GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 05/2011

Horus - L'Orateur

Vénérable Maître en Chaire, Dignitaires qui décorez l’Orient, Mes Sœurs et mes Frères en vos degrés et qualités, Je vais vous lire ma planche en vue de mon passage au grade de Compagnon.

Voilà un peu plus d’un an que je suis Apprenti Franc Maçon, ce premier degré après mon Initiation, voué au silence. Ce silence, moment de sérénité intérieure, a été propice à l’observation, aux ressentis, à l’introspection, à la pratique de notre rite enrichie par les réunions d’instructions. Cela a suscité des questionnements qui attisent ma recherche de Vérités. Tout ce temps, j’ai siégé au nord de la loge, dans la partie la moins éclairée. Et, me voilà invité aujourd’hui, sous les feux de rampe, entre les 2 colonnes de lumières Force et Beauté, à m’exprimer, pour vous faire l’exposé de mon sujet : «L’ORATEUR (HORUS) ».

L’Orateur est membre du collège des officiers et siège à l’Orient. Il éclaire notre Loge avec le Secrétaire et le Vénérable Maître. Ils symbolisent les 3 lumières de la Loge.

L’Orateur, élément masculin, est associé au Soleil, dont la représentation figure sur le mur oriental du Temple sensiblement au dessus de sa tête et aussi en bijou accroché à son sautoir. Il illumine la colonne du Midi, symbolisant la connaissance directe, immédiate et intuitive par opposition à la Lune, élément féminin (associée au Secrétaire) qui brille sur la colonne du Nord et symbolise, quant à elle la connaissance indirecte mais réfléchie.

Le soleil se lève le matin, culmine au Zénith, décroit, puis disparaît dans les ténèbres pour renaître le lendemain de toute sa force et sa splendeur. Il est source de vie. Il donne équilibre, santé et épanouissement. Il fortifie, glorifie. Il correspond à l’élément Feu (un voyage de notre initiation) et s’oppose résolument à la Lune, l’élément Eau (autre voyage de l’initiation). Ils se nourrissent l’un et l’autre de leur perpétuelle opposition.

Par la symbolique de la circonvolution solaire, l'Orateur, est le garant pour chaque Maçon de l'esprit de l'Initiation et décrit notre cheminement de vie maçonnique. Il agit pour la fidélité au logos, au verbe créateur, au principe métaphysique. Sa rigueur n’est jamais du rigorisme ou de l'intolérance, mais de la compréhension et de la synthèse. Par analogie à la Maçonnerie opérative en Egypte antique, la construction des pyramides, n’est pas la résultante d’un travail approximatif, mais plutôt d’un suivi des règles, d’un respect scrupuleux des plans pour pouvoir réussir à ériger des édifices solides pour l’éternité.

L'Orateur ne cédera jamais à l'orgueil, personnel ou collectif. Il forme le Triangle de la Sagesse avec le couvreur et le Secrétaire. Il compose aussi le Triangle de la Parole avec le Vénérable Maître en tant qu’officier de la parole orientée et avec le secrétaire qui lui agit en officier de la parole fixée.

Sur le plan alchimique, le Soleil renvoi au principe hermétique du souffre et de l’or. Le souffre (vu dans le cabinet de réflexion précédent notre initiation) symbolise l’esprit et l’ardeur par rapport au Mercure (sous la forme du coq, présent également dans le cabinet de réflexion) qui symbolisent la hardiesse et la vigilance. Dans le métal, Le soufre en était l’âme, le « fixe » tandis que le Mercure en était le corps, le « volatil ».

L’Orateur veille au respect des usages, des traditions, de la Loi Maçonnique. Son sautoir représente un livre ouvert ou figure les inscriptions Loi.°. Maç.°. « Loi Maçonnique ». Il doit connaître la Tradition de l'Ordre, les Règles de la Grande Loge Française de Misraïm et le règlement particulier de notre Loge Neter n°31. Il est la conscience de la loge et le miroir devant lequel il doit nous renvoyer si nous manquons à nos devoirs…. Il s’affranchit alors de toute autorité et, s’il le juge opportun, peut intervenir dans les débats pour faire appliquer la loi, les constitutions et surtout pour nous maintenir sur la voix juste du Franc Maçon.

