GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 11/2010

Editorial du Sérénissime Grand Maître

Parmi les symboles qui nous entourent, s’il y en a un qui ne prête pas à interprétation farfelue, c’est bien la corde accrochée aux murs qui protègent les temples maçonniques, partout dans le monde, et quel que soit le rite pratiqué.

Ce symbole évident, miroir de la chaîne d’union, représente la fraternité qui unit les franc-maçons au sein d’une grande chaîne universelle. Les lacs d’amour (au sens d’enlacer et non d’étendue d’eau) évoquent le frère ou la sœur, mais aussi par extension, la loge voire l’obédience. Chaque « nœud » (repris également dans la chaîne d’union lorsqu’elle est courte et que les bras des participants sont croisés) étant à la fois un point d’entrée des énergies et des enseignements reçus et un point de sortie où, renforcés, bonifiés et purifiés, ces courants vont à nouveau se répartir tant au sein du microcosme que, plus généralement, dans le monde profane. Bien sûr, on peut évoquer ici, les chakras, les séphirot, l’alchimie, etc. On peut, tout aussi bien, résumer

simplement par une phrase du rituel « porter à l’extérieur les bienfaits des préceptes reçus à l’intérieur ». Cette notion d’ouverture est renforcée par la présence, aux bouts de la corde de houppes dentelées qui, elles mêmes, s’apparentent au symbolisme des grenades situées en haut des colonnes J et B.

Car mon propos mensuel portera sur le rayonnement. Il est, à mes yeux, essentiel et ce, pour plusieurs raisons.

La première est que la franc-maçonnerie est une société ouverte sur le monde, qui accueille des frères et des sœurs de toutes origines sociales, de toutes religions et de toutes cultures. En ce sens, elle est profondément laïque y compris si, à la Grande Loge Française de Misraïm, nous pratiquons une maçonnerie spiritualiste. « Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis » disait notre Frère St Exupéry. Car c’est par la diversité, et la tolérance qu’elle induit, que l’on recueille cette richesse rare. Il ne serait pas raisonnable et peu fraternel de la garder pour nous seuls ! De plus, cette ouverture nous préserve de toute tentation sectaire irrémédiablement incompatible avec les valeurs que nous défendons.

La seconde repose sur lesdites valeurs : Le franc maçon ne se contente pas d’affirmer. Il prouve. Il ne se contente pas de prouver, il démontre par son comportement de tous les jours. Les maîtres mots sont constamment les mêmes : Liberté, Égalité, Fraternité et pour ce faire : Sagesse, Force, Beauté sans oublier sa variante « égyptienne » : Vie, Force, Santé auxquels s’ajoute, bien entendu, l’étude des rituels et du symbolisme. Cette volonté de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue, de l’être et de la société qui l’entoure, doit être permanente. C’est ainsi que l’on repèrera un frère ou une sœur au milieu d’une assemblée et que l’on aura envie de faire sa connaissance.

L’organisation de la loge doit reposer sur le même concept. Quelle que soit la qualité des membres et des travaux qui y sont pratiqués, elle se doit de rayonner de trois façons : En ouvrant ses portes aux visiteurs de toutes obédiences amies mais, aussi et surtout, en initiant. L’apprenti est un rouage indispensable au bon fonctionnement d’une loge. Il est symbole de régénérescence. Il force, par sa présence assidue sur la colonne du nord, les frères et sœurs, compagnons et maîtres, à redoubler d’efforts pour l’accueillir, pourvoir à sa formation, l’intéresser et l’inciter au travail du symbolisme. Il justifie cette « hiérarchie » des degrés et la progressivité de l’enseignement maçonnique qui veut que des paliers soient nécessaires dans l’escalier à vis qui monte vers la connaissance. Une loge qui n’initie pas est vouée naturellement à une disparition progressive.

La troisième façon « d’irradier » d’un atelier est d’avoir la sagesse d’enfanter lorsque l’effectif de la loge est devenu trop important. J’ai connu, en d’autres lieux et en d’autres temps (que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître...) le plaisir d’essaimer en créant d’autres loges. Je souhaite à tous de vivre cette expérience passionnante qui reflète, de plus, une dynamique digne des plus grands bâtisseurs...

L’obédience, enfin, doit être un exemple de rayonnement. Comment ? En veillant à une pratique du rituel impeccable et à une administration rigoureuse sans oublier une fraternité sans faille. Ceux qui ont en charge son bon fonctionnement doivent être irréprochables. Ils doivent mettre de côté les divergences de point de vue, les antipathies éventuelles, pour se consacrer entièrement à l’essor de la Grande Loge Symbolique et à sa progression harmonieuse. Les participants à notre dernier convent ont pu constater combien nous nous étions améliorés dans ce domaine. Il nous reste encore beaucoup de progrès à faire même si, aujourd’hui, tout laisse à penser que nous sommes sur la voie royale.

Un frère bien connu de l’obédience développe depuis des années l’idée qu’il faudrait que chaque frère et chaque sœur entreprenne la démarche de faire entrer un profane. Ainsi, dit-il, nous doublerions nos effectifs sans tomber dans un prosélytisme effréné. Outre que cette solution, de par sa logique implacable, peut séduire, et même si elle n’est pas partagée de tous, elle a au moins un mérite : celui de mesurer l’engagement et le rayonnement.

Si l’enseignement maçonnique est suivi et compris, le temple intérieur de l’homme s’ornera de ses plus beaux atours alors, les Rois, les Dieux, la chance et la victoire seront à tout jamais ses esclaves soumis et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire, il sera un Homme et bien plus encore, il sera un Frère.

Eric JACQUES - SGM

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 22 - 30 novembre 2010  -  Abonnez-vous

B022-1 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \