GLMFMM Bulletin : Khalam 10/2005

Le Beau et la Beauté

Qu'est ce que le beau ? Que voulons nous dire lorsque nous disons: "c'est beau" ?
Affirmer "ceci est beau", c'est prononcer un jugement de goût, et l'on retrouve peut-être en un objet une intimité perdue.
Impossible de définir ce qu'est le beau en soi, et de donner des règles.
En disant que le sujet est beau, je rie sais, et je ne dis rien de lui, mais je parle de moi !

Personnellement, j'ai gardé quelques objets ayant appartenu à ma grand- mère; à mes yeux, ils sont beaux, ils possèdent réellement une âme qui nie parle, évoquant des souvenirs profonds, plus mystérieux, ils m'emportent. Mais vers quel Dieu ?

Ce qui est beau est propre et personnel à chacun et La perception du beau n'est pas la même pour tout le monde. Il y a deux éléments :
- l'un objectif, c'est l'objet,
- l'autre subjectif, c'est l'événement psychologique qui fait que cet objet est appelé beau.

Le beau engendre l'admiration; on y retrouve la noblesse, la régularité, approchant la perfection, agréable à voir ou à entendre.
Ce qui est joli séduit ou amuse, on y trouve quelque chose de fin, de délicat, de charmant.
Le même objet que l'on trouve beau paraîtrait joli s'il était exécuté en miniature.

Un beau danseur aura de la grâce et de l'habileté: ici le beau se rapporte plutôt aux mouvements, aux gestes, à la grâce extérieure.

Le peintre ne peut garder pour fui la vision qu'il a des êtres et des choses. Il doit la peindre. Quand il regarde alors sa peinture, il sait que ce qu'il a fait est beau; de même, le musicien note sur la partition les airs, les musiques qu'il entend au fond de lui.

Ils expriment différemment ce qu'ils ressentent au plus profond d'eux, et les nuances les plus fines s'en exhalent, vagabondent et colorent notre vie.

Le beau, c'est aussi les cathédrales, les abbayes, les Temples et les édifices religieux qui furent construits avec art et amour.

Des hommes motivés réalisaient des prouesses architecturales, des oeuvres admirables qui mariaient l'habileté des peintres et des sculpteurs à celle des compagnons maçons ou charpentiers. Tous unissaient leur savoir, leur imagination, leur créativité, en vue de la réalisation parfaite de l'équilibre vers la Beauté.

C'est bien de la Beauté qu'il s'agissait, car cette recherche de la perfection les transportait au-delà de notre plan humain, vers une autre dimension.

Mais le beau nous montre l'envers de la médaille !

Il engendre ce qu'on appelle esthétique. Il devient alors dogmatique, car un certain public accepte volontiers les valeurs sûres qui répondent à son attente et lui épargnent un effort de jugement ; il est prêt à dire "beau" pour ce qui lui est facile.

En premier, il y a l'agrément que l'oreille ou l’œil va retrouver clans son éducation, celle-ci les ayant formés à percevoir d'une certaine manière !

Alois, pas de style sans une doctrine du beau qui, si impérieuse soit- elle, paraît rassurante, mais justifie l'impersonnalité.

Et puis, il y a tellement de proverbes autour du beau. Je ne vous en citerai que quelques-uns :
Les beaux esprits se rencontrent se dit plaisamment lorsqu'une même idée, une même pensée sont énoncées simultanément par cieux personnes.
ou cela doit être beau car je n'y comprends rien se dit ironiquement par allusion à l'obscurité du langage de certains philosophes.

Mais nombreux sont les Philosophes qui ont étudié le « Beau », tels Socrate, Platon, Aristote, Diderot, Kant etc. ...

Pour Platon; nous sommes mus par une sorte de réminiscence de cette idée du beau, et l'art est un effort pour imiter cette réalité suprasensible.
Aristote ébauche une théorie du beau dont les caractères essentiels sont, à ses yeux, la coordination, la symétrie et la précision.
Au sens figuré, Boileau disait :
« Rien n'est plus beau que le vrai »

Dans la nature, les choses les plus humbles nous sensibilisent, l'Ordre y règne et la nature, par sa conception, arrive à faire de cette beauté extérieure le rayonnement de l'âme.

Il y a la Beauté de la forme et la Beauté de l'expression; celle-ci prime, celle-là comme l'esprit, domine la matière.

La Création est un ensemble harmonieux de formes et de proportions qui éveillent en nous le sentiment de contemplation.

La Beauté du ciel, d'une fleur, d'une voix, c'est toute la nature qui vibre. Voyez comme en peu de mots, par un regard, on peut exprimer de façon simple, en nous, des choses immenses, et comme la maternité fait partie de la Beauté d'une vie de femme.

Mais c'est aussi la Beauté d'un geste, cet élan qui se fait naturellement vers l'autre, sans rien demander en retour.

Les années n'atténuent rien, et au fil du temps, c'est toujours avec la même émotion que j'assiste, lors de l'ouverture des Travaux, à l'allumage des Colonnettes; j'aime le sens qu'elfes véhiculent.

O Beauté éternelle, qui ordonne et harmonise tout de par les Mondes,
Que la troisième Lumière soit !

La Beauté pour orner, mais pour orner l'ordre intérieur, car tout resplendit dans l'Ordre et dans la symétrie.

Je n'oublie pas la Sagesse et la Force, car l'ensemble de ces émanations constituent le Plan Divin, et les trois Lumières se fondent et se confondent clans une même unité.

Ces Flambeaux sont des messagers célestes, tel le flambeau olympique passant de main en main, porteur d'espoir et de lumière, Sagesse, Force et Beauté se passent le Flambeau de la Vie.

La Lumière, pourtant frêle et délicate, brille devant nos yeux et demeure à jamais dans notre mémoire; transparente, rayonnante, elle demande que nous l'alimentions pour que vive la Flamme. C'est la source de ce que nous appelons « Amour » au sens le plus noble du ternie.

Parfait médiateur « entre ce qui est en haut est ce qui est en bas », point d'union de l'Esprit et de la Matière.

Quoi de plus simple, alors, qu'un paysage serein débordant d'harmonie, de formes et de couleurs, qui nous percute par sa beauté.

Notre belle terre nous offre des décors splendides et bien réels, et leur souvenir se grave en nous de façon indélébile et laisse un coin de bonheur dans nos cœurs.

Tels la dentelle vibrante des feuilles, les eaux ondulantes, le sable fin, la beauté du rocher au passé si lourd d'histoire, les gestes lents du vieil homme hésitant ou les cris joyeux des enfants qui jouent.

Ce concert éclatant de sons, cette palette de lumières et ces ondes bienfaisantes convergent vers nous, et l'équilibre qui imprègne chaque élément - minéral, végétal, animal et humain - envahit chaque cellule de notre corps, et nous nous sentons unis aux autres atonies de la création.

Cette perception de la Beauté se rapproche du sublime et ce ballet de vibrations tisse un tendre voile en forme d'étoile.

Aussi, j'ai envie de dire et de redire la joie que j'éprouve à chercher l’œuvre du Créateur partout et en tout ; la gratitude ressentie à la rencontrer autour de moi et à la sentir au fond de moi. Même si la Beauté n'est pas de ce monde, elle vient du dedans et transfigure ce que l'on nomme la laideur.

J'ai dit, Vénérable Maître - Martine Di-Mattéo

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 17 - Octobre 2005

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