GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 04/2009

L’Allégeance

Préliminaire.
Avant que de parler de l’allégeance dans l’Ordre de la F\M\ universelle, je me dois de vous dire ce qu était, l’allégeance, dans les principaux autres Ordres ainsi que l’allégeance dans le monde des profanes.
Mais avant tout, il est normal de savoir ce que disent, à ce sujet deux principaux dictionnaires et leurs corollaires s’y rapportant :

Dictionnaire de l’académie française – 8
ème édition.
n.f. il signifiait, en termes de droit féodal, le fait d’être en homme lige d’un suzerain. Serment d’allégeance, serment de fidélité au Roi.

Dictionnaire Littré

s.f. serment d’allégeance en Angleterre, acte d’obéissance au Roi, qui regardait uniquement la souveraineté temporelle du monarque.
Autrement dit, un serment d'allégeance est un serment par lequel un sujet ou un citoyen reconnaît son devoir d'allégeance  et jure la fidélité à son monarque ou pays. Dans beaucoup de serments d'allégeance modernes, l'allégeance est jurée à la constitution. En particulier, les présidents des États-Unis d'Amérique, les juges, et le personnel militaire font serment d’allégeance à la constitution. Aux époques féodales une personne jurait également allégeance (l’hommage lige) à ses supérieurs féodaux. À ce jour le serment assermenté par des citoyens d'honneur de la ville de Londres contient un serment d'obéissance au seigneur le maire de Londres.

Des serments d'allégeance sont généralement exigés des citoyens nouvellement naturalisés (voir le serment de citoyenneté), des membres des forces armées ou entrant au service  public (particulièrement parlementaire et juridique). Le clergé dans l'église d’Angleterre est requis de prendre un serment de Suprématie reconnaissant l'autorité du monarque britannique.

Un exemple typique d'un serment d'allégeance est celui par lequel sont assermentés les parlementaires aux
Pays- Bas :
« Je jure (affirme) allégeance au roi, au statut pour le royaume des Pays-Bas, et à la constitution. Je jure (affirme) que j'effectuerai loyalement les fonctions qui me seront assignées. Ainsi aidez-moi Dieu tout- puissant ! (ceci que je déclare et affirme ».

Ce qu’est un homme lige

L'hommage lige implique un renforcement de l'hommage ordinaire; l'homme lige est tenu à tous les devoirs, positifs et négatifs, qu'entraîne l'hommage ordinaire; mais la ligéité implique un lien encore plus étroit. Le vassal lige est tenu de servir à ses dépens le suzerain, tant que dure la guerre que celui-ci soutient contre ses ennemis [...] La ligence est une véritable ligue offensive et défensive entre le suzerain et son vassal.

Du contenu de l’allégeance dans l’ordre  des templiers

Pour ce qui est des Templiers, la Règle appliquée est celle de Bernard de Clerveaux dite règle bénédictine encore appliquée de nos jours.
Ci-après, le prologue de la Règle des pauvres Chevaliers de Jésus-Christ et du temple de Salomon.

La traduction est de Basnage de Beauval en 1721.


Nous adressons d’abord ce discours à tous ceux qui ont la générosité de renoncer à leur propre volonté et qui désirent s’enrôler avec une pure intention dans la Milice du véritable et souverain Roi, pour les encourager dans le désir qu’ils ont de se munir de la belle armure de l’obéissance, pour l’observer avec grande attention et l’accomplir jusqu' à la fin avec persévérance. Vous donc qui avez suivi jusqu’ici, non pour servir Jésus-Christ, mais pour vos intérêts particuliers, la Milice séculière, nous vous exhortons avec toute l’humanité possible de vous joindre promptement à ceux que choisissez cette sainte Société, vous devez apporter par votre zèle pur et une persévérance sans relâche à votre profession, que Dieu a distingué par des marques si nobles, si saintes et si élevées ; en sorte que si elle est observée purement et avec fermeté vous mériterez d’obtenir le même bonheur des chevaliers qui ont donné leur vie pour Jésus-Christ.

Enfin, je ne résiste pas à l’envie de vous lire le chapitre 72 (LXXI I) et dernier de la dite règle :

Nous estimons être périlleux à toute religion de faire trop attention au visage des femmes ; c’est pourquoi qu’aucun Frère ne prenne la liberté de ne baiser ni veuve, ni vierge, ni sœur, ni amie ni aucune autre femme. Il faut que les chevaliers de Jésus-Christ évitent les baisers des femmes par lesquels les hommes ont coutume de courir de grands risques, afin qu’ils puissent toujours marcher avec conscience pure et sans rien craindre en la présence du Seigneur.


