GO Procès verbal : Fête d'Inauguration de la R\L\ des Vrais Zélés 29/04/1838

Discours des visiteurs : Le F\ Lucas, Le F\ Vallot et Le F\ Chanay

Le F\ Lucas aîné, des Sept Philantropes, Or\ de Dijon, vient à son tour occuper le fauteuil d'Or\ au sein d'un religieux silence, il proclame .en ces termes de sages et utiles vérités.

V\ et TT\ CC\ FF\

« Plein de confiance dans votre indulgente bonté' beaucoup plus que dans mon faible savoir, permettez-moi d'élever un instant la voix pour m'identifier davantage, s'il est possible, avec le bonheur que nous éprouvons tous dans ce jour de solennité.

« En effet, mes FF\, quoi de plus heureux pour des Francs-Maç\ que d'être témoins de ce qu'on peut appeler à juste titre la consécration d'un nouveau temple Maçonnique !

« Avec quel enthousiasme ne serre•t-on pas sur son cœur de nouveaux FF\ qui, par leur talent et leur amour du bien, contribuent à raviver le flambeau de la vérité !

« De toutes les associations connues, il n'en est aucune, qui, selon moi, présente les avantages réunis qu'offre l'association Maç\—On y voit fleurir les principes les plus propres au bonheur de l'humanité : là, tous les hommes sont véritablement égaux et les distinctions n'excitent entre eux aucune jalousie. Dans chaque L\ , les dignités se confèrent par le libre vote de tous les membres de l’At\ , sans consulter ni le rang, ni les différences d'opi­nions. Tout dignitaire redevient simple M\ après la cessation de ses fonctions ; et l'estime de ses FF\ l'accom­pagne dans sa retraite; heureux, si en reprenant place sur les col\ au milieu d'eux, il a mérité par son zèle et ses vertus le titre de bon et digne F\ M\

« Mais, me direz-vous, se peut-il que tout homme revêtu du titre de M\ ne s'en rende pas digne? Hélas ! oui, mes FF\, je me vois forcé de vous dire que cela n'est malheureusement que trop possible. Il en est qui, après avoir satisfait un désir de curiosité, ne cherchent point à se rendre compte du véritable motif de notre institutions; ils ne voient plus, dans nos cérémonies, que des moisi gles gestes sans emblème et sans importance.

 « J'appelle F…M\ et digne de ce titre, l'homme que n'éblouit pas l'opulence et que n'avilit pas l'adversité ; L’homme sage, de cette sagesse qui n'exclut pas le plaisir et la gaieté, libre sans faiblesse, l'homme qui se cache pour faire le bien parte qu'il n'en réclame d'autre prix que le témoignage de sa conscience satisfaite. Tel est à mes yeux le vrai F\ M\ le seul véritable et bon citoyen.

«  Ce que je viens de vous dire, mes FF\, me porte naturellement à vous répéter que l'association Maç\ est la seule qui puisse affermir les hommes dans le développement de tant de qualités. Vous en avez la preuve par cette union si admirable qui règne dans la grande famille des F\ M\ répandus sur toute la terre, par cela même qu'une loge est et doit être à la fois une école de science, de philosophie et de vertus civiques ; que chacun s'y fortifie dans la pra­tique de la morale, qu'il enseigne à ion semblable ce qu'il vient d'apprendre ; c'est donc par cela même qu'on peut parvenir à assurer le bonheur de l'humanité tout entière.

« Isolés, nous faisons peu de bien ; réunis, nous pouvous beaucoup, parce que l'union donne la science et la force .

« Les Institutions Maç\ nous rappellent que tous les homMes étant égaux devant le G\ A\ D\ L'U\ ils doivent l'être entre eux. Cette égalité naturelle dé­truit l'égoïsme et l'ambition , enfante l'amitié et conduit infailliblement au bonheur. Voilà, mes FF\ , voilà le véritable but de la Maç\ l'égalité parfaite et le bonheur. Pourquoi n'en est-il pas de même pour le reste des hommes ?\ Parce, qu'il n'y a plus de fraternité, là où il y a des dominateurs égoïstes ; parce qu'il n'y a pas de fraternité, là où l'intrigue et la vanité se disputent les honneurs.

« Parmi nous, au contraire, le niveau Maç\, ce niveau de la nature, auquel la plupart des hommes veillent se soustraire, maintient cet esprit d'égalité et de concorde qui nous rend heureux, et ne laisse plus apercevoir de supériorité que dans nos lois et dans nos usages fraternels. Comme je viens de le dire, la Maç\ est une école de philosophie morale pratique ; en d'autres termes, elle enseigne ce qui peut contribuer le plus au bonheur matériel des hommes—. Enseignement sublime qui bannit dé son enceinte toutes questions politiques et religieuses, pour leur substituer les recherches de la loi naturelle dans notre propre conscience ; de la loi naturelle qui est la base de toute morale, le fondement de toute religion et qui le devrait également être de toute politique: c'est pourquoi, la loi naturelle seule nous suffit elle rend inu­tiles les discussions politiques, et remplace la Religion en ce qu'elle seule peut procurer le bonheur ; je la résumerai donc ainsi : notre code politique, c'est la loi naturelle; notre code religieux, c'est la loi naturelle.

« La loi naturelle nous découvre ses mystères sans exiger de notre part la mauvaise foi qu'elle abhorre, parce que ses principes ont été posés dans notre conscience par le grand A\ de l'univers ; elle nous communique nos droits sans nous désunir, et par cela même qu'elle est issue d'une intelligence suprême elle nous en révèle l'existence sans exiger une croyance aveugle, parce qu'elle détruit tous les doutes que nous pourrions élever à cet égard ; elle ne

proscrit pas les lumières, ne craignant pas de se dévoiler à nos yeux et d'autant plus que nous ne pouvons la détourner que par notre raison éclairée.

« Mais à son tour elle prêche l'amour de son prochain, l‘a­mour de nous-mêmes dans l'intérêt de notre conservation..

« Elle nous commande le désintéressement et nous impose le devoir de secourir le malheureux, enfin elle désigne la vérité, la fidélité et la probité comme les vertus qui distinguent l'homme de bien.

« Peuplons donc nos L\ d'hommes vertueux, tra­vaillons sans cesse aux progrès de la civilisation, soyons zélés pour exciter le zèle, et prêchons d'exemple afin d'être imités ; ne perdons pas de vue que si l'homme a des droits à conquérir pour s'élever à sa dignité naturelle, il a aussi des devoirs à remplir envers la société, envers sa patrie et envers lui-même.

« FF\ chéris sur qui mes regards se portent avec tant de bonheur dans cette solennité, pourquoi faut-il que vous vous entouriez d'un mystère impénétrable? Pourquoi tous les hommes, ne sont-ils pas dignes de jouir des bienfaits de la lumière? Un jour viendra\. mais n'anticipons point, jouissons du présent, espérons dans l'avenir. Rappelons- nous que la Maç\ a pour objet l'exercice de la bienfai­sance, l'étude de la morale, des sciences, des arts et la pratique de toutes les vertus. »

Le F\ Vallot, Chevalier de la Légion-d'Honneur, appartenant au même Or\, lui succède à la tribune au milieu d'une satisfaction que justifie pleinement le discours suivant.

« TT\ CC\ FF\,

«Jamais jour plus beau, cérémonie plus imposante ne se reproduira dans notre vie maçonnique. Quand je promène mes regards sur cette nombreuse et brillante assemblée , quand je considère l'empressement de nos frères, ap­portant en cet Orient le tribut précieux de leurs moyens et de leurs talents, je me sens pénétré d'un noble enthou­siasme; je me sens fier de professer les saintes doctrines de la Maçonnerie. Dans ce grand évènement, dans ce mo­ment suprême, j'aurais besoin, mes Frères, pour donner à mes accents la force et l'éloquence qu'un si grand sujet ré­clame, j'aurais besoin de toutes les lumières que vous pos­sédez à un si haut degré; j'aurais besoin de votre concours puissant et salutaire. Cependant, fort de toute la convic­tion que je ressens pour la vérité et la beauté de nos pré­ceptes, de l'amour sans bornes que j'ai voué à notre Ordre, j'imposerai silence à ma crainte, j'étoufferai les sentiments divers qui tendraient à me dominer, et me rappellerai toujours que l'indulgence est une vertu maçonnique et qu'elle est gravée dans vos cœurs.

