GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 10/2010

La Géométrie

Entamant ce vaste chantier, je sais en ces premières lignes que je ne saurai qu'en effleurer le sujet, auquel tout maçon cependant doit s'attacher, tant nos rituels, nos symboles en sont imprégnés; à plus forte raison les maçons de rites égyptien puisque nombre de philosophes desquels nous nous inspirons puisèrent leurs connaissances et la base de leurs méditations au coeur de l'Égypte et de ce Temple.


La géométrie est l'un des éléments les plus importants dans l'art des bâtisseurs, désignée parfois sous le terme « d'Art du Trait» ou « d'Art Royal» cette science est l'apanage du Maître d'oeuvre... cette science de la mesure de la terre, objet des mathématiques, (du grec mathema, la connaissance, ce qui est enseigné), qui fut offerte aux hommes selon la mythologie égyptienne par le Thot ibiocéphale ou second Hermès, bien loin de nos mathématiques modernes quand à son but et outre son utilité pratique était support de la philosophie, c'est ce qui ressort par exemple de l'introduction du papyrus Rhind, qui traitant des mathématiques nous en a transmis cette définition : « Méthode correcte d'investigation dans la nature, pour connaître tout ce qui existe, chaque mystère, tous ses secrets ... Par le scribe Ahmès, qui a copié cette copie.

Réservé aux classes sacerdotales cet Art était donc comme nous le montre cette introduction objet d'une initiation et d'une transmission dont malheureusement bien peu d'écrits subsistent, si ce n'est à travers les nombreux ouvrages laissés à la surface du Pays, pyramides, obélisques, temples dont on peut encore de nos jours méditer les proportions et faire revivre les règles suivant lesquelles on les a élevés, la science dont ils renferment les éléments... Ou encore à travers l'héritage que la Grèce en reçut ... à travers Thalès, Pythagore, Platon pour ne citer qu'eux
Ces sciences dont Platon nous dit qu'il « reste maintenant précisément trois sujets d'études qui conviennent aux hommes libres[...] un de ces sujets d'étude étant le calcul et ce qui a rapport aux nombres[...] la mesure des longueurs, des surfaces des volumes en constituerait un second[...], quand au troisième c'est l'étude des révolutions des astres les uns par rapport aux autres, en relation avec la vitesse naturelle de leur marche » (Platon, Les Lois). Arithmétique, géométrie et Astronomie, auxquelles s'ajoute la Musique dans le quatrivium de l'école Pythagoricienne ... La théologie apparaissant alors dans les écoles grecques comme un savoir mathématique, ou hérité de celle-ci comme il se voit à travers le triangle de 3-4-5 attribué à Pythagore qui servit à découvrir les propriétés des triangles rectangles auquel les égyptiens attachaient déjà la nature universelle, selon les dires de Plutarque, affectant le 4 (le carré élevé sur le côté de la dualité paire), la base, à Osiris principe mâle,[...] 3 (supérieur aux
autres et parfait), la hauteur, à Isis principe femelle ou réceptacle [...]et 5 l'hypoténuse (appartenant d'un côté au Père, de l'autre à la Mère) était affecté à Horus, effet ou fruit l'un de l'autre, étant composé de la Triade et de la Dualité. ...

C'est certainement en pensant à ce triangle particulier que les Pythagoriciens disaient que le Triangle est le principe de toute génération et de la forme de toutes les choses engendrées. N'oublions pas que les historiographes de Pythagore nous assurent qu'il a vécu 22 ans en Égypte où il étudia sous la direction des Grands Prêtres les plus importants de l'Époque. Cette Science permettant de calculer les surfaces, les niveaux, les distances, les hauteurs, est sans doute née en Égypte par les nécessités qu'engendrait la crue du Nil, mais le génie de ce peuple fut de l'appliquer également tant aux calculs astronomiques qu'au domaine des idées, faisant de celle-ci autant un outil pratique que symbolique et philosophique.

"Une méthode correcte d'investigation de la nature ... " disait le scribe Ahmès.
Comprendre les Lois, les règles, l'harmonie du microcosme c'est s'ouvrir aux règles qui régissent le macrocosme ... par voie de similitude, "tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas" ... C'est placer l'être et ses créations au coeur de l'harmonie universelle. Cette harmonie qu'illustre si bien le nombre d'or est les emplois qui en furent fait, à l'imitation de la nature, dans les tracés des Temples par exemple, tout dans la nature étant ordonné selon les rapports de divine harmonie, dans sa création comme dans son développement... ainsi « l'objet de la Géométrie est il de formuler l'informulable, d'inscrire l'immatériel, l'immuable, l'intangible, dans une forme qui le révèle sans le Trahir... donne la possibilité de témoigner du monde divin en l'inscrivant sur un support... pour témoigner du mystère vécu... Elle est l'outil irremplaçable pour donner forme aux concepts, pour tracer les symboles sans s'égarer dans les méandres de l'imagination et transmettre la richesse et la pureté de la pensée symbolique)) nous dit l'auteur Pierre Dangle au nom évocateur...
Ces tracés ont un écho au plus profond de nous- mêmes, Ils sont à notre image, comme nous sommes à l'image du Cosmos. Effectuer un tracer Géométrique, pratiquer la géométrie c'est agir en créant une représentation, un symbole image de notre ressenti, en créant l'objet sur lequel exercer la sagacité de notre coeur et de notre esprit suivant les règles dictées par la nature et en cela les maîtres qui nous précédèrent J'ai dit

RL\ Athanor\
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 21 - 31 octobre 2010  -  Abonnez-vous

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