GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 03/2009

Le Culte du Chat

A la gloire du Grand Architecte de l’univers, Vénérable Maître et vous tous mes Frères et mes Sœurs en vos degrés et qualités, je vous prie de bien vouloir prêter attention au tour d’horizon tant géographique, historique que symbolique que je vous propose, au sujet du chat et du culte qui lui est voué dans la société égyptienne.

Le chat était l’un des nombreux animaux dont les attributs furent vénérés dans l’Égypte antique. Il était notamment associé au symbole de protection. Tout d’abord avatar du dieu Rê en tant que pourfendeur du serpent Apopis, il connaîtra le sommet de son influence en tant qu’incarnation de la déesse Bastet.

Les chats égyptiens

On connaît trois espèces du genre Felis ayant vécu dans l’Égypte antique.

q Le chat sauvage d’Afrique ou chat ganté (felis silvestris libyca) est le chat le plus répandu. On le retrouve partout en dehors du Sahara et des forêts tropicales. Comparable aux Siamois, il possède un pelage foncé pour les groupes vivants en forêt, plus clair pour ceux vivants dans le désert.

q Le chat des marécages ou chaus
(felis chaus) est un chat vivant dans les zones humides (on en trouve jusqu’en Asie). Il a un museau long et fin, des pinceaux noirs sur les oreilles et une queue annelée. Son pelage est d’un brun épais ou rougeâtre marqué de bandes noires sur les pattes antérieures.

q Le chat serval ou serval (felis serval) est
un chat originaire de Nubie (on le retrouve du Sud du Sahara à l’Afrique australe). Préférant la nuit, il vie dans la savane. Son pelage tacheté est d’un brun fauve et s’éclaircit sous son corps. Il a de grandes oreilles, une petite tête et de grands yeux.

Le chat au quotidien

Les Égyptiens de l’Antiquité nommaient le chat par l’onomatopée «miou», dont la transcription est miw au masculin et miwt au féminin (le français utilise également ce genre d’onomatopée qu’on retrouve dans le verbe miauler).

Il m’a semblé comprendre que la domestication du chat eut lieu en Égypte au cours du IIIe millénaire av. J.-C.. Avant de devenir un animal de compagnie apprécié pour sa douceur, sa grâce et sa nonchalance, le chat est avant tout un animal protecteur. En chassant les petits rongeurs, il protège les silos à grain où les Égyptiens entreposaient leur récolte (notamment le blé), ressource ô combien vitale pour ce peuple d’agriculteurs. En chassant les rats, le chat élimine un vecteur de maladies graves (comme la peste). Enfin, en chassant les serpents, il rend plus sûrs les alentours des foyers proches d’où il a établi son territoire.

Il semble que chaque temple possédait ses propres chats dont le « gardien des chats » (poste important transmis héréditairement) avait la charge. Le chat, comme les autres animaux sacrés, avait un statut particulier dans la société égyptienne. Ainsi il était interdit de tuer ou même de maltraiter les chats, et les contrevenants risquaient une peine très lourde pouvant aller jusqu’à la mort ! Les milliers de momies de chat retrouvées dans des cimetières pour chats peuvent nous faire penser qu’il était l’animal le plus populaire de l’Égypte antique. Cependant, le grand nombre de momies de chats retrouvées peut aussi s’expliquer par sa petite taille (on enterre plus facilement un chat qu’un taureau). Dans les palais, le chat était l’animal domestique par excellence, élevé dans l’abondance. La tradition voulait que leurs maîtres se rasent les sourcils en signe de respect quand le chat venait à disparaître et un deuil de 70 jours avait lieu le temps de sa momification. Le chat accompagne parfois son maître dans l’au-delà sous forme de statuette (ou sculpté sur les sépultures). On trouve également le chat représenté sur de nombreux vases, bijoux et vaisselle, ainsi que dans les peintures (notamment sous le siège de la femme, comme symbole protecteur).

Dans la mythologie égyptienne L’Égypte, tant politiquement que culturellement, n’a pas toujours formé un bloc uniforme. A l’origine, il y avait de nombreux royaumes, dirigés par des tribus, pour la plupart totémistiques, axant leur culte sur des animaux.

Les Égyptiens voyaient les dieux non pas comme de simples esprits, mais comme des entités intelligentes, capables de s’incarner dans tout être ou objet. Bastet, la déesse à tête de chat, était à l’origine peinte comme un lion protecteur et belliqueux. Son image a, au cours du temps, été modifiée pour l’associer aux chats domestiques, bienveillants mais sauvages. Les chats, en tant qu’incarnation de Bastet, était momifiés.