Quelques mots de l’allégeance dans les  Chevaleries mystique et courtoise

Afin de ne pas alourdir le sujet plus qu’il ne faut, l’allégeance dans ces deux Ordres est soumission, en particulier, à la Dame. La Dame peut-être Reine ou Princesse dans la légende arthurienne ou tout simplement la Sainte Vierge dans la
Chevalerie mystique.

Le baiser sur la bouche

Au Moyen Age, le baiser sur la bouche n'était pas réservé aux relations érotiques entre hommes et femmes. Il venait sceller le serment d'allégeance prêté par le vassal à son seigneur. Il apparaissait comme une manifestation parmi d'autres de l'amitié entre chevaliers.

L’allégeance dans le monde des profanes ?

Si on extrapole, l’allégeance comme dépendance et que l’on se place dans le mondes des profanes on peut affirmer que cette dernière relève du principe de polarité. En effet, si on place en haut de l’axe la dépendance, à l’autre bout nous trouvons la déchéance. Entre les deux pôles, toutes les nuances de la dépendance s’y trouvent.

Notes personnelles

De nos jours et sans aucun doute hier de très nombreux croyants font référence ou allégeance à une notion divine de connotation extrémiste ou intégriste, ceci se retrouvant dans toutes les religions. C’est bien la preuve, encore une fois, qu’il y a manipulation psychologique. Mon propos n’atteint pas les athées parce que ces derniers ne croient en aucune religion. Mais ils n’ont jamais dit qu’ils ne croyaient à RIEN. Supposons qu’ils croient à RIEN et que l’on admette que RIEN soit différent du NEANT. RIEN est donc comparable au trou noir cosmique. On peut y mettre tout ce que l’on veut !!! Ne croire à RIEN prouve bien qu’ils font  dans le serment que prête l ’App\ à l’issue de son l’initiation. Un rappel y est fait au fur et à mesure que l ’App\ progresse dans les LL\ de perfectionnement.
Toutefois, existe un cas particulier dans la symbolique des Chapitres lorsque le F\ M\ est armé ou adoubé Chevalier de l’Aigle noir 15ème degré, Chevalier de St André 16ème degré, Prince de Jérusalem 17ème degré et Chevalier Rose-Croix 18ème degré. Que devient dans ces cas précis l’allégeance et notamment au 18ème degré ? Permettez-moi d’expliciter quelque peu, et comme je l’entends, l’allégeance au 18eme degré.

A l’essentiel, le Chevalier Rose-Croix fait allégeance sacrificielle au Principe Créateur ou Divin dans lequel Principe sont inclus 3 fabuleux outils maçonniques, qui ont pour nom FOI, CHARITE et ESPERANCE.


Le pyramidion de cette petite pyramide se nomme HUMILITE, ABNEGATION ou OUBLI DE SOI. C’est au cours de ses nombreuses pérégrinations intérieures les plus profondes,que notre symbolique chevalier va s’appliquer à s’expliciter donc à voir clairement, en lui-même, ce que sont, pour lui, ces trois vertus qui sont la base et le fondement du Temple autrement dit, la Pierre angulaire ou philosophale.


La FOI se présente à lui sous la forme de sa « bonne FOI » et du dicton populaire : « Que c’est la FOI qui soulève les montagnes ». Mais plus avant et intuitivement il sait que cela passe par la fidélité ainsi qu’à l’exactitude à tenir sa parole et à remplir ses promesses et ses engagements. Ce qui l’amène à dire que la FOI peut-être définie comme l’adhésion à la croyance en l’authenticité d’une VERITE transcendante et sans aucun doute Divine. La FOI demande de croire et de consentir à donner sa vie en sacrifice jusqu’à sa dernière goutte de sang. C’est la promesse librement
consentie par l ’App\ nouvellement initié.

C’est, à ce sujet, un acte courageux exprimé consciemment dans une assemblée encore inconnue à laquelle il va adhérer et qui néanmoins, par amour de cette VERITE recherchée promet, sincèrement elle aussi, de secourir son
F\ jusqu’au sacrifice si nécessaire.
Dès lors, il y a lieu de considérer que tout F\M\ est croyant en son prochain puisqu’il est prêt à faire le sacrifice de sa vie pour le sauver. S’il a fait ce serment, sans cette conviction intime, profonde, véritable et sincère, il n’est pas digne d’être reçu dans la confrérie des INITIES. Son comportement est celui d’un hypocrite. Face à cette exigence à caractère absolu, chacun se retrouve face à lui-même. La FOI est une démarche transformant, elle est, selon l’Epître aux hébreux, la substance des choses que nous espérons. Par conséquent, la FOI ne peut pas être considérée comme un simple événement de la vie sentimentale ou psychologique de chacun, mais comme une « conversion » au sens ontologique. C’est un esprit nouveau infusé à l’initié qui correspond à l’intelligence de l’Esprit de VERITE.
Enfin, la FOI doit permettre, selon une image bien connue de tous, d’être capable de « marcher sur les eaux », ce qui demande d’avoir vaincu toutes les peurs psychologiques, tous les conditionnements qui font un écran d’opacité par rapport à la Lumière Originelle, celle qui guide les intelligences, les cœurs et est motrice de toute action.

