GO Procès verbal : Fête d'Inauguration de la R\L\ des Vrais Zélés 29/04/1838

Discours des visiteurs : Le F\ Bresson et F\ Gabriel

Le Vén\ prévient l'At\ que l'ordre des travaux appelle à la tribune les FF\ qui se sont fait inscrire pour prendre la parole, en commençant par les Visi­teurs. La Loge, dit-il, apprendra avec plaisir qu'un digne frère, qui a consacré soixante ans à l’étude des vérités maç\, et voué sa vie à les proclamer, veut bien nous procurer la faveur d'occuper quelques ins­tants notre tribune.

Le F\ Bresson, de Villefranche, à qui il avait fait allusion, prononce le discours suivant

« Ch\ et TT\ FF\ ,

J. J. a dit qu'il n'est pas bon que l'homme soit « seul, que les âmes humaines veulent être accouplées pour valoir tout leur prix. La force unie des amis, comme celle des lames d'un aimant artificiel, est incomparablement plus grande que la somme de leurs forces particulières. Divine amitié! c'est là ton triomphe! »

« Ainsi, mes FF\, s'exprimait l'ami des hommes, le grand citoyen de Genève.

Dans ce jour de solennelle réunion où de toutes parts accourent des FF\ unis par ce doux sentiment de frater­nité, je vais essayer de vous esquisser ce que je ressens pour vous, mes FF\, animé que je suis par la douce pensée d'une tendre amitié et d'une union parfaite. Les sociétés Maç\ , par l'excellence de leurs maximes, l'intimité de leurs membres, par le lien qui les unit tous, par le profond respect pour les institutions des pays qu'ils habitent, par leur tolérance pour toutes les croyances qui y sont professées, présentent assez bien à leurs sectateurs l'attrait ineffable de la tendre union, de la douce amitié ; les loi!, les usages, la morale de cette auguste association, tout en fait une agrégation éminemment sage, philanthrope et incontestablement religieuse. En peu de lignes, mes FF\, pour ne pas abuser de votre bienveillance et de vos moments précieux, je me bornerai à vous présenter brièvement les avantages de l'amitié, ses ressources dans notre ordre illustre et prouverai, sans de grands efforts, que cette vertu est l'apanage des sociétés Maç\

« En effet, mes FF\, sans la Maç\ que d'hommes estimables , sous beaucoup de rapports, seraient à toujours éloignés les uns des autres , et cependant bien dignes de s'aimer, de s'estimer! que de bonnes actions, qui n'auraient pas cette extension que le concours de tous les FF\ rend plus considérable et plus éclairée dans la distribution des secours! O aimable réunion d'hommes sensibles et géné­reux! Dans ce jour de plaisir et de bonheur, que de bien vous produisez! que de pleurs vous allez sécher! que d'in­fortunes vous allez consoler! que de jouissances inexpri­mables nous allons tous nous procurer !

« Eh !mes FF\, quelle preuve plus convaincante nous est offerte aujourd'hui! Voyez ce que produit cette vertu chérie des VV\ MM\ Voyez tous ces FF\ accourir de loin pour assister à l'auguste solennité où l'amitié nous convie! Que d'actions de grâces nous vous offrons, RR\ FF\ de Châlons! l'inauguration de votre Temple est une Auguste cérémonie, une mémorable fête, dont le souve­nir sera durable et ne s'effacera jamais de notre esprit, soit par l'accueil fraternel que nous y recevons, soit par la solennité de tout son objet !

«  Ah! mes FF.., combien de trésors on puise dans l’ami­tié ; l'homme y trouve la sagesse et le bonheur ! Mai comment te définir„ ô pprécieuse amitié, si l'on ne te donne le beau nom de vertu ? qui mérita mieux ce titre auguste? T'appeler sentiment, ce serait te confondre avec l'amour; te nommer talent, c'est te supposer prévention de l'esprit; te croire une passion, c'est te déshonorer, jouis donc de ta qualification de vertu ! tu en inspires le goût; tu en ex­primes les traits et tu en fais les fonctions. La sagesse te dirige , la candeur t'annonce ; en toutes occasions tu est l'ornement du vrai M…!