« La Maçonnerie fait remonter son origine aux temps les plus reculés ; sa haute antiquité n'est point contestée, elle ne saurait l'être.

« L'Egypte eut ses initiations connues sous le nom des mystères d'Osiris et d'Isis. Les cérémonies pratiquées aux fêtes Eleusines offrent trop de caractères de ressemblance avec nos usages maçonniques pour que l'on puisse mécon­naître la filiation de ces deux institutions ; leur identité nous prouve évidemment que l'une a donné naissance à l'autre; et, dans ce sens, les Maçons peuvent, à juste titre, revendiquer, comme le berceau de leur art, le temple où se pratiquaient les mystères égyptiens.

« Mais mon intention, en ce moment, n'est point de vous présenter le tableau des cérémonies alors en usage dans ces fêtes ; la morale de notre institution est l'objet spécial de mon investigation : c'est là mon unique but.

« La morale, mes Frères, est le principe fondamentale la société ; étouffez-la, tout devient désordre, tout devient anarchie ; sans morale publique, principe absolu, inalté­rable, point de stabilité dans les choses humaines, point de repos, point de liberté, point de bonheur, mais la corruption , la dépravation des mœurs privées et politiques, un abîme de maux et bientôt l'anéantissement de l'homme. La morale doit gouverner le monde ; toute nation qui s'affranchira de son noble joug expirera dans les perturbations sociales honorons et pratiquons la morale, mes Frères, si nous voulons conserver intacts le bien-être pu­blic et la liberté.

« La Maçonnerie ne vit que par elle et que pour elle ; la Maçonnerie est la religion universelle, c'est l'amour des hommes, suivi 'de résultats positifs ; c'est la bienfaisance fortement sentie, portée au plus haut degré d'oubli 'de soi- même; car, mes Frères, qu'est-ce qu'un amour muet, inerte, sans efficacité ? que signifierait une réunion de per­sonnes qui, étrangères, insensibles aux peines, aux mal­heurs d'autrui, rapporteraient tout à elles seules, n'auraient de sollicitudes que pour elles seules, n'auraient enfin de consolations et de larmes que pour leurs propres dou. leurs? Une telle agrégation d'individus/ serait une mons­truosité, elle serait destructive de tous les liens qui nous attachent au monde; elle serait anti-sociale.

g< Oui, niés Frères, la morale, prise dans toute l'étendue, dans toute la signification du mot, doit être notre règle .à tous; les lois appropriées aux coutumes, à l'esprit des peuples, ne sont, par cela seul, que relatives et consé­quemment changeantes ; la morale est, immuable , son 'principe vient de. Dieu, elle est éternelle comme lui.

« La base de l'existence de la Maçonnerie, l'âme de tous nos désirs , c'est la charité ; la charité, fille du ciel, cette Vertu sans laquelle il n'y a rien de beau, rien de noble en ce monde, la charité tourne au profit de l'humanité nos affections et nos plus délicates dispositions ; elle dirige notre cœur vers l'acte qui honore et élève l’homme, elle nous rapproche, nous identifie, pour ainsi dire, avec l'au­teur de notre être.

« Tolérance, charité, amour, voilà, mes Frères, toute las morale chrétienne; voilà toute la science maçonique.

« Que dit la Maçonnerie à ses adeptes? que leur enseigne- telle à tous?.... Aimer les hommes comme soi-même, sans exception, sans réserve; aimer jusqu'à nos ennemis, consoler les infortunés, leur tendre une main secourable, ne se considérer, dans ses talents et ses richesses, que comme le dispensateur des dons du G\ Architecte de l'univers, remplir avec conscience et honneur toutes les obligations que notre position, soit politique, soit privée, nous pres­crit; enfin, ne jamais chercher son propre intérêt, niais le sacrifier à l'intérêt général.

« Voilà, mes Frères, les devoirs quo la Maçonnerie nous impose à l'égard des hommes, à l'égard de la société toute entière, et ce que le Maçon, qui comprend parfaitement son mandat, réalise tons les jours.

