GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 02/2009

Philae raconte : La Cave et le Grenier

Nourriture dites-vous ? Eh bien parlons-en ! Nous ne pensons certainement pas à la même. La mienne, celle que je garde en moi et à laquelle je songe, nourrit et alimente le cœur et concerne plutôt l’ESPRIT !

- Comment cela, celle de l’ESPRIT ?...

- Vous avez en conserve dites-vous ce qui est, paradoxe du terme, périssable, tandis que moi, j’abrite en mon sein ce qui est éternel. La nourriture à laquelle je pense et dont je parle, MOI, ce sont les LIVRES !!!

- Les LIVRES, les LIVRES... Des livres jaunis, oubliés de tous, et qui ne seront plus lus puisque plongés dans un sommeil profond, sous votre si abondante poussière...

Le grenier moqueur :

- Parlons-en de poussière, vous n’êtes pas en situation pour émettre ce genre de reproche. Il suffit d’un simple regard porté sur votre sol pour apprécier vos talents ménagers !...

- Alors là, permettez-moi, mais tout est confusion chez vous ! Ce sol, objet de vos sarcasmes, même plus abîmé que le vôtre, recueille tout, accepte tout et ne dort pas, lui, parmi les beaux esprits assoupis. Il n’est de poussière donc que des restes de charbon,, et, ne vous déplaise, celui-ci cuit les aliments et réchauffe les corps. Sans son feu ardent et la froidure s’installant, qu’en serait-il de la pitance de vos BEAUX ESPRITS, comme vous dites ?...

Le grenier faisant fi de la remarque :

Ah, enfin, vous avez tardé mais admettez tout compte fait la rusticité de votre sol, vous reconnaissez tout de même que l’architecte a consacré à votre construction des matériaux qui ne sont pas disons...d’essence aristocratique, tandis que mes solives et mes bois...     

La cave, ironique :

- Vos planches plutôt, quant à la pierre qui constitue mes murs, sachez MONSIEUR LE GRENIER, que leurs sœurs habitent des cathédrales, et ce depuis plusieurs siècles ! Pourrez-vous vieillir autant et atteindre cet âge ? Certaine de votre avenir, n’entendez­vous pas, déjà, des craquements annonciateurs de quelques problèmes de « patine » vous concernant ? Oh vieillesse ennemie... (en ricanant) Mais, je ne suis pas inquiète cependant car vous n’êtes pas seul, l’ESPRIT vous parle... Ensuite, si mon sol a souffert du temps, c’est que je garde par devers moi les outils qui ont façonné cette construction dans laquelle nous cohabitons, alors, ne soyez pas ingrat, MONSIEUR LE GRENIER, et tolérez l’éminence de ma légitime place sans TOUUUUJOURS vouloir me dominer ! Déstabilisé mais demeurant caustique :

- Il n’empêche, les parfums dégagés par mes précieuses essences de bois évoquent parfois d’immenses forêts tandis que la moisissure de vos pierres...Même si dans votre famille CERTAINES SONT ENTREES DANS LES ORDRES ! dit-il en ricanant.

Abasourdie par tant de hargne :

A vous entendre, tout est vulgaire en moi tandis que vous... A vous écouter, je ne suis, vous l’affirmez avec condescendance, uniquement bonne à nourrir LES VENTRES mais vous oubliez et à l’encontre de vos acides sarcasmes, que je suis le temple magique et unique qui métamorphose la grappe divine en jus sacré : LE VIN ! Ne suis- je pas la première et seule spectatrice d’un tel miracle, non ?

Touché mais usant encore de mauvaise foi :

- Certes, parmi votre charbon, vos conserves

et proche de vos outils, vous avez le vin mais moi... j’ai les épices dont l’ail qui sublime tant le goût des choses. J’offre également le régal des confitures et leurs pots aux couleurs bariolées. Et aussi les fruits secs, ces savoureuses réponses aux gourmandises enfantines telles de craquantes friandises sous leurs jeunes dents insatiables...

La cave, lasse d’être ainsi rabaissée à sa « triste condition » :

- Quoique vous puissiez dire et prétendre, mon niveau vaut bien le vôtre...

Toujours avec aplomb

- Alors là, permettez-moi, mais ne dit-on pas DESCENDRE à la cave et par contre MONTER au grenier ? Vous pouvez, si vous êtes honnête, intellectuellement s’entend, constater avec moi que dans mon cas, lorsque l’on me rejoint, ON S’ELEVE, ON PROGRESSE, tandis qu’allant vers vous, hélas on recule. Chez moi on DECOUVRE, chez vous on enfouit... on enterre............
Pourquoi vouloir nier ce qui est évident, vous n’êtes pas à ma hauteur !

A SUIVRE DANS LE PROCHAIN NUMERO

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 5 - 28 Février 2009  -  Abonnez-vous

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