«  Cicéron, ce bel ornement de l'antiquité surnommé à juste titre le prince des orateurs, après avoir traité dans ses oeuvres de toutes les sociétés, dit, comme s'il eût eu en vue notre ordre :

« De toutes les sociétés, il ne s'en trouve point de plus nobles, de plus fermes que celles où des hommes vertueux, des amis réunis par leurs mœurs douces et épurées s'unissent par les liens de l'estime et de l'amitié, des vertus sont capables de nous émouvoir aussitôt que nous les voyons dans un autre, et nous rendent amis de ceux en qui nous pensons qu'elles se trouvent. »

« Vous voyez, mes FF\, par ce léger extrait des pen­sées de ce savant immortel que j'ai transcrit textuellement de ses Offices, quelle haute idée il s'était formée des asso­ciations où l'union, la paix et l'amitié règnent!

« Le roi prophète, dans son saint enthousiasme, en composant ses poésies sacrées, s'écriait, psaume 132 :

« Ecce quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum. — Qu'il est doux qu'il est agréable d'habiter parmi les FF\ vivant ensemble dans l'union.

« Si je ne craignais pas, mes FF\ d'abuser, de votre indulgente et généreuse patience à m'écouter, je prolonge­rais mes citations; je vous démontrerais l'utilité de l'amitié parmi les MM\, le bonheur qu'elle procure et les heureux effets qui en résultent.

« Mais, mes RR\ FF\, c'est inutile; cette inestimable vertu, tous mes FF\ qui me font la faveur de m'entendre en sont vivement pénétrés et mettent constamment, en pratique les maximes de sagesse et de haute vertu ,qu'ins­pire la Maç\

« Prions le G\ Arch\ de l'Univers de toujours les faires .régner dans l'ordre Maç\, qu'il daigne bénir nos travaux, consacrer ce Temple à la concorde et à l'amitié, et qu’il ne s'y élève jamais que des cantiques en actions de grâce et de reconnaissance pour ses ineffables bienfaits\

La parole grave et bienveillante de cet honorable vieillard est écoutée avec recueillement et respect, on y admire les sentiments généreux d'un cœur ardent, d'une belle âme dont les années n'ont pu refroidir le zèle et paralyser les brillantes facultés.

Le Vén. invite le F\ Gabriel à monter à la tri­bune. La Loge manifeste par un murmure flatteur tout le plaisir qu'elle se promet en entendant ce T\ C\ F\ dont elle a déjà eu occasion d'apprécier le talent oratoire, et qui s'exprime ainsi :

TT.. CC.. FF\,

« Elle sera à jamais célèbre dans les fastes de la Maç\ cette grande solennité qui nous rassemble aujourd'hui au­tour de l'autel de la fraternité que les Vrais Zélés ont voulu sanctifier par une nouvelle consécration et par un nouveau dévaluent à nos bienfaisantes institutions\.. Idée grande, pensée généreuse que nous retracent avec bonheur et comme à l'envi tous ces emblèmes si vrais, si caractéris­tiques que les mains habiles des arts et du bon goût se sont plues à offrir dans cette enceinte à notre vive admiration!

« Oui , M\ FF\, ce concours de tant de Loges amies, empressées de répondre au signal de FF\ bien-aimés; ces riches bannières qui flottent de toutes parts et dont. les ingénieux hiéroglyphes excitent les plus doux sentiments, ces accords harmonieux d'une musique suave et pénétrante, cet At\ déjà si remarquable par ses utiles trais\, par ses membres et par ses progrès toujours croissants dans le vaste champ des connaissances sociales, cet At\ brillant d'un éclat encore plus vif sous ces voûtes resplendissantes aux yeux comme à la pensée de lumière et d'enthousiasme, tort vient ici pénétrer le cœur de délicieuses sensations , tout y ranime le zèle, tout y vient attiser le feu de la cha­rité fraternelle.

« Dans cette imposante et sublime exaltation des senti­ments les plus généreux, entouré d'images en même temps si grandes et si gracieuses de bonheur et de pros­périté, le vrai maçon, dans un recueillement philosophi­que, cherche à se rendre compte de tout ce qu'il éprouve, et bientôt il s'aperçoit qu'ici la science est à côté des jouis­sances matérielles et qu'il se trouve placé dans une sphère de progrès bien au-dessus de celle où se meut si lentement, si péniblement, l'ignorant et prof\ vulgaire. Il éprouve alors le besoin de communiquer à ses FF.. le fruit de ses méditations, et de puiser dans une heureuse réciprocité les lumières qui lui manquent pour arriver au but où se di­rigent tous les efforts de la Maç\, c'est-à-dire à l'émanci­pation matérielle, et intellectuelle de ses frères encore plongés dans Ies ténèbres de l'ignorance et de la servi­tude.

