Obédience : NC Loge : NC Date : 31/03/18

 

Ghiblim

Ghiblim est un mot dont l’historique maçonnique est complexe et pourtant elle commence simplement. A l’époque de Salomon, Ghiblim était le nom des habitants de Gebal, ville située près du mont Liban dans la Phénicie de l’époque, Gebal - que les Grecs appelaient Byblos et les Hébreux Gebla. Leurs habitants étaient connus en Israël comme tailleurs de pierres qu’ils extrayaient d’une montagne proche de leur ville.

Selon la légende, au retour d’Egypte, les Israélites rentrés en Palestine y déplacèrent en ce faisant une partie de la population indigène… comme quoi certaines habitudes sont tenaces. Or, à tout ce qui restait d’Amoréens, de Héthéens, de Hivéens et de Jébuséens, autorisés par David à demeurer près de Jérusalem, Salomon qui était peut-être un roi sage mais certainement pas un enfant de cœur, leur imposa lui, un quasi-esclavage pour la construction de son temple. Près de deux cent mille hommes valides formèrent une population ouvrière sous la surveillance de trois mille surveillants Israélites. Sous leur contrôle et celui d’Adonhiram – l’autre nom de Hiram Abif, une grande partie de ces hommes extrayaient des blocs de pierres des carrières, pour les équarrir, les polir, et les ajuster, sous la direction de ces maîtres habiles venus de Byblos : les Ghiblim.

On retrouve d’ailleurs le sens de cette expression clairement explicité dans le tuilage du second degré du R\E\R\. Le Maitre des Cérémonies pose la question « Que signifie ce mot ? », ce à quoi l’Expert répond « Tailleur de pierre ».

Lors de la construction du temple de Salomon, les Ghiblims n’étaient donc pas des apprentis sans connaissance ou des compagnons peu éclairés, mais bien des maçons opératifs experts qui comprenaient la science des proportions géométriques et ses applications pratiques à la construction des édifices. Ils étaient ceux qui ont mis au carré les pierres pour permettre l'ajustement parfait. Ils furent les maitres tailleurs experts qui ont certes suivi les instructions du grand maître Hiram dans leurs travail mais furent ceux qui préparèrent les pierres angulaires et des pierres de contrefort cruciales pour la stabilité du bâtiment.

En complément de fournir les plus habiles tailleurs de pierres, les Ghiblims reçurent d’ailleurs également la tâche de tailler et de mettre en place les bois ce qui leur ouvrit un champ d’action beaucoup plus large.

Pour la petite histoire, le terme Ghiblim fut cité par James Anderson lui-même qui associa ce mot à celui de confrérie pour désigner un membre de la maçonnerie, parlant là une fois encore non d’un compagnon mais bien d’un Maitre. Bien avant lui John de Spoulee, Grand Maitre Rose-Croix vers 1350 et qui, en tant qu’architecte de renom et sous les ordres d’Edouard III roi d’Angleterre, aida à agrandir le château de Windsor, était nommé le Maître des Ghiblim.

On retrouvera aussi le nom de Ghiblim dans l’histoire de Salomon comme celui porté par l’un de ses officiers de confiance.

Bref, voilà donc Ghiblim comme un terme faisant référence à l’excellence de la Maitrise.

Du point de vue symbolique, le maillet et le ciseau que le Ghiblim (tailleur) tient afin de mettre au carré la pierre brute et le transformer en une pierre parfaite est censée représenter la raison et la volonté d'apprendre et de se découvrir soi-même. La combinaison de la force de la volonté (le Maillet) avec la puissance du discernement (le ciseau) produit la perfection progressive de la pierre. Ces tailleurs de pierre, les Ghiblim sont symboles de force et de fermeté. La force exercée par ces tailleurs de pierre n'est rien d'autre que de l'énergie, de transformation de la matière. L'énergie qui transforme notre façon d'être et notre façon de penser. Le " Solve et coagula " des alchimistes.

Et pourtant, durant l’évolution de ses rites et de ses rituels, la maçonnerie Française elle, déforma ce mot lentement qui devint Jiblime, puis Jibulum, Jabulum, Jabelum et enfin Jubelum.

Jubelum... l’un des trois mauvais compagnons, lui qui, placé à la porte de l’Est, assassina Hiram avec ses deux comparses Jubela (à la porte du Sud) et Jubelo (à celle de l’Ouest) du moins telle que l’histoire est racontée au R\E\A\A\. Ces deux derniers noms étant des variations du premier peut-être pour indiquer une fraternité maçonnique.

On remarquera que les noms de ces trois mauvais compagnons diffèrent avec les rites. Au R\A\P\M\M\, ils ne sont même pas nommés du tout comme c’était d’ailleurs le cas dans la plupart des rites anciens non écossais. Au Rite de Venise qui est le mien en loge bleue, les trois mauvais Compagnons sont dénommés Hahemdath, Haghebouroth et Hakibouth.

Voilà donc une toute autre référence : une référence à l’infamie dont le terme Ghiblim serait à l’origine, bien que non pas dans son concept mais comme résultant d’une lente dérive historique.

Alors laquelle choisir ? Entre les deux, mon cœur ne balance pas... car ce terme est le mot de passe du 3ème degré qui apparait en clair au Rite de Venise mais est pudiquement inscrit à l’envers dans les rituels du R\A\P\M\M\ (on n’est jamais trop prudent !

J’en reste donc à penser que si nous en avons fait cet usage c’est plus dans son sens « noble » de Maître Maçon, Maître dans la science de la construction et par ailleurs personne de confiance de Salomon.

J’ai dit mes Sœurs et mes Frères

J\M\C\


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