GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 04/2009

Le très Illustre F\ Bruno Etienne
 vient de franchir l’Arche de son Salut

Mon ami et guide Bruno Etienne a quitté son corps matériel pour rejoindre le monde méconnu de l'esprit. La triste nouvelle vient de m'être confirmée par son épouse - nous lui souhaitons force et courage pour accompagner Bruno en sa dernière demeure physique.

Avec une liberté d'esprit rare, Bruno a
consacré une grande partie de sa vie à l'anthropologie du religieux, selon des approches qui lui valurent, bien entendu, d'être étiqueté par les biens pensants sous de nombreuses appellations peu flatteuses. Le jour est mal choisi pour flétrir ces bourgeois et nous n'irons pas plus loin.

Professeur de sciences politiques à la faculté
d'Aix, son éclectisme l'a conduit à la pratique de plusieurs voies spirituelles avec une intégrité et une profondeur qui l'incitèrent à ne jamais se compromettre avec les pharisiens de nos temples. Très élevé en karaté-do, discipline dont il conçut une philosophie éthérée en grande partie héritée de son maître japonais ; initié au soufisme dans sa Tariqâ iranienne ; il conservera sa rigueur protestante dans la rédaction de ses nombreux travaux d'anthropologie de la franc-maçonnerie auxquels nous devons aujourd'hui de poursuivre notre voie dans ce doute méthodique de nous-mêmes dont aucun maçon ne devrait se départir.

Membre de loges aixoises du Grand Orient
depuis 40 ans, 33°, Bruno a été détourné de ses ambitions envers son obédience comme envers le Grand Collège des rites car soupçonné - à juste titre ! - de vouloir rétablir une spiritualité de mauvais aloi dans les discours officiels d'une association à la direction grossièrement sécularisée. Il passa les dernières années de sa vie à démonter les ressorts intellectuels et politiques de la notion même d'obédience, souvent issus des mêmes principes dont usent les Léviathan qui gouvernent aux nations les moins bien nanties.

Nous garderons un souvenir ému, mais vivant
et joyeux de ce mentor, de cet homme libre, très libre, et du cherchant sincère et sans concessions avec lui-même qui dérouta tant par d'apparents paradoxes dont il usait pour perdre les imbéciles.

J'ai eu le funeste honneur de participer à la
rédaction et à l'édition du dernier ouvrage qu'il aura laissé de son vivant ; son amitié et sa confiance seront à jamais pour moi aussi inestimables que le plus blanc des tabliers. J'aurai l'occasion de vous décrire avec plus de précision son parcours et de vous donner une bibliographie exhaustive une prochaine fois, quand les frissons du regret terrestre m'auront un peu quitté. Je vous livre quelques mots qu'il affectionnait particulièrement, nous nous comprendrons, et il les commentera là où il est, grand bavard qu'il fut et restera.

Par les cavaliers haletants
qui, de leurs sabots, font jaillir des étincelles,
qui montent à l'assaut de bon matin, en soulevant des nuages de poussière et en faisant irruption dans les rangs de l'adversaire !

En vérité, l'homme est bien ingrat envers
son Seigneur !
Ingratitude qu'il est, du reste, le premier à reconnaître, sans parler de son amour excessif pour les biens de ce monde !

Ignore-t-il que le jour où les tombes seront bouleversées et où les secrets des cœurs seront divulgués leur Seigneur sera, ce jour-là, de tous leurs actes parfaitement Renseigné ?


Al-Qur'ân, 100, sourate des Cavaliers (ou des
Coursiers)

Gémissons, mais espérons.

Jac\ VIL\ - hiram.abif34na,gmail.com
Tous pour un et un pour tous.

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 7 - 30 Avril 2009  -  Abonnez-vous

B007-B L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \