Te souviens-tu, mon F\, ma S\, de la dernière Saint Jean d'hiver. Notre F\ Vén\ M\ d'alors était venu poser la main sur notre épaule et nous avait désigné une gravure de Janus qu'il avait affichée au mur. A l'époque, nous étions apprentis et nos yeux captaient avidement des bouts de symboles, même si le sens profond nous en échappait probablement.
Je m'en souviens, mon F\, ma S\, Nous avons appris depuis que Janus, avec sa double tête, l'une tournée vers le passé, l'autre vers l'avenir, était le dieu des portes du temps dans la mythologie romaine. La tradition chrétienne s'en est inspiré pour célébrer deux moments forts de l'année : le jour le plus long, le solstice d'été où Jean le baptiste est célébré. Et le jour le plus court, le 27 décembre où Jean l'apôtre est honoré. Deux Jean, deux « anges ›› gardiens des portes saisonnales.

Je me demande, mon F\, ma S\, si les fêtes des solstices sont bien ce qu'elles paraissent ? Celle d'été si joyeuse, celle d’hiver si solennelle. On dirait deux points ou le soleil semble arrêter sa course. D'ailleurs, c'est ce que dit leur racine latine : sol = le soleil et stare = s'arrêter. Celui d'été est le triomphe de la lumière à son apogée.
Celui d'hiver touche aux confins de l'obscurité.
Saison joyeuse, saison sombre. « Jean qui rit, Jean qui pleure » ? Tu crois que tu as raison de douter des apparences, mon F\ , ma S\ . Pas si évident, tout ça ! Ce qui est à son maximum décline. Ce qui parvient à son minimum grandit  Aussi, l'arbre en plein hiver paraît  mort mais les bourgeons en lui sont prêts à percer. Et l'épi mûr du plein été sait qu'il se flétrira bientôt.

C'est dans l'évangile de St Jean : « ll faut qu'il croisse pour que je diminue. »

C'est vrai, mon F\, ma S\. Aux solstices, le jour le plus long marque le déclin prochain de la lumière. Et le jour le plus court annonce la renaissance de la Nature. C’est comme si la mort était une étape nécessaire. La mon du profane pour que renaisse l'homme nouveau. On fête juin et on s'attriste en décembre. On devrait faire l'inverse. Au fond, l'été est le mitan, l'hiver est le matin.

Dis mon F\, ma S\, est-ce que les deux Saint Jean te font penser à quelque chose, dans la Loge ? L`un d'ombre et l'autre de lumière, on dirait nos deux colonnes à l'entrée du temple : la colonne du nord sous l'astre de la nuit et la colonne du midi sous l'astre du jour. Quand on les passe, la porte du temple se referme, comme l'année qui se finit. 12 mois écoulés, fin du cycle, on ne va pas plus loin. « Non plus ultra » (= pas plus loin).

Alors ça ! C'est bizarre. J'ai vu justement cette devise gravée sur une ancienne monnaie espagnole. On y voit deux colonnes et, devant elles, tournoie une banderole. D'abord, on dirait un avertissement pour les aventuriers conquistadors qui ont franchi le détroit de Gibraltar. Tiens ! D'ailleurs, aux temps anciens, ce détroit de Méditerranée s'appelait les Colonnes d'Hercule.

Remarque bien mon F\, ma S\, Hercule avait affronté l2 travaux ! Il y a 12 mois dans l'année ! Tu as raison. La devise « Non plus ultra » peut s'appliquer symboliquement à l`année. Finis les 12 mois, passées les deux colonnes solsticiales, on se trouve à la fin d'un cycle. On ne continue plus. Oui, mon F\, ma S\! Mais on recommence autre chose. S'il y a les deux colonnes, c'est un passage. On ne sait pas ce qu'il y a derrière. Ça peut être une lueur d'espoir.

Une nouvelle chance. Peut-être que les deux Saint Jean nous observent en souriant. L'un sombre et l'autre clair, qui sait de quelle couleur sera la prochaine case ? D'ailleurs, cette pièce de monnaie, j'ai appris qu'elle avait connu une belle aventure. Elle a circulé aux Amériques et elle en est restée le symbole. : Ces deux colonnes gravées sur le peso, deux traits verticaux enveloppés d'un S, c'est devenu le dessin du dollar. La roue tourne. Une pièce de monnaie, le cadran des heures, la planète Terre sont des cercles dont les points de circonférence tourment et reviennent à leur origine. Comme les deux Saint Jean, deux points opposés d'un diamètre.

Le haut retourne vers le bas ou le bas vers le haut dans un recommencement perpétuel, reliant la porte des hommes au chemin des dieux.

Nous avons dit VM\

Athanor