GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 03/2010

La Liberté

En préambule, puisque l’on me donne la liberté (elle ne se donne pas, on la prend oui.. mais là non..) de m’écarter un peu de mon sujet, je voudrais tenter le lâcher-prise ...Notre sœur Maître à talent nous en a parlé un jour, elle a dit en substance ceci ; « Maçons, nous nous revendiquons libre penseur alors pourquoi ne pas se revendiquer libre parleur, de cette parole désinhibée, libérée du besoin de se justifier, sans crainte d’être juger » Chiche !!

J’ai beaucoup lu pour écrire cette planche, j’ai du reste beaucoup lu dans ma vie mais tant oublier ! L’Alzheimer culturel en somme, j’en perds autant que j’en verse dans cette fichue boite crânienne... J’aurais du abuser du breuvage initiatique que l’on appelle ici l’eau de Mnémosynée ; bref, il me reste surtout en mémoire le « ressenti » de ce que je lis et que j’entends ici et là, disons que je me souviens de la saveur des mets plutôt que leur composition. Pourquoi suis-je entré librement parmi vous ? Peut être pour m’obliger à « chercher » pour trouver des réponses aux questions existentielles que je me pose, par l’étude des textes et jusqu'à la « parole perdue »

Écrire ou lire une planche n’est-ce pas pour beaucoup d’entre nous intégrer Arte ou France culture et s’interdire de « zapper » !! Alors une porte s’ouvre puis une autre ... Victor Hugo disait « La liberté commence ou finit l’ignorance » je ne suis pas loin de mon sujet... Également, à renfort de zèle littéraire, j’en suis encore ici à vouloir faire briller la forme et voiler le fond parce que je trouve plus confortable de me présenter à vous dans un vêtement bien taillé plutôt que dans mon impudique nudité(imparfaite qui plus est !) parce que je n’ai bien évidemment pas fini de tailler ma pierre brute ; c’est un travail difficile de faire taire son ego en loge dans ce décor et ce costume même s’ils ne sont pas signés Roger Hart ni Donald Caldwell. En réalité, je suis ici par Amour et pour l’Amour à donner et à recevoir, au delà du rituel, du symbolisme ésotérique, ici et au dehors, je suis sous l’égide de ma propre religion, ni dogmatique, ni institutionnelle, ma religion essentielle, celle qui permet de s’offrir la liberté de devenir peut-être enfin ce que l’on est.

Un peu d’histoire ; la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » fut adoptée par le Grand Orient De France le 10 aout 1849 : cette devise symbolique emblème de vertu mille fois bafouée, ne prend son sens que dans la foi en l’homme, la croyance en l’autre et ces trois mots s’additionnant pourraient donner en résultante tout simplement l’amour !! Comme le chante Alain Souchon :

Ce serait une chanson parfaite, un truc profond
Pour tous les gens de la planète, mettons.
La musique, ce serait le battement du cœur des hommes.
A l’unisson un instant la belle besogne
Les paroles, elles sont faciles regarde en l’air
Le mur de l’hôtel de ville, trois mots dans la pierre
Ce serait une chanson parfaite, un truc profond
Pour tous les gens de la planète, mettons..

Érigée en statue par Bartholdi, rêvée par martin Luther King, mise en poème par Paul Éluard et parachutée dans le maquis en 1942, la liberté prêta souvent son nom à la haine et la violence comme le dit Victor Hugo :

Depuis 6000 ans la guerre plait aux peuples querelleurs
Et Dieu perd son temps à faire les étoiles et les fleurs
On pourrait boire aux fontaines, prier dans l’ombre a genoux
Aimer, songer sous les chênes ; tuer son frère est plus doux..

Elle ne se conjugue pas toujours avec le verbe aimer, trahie par la Prison d’amour de Moustaki, pour Dostoïevski : « Il n’existe pas pour l’homme, aussitôt qu’il se sente libre, de souci plus constant, plus cuisant que de trouver quelqu’un à adorer !

Pour ma part, la liberté de s’aimer à deux, comme le dit Simone De Beauvoir relatant sa longue liaison avec J P Sartre, c’est s’accorder chacun le droit du choix de rompre cet amour.. Revenons à nous, sœurs et frères : Jacques Chirac a dit en substance lors du 275 ième anniversaire de l’ordre maçonnique en France très exactement le 23 juin 2003 ; « le franc- maçon inscrit son engagement dans l’histoire des lumières, lumières entre autres de la liberté que résume le triptyque suivant ; provoquer et non imposer/ suggérer sans proclamer/ interroger plutôt que répondre...

Enfin la vrai liberté de l’homme parvenue à s’affranchir tant des passions que des carcans sociaux ». L’initiation maçonnique symbolise bien la libération du corps, de l’esprit et de l’âme du récipiendaire par l’eau, l’air, et le feu. C’est à partir de ce moment que nous pouvons profiter de notre nouvel espace de liberté. Ensuite nous décidons du choix de persévérer avec toutes les contraintes que cette liberté entraine (étrange paradoxe) à savoir, assiduité, tolérance, écoute, en somme « cultiver la vertu » Et par la lecture en loge de certains travaux d’une rigueur intellectuelle implacable autant que rébarbative, nous mesurons parfois les conséquences de ce choix ! Mais outre l’effort intellectuel à fournir ici notamment pour la recherche symbolique que nous effectuons, dans notre quête du « delta radieux » nous avons la chance de pouvoir nous servir d’outils qui aident à chasser petit à petit la pollution de notre mental et libérer ainsi notre conscience alors en éveil... Sur ce gigantesque et magnifique chantier d’amour, nous sommes unis désormais pour un devoir commun, rigoureux mais libres de cette liberté qui arbitre notre destin jusqu’au bout et même après.

J’ai dit.

Un F de RL Athanor

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 16 - 31 Mars 2010  -  Abonnez-vous

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