GLMFMM Bulletin : Khalam 07/2003

L'Empreinte Initiatique

S'il est un moment crucial vécu par toute la Franc Maçonnerie Universelle, c'est bien la cérémonie au grade d'Apprenti. Quelle que soit l'intensité émotionnelle subie par le profane, et l'interprétation qu'il en fera par la suite, il me semble que le déroulement même de cette cérémonie porte en lui des secrets qui vont lui laisser à jamais une marque.

Là commence le chemin initiatique. Car l'initiation au grade d'Apprenti n'est pas un aboutissement mettant le récipien­daire en situation immédiate " d'illuminé ". Certes, il s'agit bien de faire " mourir le vieillard et renaître l'Homme nouveau ", mais n'oublions pas que cette première transformation n'est que le début d'un long parcours, dont les trois premiers grades (Apprenti, Compagnon, Maître) obligent le Maçon à une introspection progressive, le menant à l'éveil de son être intérieur et le préparant ainsi au passage des portes.

Comment marquer le profane, afin de lui permettre d'intégrer l'Egrégore collectif de la Loge et de le mettre ainsi en situa­tion d'ouverture et de réceptivité ?

Cela peut paraître comme une affirma­tion galvaudée, perdant un peu de son sens, tellement nous l'avons entendu dire, mais je pense qu'au Rite de Memphis-Misraïm cela s'explique dans les rituels sur les plans physique et spi­rituel,

Car, ne l'oublions pas, nous retrouvons dans notre tradition maçonnique l'histoi­re ancienne de l'Egypte, à savoir que " la vie réside au sein des trois niveaux: minéral, végétal, et animal, et que cette vie est l’œuvre d'une intelligence suprê­me dont nous sommes sans doute le reflet" ;

Notre monde terrestre est donc l'image exacte du monde céleste, et cette tradition hermétique s'accomplit dans la pra­tique même de nos rituels maçonniques du ter degré (cérémonie d'initiation, reprise et suspension des travaux).

Tout doit être en ordre et en accord avec les puissances célestes.

Ainsi pour tracer les limites d'un temple, Pharaon, en présence de Seshat, dées­se des écritures utilisait l'axe Nord Sud qui est l'axe polaire permettant de reflé­ter l'architecture céleste sur la terre.

De même par l'installation des officiers dans le temple, nous concourons à met­tre en accord les énergies de la terre et du ciel.

Ensuite dans un second temps et pour ce qui concerne notre pratique maçon­nique, la connexion du temple physique avec le Divin s'effectue sur le Naos, où se trouve la bougie verte, Lumière Eternelle, dont la couleur fait appel au 4ème chakras celui de la voie cardiaque.

De même, la position des trois joyaux de la loge rappelle l'image de la constella­tion du chien dans laquelle se trouve l'é­toile Sirius, source de l'Humanité, fidèle à la tradition de Melkisédec rapportée par l'apocryphe du Livre d'Enoch.

Ces trois étapes spécifiques à notre rite permettent ainsi de créer  l'espace sacré obligatoire pour pouvoir oeuvrer à. la naissance d'un homme nouveau.

Amour et spiritualité sont ainsi activés avant de commencer les travaux.

Enfin pour terminer c'est mains nues que le Vénérable Maître invoque le Grand Architecte de l'Univers portant l'é­pée verticale en main gauche, réceptrice de l'énergie céleste.

Le Vénérable Maître devient alors lui- même vecteur de la transmission maçonnique.

Car l'initiation est une véritable création, qui ne devrait voir le jour que si l'Egrégore est correctement activé par les membres de la loge. Vous compren­drez donc qu'il faut croire en ce que l'on fait, et le faire avec sérieux et respect.

Mettre ces énergies en action permet que l'initiation ait un DOUBLE IMPACT :
- Mort du profane et transformation en Maçon
- Ouverture de sa conscience au Divin et intégration au groupe.

