GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 06/2011


Joseph surveille la Moisson en Egypte

Amiens, 1500-1550
Fragment de liyre d’heures appartenant à un recueil factice - Paris
(Amiens, B.m., ms. 0107, f. 013y, 107) Plusieurs passages de l’Ancien Testament mettent en scène des tâches en relation avec la céréaliculture. Ainsi dans la Genèse (41, 46- 49), pendant les sept années d’abondance, Joseph surveille la moisson en Égypte en prévision de la famine. Pendant que les femmes lient les gerbes, les hommes coupent les céréales et chargent des charrettes tirées par des équidés. Le blé est ensuite stocké dans des greniers.
Le blé, plante solaire de couleur jaune dorée est un symbole important dans notre rite. La graine de blé, plantée en terre à l’automne dans laquelle elle séjourne presque 6 mois, qui reçoit l’eau va peu à peu germer. C’est l’hiver, saison où tout semble mort et éteint, qui prépare à la vie la plante la plus utile à l’homme. Ensuite la graine sortira de terre à l’air libre et grâce à la Lumière de RA et à sa chaleur va poursuivre sa croissance. L’analogie entre le profane et l’homme initié aux mystères de la F\M\ saute aux yeux : les épreuves de la Terre, de l’Eau, de l’Air et du Feu sont toutes présentes dans ce processus de vie.
La maxime V.I.T.R.I.O.L. (Visita Interiora Terrae, Rectificandoque, Invenies, Occultam Lapidem) s’applique ainsi au blé. Le blé qui sort de terre va croître en un épi porteur de plusieurs autres graines. L’épi est un transmetteur, un porteur de vie. C’est lui qui travaille pour les graines, leur apportant par sa tige, l’eau et les nutriments puisés dans le sol. Il les soutient et les aide à se fortifier. L’épi porte en lui la vie.

Le FF\ que je suis se compare à l’épi : il porte ses travaux qui, une fois semés vont germer dans l’atelier et apporter de nouvelles graines ou idées qui enrichiront ses FF\. Dans le rituel du solstice d’Été, il est noté que dans le cortège apportant la vasque où doit être allumé le feu symbolique, un F\ C\ porte le blé. Le V\M\ demande au F\ 2nd Surv\ : « Pourquoi cette gerbe de blé à côté du feu ? » Réponse : « Parce que le blé symbolise le don de la vie ». Une fois fauché, puis moissonné et transformé par le travail de l’Homme, le blé est réduit en farine. A son tour, la farine façonnée, mélangée à l’eau, au sel, pétrie, laissée à reposer puis enfournée à la chaleur donnera le pain, aliment de base de nombreuses civilisations. C’est cette savante alchimie, symbiose entre la production de la Nature et l’Intelligence de l’Homme concrétisée par son Travail, qui permet au blé d’être ce « don de la vie ». Le pain lui-même, avec sa croûte et sa mie peut encore être comparé par analogie à l’Homme et à la Graine.

Le levain ajouté à la farine, à l’eau et au sel
permet, après repos de mûrir. La culture du blé marque pour l’Homme le début de sa sédentarisation, et permet au nouvel Homme- Paysan d’appréhender le temps différemment :

Désormais, le temps s’écoule ou s’égrène en fonction du rythme des labours, semailles et
moissons.
Le cycle nourricier se poursuit, inexorablement en fonction du cycle solaire des saisons. Mais attention car le blé est la céréale la plus connue et la plus ancienne travaillée par l’Homme. Elle est la plus croisée et parfois, génétiquement modifiée pour la rendre stérile et ainsi asservir des Hommes à d’autres. Le cycle risque de se rompre si les apprentis sorciers poursuivent ces desseins. Vigilance mes FF\.
Les symboles du blé sont nombreux mais certains sont quasi incontournables.

Symboles du blé
Le blé est à la fois symbole d’unité et de multitude. Un seul grain est porteur en lui de cette multitude. Le grain de blé est symbole de potentialité dans la multiplication possible. Pour perdurer l’espèce, des grains doivent être « sacrifiés ». C’est par la mort d’un grain que d’autres seront portés à la Lumière.
Le blé est symbole par excellence du cycle de mort et résurrection. L’épi de blé est l’emblème d’Osiris, Dieu mort et ressuscité. Chez les Grecs, les mystères d’Éleusis le rattachent à Déméter, Déesse-mère qui a révélé aux hommes les secrets de l’agriculture. Triptolème, son fidèle, a répandu ses bienfaits notamment ceux de la culture du blé. C’est surtout l’enlèvement de Perséphone (fille de Déméter) par Hadès (Dieu et roi des Enfers, Souverain des morts) qui l’emmène sous terre pour l’épouser, qui illustre le mieux ce cycle de mort et résurrection. En Effet, de par la désolation de Déméter qui néglige les récoltes, la terre ne porte plus de semences. Zeus envoie alors Hermès chercher Perséphone. Celle-ci ayant été obligée d’avaler une graine de grenade la contraignant de revenir passer 6 mois sous terre avec son époux, cela nous ramène à la symbolique christique de mort et de résurrection, où le Christ passe lui aussi sous terre avant de renaître.

Le mythe de Déméter illustre l’alternance des saisons et donc le thème de mort/résurrection, semblant passer obligatoirement par l’épreuve de la Terre.
Le blé, et par développement le pain, est aussi symbole de partage. Le rituel du premier degré ne dit-il pas que nous sommes une « alliance universelle d’hommes éclairés pour travailler en commun au bien être intellectuel et moral de l’humanité ». C’est « en commun » et donc en partageant que nous construisons l’édifice.

Identique au grain de blé, le Maçon, après s’être intériorisé et avoir visité la Terre, révèle son potentiel individuel sur l’épi où il rejoint ses F\F\ qui, ensemble, pierres taillées vont être « rapprochées d’une forme en rapport avec (...leur...) destination », c'est-à-dire prendre la place qui leur est dû dans l’Edifice que l’Intelligence aura décidée pour eux. L’Intelligence peut ici être apparentée au G\A\D\L. °.U. °.
Le grain de blé seul semble n’être Rien, alors que groupé ou mort il est Tout. Un le Tout, Tout le Un.

Le champ de blé peut donc s’apparenter à La Loge. Champ de blé dont on retrouve l’unité visuelle. Par exemple quand le vent souffle, le champ semble n’être qu’un seul volume se mouvant à l’unisson. Unité aussi du champ si l’on songe à l’avenir de tous les grains.

Un Frère de la Maçonnerie Universelle
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 29 - 30 juin 2011  -  Abonnez-vous

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