L’Orateur donne ses conclusions en fin de travaux et nul ne peut revenir dessus. Il assiste au dépouillement des scrutins et signe les planches tracées. L’Orateur n’est pas seulement le fidèle gardien de la constitution et des règlements généraux de Misraïm pendant la durée des travaux de sa loge. Il endosse parfois aussi une lourde, délicate et exigeante mission : celle de porter la voix des membres de son atelier lors de cérémonies particulières. La responsabilité s’épaissit alors d’une indispensable fidélité que les mots doivent traduire sans jamais trahir. L’exercice peut s’avérer difficile et douloureux lorsque l’inspiration manque, la plume traîne et que l’échéance approche…

La réception, les passages de grade, les célébrations d’anniversaires ou les oraisons funèbres soulignent aussi leur élégance par la rigueur et la solennité des propos adressés à ceux qui sont honorés. Les propos de l’Orateur sont dignes, emprunt de respect, et chargés d’une fraternité sans cesse réaffirmée.

Si le Vénérable Maître mène une action agissante, l’Orateur, lui, mène une action de résistance, gage de régularité et de pérennité de la Loge.

Dans la maçonnerie égyptienne que nous pratiquons à Misraïm, L’Orateur représente les Neterou, c’est à dire les qualités intrinsèques attribuées au Dieu Horus. Horus est l’initiation royale. Il est au-delà des quatre éléments, le degré suprême, la perfection transcendant la lumière de l’Âme. Horus, nom grec, est un Dieu à multiples facettes de mythologie égyptienne. Hor, signifie (Celui qui est au-dessus) ou (Celui qui est loin). Il a une tête de faucon portant la double couronne et auréolée d'un disque solaire.

Il est le faucon céleste dont l’œil droit est le soleil et l’œil gauche la lune. C’est sous cet aspect qu’il recevait un culte à Nekhen, l’Hiérakonpolis grecque. À Héliopolis, il était vénéré en tant que Horahkty, l’Horus de l’Horizon, concurremment avec Rê. En tant que tel, il était à la fois le soleil du matin et le soleil du soir. Dans les textes des pyramides, le roi défunt ressuscite sous cette apparence de faucon solaire. Par un syncrétisme fréquent dans la religion égyptienne, Horakhty finit par fusionner avec le démiurge héliopolitain, sous la forme de Rê-Horakhty. Dans le mythe Osirien, Horus est surtout le fils d'Isis et d'Osiris. Pour rappel, Osiris assassiné par son frère Seth, est ramené à la vie, le temps d'une union, grâce aux efforts conjugués d'Isis et de Nephtys. C'est de cette union miraculeuse que naîtra Horus.

Horus est appelé à devenir la manifestation du pouvoir solaire sur Terre, celle du Pharaon sur l'Égypte. Protégé par sa mère Isis à l'abri des papyrus de la ville de Chemins, dont il est le patron, il s'estime le seul dépositaire de l'héritage d'Osiris, mais se montre, au début, incapable de gouverner.

Pour venger la mort de son père Osiris, Horus doit d'abord vaincre son oncle Seth et faire la preuve de sa maturité.

Après un violent combat où il finit par vaincre Seth, Horus est jugé "juste de voix" par les grands dieux cosmiques. Cependant, sa légitimité sera sans cesse contestée par Seth.

Son triomphe rejaillira ultérieurement sur tous les rois victorieux et les défunts vertueux. Il est par-là même le premier des pharaons. Les rois d'Égypte sont considérés comme les incarnations du dieu Horus, protecteur surnaturel de l'Égypte appelé à rejoindre Osiris après sa mort. À l'opposé de Seth qui représente le Mal, Horus incarne le principe du Bien, mais il ne faut pas réduire la vision complexe des égyptiens au dualisme moderne.