Tous les points importants trouvent leur écho sur l'Etre intérieur du profane.

Et c'est là toute l'importance des symbo­les, qui sont des moyens particulière­ment privilégiés de la transmission et de la communication, car ils n'imposent pas d'idée ni de solution mais ils proposent une voie d'approfondissement, établis­sant une relation secrète entre le cons­cient et l'inconscient, entre le ciel et la terre.

Goethe disait " la symbolique transfor­me le phénomène en idée, l'idée en image, de telle sorte que l'idée reste tou­jours infiniment active et inaccessible dans l'image, et que même dite dans toutes les langues elle reste indicible ".

Selon la devise socratique de " connais toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les Dieux " c'est donc en priorité un retour sur soi que l'on demande au futur initié pour commencer cette fantastique aventure.

a) l'agonie vécue dans le cabinet de réflexion, l'amène à la solitude et à la descente dans sa grotte personnelle.

b) La mort de la personnalité mise en scène par la boisson de l'oubli aura pour but de dépersonnaliser le profane qui deviendra je cite " pareil au cadavre que la main du laveur des morts tourne et retourne à son gré". La mort a fait son œuvre, et là commence la grande trans­formation du corps physique (le MAT).

c) Les voyages symboliques de l'eau, de l'air et du feu sont des phases de purification des trois corps (le khat, le kha, l'Akh)

d) Les épreuves de la marque du sceau, du prélèvement de sang, de la signature du serment sont les répliques de celles subies par l'âme du défunt lors du Jugement que l'on retrouve dans le Livre des Morts.

e) C'est par la boisson de mémoire, que l'impétrant accède alors au plan subtil. Libéré de sa personnalité par la boisson d'oubli, il intègre alors l'Egrégore collectif.

A cet instant seulement le Vénérable Maître peut le consacrer. La encore rien n'est fait au hasard. Investi des pouvoirs conférés par les transmissions maçon­niques qu'il e acquises, c'est mains nues qu'il crée, reçoit et constitue le profane, avec l'épée magnétisée lors de la repri­se des travaux.

Cette investiture et le serment sont des mots prononcés dans un " espace sacré" et l'on connaît l'importance des mots prononcés, qui sont enregistrés dans l'Egrégore du temple et qui vont lors de la suspension des travaux, réin­tégrer l'Egrégore du Rite en des plans plus subtils.

Tout est fait de telle sorte, que ce qui est vécu sur le plan terrestre soit strictement reproduit sur le plan céleste.

Ainsi donc naît le Maçon de Memphis-Misraïm selon la tradition de l'Ancienne Egypte.

Parcourant le double chemin de la terre et du ciel, ii devient Homme de l'Univers, et dans cet espace sacré, qui n'est que " l'antichambre " du temple maçonnique appe­lé " loge bleu ", il est prêt pour découvrir le travail qu'il devra accomplir (l'introspec­tion dans la solitude de l'apprenti, puis l'ouverture sur les autres et la découverte du monde du compagnon, enfin la mort et la résurrection du Maître).

Il me semblait important de vous emmener sur le chemin où l'histoire vécue par des milliers de maçons laissent dans la mémoire de chacun une empreinte indélébile, mais ceux qui ont pris la direction de " Memphis-Misraïm " se doivent d'aller beau­coup plus loin, sans carte routière, ni boussole mais avec leur cœur, leur intuition, leur sensibilité.

L'initiation a le pouvoir d'activer la prise de conscience du futur initié, elle fui donne accès sur l'infini, là ou une partie de lui-même doit se transporter. La première porte à franchir est devant lui_ voilée... Derrière le Vénérable Maître qui veille se trouve la porte des hommes

Que l'apprenti regarde et écoute... tout est dit dans le rituel de l'initiation au ler degré.

J'ai dit,

Monique FRANCOZ

Grand Maître Adjoint

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 10 - Juillet 2003

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