARD, Roi d'Angleterre, qui offrira l'hospitalité aux croisés déchus et leur permettra de "travailler" dans leurs loges.

L'Art Ogival apparaîtra à cette époque et se maintiendra jusqu'au 1 Sème siè­cle ; ce seront les Maîtres d’œuvres, laïques et artisans, qui recruteront le personnel nécessaire à cette oeuvre. Ils seront donc les premiers véritables Francs-Maçons, ce qui, comme ce terme l'indique, les rendra LIBRES et AFFRANCHIS car ils pourront doréna­vant se déplacer d'une ville à l'autre ou d'un pays vers un autre. De surcroît, ils seront affranchis des règlements du Mestier que le clergé imposait jusque- là. Ils adopteront un patron et seront connus sous l'appellation de "Confrè­res des frères de Saint-Jean".

Datés de 1352, on retrouve dans les annales de l'Abbaye de York des "Rè­glements pour maçons et ouvriers" qui stipulent qu' "aucun maçon ne sera reçu comme Ouvrier pour le susdit Travail avant d'avoir été examiné durant une semaine ou plus sur son Travail. Il devra alors jurer sur la Bible d'observer en tous points la présente Loi".

À suivre ...

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Jean-Guy ANCELIN
F. Maître de la R.L. SOTHIS à l'Orient de Nîmes

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 18 - Février 2006

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