Lors de son combat avec Seth, Horus perdit son œil gauche, qui sera reconstitué par la suite grâce à Thot. Appelé Oudjat, cet œil, que les Égyptiens portèrent sous forme d’amulette, possédait des vertus magiques et prophylactiques. Il rendait invincible et apportait la clairvoyance

Cette partie du mythe est le symbole d’une évolution de la conscience menant à l’avènement de l’homme réalisé. Lors de son premier combat, Horus est animé par le désir de vengeance. C’est son animalité, son aspect terrestre qui dirige son action. Seth, quant à lui, est le prince de la matière. Horus est le feu destructeur qui incontrôlé anéanti la vie. Il est le maître de la "terre Rouge" du Sud et le maître du désert. Contre lui aucune colère ne peut être efficace car c’est lui-même qui fait naître cette force. Ainsi animé, Horus ne pouvait vaincre. Il va donc sacrifier son œil gauche. Symboliquement, cet œil est en liaison avec la Lune. Il symbolise le monde terrestre, la vie qui se perpétue à travers les cycles infinis de mort et de renaissance. Il symbolise le monde chaotique de la Nature invasive et les forces d’attraction et de répulsion. L’œil droit quant à lui est l’œil solaire. L’œil indestructible source du feu supérieur d’Amon.

En sacrifiant sa partie destructible, Horus permet à Thot, maître des sciences sacrées, de reconstruire son œil en respectant l’harmonie secrète des nombres. Cet œil devient donc magique car il permet de voir au-delà des apparences. Il permet à Horus de prendre conscience de la géométrie sacrée qui régit toute manifestation de la vie. Il voit les plans du Grand Architecte de l’Univers. Ainsi armé, Horus ne peut que dominer Seth car il comprend le rôle de celui qu’on appelle l’Usurpateur. Il lui donne alors le cadre nécessaire dans lequel il peut exprimer sa puissance sans détruire le monde.

Ce mythe symbolique nous montre un chemin difficile. Il nous dit que pour accomplir notre destinée, il faut faire mourir une partie de soi-même afin que naisse une nouvelle conscience. Il nous dit qu’il faut dominer notre rationalité, notre cerveau gauche analytique et qu’il faut le guider par la conscience d’une science sacrée, d’une harmonie universelle qui ne siège pas dans notre cerveau, mais dans notre cœur.

C’est cela l’esprit de l’initiation par laquelle nous sommes passés.

La restauration de l’œil d’Horus, œuvre solaire, rappelle la reconstitution du corps d’Osiris, œuvre lunaire. L’œil d’Horus est associé au feu purificateur.

Bien plus qu’observateur, l’œil divin, représenté dans le Delta à l’Orient, est dispensateur de Lumière, de Force.

La Quête de l’œil unique consiste à rechercher l’élément créateur pour faire l’opération inverse de retour à l’origine, pour remonter vers l’œil divin et repasser à travers lui.

L’Etre, délivré de son état humain, atteint sa délivrance, à l’issue des voyages qui le mène aux limites de toute manifestation, il traverse le miroir représentatif de l’Esprit divin, présent comme sujet absolu en tant que racine à l’intérieur de l’homme. En s’identifiant à ce miroir universel, le sujet échappe à toute « objectivation » et retourne à l’esprit divin originel qui voit tout.

Car l’œil de l’esprit, présent toujours et partout, contient toute chose en puissance.

Quand l’intellect humain passe par l’œil d’Horus, alors il s’élève à l’unité du principe universel pour porter un regard sur la multiplicité des mondes, des choses, des pierres qui brillent de tous leurs reflets pour l’éternité.

Mais n’oublions pas que c'est en Horus que nous devrons nous présenter le jour dernier. Efforçons nous donc de rester sur la voix juste du Franc Maçon, de travailler toujours davantage à façonner notre pierre, de construire autour de nous un monde plus harmonieux avec l’aide de la Règle, de l’Équerre et du Compas. Ne perdons pas une occasion de nous élever, toujours, toujours plus haut en mettant en application quotidiennement les enseignements de note Orateur. Regardons-nous plus souvent dans le miroir que chacun de nous a reçu lors de son initiation pour examiner sa conscience et n’oublions pas d’écouter les conseils du silence d’Apprentis plutôt que de s’emporter parfois sur des paroles hasardeuses. Continuons mes Sœurs et mes Frères à semer inlassablement le verbe d’Horus en nos semblables au-delà de notre Temple, il finira par germer. Enfin, je ne puis terminer cette planche, sans m’adresser à mes Sœurs et mes frères Apprentis, pour leur marteler, si cet exposé n’en est pas une illustration, ô combien le décryptage du symbolisme Maçonnique est passionnant et nourrissant.

J’ai dit Vénérable Maître,

JP\ - Neter 31

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 28 - 31 mai 2011  -  Abonnez-vous

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