« Cependant, mes Frères, qu'objectent ses détracteurs contre la sagesse et la pureté de ses doctrines ? Eh que n'objectent pas les passions et la haine, en dépit de la rai­son —On oppose à la Maçonnerie les écarts de quelques-uns des ses membres, comme Si des enfants qu'elle dés­avoue' et des mœurs qu'elle réprouve influaient sur la bonté de nos usages ; comme si des Maçons, infidèles et parjures, dégradaient la vérité, la beauté de ses enseignements et la dignité de notre mission, par cela seul qu'il se déshonorent.

« Ah ! malgré les attaques incessantes de ses ennemi elle ne pourra jamais être convaincue d'avoir proclamé des préceptes démoralisateurs ; ils ne pourront jamais lui re­procher d'être restée sourde aux cris de liberté poussés par les nations opprimées ! Loin de là; c'est elle, au con­traire, qui, par sa morale simple et majestueuse, par des actes sans nombre de courage et de dévoûment, a le plus contribué à détruire la tyrannie, à adoucir les mœurs par les flots de lumière qu'elle a lancés dans le monde, et par ses maximes philanthropiques, à humaniser les mor­tels, en les liant tous par des devoirs réciproques, par cette mutualité de sentiments, qui seuls font la force et le bon­heur.

« Oui, mes Frères , la Maçonnerie a été le berceau de la liberté ; c'est du sein de nos temples qu'en ont jailli les premiers rayons. Persécutée, c'est au pied de cet autel qu'elle a trouvé un refuge assuré ; ce sont nos Frères qui l'ont proclamée la souveraine de l'univers, et en ont par­tagé les immenses bienfaits. Qu'on nous signale, qu'on nous cite une contrée où l'humanité, les lois, les sciences et les arts règnent avec plus d'énergie, où la liberté do­mine avec plus de puissance que dans les climats où notre institution existe.

« Je vous le demande , mes Frères, que seraient deve­nues ces lois des anciens législateurs, lois qui sont res­tées debout après l'extinction successive des peuples pour lesquels elles avaient été créées ? que seraient-elles devenues si elles n'eussent point été l'expression fidèle et rigoureuse des devoirs de l'homme envers la société, si elles n'eussent point représenté l'honneur comme notre seul guide dans cette vie ? si enfin, elles n'eussent été le type de la morale la plus épurée ? Que serait devenue la Maçonnerie elle-même, si elle n'eut embrassé dans son ensemble toutes les obligations que la vertu nous impose à tous, et elle n'eut été le résumé complet des devoirs que notre position sociale doit nous inspirer ? Tous, les efforts de ses sectateurs pour la soutenir, pour la propager, eussent été vains, sans aucun doute ; elle se fût écroulée avec fracas , comme un édifice reposant sur des bases défectueuses et sans solidité.

« Ah ! tant que la Maçonnerie ne cessera de dire à ses adeptes : Dépouille-toi pour couvrir km frère, oublie les injures qu'on t'a prodiguées, tends la main à ton ennemi même et secours-le dans son malheur, honore la vieil­lesse, chéris et respecte la femme car elle est ta mère, protège l'enfance, arrache-la aux séductions dangereuses ; ah! tant que ces nobles sentiments seront professés par notre Ordre, nous serons fiers de lui appartenir, et notre existence entière sera consacrée au maintien et à la pros­périté d'un si grand édifice.

« Que le G\ Arch\ de l'univers nous soit en aide. »

Le Vén\ ayant invité les FF\ visiteurs qui auraient à gratifier l’Ate\ de quelques Pl\, à vouloir bien de­mander la parole. Le F\ Chanay manifeste le désir d'être entendu et vient occuper la tribune. L'atelier qui connaît sa belle réputation lui prête une attention soutenue, et le F\ Chanay prononce d'improvisa­tion, un discours que nous regrettons vivement d'af­faiblir en le reproduisant :

