GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 10/2012

Le Blanc et le Blanc

Quel véritable paradoxe que pour évoquer le silence, il faille nécessairement le briser, il faille nécessairement faire usage de ce qui apparaît de prime abord comme son opposé, son contraire, a savoir le verbe, le son, la parole.

En effet, le silence est avant tout considéré comme une absence de bnrits. Mais cette absence de sons perceptibles par l'homme n'est en aucun cas assimilée au néant, au vide. Le silence n'est jamais synonyme de Rien. Bien au contraire le silence laisse libre cours à notre imagination et de ce fait, se prête à une multitude cfinterprétations. Le silence est donc en soi un Symbole. En Orient, le silence intervient en grande partie dans le secret de la
sagesse. Comment est-il vécu dans la civilisation Egyptienne et en quoi le silence est'il indispensable au cheminement spirituel de l'Apprenti Franc-Maçon. Lorsqu'un profane frappe a la porte du Temple et demande à être reçu maçon, le silence est le premier symbole auquel il est confronté et il y sera astreint pendant toute la durée de son apprentissage.

Ainsi, apres avoir été introduit dans l'entrée du Temple, le profane est aussitôt pris en main, on lui bande les yeux, on l'accueílle, on l'introduit dans le cabinet de réflexion afin qu'il y rédige son testament philosophique à la lueur d'une bougie. C'est dans ce lieu de désolation et de tristesse qu'il decouvre, après qu’Anubis l'Expert lui eût ôté son bandeau, l'endroit, les murs noirs du cabinet de réflexion. Le terme même «cabinet de réflexion» interroge. Car ici le profane se retrouve tel un prisonnier condamné à mort dans son cachot, contraint de se taire et d'écrire son testament. Tout ceci avant de mourir bien entendu à sa vie profane, c'est-à-dire à sa vie d'avant, celle qui le tenait prisonnier de ses illusions, des apparences, de l'égoïsme et de la mesquinerie. C'est ainsi qu'il est amené à réfléchir sur lui-même, sur le sens qu'il a donné à sa vie, qu'il y donne aujourd'hui et parfois sur son absence de sens, ou sur ce lieu macabre rappelle en plusieurs points la caverne de Platon, une cabane initiatique ou un temple. Ici règnent en maîtres, le noir de l'obscurité et le silence absolu nécessaire à la mise en place d'un processus de méditation.

Le mythe de la Caveme de Platon met en scéne des hommes enchaînés dans une grotte d'où ils ne perçoivent du monde extérieur que les ombres projetées sur la paroi arrière de leur prison. Ils croient ces images biens réelles alors que la réalité intelligible appartient à celui qui séjoume dans la lumiére, à l'extérieur de la caveme. Autrement dit, pour bien réfléchir, il faut se soustraire des bruits, il faut savoir s'abstraire du quotidien, savoir se retirer du monde, rentrer en soi même sans se préoccuper de ce qui se passe à l'exterieur.
C'est la rencontre du dedans, avec notre dedans, qui ne doit pas se laisser distraire par le dehors.
Aller dans le dedans ne veut pas dire quitter le monde, le monde vivant et turbulent puisqu'il ne s'agit que d'une mort purement symbolique.

Aller librement dans le dedans, c'est aussi et plutôt pouvoir revenir plus fort et plus sûr de soi dans le dehors.
Cest parce que l'etre se sent fort de ses bases, de sa solidité acquise par l'initiation qu'il vit le dehors dans une sérénité nouvelle. Le silence poun'ait donc être le symbole de ce nouvel Homme qui vient de naître par l'exposition à la lumiere et qui doit laisser la Parole le pénétre par un travail sur lui-même. Le cabinet de réflexion apparaît clairement comme un lieu de transmutation, le cabinet noir où l'alcl1imie spirituelle fait son œuvre et commence lentement à imprégner le mental du profane.

Car rien de ce qui advient à la lumière, au rayonnement qui ne se fait dans le bruit et la fureur. La lumiere naît des ténèbres, du travail lentement accompli par l'être intérieur qui, peu à peu trouvera son propre soleil, son propre joyau.
Il s'agit de mourir de ce que nous sommes aujourd'hui pour advenir à quelque chose de nouveau. C'est dans le cabinet de réflexion que l’on abandonne ses préjugés ses jugements de valeur ou l’on meurt à soi-même. Le silence du cabinet de réflexion pourrait ainsi exprimer le
deuil de llego profane qui autorise llaccès au sacré, tout comme le rituel de la mort dans l'ancienne Egypte est le passage obligé vers la vie éternelle.

J'ai dit,

Hertseger Déesse du Silence
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 40 - 30 octobre 2012  -  Abonnez-vous

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