Après la FOI, notre symbolique chevalier est titillé par la CHARITE. Cette dernière se présente sous la forme de la parabole entre l’ancienne et la nouvelle loi. Il y est dit : « vous savez ce qui a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin de devenir les enfants de notre Père qui est aux cieux, et qui fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les pêcheurs » Mathieux 5 :43-45 La CHARITE est une obligation qui revêt un caractère universel. Cette parabole nous enseigne que le devoir de secourir son prochain s’étend à tous les êtres sans aucune exception.

Mais l’amour du prochain suppose l’amour d’un Principe dans lequel on reconnaît son F\ humain comme étant la manifestation d’amour et la volonté de la source commune génératrice de toutes choses. La CHARITE trouve son application dans la mise en pratique de cet amour de l’autre soit par inclination du cœur, soit par devoir. La CHARITE devient alors plénitude, elle est plein accomplissement de la loi d’amour.
Aimer son prochain comme soi-même, c’est réaliser le mysterium caritatis ; c’est à ­dire réaliser en lui et en moi cette transparence de l’âme qui permet à la Lumière incréée de dissiper les ténèbres de l’illusion égocentrique et altruiste. Il n’y a plus ni « moi », ni « toi », mais Lui, le Paraclet, le Consolateur, l’Amour incréé, Esprit de Vérité, seul Principe d’Unité capable de dissoudre les « nœuds » de l ’égo et ainsi briser les limites de l’individualité.

La CHARITE est liée à l’ouverture du cœur qui devient un émetteur et réceptacle de lumière, de partage, d’échanges pour entrer en communion
d’actions avec ses SS\ et FF\ dit Irène Mainguy.
Notre symbolique chevalier qui commence à aspirer au repos doit encore passer un ruisseau très particulier dit du LIBRE DE PASSAGE menant droit sur le chemin de l’ESPERANCE.

L ’ESPERANCE suppose la FOI qui est une forme de confiance en un autre avenir qui ne peut qu’être meilleur. Néanmoins deux obstacles s’opposent à l ’ESPERANCE, le premier est la présomption, forme de prétention et d’orgueil où la personne ne compte que sur elle-même sans la participation de la Providence ; le second, c’est le désespoir qui est une forme de doute destructeur emprunt d’angoisse qui ôte toute énergie vivifiante et constructive et comme son nom l’indique est privée d ’ESPERANCE. Mais l’ESPERANCE est plus qu’une vertu, elle est un sentiment moteur et énergétique de toute action constructive. Elle est, dès la genèse de l’univers, un élément fondamental qui habite l’esprit humain.


Conclusion

En premier lieu il est aisé, dans le présent travail, de s’apercevoir qu’il existe un parallèle entre toutes les chevaleries.
Secondement et malgré tout ce qui vient avant je dis, qu étant F\ M\ de cœur et
homme libre, car LIBRE DE PASSAGE, je ne ferai allégeance que sous la Grande Loi universelle d’Amour. Cette Grande Loi qui gouverne le cosmos, donc à fortiori tous les mondes en sachant bien, aujourd’hui encore, que le plus grand nombre d’entre nous ne lui prête l’oreille ou aucune attention. Mais comme la F\M\ est Universelle (Uni vers El) donc enveloppée, en cela, par cette Grande Loi d’Amour. Il est donc normal, comme dit plus haut, que je fasse acte d’allégeance voire d’obéissance à cette grande Loi Universelle d’Amour et en tout ce qu’elle implique et non aux Obédiences terrestres quelles qu’elles soient car il est écrit dans le Livre Saint : »Malheur à l’homme qui se fie à l’homme ».
En disant : Fais ce que doit, advienne que pourra, je prononce aussi : Pax vobiscum

J’ai dit.
ABKR\ dans sa 75ème année.

Bibliographie :
Le livre « De la symbolique des Chapitres en F\M\ » d’Irène Mainguy m’a bien été utile.
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 7 - 30 Avril 2009  -  Abonnez-vous

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