« Permettez, M\ F\,à un vieux disciple de la philoso­phie maç\ de développer ici quelques idées sur le but et le véritable, caractère de notre association. Pourrais-je le faire dans une circonstance plus favorable, quand je me vois en ce moment environné de tant d'apôtres zélés dont l'ins­truction profonde et les lumières éminentes sont consacrées à la défense et aux progrès des principes humanitaires, quand j'ai le précieux avantage de m'adresser à des hommes dégagés de tout préjugé vulgaire et dont les cœurs sont tou­jours prêts à s'ouvrir aux mâles impressions de la vérité des maçons enfin, exercés depuis longtemps à la prati­que de toutes les Vertus qui amurent aux sociétés civiles une félicité durable et exempte de ces funestes perturba­tions qui travaillent et agitent de toutes parts les vieilles sociétés humaines.

« M\ F\, le véritable but de la Maç\, je dirai presque son but unique, est de concourir par des efforts communs, par des trav\ soutenus, par des institutions philanthropi­ques, surtout par la réforme de notre éducation popu­laire, au triomphe de l'égalité parmi les hommes et de la fraternité universelle; grande et sainte conquête poursui­vie par tous les réformateurs, depuis la naissance des so­ciétés humaines jusqu'à nos jours.

« Le passé des sociétés Maç\, comme celui des nations dort sur l'océan des siècles, mais son avenir, qu'aucune chance de mort ne menace, se porte librement en avant et marche avec majesté à travers les abîmes des ans. C'est à nous, hommes libres et indépendants, à hâter ses pro­grès et à consommer ses grandes destinées.

On fait remonter l'origine de la maç\ jusqu'aux siè­cles reculés où l'Egypte offrait à l'admiration du monde ses institutions et ses lois, et l'on dit que passant ensuite en Europe, accueillie par les premiers chrétiens, elle a Puisé de nouvelles forces dans l'établissement de leur re­ligion, et surtout dans les persécutions exercées`contre les sectateurs du Christ qui, pour éviter les regards inquisi­teurs des empereurs romains, et pour exercer leur enthousiasme, étaient obligés de s'envelopper des ombres de la nuit, dans d'Obscurs souterrains, et d'avoir recours à dés signes et à des cérémonies symboliques. Toutefois les hommes, vraiment pieux et dévoués, s'exposaient au martyre pour la défense de leur foi, et pour faire adopter aux hommes, avec les dogmes de leur religion, les princi­pes d'une morale plus pure et d'une meilleure civilisation. Mais depuis , sous l'influence de prêtres ambitieux et hypocrites, la religion du Christ, cette religion si belle, si pure dans sa source, est devenue un abyme affreux où la raison se suicide au milieu des ténèbres.

« D'un autre côté, les gouvernements qui se sentent vieux, décrépits et faibles, parce qu'ils ne sont pas appuyés sur les bases de l'éternelle justice, réunissent tous leurs ef­forts pour s'opposer au torrent du progrès qui, les menace et qui déjà les entraîne ; mais ils ont beau vouloir immo­biliser le monde ; les peuples qui se rajeunissent sans cesse, se rient de leurs efforts impuissants et de leurs ter­reurs. Ils veulent, en dépit de tout, donner libre carrière à leur activité, à leurs forces, à leurs passions.

« C'est donc cotte double influence de prêtres corrompue et de gouvernements stationnaires qu'il s'agit de combat­tre avec les armes de la, sainte philosophie ; et cette tâche si noble, si glorieuse, n'est-ce pas aux vrais Maçons, quI toujours se sont montrés à la tête de la civilisation, qu'il appartient de la remplir?

Il est temps, M\ F\, que la fiction fasse place à la réalité. Pour les hommes du progrès, pour les V\ M\, temple de Salomon à la reconstruction duquel nous travaillons sans relâche, c'est ce vaste édifice social auquel tous les philosophes des siècles passés, tous les amis de l'humanité travaillent à l'envi avec cette persévérance imperturbable qui devait assurer, dans nos temps modernes, triomphe de leurs principes et de leurs immortelles doctrines.

« C'est dans l'intérêt sacré de la régénération sociale, c'est pour la défense de l'auguste vérité que Socrate boit la ciguë ! c'est pour la liberté que Caton se perce le cœur! Ah! c'étaient bien là de vrais M\ que tous ces hommes de conviction et de dévoûment qui ont si noblement sacrifié leur vie pour l'affranchissement et le bonheur de leurs semblables !! Quel cœur généreux pourrait s'offenser d'en. tendre ici l'apologie du sacrifice qu'ils ont fait à leur pa­trie de leur sang précieux? Eh quoi! appellerez-vous dis­sertation politique ces élans patriotiques où l'imagination du V\ Maç\ aime à se retracer les noms et la mémoire de ceux qui furent justes, bons et courageux selon la na­ture et selon l'éternelle justice, et qui donnèrent à leur pa­trie et à la postérité d'aussi beaux exemples d'abnégation personnelle. Maçons, vous êtes les premiers héritiers des maximes sociales que tous les philosophes de l'antiquité ont présentées à leur siècle et au vôtre , comme le type auguste d'une régénération humanitaire.

Ne craignons donc pas, M\ F\, de porter atteinte à nos institutions ou à nos statuts en cherchant à nous éclai­rer sur les véritables principes qui doivent constituer l'état social, et en nous efforçant de répandre ensuite et de faire fructifier au sein de la société prof… ces semences de féli­cité que nous cultivons dans nos temples avec tant de suc­cès?

N'oublions pas que, marqués du sceau indélébile de la Maç\, nous devons à nos concitoyens le tribut de bons exemples et de courage civil. Le courage civil, M\ F\, 'est encore, dans ces teMps de fluctuation politique, une vertu peu cerrimune.'11 ne faut pas se le dissimuler; le drapeau de la philosophie progressive est pour bien des mains difficile à porter et à conserver pur et sans tache.

Un drapeau gène souvent la paresse ou la lâcheté. Il faut le défendre, quelquefois succomber avec lui. Lorsqu'au contraire on en efface les couleurs et que l'on se proclame l'ami de tout le monde, on peut marcher tranquillement entre tous les partis, recevant sa part de butin avec le vainqueur, et serrant la main du vaincu. Rien n'empêche même de proclamer que l'on tient à un parti qui n'existe pas, mais auquel on a l'air de croire. Cette tactique n'est pas nouvelle, et, à toutes les époques de crise, on a vu s'é­lever de ces drapeaux neutres sur lesquels on avait écrit : indifférence.

« Mais le vrai philanthrope n'a rien de commun avec ses eunuques politiques, il n'attend pas l'amélioration de l'hu­manité de recettes économiques , mais de l'avancement des idées. Il prouve qu'il aime les hommes en appuyant ce qui est bien, en combattant ce qui est mal, et en mour­rant, s'il le faut, pour la cause de tous. En un mot, le véritable philanthrope est tout simplement un homme qui comprend ses devoirs et qui les remplit.

« Et tel est, M\ F\, le V\ M\, car, je n'en doute au­cunement, vous ne faites pas seulement consister cette qualité du V\ M\ dans la pratique routinière, et inté­rieure de quelques cérémonies surannées et dans l'observa­tion ridiculement scrupuleuse des rite qui ne sont plus en harmonie avec la maç\ du IX° siècle.

« Le Maçon philosophe doit aussi, sans crainte, se pro­duire au dehors avec ses convictions et avec la résolution ferme et inébranlable de ne pas reculer devant le ,danger et de proclamer la vérité lorsqu'il sera convaincu, que la manifestation de ses principes peut contribuer au bonheur de ses semblables. Le culte de la Maç\ n'a de bornes que celles de l'humanité ; sen influence doit donc s'étendre sur tout ce qui a rapport au bien-être intellectuel et matériel de la société prof\ C'est pourquoi toutes les questions qui se rattachent à cette grande idée, soit qu'elles aient rapport à l'individu ou aux masses, doivent être libre­ment agitées dans nos temples.

