GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 10/2010

Je ne sais ni lire ni écrire

L’apprenti «ne sait ni lire ni écrire» pour lui le livre reste muet, mais l’auteur du Mutus Liber d’insister : Prie (écoute), lis, lis, lis, relis, travailles et tu trouveras Ora, lege, lege, lege, relege, labora et invenies.

Ne sachant «ni lire ni écrire», il lui reste le recueillement, l’écoute et le travail pour atteindre le sens de la lettre qui lui fait défaut.
« L’écriture, selon toutes les traditions, d’origine sacrée, représente un lien entre l’esprit et l’homme : elle est créée par l’esprit, mais destinée à l’homme qui utilisa les lettres pour représenter l’énergie primordiale créatrice qui fut manifestée par le verbe, le son... »

Nous dit Roger Guasco (le soleil brûle la rosée) Cette idée est la base du Sefer Yetsirah, livre de la formation.
La science de l’écriture également science du nombre, de la géométrie, est symbole et donc langage, qui comme cela vient d’être dit, fait le lien entre l’esprit et l’homme, entre l’homme et sa nature divine, entre l’homme et le divin.
Mais l’homme dans son évolution perdit ce sens divin de la lettre, s’éloigna de la tradition, la lettre servit le profane.
Le profane par son initiation revient à la tradition, à cette recherche du lien qui l’unit à l’esprit, il recherche ce sens premier de la lettre qu’il a perdu, il ne sait plus « ni lire ni écrire », il ne maîtrise plus l’alphabet...
L’alphabet, l’Alpha Béta , l’Aleph Beith א ב ...

De cette racine Aleph Beith א ב, le père, la source, qui évoque la force génératrice, la cause, le mouvement déterminant... la science des permutations (Temura) nous permet
d’écrire Beith Aleph ב א : venir, entrer, arriver, évoquant l’idée de progression ... Beith
Aleph א s’écrit également Beith Vav Aleph ב ו א, évoquant l’action de naître, d’entrer, de venir ou parvenir.

L’apprenti qui vient de re-naître ne maîtrise donc pas la langue symbolique en usage dans la loge, langage, qui doit lui permettre d’entrer en harmonie avec la force génératrice, la source... qui lui permettra de progresser, de faire le lien entre son être et sa parcelle divine ...
Le symbole est langage de l’insaisissable, il offre la liberté de penser par soi-même, de se penser soi-même, de découvrir sa nature intime. Cette lecture-écriture est révélation, on trouve cette notion dans le Coran lorsque le Prophète reçoit la révélation de l’ange Gabriel, Djabraïl, qui lui ordonne « Ikrà », lis  أ ژ إ  
Et le prophète comme l’apprenti lui répond « je ne sais ni lire ni écrire »

« Ikrà » أ ژ إ  est une notion haute, divine, c’est la lecture du cœur ... l’apprenti ne sais pas lire en son cœur...
Il n’a donc pas cette lumière connaissance, il n’émet pas la lumière, ne peut donner, juste peut-il la refléter comme la lune reflète celle du soleil, il est dans la réception, c’est à mon sens le symbole de cet échange entre le maître et l’apprenti «donnez moi la première lettre et je vous donnerai la suivante », il ne peut embrasser la totalité qu’il est obligé de morceler il «ne sait qu’épeler».

Pas à pas, lettre à lettre, l’apprenti fait le chemin vers son point central, recevant de la périphérie, entamant son introspection... Mais à chaque lettre donnée par le maître, à chaque parcelle de lumière reçue, l’apprenti répond par une autre lettre, imprimant ainsi que le maître reçoit également de l’apprenti qui n’est autre que son miroir.
Progressivement, par cet échange, l’apprenti se voit dévoiler la lettre, pour en découvrir l’esprit, y imprimer son esprit ...

C’est par la synthèse, la communion Maître-Apprenti, communion des colonnes que naît le mot, dans la réunion des opposés :
Soleil<*Lune - Lumière<*Obscurité – Soufre <*Mercure - Masculin<*Féminin.
Cet échange est un mouvement, de Solve ↔ Coagula. Qui permet à l’apprenti de faire de son être, qui est livre fermé, un livre ouvert

C’est cette introspection-synthèse que doit mener l’apprenti, guider par les frères et sœurs de la loge sur cette voie symbolique, pour édifier son Temple intérieur, retrouver l’être universel qu’il incarne, s’ouvrir comme la lettre
qui contient le Livre א
Comme les lettres réunies font renaître le mot, c’est par la compréhension et la réunion de la totalité de son être morcelé Corps, Esprit, Ame, que peut renaître l’apprenti.

J’ai dit

Un Frère de la RL\ Athanor\. - GLFMisraïm
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 21 - 31 octobre 2010  -  Abonnez-vous

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