GLMFMM Bulletin : Khalam 06/2004


Les pires ennemis de la Maçonnerie
sont les Maçons qui ne croient pas en elle

Si l'homme apparaît comme le produit le plus perfectionné de la création, il en est aussi de ce fait, le plus fragile et le plus exposé.

Plus que jamais, la Franc- Maçonnerie peut continuer à jouer un rôle régénérateur et salvateur

C'est même sa vocation puisqu'il est dit que quand tout se désunit, il appartient au Maître Maçon de rassembler ce qui est épars.

Les perspectives d'évolu­tion de l'humanité paraissent en effet sombres. Il suffit de jeter un regard luci­de sur les évolutions qui dessineront notre humanité future sachant que l'ac­célération de l'histoire risque de rendre les échéances plus rapides que prévu.

Nul ne doute plus que l'hu­manité en tant qu'espèce est menacée et que la mondialisation déstabilise par libéralisme sauvage, généralisation de la communication dans le sens de l'uni­formisation et par dissolution des ciments sociaux. Les états martyrs d'au­jourd'hui furent ceux qui connurent les plus grands raffinements, héritiers des plus vieilles civilisations.

Oui, la maçonnerie en géné­ral et celle que nous pratiquons dans notre pyramide au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm a bien les qualifi­cations utiles pour ce faire à condition qu'elle veuille s'en donner les moyens. C'est-à-dire que chacun d'entre nous s'en donne la peine.

L'édification du Temple à laquelle nous sommes conviés oriente le propos sur le développement personnel en terme spi­rituel. L'objectif l'appelé par le Delta d'or qui rayonne à l'Orient de nos temples est d'offrir le surcroît de conscience et de lucidité préalable à tout espoir de dépassement à la fois individuel et col­lectif.

Et cela correspond à la fois au désir et au devoir de chacun des Frères et des Soeurs qui ont été reçus Franc- Maçons parce qu'ils étaient dans les Ténèbres et désirent la Lumière.

Nos loges, par le Rite que nous pratiquons, tachent de développer un éveil progressif par une familiarisation de la sensibilité, de l'intellect et de la conscience.

Il est susceptible de répondre au moins aux 4 besoins suivants :
- un besoin de ressourcement
- un besoin de morale
- un besoin de maîtrise
- un besoin de sacré

Besoin de ressourcement

Nous avons besoin de retrouver notre identité et pour ce faire nos origi­nes, pour tenter de savoir qui nous sommes nous avons besoin de savoir d'où nous venons et où nous allons. Nos rituels véhiculent une tradition antérieu­re à toutes les autres, à toutes les reli­gions, à toutes les civilisations avant la babélisation des langages.

Nous sommes porteurs, parmi d'autres, de la source encore vivace dans laquelle tous les hommes et toutes les femmes de bonne foi peuvent s'en­tendre et se reconnaître en remontant dans leur passé qui est commun.

La Maçonnerie reste le conser­vatoire vivant d'un langage universel.

Besoin de morale :

La vie profane nous a affranchi de toutes règles. La Franc Maçonnerie, qui n'impose aucune règle morale exté­rieure, réveille le sens moral inné en chacun de nous, mais le plus souvent endormi ou tué ; Si la morale dicte un code social pour assurer la survie de l'individu dans son groupe, l'éthique suggère un code indi­viduel éminemment initiatique pour assurer la survie de l'espèce dans toute sa dimension.

C'est à la colonnette Beauté qu'on nous dit " qu'ici sont les arcanes de la Gnose ".

Besoin de maîtrise :

Au plan profane, les perspectives futures de nos vies matérielles exigeront des hommes de demain la capacité de contrôler et restreindre leurs envies, leurs caprices voire leurs besoins.

Au plan initiatique, l'acquisition de la Maîtrise fait partie du processus indispensable permettant d'aller vers " la Paix supérieure au monde, la Béatitude infinie que l'on retrouve au point central où tout est Un " comme nous y appelle magnifiquement le rituel du 1er degré symbolique.

Besoin de sacré :

L'aspiration vers le Grand Architecte demeure partie intégrante de notre identité. L'initiation fait redécouvrir cette aspiration qui constitue le centre de notre architecture intérieure, ce qui légi­time le nom de Temple que nous lui don­nons pour faire émerger et prévaloir cette aspiration que nous avons niée ou oubliée ou délibérément assassinée.

La tradition à laquelle nous nous référons est sans dogmatisme et sans dénomination : tous les êtres de bonne volonté peuvent s'y reconnaître. C'est la chaîne d'or des " fidèles " qui transmet­tent ce ferment d'éternité qui résiste à l'usure du temps et aux bouleverse­ments des trônes : une des clés de la Connaissance est dans la participation directe au Principe, lequel est immanent en l'Initié.

Par ailleurs, le mérite du sym­bolisme est sans doute de permettre un chassé croisé entre le rationnel, l'imagi­naire et la Conscience.

Il favorise la rencontre des hommes et des femmes dans leurs diversités et débouche sur une poétique qui permet à ceux qui la pratiquent de mieux se connaître, d'êtres attentifs les uns aux autres dans le cadre d'une solidarité plus générale du monde vivant, tout règne confondu, fondée par la même source de vie qui irrigue toutes choses.

K013-1-1

Le Rite trace un sillon où s'en­racinent nos pensées et bien d'autres choses. Le symbole sera offert et reçu au-delà du langage, l'alchimie est inté­rieure.

Il n'y a pas de contradiction entre Tradition et modernité : l'arbre n'est riche de fruits que s'il est bien enraciné puis taillé, soigné et entretenu par des jardiniers à qui il n'est pas demandé de géniales fantaisies mais simplement l'ap­plication qu'exige toute arboriculture :connais­sance, attention, modestie et amour.

La très symbolique formule : " je ne sais ni lire ni écrire ... " donne la méthode propre de la pensée maçon­nique dont l'élucidation est toujours recommencée. Elle indique que la sagesse ne se gagne pas sans abandon de soi et sans générosité du cœur. Elle suggère que la sagesse se conquiert avec effort et travail.

La dignité du Maçon est dans son action, sa pensée.

Comme la boussole dans la tempête montre le Nord idéal, l'action spirituelle indique la 'viole du juste milieu par lequel l'Initié se met profondément en accord avec les lois de la création.

Il n'y a pas de Maçonnerie sans engagement qu'elles qu'en soient les modalités. En Maçonnerie, on n'est tou­jours obligé que par soi même.

Le destin du Franc-Maçon c'est de travailler et d'aimer. Pas de choisir l'un ou l'autre. Ou alors nous serions tous dans des loges d'infirmes.

La quête de la sagesse est quelque chose de bon pour tout le monde, sinon cela ne serait valable pour personne. C'est un acte de l'esprit tout entier à la fois dans sa dimension intellectuelle et sa dimension spirituelle.

Il n'existe pas une race de Sages. La sagesse n'est pas une option génétique, c'est un potentiel humain banal.

Plus qu'un renoncement, la quête de la sagesse est un engagement dans le sens où si le monde est décidé­ment " une ombre méchante ", le Franc- Maçon est condamné à agir pour y deviner quelque chose à aimer et qui l'aime .

Le Franc-Maçon est un homme ou une femme, qui s'est mis en mouve­ment de l'intérieur de lui-même.

Il s'est choisi et se choisit à chaque instant. C'est cette option qui fait de lui un authentique initié. Il se souhaite en progression et sa progression est sa Voie.

Sabine DOLMENS

Passé Grand Maître

Membre du Souverain Sanctuaire Mixte

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 13 - Juin 2004

K013-1 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \