GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 10/2008

Les métaux et le silence intérieur

La partie du rituel sur laquelle je souhaite partager avec vous mon interprétation arrive tôt dans la phase d'ouverture de la tenue, comme s'il s'agissait d'un préambule au bon déroulement de celle-ci. Il s'agit de l'invitation qui nous est faite de laisser les métaux à la porte du temple et de faire en nous le silence intérieur

Ayant eu l'occasion de lire un petit peu sur le sujet, la terminologie "métaux" utilisée dans le contexte de la franc-maçonnerie m'étant jusque là incompréhensible, j'ai cru comprendre que ce mot faisait en fait référence à tout élément matériel pouvant nous rattacher au monde profane et ainsi marquer notre appartenance au groupe socio-culturel dans lequel nous évoluons dans la vie de tous les jours. Je voudrais y voir un périmètre encore plus large en appelant "métaux" tous les éléments, matériels ou pas, susceptibles d'être un identifiant de notre appartenance à un groupe donné dans le monde profane.

Partant de là il paraît indispensable de laisser les métaux à la porte du temple car l'assemblée présente dans le Temple est unitaire puisque nous sommes tous Sœurs et Frères au même titre au delà de nos différents grades.

Laisser les métaux à la porte du temple permet de retrouver la liberté d'esprit nécessaire à l'accomplissement de la tenue avec sérénité et plénitude.

Une analogie tirée des sciences physiques, mais sous forme de contre exemple, me vient également à l'esprit concernant les caractéristiques des métaux. En physique, les métaux sont généralement conducteurs que ce soit de chaleur ou de courant. Ils permettent la propagation et la circulation d'une forme d'énergie. Les métaux dans le contexte décrit en franc-maçonnerie seraient plutôt des isolants bloquant la propagation d'énergie. Ainsi, si les métaux, à savoir les considérations du monde profane venaient à entrer dans le Temple ils pollueraient la tenue et ne permettraient pas la circulation de notre énergie qu'est l'égrégore. Faire le silence intérieur ne peut se faire que justement si l'on a pris soin de laisser les métaux à l'extérieur du Temple.

Le silence ce n'est pas l'absence de bruit; c'est l'absence de perception de bruit. Ainsi, faire le silence intérieur c'est s'isoler, se déconnecter des éléments pouvant nous perturber, ces éléments étant les fameux métaux. On comprend que le bruit dont on parle ici n'est pas sonore mais englobe tout élément perturbateur venant modifier ou dégrader un état de stabilité.

Le silence n'est pas un concept lié à la perfection puisque l'absence totale de bruit n'existe pas mais le but d'isolement recherché sera atteint dès lors que le bruit résiduel sera suffisamment faible pour ne plus être perceptible.

Le silence intérieur est un état actif comme on peut s'en convaincre par des exemples tirés de la vie quotidienne:

Méditer se fait en état de silence intérieur et c'est une activité éminemment active.

Respecter une "minute de silence" se fait en état de silence intérieur mais n'en reste pas moins une activité intellectuelle

Dans le contexte de la Tenue, faire le silence intérieur nous permet de nous vider l'esprit pour le préparer à être totalement réceptif à tout ce qui va être partagé par la suite et notamment tout ce qui est de l'ordre des sensations. C'est une démarche préparatoire individuelle et volontaire, active qui vient compléter dans un ensemble cohérent l'action passive de l'encens qui baigne le temple dans le but de favoriser l'élévation de l'esprit le tout pour nous mettre en situation de vivre le rituel avec plénitude.

En conclusion il me semble que laisser les métaux à l'extérieur du Temple et faire en soi le silence intérieur c'est en fait tout simplement se mettre en condition pour VIVRE pleinement et activement le rituel plutôt que d'en être spectateur.

Un Frère Apprenti de Neter N° 31


Note

Le Rédacteur en Chef ayant le privilège de lire les sujets avant leur parution, j'attire l'attention de mon Frère sur le fait que plusieurs symboles maçonniques sont en métal. C'est justement le monde du sacré et le rituel qui anoblissent le métal. N'oublions surtout pas que tout n'est que symbole. J'espère que la réflexion qu'il provoque chez chacun d'entre nous ce mois-ci entraînera d'autres réactions. N'hésitez pas à me les faire parvenir à benjamin.john@free.fr

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 1 - 30 Octobre 2008  -  Abonnez-vous

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