« TT\ Ch\ FF\,

« Je cède à l'entraînement, à l'émotion qu'ont fait naître dans mon cœur comme dans les vôtres, les mâles et nobles accents, les paroles puissantes des O\ qui viennent d'occuper tour à tour la tribune. — Je n'ai pas la pré­tention de m'élever à leur hauteur, mais j'éprouve le be­soin de les payer aussi mon tribut d'admiration, d'expri­mer banalement la joie vive et sincère que je ressens en voyant la Maç\ comprise dans ce congrès maçonique comme elle l'est dans l'Or\ de Lyon. — Ainsi se réalise mon vœu le plus ardent, celui de l'unité de vues et de pensées dans la maç\, présage le plus certain du triom­phe de notre belle institution, dont les principes doivent un jour régir le monde. — Sur ces principes, nous som­mes parfaitement d'accord ; et c'est d'enthousiasme que j'adopte tous ceux si éloquemment proclamés et dévelop­pés par les O\ qui m'ont précédé.—Avec ces dignes FF\ je me plais à reconnaître leur puissance et leur efficacité pour faire atteindre à la Maç\ le saint et noble but auquel elle aspire.

« Mais le plus fécond de ces principes, c'est là charité. —En elle la Maç\ possède un levier immense dont elle doit souvent faire usage. — La charité résume en quelque sorte toutes nos doctrines, car la charité c'est l'amour, et l'amour universel; c'est l'abnégation et le dévoument. Ce­pendant, comme je ne veux pas aborder ce sujet qui est immense, je me contenterai de formuler ma pensée d'une manière moins abstraite, et je parlerai seulement de cette charité large, féconde, bien comprise et bien appliquée dont cette Loge vient de nous donner un si bel exemple. Grâces vous en soient rendues , TT\ ch\ FF\ Vrais Zélés, vous avez voulu préluder à votre fête par un acte de charité, et vous, avez donné à cet acte le caractère d'une haute moralité. Cet exemple ne sera pas perdu. —Trop de gens croient en effet que faire le bien c’est jeter du pain à la misère, et que ce pain donné, le devoir est rempli; vous avez compris le vôtre autrement, Vous Maç\ chalonnais, et vous avez dit : donnons à Manger à ceux qui ont faim, vous avez dit aussi ; moralisons les masses et donnons à l’aumône le caractère de la bienfaisance; appre­nnes à celui que le sort a maltraité qu'il lui est !possible d’adoucir ses rigueurs, indiquons-lui-en le remède dans le travail et l'économie. Et vous avez posé le premier, appareil\., et votre oeuvre de bien est devenue une oeuvre de haute portée morale. —Par elle, 24 enfants vont marcher vers un avenir meilleur, puisque vous avez promis de veiller sur eux et de les aider en les encourageants; ils vous devront donc de devenir des ouvriers, laborieux; d'excellents citoyens. —Honneur à vous, TT\\ FF\, vous avez bien mérité de la maç… car vous le savez, améliorer le sort matériel et intellectuel dos hommes, telle est la sainte, mission A laquelle nous nous  som­mes voués.

« Envisagée sous un antre point de vue non moins important, la Maç\ est éminemment propre à enseigner et faire aimer les devoirs du citoyen, car elle a un culte pour toutes les vertus, et le patriotisme en est une des plus su­blimes. Elle doit donc, en ces jours d'isolement et d’égoïsme, soulever intrépidement son drapeau et faire en sorte que les couleurs n'en soient pas ternies »

Ici l'orateur démontre d'une manière rapide et précise l'excellence des principes maçoniques, prouvée selon lui par les écrits des sages de tous les temps.

Il n'est pas une, vérifié que la maç\ ne s'approprie et ne proclame, dit-il , pas une belle action qu'elle ne revendique, pas une vertu qu'elle ne sache honorer. —Caton fut un Maç\,et avec lui Socrate, Platon, Ciceron, qui, animés du feu sacré, purent fournir aux hommes de graves et précieux enseignements, à l'aide desquels ils purent connaître et apprécier d'utiles vérités. Nous aussi, nous pouvons à leur exemple revendiquer une large part des résultats obtenus dans les temps modernes et des con­quêtes écrites aujourd'hui dans notre droit public et dans nos Codes ; ces résultats, nous les devons à l'émission d'idées vraies, de principes généraux que l'on s'est efforcé de faire triompher sagement.

