GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 12/2009

La Lumière

Vénérable Maître et vous tous mes frères et mes sœurs en vos grades et qualités

Il fait nuit, je me sens bien, si bien...
Mais quelle est cette lumière qui m’agresse, je n’en veux pas, elle fait si mal... laissez moi dans mon obscurité... Je viens de naître pour la première fois, découvrant violemment celle qui sera désormais mon aide, mon plaisir, ma quête, la lumière. Mais quelle est-elle, cette lumière qui nous entoure. D’un point de vue purement physique, c’est une forme d'énergie issue de deux composantes, une onde électromagnétique ondulatoire, et un aspect corpusculaire (les photons). Elle est émise par le soleil et se déplace à une vitesse d'environ 300 000 km/s, à une fréquence d'environ 600 000 GHz. Elle est source de toute vie sur terre. Elle peut être également source de mort, de par la chaleur qu’elle apporte.
Pour nous, la lumière est d'abord ce phénomène extraordinaire qui éclaire le monde et le rend visible. Que ferions-nous sans elle ? La photosynthèse produite par la lumière est l’élément indispensable à la vie sur terre. Les plantes par ce biais, produisent l’oxygène sans lequel nous ne pourrions vivre.

Notre organisme a tellement besoin de la lumière pour vivre, que le contraste des saisons perturbe notre corps et notre moral. L’hiver, les nuits sont si longues que nous passons notre temps à dormir, à hiverner. Ce manque de lumière influe très souvent sur le moral des gens qui ont tendance à devenir moroses. L’été, période à laquelle le soleil nous inonde jusque dans nos maisons, nous sommes radieux, gais, nous débordons d’énergie. Lumière bienfaisante et indispensable...

Aussi, puisque nous en manquons, nous avons inventé la luminothérapie, aussi appelée photothérapie, une technique thérapeutique destinée à traiter certains de ces troubles du rythme biologique, surtout le trouble affectif saisonnier, plus connu sous le nom de dépression hivernale. Depuis l’origine, les hommes ont appris que la lumière était source de toute vie sur notre planète. Les vénérations adressées au dieu Soleil Ré en Egypte, également appelé Ra, furent pendant des siècles le fondement de multiples religions sur tous les continents. Après avoir maîtrisé le feu, l’homme a aujourd’hui maîtrisé le spectre de la lumière, source de chaleur et de toute couleur. Elle est si profondément associée à la vie et à la naissance, qu’elle symbolise toujours dans notre langage, l’essor de la pensée.

Depuis le siècle des lumières, elle est synonyme de découverte, de compréhension, de révélation, d’illumination, à la manière de l’ampoule qui s’éclaire dans certains dessins humoristiques. La lumière dans le symbolisme maçonnique est liée à l’initiation qui suppose la transmission d’une connaissance d’un initié à un impétrant.

Question : Pourquoi vous êtes-vous fait recevoir Franc-maçon ?
Réponse : Parce que j’étais dans les ténèbres et que j’aspirais à la lumière

Le jour de ma seconde naissance, celle de mon initiation, notre Vénérable Maître m’a donné la lumière. Intense moment d’émotion que cet instant où le bandeau m’a été retiré, et où mes frères et sœurs me sont apparus, debout et à l’ordre, l’épée dirigée vers moi. Ma quête à la

recherche de moi-même au travers de tant d’outils...., de symboles, mais également de travail acharné dans un rituel fort, commençait alors. Une infinité de connaissances, de chemins, s’ouvraient à moi. Mais avant de voir se profiler cette lumière, il m’a fallut être plongée dans le noir. Une nuit qui n’était pas synonyme de sommeil, bien au contraire. Elle m’a permis d’être plongée plus profondément encore en moi-même. Une nuit qui exacerbait tous mes sens, qui me permettait de m’imprégner du rituel dont je faisais l’objet. Une nuit qui me privait de toute distraction pour assimiler de façon plus puissante, à terme, le sens des symboles. Le bandeau tombé, nous découvrons un jour nouveau. L’aurore d’une nouvelle vie plus lumineuse, plus ouverte, faisant appel à nos tous nos sens, à notre cœur, à notre âme.

La lumière revêt plusieurs formes selon les différents rituels maçonniques :

Les Trois Grandes Lumières, tout d’abord. Pour certains, ce sont l’équerre, le compas et le Volume de la Loi Sacrée.
*L'équerre, bijou du vénérable répond à la symbolique du triangle de Pythagore. La rectitude, probité, justice; la matière, la lune. La régularité dans l'action... L’équerre nous recommande que le respect de la loi, doit se faire de façon stricte. Cette lumière est pour nous, éternels apprentis, un passage obligé vers l’acquisition des bases de la connaissance et de sa mise en œuvre dans notre vie de profane, elle nous inculque le respect de la hiérarchie et des valeurs qui sont les nôtres.
*Le compas nous permet d’élargir nos horizons et notre domaine de recherche, une fois assimilée la loi représentée par l’équerre. Cette démarche doit s’expliquer par l’état d’esprit qui vise à mieux comprendre pour mieux pratiquer.
*Le Volume de la Loi Sacrée symbolise le rattachement à la tradition, notre liaison avec ceux qui par le passé ont suivi une même démarche. Le Volume de la Loi Sacrée n’est pas forcément la Bible. Il peut aussi être le Coran des musulmans, les Veda des hindouistes, ou dans notre cas, la constitution internationale. L’essentiel est pour nous de croire en un être suprême représenté en franc-maçonnerie comme étant le Grand Architecte de l’Univers et que, selon nos religions respectives nous pouvons appeler Dieu, Allah ou autre. Placé sous l’équerre et le compas, il représente la loi écrite, celle que l’on respecte car elle est sacrée et donne des réponses aux questions existentielles de l’homme tout en le renforçant dans son lien avec le GADLU. Les deux autres lumières nous éclairent sur le mode d’utilisation de la loi sacrée.

Nous parlons également de « petites lumières » représentées par le Soleil, la Lune et le Maître de Loge. Inspiré de la maçonnerie anglaise, il est symbolisé par un chandelier à trois branches remplaçant les chandeliers simples sur l’autel du vénérable. C’est cette constatation qui permet de reconnaître dans la loge la représentation de l’être Cosmique. Cette assimilation à l’être cosmique sera reprise pour illustrer la communication de la loge avec le Grand Architecte de l’Univers. Le rituel d’instruction précise la relation entre le soleil, la lune et le Vénérable maître. Le Soleil représente la Raison qui éclaire les intelligences. La Lune figure l’imagination qui revêt les idées d’une forme appropriée et le Maître de la Loge symbolise le principe conscient qui s’illumine sous la double influence du rayonnement et de l’imagination.


Les trois grandes, lumières désignent également les officiers en poste, nécessaires pour éclairer la loge lors de l’ouverture.

"Trois la dirigent, cinq l’éclairent, sept la rendent juste et parfaite"
Il s’agit donc du Vénérable maître, du premier et second surveillant, qui dirigent la loge. Les Frères Secrétaire et Orateur sont nécessaires pour que la loge soit éclairée. C’est à dire qu’à la force, à la beauté et à la sagesse, il est nécessaire de rajouter la mémoire et la parole pour que la lumière jaillisse. On dit qu’ils sont les lumières de l’atelier. Le rituel précise ce que nous venons chercher en Loge : la Lumière ; et que cette lumière est assimilée au Soleil, elle prend naissance à l’Orient pour finir sa course à l’Occident ; elle est représentée en Loge par le Vénérable Maître qui siège à l’Orient "pour ouvrir la loge, éclairer les travaux et mettre les ouvriers au travail". Il est précisé que cette lumière est triple. Les trois piliers symbolisent cette représentation ternaire dans l’ordre du déplacement du soleil, à savoir, Force Sagesse et Beauté. Le rituel d’ouverture se poursuit l’Univers qui "éclaire, protège et dirige nos travaux..." et le Vénérable maître nous demande de tourner nos regards vers la lumière en indiquant le Delta Lumineux et l’Œil qui figure en son centre.

Il est souhaitable de s’interroger sur la signification symbolique du Delta et de l’œil. Le Delta se place entre la Lune et le Soleil. Les deux astres représentent les deux yeux de l’être cosmique. Le delta placé au centre du triangle, symbolise l’unité, c’est à dire Dieu. L’œil représente aussi la conscience, il est assimilable au juge suprême qui gère le passage dans l’autre monde. Il correspond à la vision instantanée de tous les actes dont nous devons répondre avant d’arriver à la Lumière post-mortem. Le mystère qui entoure ce passage est représenté par le pavé mosaïque, lieu mystérieux par lequel il ne faut pas passer, si ce n’est dans un contexte de préparation particulier dont l’explication sort du domaine du 1er degré.

