GLMFMM Bulletin : Khalam 02/2005

La Voie Mixte Française en Caraïbe
Carnet de route des tenues en Martinique

Le hasard n'existe pas et une nouvelle fois, les rencontres et événements nous le démontrent :

Premier jour de notre arrivée en Caraïbes, première tenue avec une initiation au 1° degré. Deux jumeaux maçons: une femme blanche et un homme noir. Beau symbole de mixité; Beau symbole aussi, s'il en fut, avec un beau chassé-croisé entre le sexe et la couleur, le masculin et le féminin, dans des associations inversées. Mais cela devient encore plus intéressant quand on sait que la deuxième tenue au 1° degré, avait pour thème, le pavé mosaïque.

Alors s'établit le pont entre les deux réunions avec comme point commun le blanc et le noir, le masculin et le féminin, la matière et l'esprit.

Cette quête ne demande pas nécessai­rement la croyance en une quelconque divinité, ni la pratique d'une religion, mais celle d'un principe supérieur. Consciemment ou inconsciemment, nous aspirons simplement à être pleine­ment habités de l'intérieur, par le souffle de vie. Le message est clair car il nous indique cette route à parcourir allant du sordide au sublime, vivant nos tsunamis et nos extases personnels afin, in fine, de trouver notre souffle, d'être habité par une présence, une conscience; devenir un homme ou iule femme plei­nement éveillé.

Notre périple s'est poursuivi par une tenue au 2° degré : Il fut procédé à un passage de compagnons entre deux jumeaux maçons vivant en couple dans la vie profane. Au delà de cette nouvelle gémellité par leur retour à la parole, il leur fut rappelé la notion binaire de silence et de service, mission de l'apprenti qu'ils pensaient avoir quit­tée mais qui est aussi celle du maître, même si le message est différent, fil conducteur de notre évolution.

Une tenue du Cercle Intérieur Magistral e suivi où, sans révéler les secrets inhé­rents au grade, l'accent fut mis sur la recherche et l'absolue nécessité de retrouver notre double originel: Chacun de nous possède en lui les qualités de tel ou tel principe, masculin ou féminin de manière intrinsèque. Afin de s'ac­complir, d'atteindre une perfection toute relative, nous devons développer en nous les vertus latentes opposées, qui nous donneront la clef de notre nature céleste.

Nous devons, pour ce devenir, cultiver en nous la raison guidée par le senti­ment qui développera l'intuition et ce chemin est déjà clairement exprimé lors de l'initiation au 1er degré symbolique, quand nous recevons la deuxième paire de gants destinée à notre parèdre.

Notre voyage initiatique s'est poursuivi par une visite à la Grande Loge de Caraïbe, où un Frère invité de l'Ordre Initiatique Traditionnel de l'Art Royal planchait sur : "Le G\A\D\L\U\ symbole ou prin­cipe?". Il a été établi l'existence d'une entité émanante au delà de toutes reli­gions et croyances, avec en conclusion celle du conférencier, citant un extrait du rituel de fermeture des travaux :
" Les civilisations s'écroulent, les sociétés passent, les hommes disparaissent, l'Ordre Eternel demeure "

Pour synthétiser l'impression laissée par toutes ces réunions de travail où régnait un puissant lien de fraternité entre les Frères et les Sœurs, un principe de bi­polarité était omniprésent à travers le fait que toute relation se positionne comme une relation de couple.

C'est une démarche fondamentale à adopter, d'appréhension et de percep­tion au service de notre réflexion et de notre méditation. Ramenée au symbole, c'est planter une branche de compas en nous et agir dans le rayon de l'écarte­ment du compas, un compas à deux branches égales, un couple.

Toutefois, ne perdons pas de vue que "tout est en un", la fameuse recherche du Un, cet androgyne primitif, originel et primordial.

Ce périple en Caraïbe s'est poursuivi par une rencontre à Sainte Lucie avec le Grand Maître territorial adjoint de nos SS.°. et FF.°. Mécanics. Outre le cadre enchanteur de gens de cette île encore préservée des outrages majeurs du béton et de la circulation, ce déplacement fut intéressant à divers titres et riche de découvertes assez excep­tionnelles.

Il nous permit également, une nouvelle fois, de constater qu'en dehors de la métropo­le, les notions d'obédience et de "recon­naissance" sont très peu présentes dans les relations entre les sœurs et frères qui se visitent en permanence et travaillent régulièrement ensemble,

indistinctement de leurs appartenances maçonniques respectives.

C'est ainsi que nous avons par ailleurs très bien été reçus par les frères pré­sents lorsque nous visitâmes les locaux à Fort de France de la Grande Loge de France dont les responsables se sont montrés très fraternels à notre égard, prêts à héberger notre Loge "Les enfants d'Imhotep", dont chacune des tenues réunit sur les colonnes un nomb­re important de sœurs et de frères de tous les rites et obédiences présents en Martinique.

En résumé, nous avons vécu réellement durant ce séjour, un bel exemple de ce que doit être la Franc-Maçonnerie uni­verselle, lorsque les notions d'ego et de pouvoir s'estompent au profit des seules considérations initiatiques.

Jean-François Chaussy
Patrick Gilbert Francoz
Publié dans le Khalam - Bulletin N° 15 - Février 2005

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