« Continuons notre oeuvre, TT\ Ch\ FF\, et poursui­vons la réalisation de tous les progrès possibles dans l'ordre moral. On vous l'a dit avec cette chaleur d'âme et cette conviction profonde que nous serions heureux de rencontrer dans tous les hommes, que nos orateurs pou­vaient se permettre quelques excursions dans le domaine de la politique. Je suis de leur avis, mais je ne veux dans nos loges que ce que vous y voulez tous, c'est-à-dire de la politique dégagée des petites influences du moment ; des principes généraux réduits à l'état de pure théorie, dont nous pouvons affirmer ou nier que l'application soit profitable au bonheur de l'humanité.— Car nous ne de­vons pas oublier que c'est à l'intelligence surtout que la Maç\ a le droit de parler, mais qu'elle doit éviter avec le plus grand soin de s'adresser aux passions en faisant des applications erronées, des allusions injustes dont le moindre inconvénient serait de troubler la bonne harmo­nie et l'union si nécessaires pour donner à nos travaux de satisfaisants résultats.

« Toutes ces vérités que je ne fais qu'effleurer, ont trouvé de dignes interprètes dans les, FF\ que vous, venez d'entendre; qu'il me soit donc permis de le dire encore une fois, mes FF\, parce que je me complais dans cette idée. La Maç\ est généralement bien comprise , et comptant dans son sein tant d'hommes de mérite qui tra­vaillent à la propager, elle a encore de beaux jours à se promettre et de nombreux succès à espérer.

« J'ai long-temps été tenu sous le charme par les bril­lants orateurs qui se sont succédé à cette tribune. J'avais besoin de soulager mon cœur avant que la parole fût ac­cordée aux nobles talents dont se glorifie, la Loge des Vrais Zélés— Lyonnais, vous le savez, cette loge a été relevée par un homme qui a pris, naissance dans notre ville, qui là aussi, a reçu l'initiation et l'éducation maç\, nous l'avons compté comme un des ornements de nos At\ Pouvait-il propager d'autres principes que les nôtres? Devons-nous être surpris qu'il y ait simultanéité d'efforts et unité de vues entre cette Loge et nous ? Aussi, Vrais Zélés, la Maç\ lyonnaise suit-elle avec satisfaction les succès brillants de votre At\ naissant, et vient-elle, par la présence d'un grand nombre de ses enfants , vous en­courager en disant :

« Jeunes Maçons, vous avez laissé déjà loin derrière vous vos aînés; puisse-t-il arriver bientôt l'instant où toutes les Loges comprendront comme vous la sainte mission qu'elles se sont imposée le jour où elles ont ouvert un temple à la sagesse et à la vérité!! »

« TT\ Ch\ FF\., il s'est dit aujourd'hui de trop bon­nes choses, nous en entendrons encore de trop utiles, pour que vous ne livriez pas à l'impression le procès-verbal de cette mémorable solennité. Je réclame cette faveur au nom de tous les FF\ ici présents , et disons-le au nom de la Maç\ digne de participer aux bienfaits et aux avanta­ges de la publicité qui féconde si rapidement et si, rapide­ment les idées utiles\ La publicité a manqué long-temps à la Mn\, et cependant quelles sent les vérités qui peuvent le mieux affronter cette publicité, si ce ne sont celles proclamées et développées chaque jour à nos tribunes?

« Animés du désir de resserrer plus intimement encore le faisceau maç\, pénétrés de la nécessité de vulgariser »ni principes et nos opinions sur une foule de question de la plus haute portée, nous avons fondé un journal (La Revue Maçonique) , chargé de remplir cette mission. Vous seconderez nos efforts, TT\ Ch\ FF\, et vous vous associerez à notre oeuvre, car nous comptons avec assu­rance sur cette précieuse coopération.

« Mais c'est assez vous parler de moi, j'ai hâte de quitter cette tribune que vont occuper si dignement vos orateurs. Je ne puis me refuser plus longtemps au plaisir de les entendre  »

Rien ne saurait rendre le sentiment ineffable d'ad­miration et de sympathie que produit sur l'At\ cette brillante improvisation prononcée au milieu du recueillement général; mais à peine est-elle terminée, que d'unanimes applaudissements se font spontanément entendre, et des murmures flatteurs reconduisent le F\ Chanay à son fauteuil.

Suite\.


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