GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 03/2013

Impressions d’Initiation

Ce qui m’a le plus frappé au cours de ces deux séances, c'est l'accueil distant et protocolaire qui m'a été réservé. Aussi bien la première que la deuxième fois que je suis venu au temple, à peine j’avais prononcé un seul mot que je me retrouvais les yeux bandes avec une cagoule sur la tête.
Pourquoi me bander les yeux alors que je n’avais aucune mauvaise intention ? Qu’est-ce que le fait de me plonger dans le noir pouvait-il bien signifier ?

Ce ne fut pas seulement une impression mais ce supplice a tellement dure longtemps lors de la cérémonie de passage du bandeau que j’ai presque eu envie de m’enfuir, de me dérober en douceur. Je commençais à me demander si j'avais bien réfléchi, ce que je faisais là, tout seul dans une pièce dont j'imaginais mal la configuration sans rien voir et sans avoir la moindre idée sur le temps que ça puisse encore durer.

Plus le temps passait, plus il faisait chaud sous la cagoule, plus je transpirais. Toutes sortes de pensées me traversaient l’esprit dans tous les sens. Les bruits étranges de portes qui s’ouvrent et qui se referment, ces bruits de vague que j'entendais et auxquels je n’étais pas habitué l’inquiétaient aussi. J’avais presque failli être pris de panique. Mais je me suis vite ressaisi.

Impuissant et désarmé
C’était déjà assez inconfortable et il est difficile de garder son calme quand on a les yeux bandes dans un lieu que vous ne connaissez pas, au milieu d”une assemblée dont vous ignorez totalement la composition. Mais si en plus vous êtes prive de l'usage de vos mains parce que celles-ci sont réellement enchaînées, votre vulnérabilité se trouve automatiquement décuplée. Je me suis senti totalement à la merci de personnes dont j’ignorais tout et incapable de me défendre en cas de danger.

Dans mon esprit, c”est aux condamnés à la peine capitale qu“on conduit sur le lieu d’exécution qu’on bande les yeux et qu’on enchaîne les mains. Quel est le sens de cette mise en scène aussi funeste ? Je me suis posé à plusieurs reprises cette question notamment en découvrant le décor macabre qui m’entourait dans la cellule de réflexion au moment où j’avais été autorisé à ouvrir les yeux. Je croyais bénéficier d’un répit en ouvrant les yeux, malheureusement je n’avais gagné que le droit de rédiger mon testament.
Et pendant les trois voyages de purification j’aurais aimé avoir l’usage de mes yeux afin de me préparer psychologiquement aux épreuves qui n'avaient rien de purement symbolique.

Lorsque j’ai entendu parler des différentes étapes du processus d’initiation, je n'avais jamais imagine un seul instant que les épreuves à subir pouvaient être à ce point réelles, autrement dit qu’elles n’avaient rien de simulées.

Ces instants étaient graves et solennels, éprouvants physiquement, mes genoux s’en souviennent. Mais qu’importe les supplices, je ne pouvais pas un seul instant oublier qu’à travers ces épreuves je tenais la une chance que n’avait sans doute pas tout le monde, la chance de devenir un Franc-Maçon.
 
Conforté
C’est alors que la douleur était balayée de mon corps qui en devint insensible. Et dans mon esprit, la force de la conviction balayait tous les doutes. Je prenais surtout conscience que l’engagement que je signais ainsi de mon sang n'était pas un jeu. Je me sentais plutôt fier
d'être accepté et appelé à rejoindre cette communauté d'hommes et de femmes dont l’humanisme, la tolérance et le progrès sont au centre des préoccupations :

J’ai dit
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 46 - 30 avril 2013  -  Abonnez-vous

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