GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 02/2012

L'Initiation : Voyage collectif ou cheminement individuel

Initiation : Si l'on se reporte à une définition générale, c'est littéralement " la mise sur le chemin ", et, plus particulièrement « l'admission à la connaissance des mystères », également appelée mystagogie. Dans un sens plus large et actuel, l'initiation désigne un parcours, un processus qui regroupe des données doctrinales, morales et liturgiques. Dans toutes cultures ou religions, l'initiation est la transmission de la tradition reçue des anciens. L'initiation peut utiliser tous les rituels, toutes les religions, tous les chemins qui mènent l'homme vers l'éveil de la conscience, et la réalisation profonde et vraie de son être. Reliant la réalisation de l'être intérieur à une exemplarité dans le monde extérieur, il est normal que tous les initiés se reconnaissent entre eux, dans tous les espaces, et dans tous les temps. En dehors des groupes traditionnels à tendance ésotérique, théurgique ou alchimique, il existe une initiation chrétienne, soufi, chamanique, africaine, taoïste, druidique, etc. Celle qui nous intéresse ici, est l'initiation maçonnique, son utilité et son implication dans notre vie.

Comme nous le voyons dans notre rite, le futur initié doit déjà avoir une propension à la vertu ; pour être admis à nos « mystères », il doit être « libre et de bonnes mœurs ». Les valeurs de la vertu, il les a déjà en lui, il lui manque un guide, un révélateur. Ne nous trompons pas, la cérémonie que nous avons eu la chance de vivre, n'est que notre « renaissance », et donc, notre entrée en initiation, notre « mise sur le chemin ». Nous ne sommes pas- comme je l'entends trop souvent proférer, avec une fausse modestie- « apprentis toute notre vie », mais des initiés permanents ... Dire que l'initiation est acquise le premier jour, est un leurre qui pousse à la paresse, et à l'autosatisfaction illusoire. Chaque Grade, en Maçonnerie, est une initiation, et nous tous, savons bien où nous mène « l'ultime initiation. Henri BLANQUART, écrivain ayant travaillé la matière védantique, compare l'image que l'homme se fait de lui-même et l'univers, à une vague de l'océan. La vague est la forme de l'homme, et l'océan, son fond, sa vraie nature. «Le contraire de la mort, dit-il, ce n'est pas la vie, c'est la naissance. La vie, elle, est éternelle». Quand on dit qu'une vague meurt sur la plage, c'est une erreur ; seule, la forme de la vague se modifie, mais son contenu, sa nature, son essence, reste identique puisqu'il s'agit de l'eau de l'océan qui continue sa présence, imperturbablement, au sein de l'univers, sans subir la moindre modification. La vague n'est qu'une illusion, et nous devons prendre conscience, que nous sommes partie et totalité de l'univers, l'océan. Les cérémonies maçonniques sont des allégories de cette intemporelle et universelle vérité Les Temples recomposent symboliquement l'univers, le soleil, la lune, la voûte étoilée, les déambulations relatives aux mouvements des astres du jour et de la nuit. Le Niveau et la Perpendiculaire, symboles de toute vie en croissance, à l'image de l'arbre qui est une verticale émergeant d'un sol horizontal, et nombreux autres symboles, nous faisant prendre conscience de notre place dans l'espace – temps. INITIE ! Mais à quoi ? et pour quoi faire ? Et quelle est sa mission dans le milieu qui est le sien ? Après son admission dans le Temple, une épée sur la poitrine, aveugle et dominé par les passions qui l'habitent, le futur initié se prépare à mourir, pour renaître, après les épreuves subies. Cette cérémonie, symbolique, fait prendre conscience des rapports qui existent entre l'homme et l'univers. Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas» ou bien «tout ce qui est dedans est comme ce qui est dehors » mais encore « tout ce qui est personnel est comme ce qui est collectif »

Au début de la cérémonie d'initiation, le Vénérable Maître, s'adressant au néophyte, lui dit. «... C'est pour nous élever au-dessus des méprisables intérêts qui asservissent trop d'hommes, que nous nous sommes formés en Société. Nous travaillons « ensemble »et sans relâche à notre amélioration... » Et, tout au long de notre cérémonie d'initiation, il nous sera rappelé que nous œuvrons pour nous ..., et pour les autres, avec les autres. Le fait de notre admission au sein de l'Obédience, nous impose une obligation de résultat. Nous nous réalisons, pour les autres, et, par les autres. Il est donc raisonnable de penser que le chemin maçonnique est composé de deux voies complémentaires. Si, entre autres préceptes, on impose le fait qu'il faut « apprendre à se connaître soi-même » « vaincre ses passions » « soumettre sa volonté » « élever des Temples à la vertu » « creuser des cachots pour le vice », le corollaire immédiat nous fait aboutir au fait que ce travail, tout d'abord personnel, n'a de sens que s'il est relié au monde, par des actions réfléchies, voulues et volontaires. L'initié n'est pas un ermite qui bâtit son existence aux confins du désert, il est nanti d'une mission, il doit rayonner, se faire reconnaître par les siens, et apprécier par les autres.

Pourquoi choisit-on de se faire initier ? Je n'aurai pas la prétention de répondre ici pour tous mes Frères, je dirai que, pour moi, c'est un grand besoin de spiritualité, une profonde recherche, amenant à une meilleure connaissance de soi, entraînant par là-même, une meilleure connaissance de l'autre, et donc un moyen de mieux communiquer son amour. Ce cheminement, nous en connaissons tous ici l'aboutissement, mais l'itinéraire peut être différent pour chacun, et c'est pour cela que nous devons être unis vers un seul but, mais toujours à l'écoute de l'autre, et, s'appuyant sur les bases solides de nos fondations, pour la construction de notre Edifice. La vérité est unique, les chemins pour l'atteindre sont multiples. En conclusion, je rappellerai, une fois de plus, Socrate : «Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l'univers et les Dieux». Cette devise devrait suffire, pour éternellement nous remettre à notre place de réalité virtuelle, d'hommes et de femmes en devenir. L'homme est un but en soi, et non pas un moyen. Ne laissons pas de côté la chance qui nous a été donnée de nous réaliser. Volontairement, mais aussi par paresse, j'ai laissé dans cette planche, beaucoup de place aux réflexions, aux apports et aux nombreuses questions, que vous ne manquerez pas de me poser, et de vous poser, mais, n'est-ce pas un des buts de notre quête que de nous élever, par la réflexion et l'étude, à l'écoute des autres...

J'ai dit, Vénérable Maître

Gér\ MORW\ - Neter N°31 – GLFMisraïm


Publié dans le Bulim - Bulletin N° 35 - 29 février 2012  -  Abonnez-vous

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