GLMFMM Bulletin : Khalam 10/2004


Quel Vénérable Maître
pour quelle Respectable Loge

A l'aube de cette nouvelle année maçonnique, il m'a paru opportun de rappeler brièvement ce qu'il en est de la fonction d'un Vénérable Maître au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm ainsi que de son rôle dans sa Loge et clans la Pyramide de l'Ordre.

Il convient, tout d'abord, de préci­ser qu'un Vénérable Maître est élu par les Maîtres de sa Loge, pour une durée de trois ans non renouvelable, et qu'il ne peut procéder à aucune initiation ou affi­liation, tant que cette élection n'a pas été ratifiée par la Grande Loge Mixte et tant qu'il n'a pas lui-même été installé ésotériquement, dans le cadre du Conseil National Mixte des Vénérables Maîtres Installés.

Ensuite, il me paraît évident que la fonc­tion de Vénérable Maître se trouve par­faitement définie dans le serment qu'il prête lors de son installation en vertu de l'article 197 des Règlements Généraux du 22 mai 1992 appliqués dans notre Pyramide Mixte :

Le Vénérable Maître élu et nommé doit prêter entre les mains du Délégué de la Grande Loge Nationale l'obligation sui­vante :

"JE JURE SUR MON HONNEUR ET MA FOI MACONNIQUE D'OBEIR SANS RESTRICTION AUX STATUTS, REGLEMENTS GENERAUX EMA­NANT OU A EMANER DU SOUVERAIN SANCTUAIRE DU RITE ANCIEN ET PRIMITIF DE MEMPHIS-MISRAÏM, D'OBEIR A SES DECRETS ET DE N'EMPLOYER L'AUTORITE QUE JE RECOIS DES PUISSANCES SUPRE­MES DU RITE QUE POUR LE BIEN DE L'ORDRE EN GENERAL ET DE CE RESPECTABLE ATELIER EN PARTI­CULIER. JE JURE DE REMETTRE A MON SUCCESSEUR OU S'IL Y A LIEU A LA GRANDE LOGE NATIONALE, CONSEIL NATIONAL OU A SES DELE­GUES, LA CHARTE, LES CONSTITU­TIONS ET LES PIECES QUE JE RECOIS AUJOURD'HUI, ET DONT JE ME CHARGE COMME D'UN DEPOT ENVERS L'ORDRE".

Il résulte de ce texte que, si les Loges sont naturellement souveraines pour la gestion de leurs "affaires de famille" elles n'en restent pas moins pla­cées, en ce domaine, sous la surveillan­ce Constitutionnelle de l'Obédience et, pour tout ce qui à trait à la pratique de Rite et à la mise en oeuvre des Rituels, sous l'autorité du Souverain Sanctuaire.

C'est dans ce cadre-ci que le Vénérable Maître d'une Loge va assurer la prési­dence de son atelier et il en découle pour lui, ainsi que pour les Maîtres de ce dernier, un certain nombre d'obligations qu'il n'est peut être pas inutile de rappe­ler.

En premier lieu et s'il appartient au vénérable Maître en Chaire de pré­parer dans des conditions paisibles et harmonieuse sa succession au terme de ses trois années de fonction, seule la Chambre du Milieu de la Loge est com­pétente pour désigner son successeur dans les conditions déterminées par nos Grandes Constitutions et Règlements Généraux.

En deuxième lieu, un Atelier Maçonnique ne peut être considéré comme une propriété personnelle, à l'in­térieure de laquelle une seule personne -fut-ce le Vénérable Maître serait com­pétente pour décider de tout.

En particulier, les Officiers de la Loge sont eux aussi élus pour une durée de trois ans et, à partir de leur installation, seule la Grande Loge Mixte peut remet­tre en cause leur fonction en mettant en oeuvre la procédure afférente, détermi­née par notre Loi fondamentale préci­tée.

En troisième lieu, les Apprentis et Compagnons d'un Atelier ne doivent être l'objet d'aucune pression ou mani­pulation de la part de quelque Officier que ce soit, fut-ce du Vénérable Maître. Ils doivent, à l'opposé, faire l'objet d'une attention particulière dans le seul cadre du travail maçonnique, organisé au sein de la Loge ou du Triangle.

Les Apprentis et Compagnons " n'appar­tiennent " à personne, pas même à leurs parrains et marraines respectifs. Et c'est en vertu de cette élémentaire règle de comportement qu'ils peuvent, en fonc­tion de leurs impératifs familiaux ou pro­fessionnels, être en situation de changer d'Atelier ou d'Orient sans que cela leur crée un quelconque désagrément maçonnique.

Dans un autre domaine -et par respect aux serments solennels prêtés, lors­qu'un conflit d'intérêt ou de personne se produit dans un atelier entre cieux ou plusieurs de ses membres, les Apprentis et Compagnons doivent impérativement en être protégés. C'est précisément le rôle du Vénérable Maître et des Surveillant que d'y veiller, car tout autre comportement est à la fois anti-maçon­nique et "contre initiatique". Il porterait, d'ailleurs, en lui-même, le germe de compensations personnelles qui s'impo­seraient tôt ou tard, à l'égard de leurs auteurs.

En contrepartie de ces obligations for­tes, le Vénérable Maître de l'atelier bénéficie des garanties prévues par nos Grandes Constitutions et Règlements Généraux. En particulier, il ne peut pas, durant les trois années de son mandat, être destitué de sa fonction par la Loge. Il peut seulement, en cas de manque­ment graves relevant des articles 555 et588 des Règlements Généraux en date du 22 mai 1992, avoir à répondre de l'exercice de sa charge devant les instances judiciaires de l'Ordre, dans les conditions déterminées par les articles 541,567 et 591 des mêmes Règlements Généraux.

Ainsi, un Vénérable Maître qui possède la réelle dimension de sa fonction, est celui qui sait faire admettre son autorité morale clans sa Loge, sans autre métho­de que ses propres qualités maçon­niques.

Un Vénérable Maître authen­tique, est celui qui est le parfait reflet de la Chambre du Milieu de son atelier.

Un Vénérable Maître en phase avec les soeurs et frères de son atelier et de son Obédience, est celui dont on pourra dire, au soir de sa vie : " L'Ordre l'a Elevé, il a Elevé l'Ordre " (*).

Patrick-Gilbert FRANCOZ

Président du Souverain Sanctuaire Mixte

(*) Constant Chevillon - Rituel de Vénérable - Maître installé (1934).

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 14 - Juin 2004

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