Bien que le culte du chat soit déjà un mouvement religieux important à l’avènement du Nouvel Empire, il prit de l’ampleur quand Sheshonq Ier développa la ville de Bubastis (arabe : Tell Basta), chef-lieu de la déesse Bastet, située à l’est du Delta du Nil. Bastet devint très populaire et importante au sein de la population, représentant alors la fertilité, la maternité, la protection et l’aspect bénévole (dans le sens étymologique, de bon vouloir) du soleil - de même que Sekhmet, elle était appelée l’Œil de Rê. Réunissant des milliers de croyants et autant de pèlerins, le culte du chat était responsable de l’arrivée annuelle d’une population immense dans les rues de Bubastis. Bubastis devint un autre nom de Bastet.

Près du centre de la cité, on pouvait voir le Temple de Bastet. Ce temple était rabaissé par rapport au reste de la cité, pour éviter l’érosion de l’eau, mais a été surélevé par la suite pour éviter les inondations.

Le Temple consacré à BASTET était constitué d’un canal, qui entoure le Temple, et donne à ce dernier une allure d’île déserte. Dans la court se trouvait une allée d’arbres, menant vers l’entrée intérieure, qui exposait une statue massive de Bastet, ainsi qu’un nombre important de chats sacrés dont les prêtres chats, très respectés, n’en restaient pas moins extrêmement nombreux, et un sacrifice périodique était organisé. Les chats sacrifiés, souvent des chatons, étaient ensuite bénis et momifiés, puis vendus comme reliques sacrées. Bubastis devint un centre de commerce, que ce soit dans la vente du bronze, des sculptures ou des amulettes à l’effigie du chat.

Traditions funéraires

Les chats qui mourraient, où que ce soit en Égypte, étaient amenés à Bubastis pour être momifiés et enterrés dans le Grand cimetière. Cependant, il semble que ce ne soit que très exceptionnel. Il a été ainsi retrouvé près de 20 m3 de cadavres de chats, et des traces de crémation, des os dans des vases, des puits, de l’argile. A coté de chaque puits, un autel et un foyer, noirci par le feu. La momification est censée permettre au ka (l’esprit) du défunt de retrouver son hôte et y renaître dans l’autre monde. Pour cela, le corps doit rester intact - la crémation interfère avec ce processus. Néanmoins, brûlés ou non, les chats recevaient les rites funéraires et l’embaumement, au même titre que leurs propriétaires. En 1888, la découverte du Temple de Bastet, amena à l’excavation de près de 19 tonnes de momies et de restes animaux - dont relativement peu de chats. Récemment, Roger Tabor découvrit un autre cimetière félin au Temple de Bastet, soulevant une couche épaisse de 20 cm de momies compressées par les débris du temple, étalées sur une largeur de 6 mètres.

Le déclin du culte du chat

Le culte de Bastet a été officiellement interdit par décret impérial, vers 390 av. J.-C. Le chat en Égypte a donc vu un déclin progressif de son intérêt, bien que resté en tant qu’animal de compagnie, il n’était plus adoré dans les temples. À cause notamment des maladies, et de la peste en particulier, qu’il transmettait, le chat n’a plus, aujourd’hui, l’importance qu’il a eu en Égypte. Cela m’amène à me poser une question :

Le chat n’est-il plus l’œil de Rê ? Rê ne nous regarde t’il plus ? J’entends par là nous interroger sur la nécessité de croire en quelque chose d’utile et sur l’utilité même de la croyance. Les chats furent élevés au rang de Divinité alors même qu’ils nous apportaient tous les jours la protection et le confort. Dès lors, leur culte est interdit, lorsqu’ils deviennent eux même vecteurs de maladies. Aujourd’hui, ils ne sont plus que de pauvres bêtes.

Pour nous qui croyons en l’expert, au 1er surveillant, ou au Maître de Cérémonie, qui sont nos Bastet et Horus d’aujourd’hui... n’est-il pas utile de comprendre quel rôle où quelle influence ces « Neter » doivent avoir sur nous ? Heureusement, ce soir, l’œil de Rê rayonne encore et Bastet à l’entrée du Temple nous protège !

J’ai dit.

Den\ Fis\ – Khépri - Misraïm

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 6 - 30 Mars 2009  -  Abonnez-vous

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