Loin de moi, M\ F\, en vous parlant de paisibles et philanthropiques discussions, loin de moi la pensée de vouloir soulever, dans nos tranquilles réunions, des questions trop acerbes et trop irritantes. Je sais que la politique est bannie de nos Temples, et à Dieu ne plaise que je cher­che à en faire une arène tumultueuse où les débats au­raient pour but la critique amère et directe des actes ou des institutions d'un gouvernement établi. Oh! laissons au -temps le soin de venger l'humanité des persécutions des méchants. Restons calmes et impassibles jusqu'à ce qu'arrive l'heure dé la délivrance des peuples; la patience et la résignation sont aussi des vertus Maç\ Toutefois je pense que, libres dans nos pensées comme dans nos actions, nous pouvons, sans nous écarter des bornes d'une polémique générale et inoffensive pour quel gouvernement que ce soit ; je pense dis-je, qu'il ne nous est pas interdit de rechercher les causes de l'asservissement et des maux qui pèsent depuis tant de siècles sur le genre humain.

Non, je ne viens point ici saper vos autels ni insulter vos dieux ! j'ai dans le cœur tout ce qu'il peut y avoir de dévoûment et de vénération pour les véritables principes ; mais je suis, M\ F\, de mon siècle, et ma foi toujours vive, toujours progressive cherche son aliment ailleurs que dans des pratiques superficielles qui n'en im­posent plus qu'aux esprits faibles et qui font sourire la raison.. Si vous voulez toujours rester en arrière, dirai-je à ceux qui ne veulent pas faire un pas de crainte de blesser quelques susceptibilités que, toutefois, je respecte, moi à qui mes convictions disent que telle n'est pas, la destinée de l'humanité, humble ouvrier, je laisserai tom­ber mon marteau de mes mains comme un instrument inutile; j'irai chercher ailleurs ces nobles inspirations qui élèvent rame, ces travaux précieux qui concourent au per­fectionnement et au bonheur de mes semblables. J'irai de mander à la sainte philosophie des secours contre l'aveu­glement des hommes, contre les préjugés funestes, contre l'injuste orgueil des grands de la terre, contre la basse flatterie qui caresse et fait les tyrans.

« Je terminerai ici, M\ F\, ces réflexions qui, peut- être ont trop long-temps fatigué votre longanimité. Mais j'avais besoin d'épancher mon cœur et de déposer toute ma pensée dans le sein de cette réunion ,de M\ aussi distin­gués par leur zèle que par leurs lumières. Si je me suis trompé, vous pardonnerez à mon erreur en faveur de la pureté de mes intentions.

« Je reviens à l'objet particulier de la grande solennité qui nous rassemble aujourd'hui :

« Très Ch\ F\ de la Resp\ L\ des Vrais Zélés, les Amis de la Nature et de l'Humanité sont fiers de l'auguste mission que votre bienveillante amitié leur a confiés, et cette mission est un nouvel et précieux anneau de la chaîne fraternelle qui doit unir à jamais nos deux Ateliers. 'Male qu'aviez vous besoin de cette régénération qu'un zèle trop scrupuleux provoque aujourd'hui, vous dont les cœurs n'ont jamais cessé de battre pour la sainte cause de l'hu­manité ? Et cette foi maç\ que vous prétendiez être éteinte parmi vous , et qui , sous ces voûtes majestueuses , exhale encore le parfum de ses douces inspirations; cette foi maç\, l'aviez-vous donc abjurée, lorsque dans un autre temple déjà si vénéré vous avez toujours donné le tou­chant exemple de toutes les vertus qui distinguaient les en­fants de la V\; lorsque dans la société prof\ vous vous êtes constamment montrés bons pères, bons époux, bons amis, bons citoyens? Ah! n'en doutez pas, M\ F\, aux yeux des amis de la Nat\ et de l'Hum\, aux yeux de tous les Resp\ At.. dont les dignes représentants viennent, en ce jour, unir leurs vœux aux nôtres, vous avez toujours été les Vrais Zélés de la grande famille, et corn- me aux beaux jours d'un printemps réparateur, le soleil dissipant les neiges et les frimas qui, pendant la triste saison, couvraient notre hémisphère, s'élève toujours ma­jestueux, toujours nouveau, quoique toujours le même à nos regards impatients de jouir de ses rayons bienfaisants; ainsi la resp\ Logo des Vrais Zélés couverte pendant quelque temps d'un léger nuage, apparaît à l'horizon maç\ brillante de jeunesse et de force, et portant dans son sein le gage assuré d'un avenir sans perturbation et d'une intarissable félicité. »

Ce discours, où la magie et le coloris du style s’u­nissent à la vigueur et à la sublimité des pensées, pro­duit sur l'auditoire la plus vive impression, le F\ Ga­briel, en quittant la tribune, reçoit les félicitations de tous les F\ placés près de lui à l'Or\

Suite\.

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