GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 05/2009

Le Bonheur des Humbles

L’orgueil, exacerbation du moi, consiste à s’infatuer des quelques qualités que l’on a, et à s’attribuer celles dont on est dépourvu. Il ferme la porte à tout progrès personnel, car pour apprendre, il faut d’abord penser qu’on ne sait pas. Comme dit l’adage tibétain : « l’eau des qualités ne demeure pas sur le rocher de l’orgueil. » A l’inverse : « l’humilité est comme la coupe posée à même le sol, prête à recevoir la pluie des qualités. »

L’humilité est une valeur oubliée du monde contemporain, théâtre du paraître. Les magazines ne cessent de donner des conseils pour s’affirmer, avoir l’air d’un battant, à défaut de l’être. Cette obsession de l’image qu’on doit donner de soi est telle que l’on ne se pose même plus la question du bien fondé du paraître, mais seulement celle du comment apparaître.

La notion d’humilité est trop souvent associée au mépris de soi, à un manque de confiance dans nos capacités, à la dépression devant notre impuissance, voire à un complexe d’infériorité ou un sentiment d’indignité. C’est là sous estimer considérablement les bienfaits de l’humilité, car si la suffisance est l’apanage du sot, l’humilité est la vertu féconde de celui qui mesure tout ce qui lui reste à apprendre et l'étendue du chemin qu’il doit encore parcourir. Selon S.K. Singh : « la véritable humilité consiste à être libre de toute conscience de soi, ce qui implique d’être libre de la conscience de l’humilité. Celui qui est totalement humble, ignore son humilité. »

Les humbles ne sont pas des gens beaux et intelligents qui s’évertuent à se persuader qu’ils sont laids et stupides, mais des êtres qui font peu de cas de leur ego. N’étant pas le nombril du monde, ils s’ouvrent aux autres et se situent dans la juste perspective de l’interdépendance.

M\ R\ (Plaidoyer pour le bonheur)

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 8 - 30 Mai 2009  -  Abonnez-vous

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