GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 04/2010

Franc-Maçonnerie et Fraternité

Le Dalaï Lama interrogé par un inconnu prononça cette phrase surprenante de simplicité et de profondeur. Celle-ci me permet aujourd’hui de débuter ma planche au sujet de la Fraternité.
"Qu'est ce qui vous surprend le plus dans l'humanité ? ".

"Les hommes... parce qu'ils perdent la santé pour accumuler de l'argent, ensuite, ils perdent de l'argent pour recouvrer la santé. Et à penser anxieusement au futur, ils oublient le présent de telle façon qu'ils finissent par ne vivre ni le présent ni le futur. Ils vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir... et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu".

Le Daladi Lama nous donne une leçon de sagesse. Qui sommes nous pour nous croire si importants et si préoccupés par tant de choses qu’on en oublie l’essentiel ? Les hommes sont des "oublieux" disait un Rabbin ayant vécu les horreurs de la Shoa. Ils pensent être uniques, seuls, et puissants. Capables de dominer, maîtriser, domestiquer le monde qui les a vu naître. Mais savent-ils de quel bois, ils ont été construits ? Imaginent-ils au jour le jour de quel sang ils sont issus ? Et quelle terre les a portés ? Quelles racines les ont nourries ? Imaginent-ils vraiment, comme le disait Claude Nougaro dans sa chanson en hommage à Louis Armstrong : "De quelle couleur peuvent être les ossements d’un mathématicien, d’un banquier, d’un politicien, d’un artiste ou d’un maçon étendu sur le sol après de longues années à espérer rejoindre la Terre ?". La couleur des os ! "De quelle couleur pourrait être le sang d’un habitant du Grand Nord ou des rives de la Mer Noire, des Montagnes Rocheuses, du Sahara, des Bords du Nil ou du Sud de Paris ? ". La couleur du sang ! "De quelle cellule viennent-ils vraiment, ces Hommes uniques et multiples à la fois ?". La même cellule ! Ils croient être issus d’un lointain inatteignable, de leur orgueil, parfois de leur ignorance, ou de leur insouciance, de leur folie... peut être. La réalité les aveugle mais ils ne voient pas la chair dont ils sont pétris. Les symboles et les idées qui les bercent leurs mentent ou les troublent parfois... car ils ne savent pas les décoder, les assimiler et les digérer, si j’ose dire, se les approprier. Le Symbole de Fraternité n’est simple à représenter, encore moins à imaginer. Une main tendue, un regard, une parole, une intention... tant de choses qui parlent en réalité sans que les hommes les entendent. Les hommes en matière de Fraternité ne s’imaginent rien... cette notion les dépasse. Le mot Fraternité sur le fronton de la porte des écoles, a été lu et relu par les Hommes... mais qu’en ont-ils gardé, en ont-ils saisi réellement le sens ? Ces lettres leur parlent à chaque coin des rue mais nul ne s’approprie la déclaration des commandements des hommes qui ont fini par accepter de reconnaître qu’ils sont des frères. En y pensant simplement, cela ne fait aucun doute... certes, ils y croient tous.

Mais les Hommes sont-ils en mesure d’appliquer cette loi naturelle ? Déjà les maçons aux portes du Temple qu’ils construisaient patiemment, avaient conscience de ces notions de Fraternité, qui semblent lointaines. Mais qui sont si proches. Il y a bien longtemps les Maçons d’Egypte comme les Atomes d’une même Molécule au service de l’existence universelle vivaient la Fraternité. Celle qui place les Hommes sur un seul rang... la vie.

En fait, la réalité parle mais les hommes croient encore qu’ils viennent d’un monde qui ne leur appartient qu’à eux seuls, qu’ils ne peuvent partager, qu’ils ne veulent donner.

Les racines qui les ont nourris les ramènent à la réalité chaque jour mais ils s’obstinent à voir en l’autre un étranger venu d’ailleurs. Aujourd’hui, il nous faut parler d’Étrangeté. Ce qui est absurde. Issus du même arbre les hommes sont frères et soeurs mais ils ne le savent pas, ne le croient pas, ne l’acceptent pas. Les Hommes viennent du même arbre, sont animés du même sang, issus du même ventre de notre Mère la Terre comme disaient les Amérindiens ? Tout cela leur a été décrit à travers le sens de la parabole de Caïn et Abel. Qui depuis les débuts de l’existence des hommes leur enseignait la Fraternité. Pour les hommes, admettre qu’ils sont frères est très dur car cela n’est pas inné. Cependant, c’est tellement évident ! En fait, accepter l’autre comme son propre frère est une réelle démarche fraternelle. Il suffit de l’admettre et de tâcher de le vérifier chaque jour. Il est question de comprendre que l’autre souhaite les mêmes choses que soi-même : aimé et être aimé, compris et accepté, être reconnu et connaître la satisfaction d’être au sein du monde... doit conduire chacun des hommes à l’évidence. Cependant, la Fraternité est essentielle, difficile à admettre et à supposer. Non, être Frère n’est pas naturel. L’Homme se doit d’approfondir ses connaissances afin d’être en mesure de considérer l’autre comme lui-même. Et lorsque, convaincu, éclairé, averti, il aborde la vie avec un tout autre oeil, l’homme alors vit pleinement la Fraternité. Chaque souhait, démarche, projet, action, pensée ne se fait plus qu’en un seul sens... tourné en un sens commun... celui des Hommes Fraternels. Car seul l’Homme ne peut rien !

Geo\ SER\ – Un F de la GLF Misraïm

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 17 - 30 Avril 2010  -  Abonnez-vous

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