Ce lieu se caractérise par une égalité entre les ténèbres et la lumière ce qui semble vouloir nous dire : Qui peut évaluer le bien et le mal, le beau et le laid ? Qui peut croire détenir la vérité, la connaissance ? Le pavé Mosaïque est un centre, que nous avons du mal à appréhender parce qu’il est inerte, qu’il ne peut pas être ressenti comme un symbole optimiste, ni même neutre, contrairement à tous les autres symboles de la loge. Le travail d’un maçon ne s’arrête jamais. Ce que nous apprenons en loge trouve sa continuation dans la vie de tous les jours, et notre devoir consiste à répandre autour de nous ce que nous avons déjà assimilé durant notre parcours d’initié en tant qu’apprenti.

Il faut connaître la valeur de ces trois Grandes Lumières afin de la transmettre à notre prochain, non pas en trois explications distinctes mais en les fusionnant pour n’en faire qu’une grande lumière qui se traduirait par la raison, la tolérance et l’humanité. Chaque FM part à la quête de sa propre lumière. Pour les uns, ce sera l’approfondissement de leurs connaissances, de leurs perceptions et approches du symbolisme. Pour d’autres, la lumière est un but plus personnel. La lumière intérieure prend alors des allures de défis, de remise en question et combat intérieur. Nous devons suivre le chemin indiqué par l’étoile flamboyante afin de trouver notre voie vers la connaissance et la lumière. Des métaux trop lourds, des aprioris sur le symbolisme, peuvent nous boucher la vue et nous empêcher de distinguer cette lumière pourtant si bienfaisante et enrichissante. Ce fut mon cas... J’ai connu une nuit si sombre, si envahissante, si isolante. Je me plaisais tant dans ce noir qui me fit descendre au plus profond de moi, y découvrant mes faces les plus cachées, les plus secrètes, que je m’y suis presque perdue
loin, tamisée. Je l’ai observée tout d’abord perplexe, hésitante. Puis d’un grand coup de pieds j’ai voulu la rejoindre, la vivre, la ressentir à nouveau.... Je venais de comprendre le vrai sens de VITRIOL. Mieux qu’une définition dans un livre, je l’avais vécu. C’était pour moi le passage nécessaire vers la lumière.

Aujourd’hui seulement j’ai compris ce que représentait cette lumière, pour moi-même. Je n’en aperçois pour l’instant qu’une infime partie, mais je n’ai qu’un désir, partir à la recherche de celle-ci. J’ai conscience que je rencontrerai parfois des zones d’ombres, mais je garderai toujours ... cette énergie enfouie en moi pour briser cette pénombre, et pour faire revivre la lumière que l’on m’a donnée. Ce qui était une curiosité en venant parmi vous est devenu pour moi une nécessité, une volonté d’aller de l’avant, de rester dans le droit chemin, celui que je me suis fixé, celui qui me conduira vers la connaissance, l’éveil, et la vie.


Il faut s’occuper de notre construction intérieure, avant d’envisager de l’étendre à la société. Cette découverte de nous même, ne peut passer que par une remise en question perpétuelle. Nous devons oser, oser découvrir, oser travailler pour agrandir notre carré, pour qu’il devienne un carré long, oser aller à la recherche de notre nombre d’or personnel. Nous trouvons cette énergie, la force de faire ce travail intérieur en loge. Le temple que bâtit le Franc-maçon n’est pas un assemblage de pierres ; il est la reconstruction de notre être intérieur en harmonie avec l’Univers, tâche autrement plus subtile.


La lumière, qu’elle soit connaissance de soi ou des autres, nous fait avancer vers la liberté. De cette liberté qui nait de la pensée, de la réflexion, de l’esprit critique. Cette liberté qui se construit « jours après jours », « nuits après nuits », qui se construit dans le temple mais également à l’extérieur. La liberté intérieure qui illumine nos vies.

La lumière que j’ai trouvée peut elle s’éteindre... un jour ? Aucune chance ! Le soleil ne se lève t’il pas à l’Orient ? Dans ce cas, chacun d’entre nous rejoindra la lumière la plus mystérieuse pour l’humanité, qui se situe loin, très loin j’espère, à l’Orient Eternel. Nous sommes désormais protégés de l’obscurité qui ne fait plus partie que de notre passé...

J’ai dit, V
\M\

Une Sœur visiteur
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 13 - 31 Décembre 2009  -  Abonnez-vous

B013-B L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \