La simplicite doctrinale de Mahomet et le Coran

Avec l’Islam apparaît une nouvelle image de Dieu. C’est ce qui explique la rapidité foudroyante avec laquelle ce nouveau monothéisme a pu modifier la face du monde au VII° siècle. Sa caractéristique particulière, c’est que cette religion n’a pas eu à composer avec les régimes politiques établis dans les territoires qu’elle a convertis. Elle n’a même pas eu besoin de s’adapter depuis l’Hégire. De plus, au XX° siècle, alors que partout ailleurs la religion s’est séparée de l’Etat, la Charria demeure officiellement sinon officieusement en usage dans l’aire géographique à confession musulmane. D’ailleurs, à la différence des Orthodoxes et des Protestants par rapport aux Catholiques, le shi’isme ne constitue même pas un schisme religieux musulman puisqu’il reconnaît la même nature intacte d’Allah et du Coran et que c’est seulement dans la succession du Prophète Mahomet qu’il s’oppose au sunnisme.

A la différence du judaïsme, il n’y a pas de « peuple élu » de Dieu chez Mahomet : il suffit de reconnaître Allah comme le seul Dieu, comme pour les chrétiens. Mais à la différence du Dieu de l’Evangile, on ne peut le reconnaître que par la seule langue du Coran, la langue arabe, qu’il faut apprendre pour découvrir son message dicté à Mahomet, son envoyé. En plus, Allah est aussi le Dieu des armées : il exige d’être adoré en lui soumettant, si besoin est par la force, tous les hommes sur le passage de ses fidèles qui doivent  partir à la conquête du monde  d’où il faut éradiquer toute autre divinité.

Comme le fidèle islamique se projette en son Dieu et se fond en lui en soumettant sa personne entière à Allah, il  pense alors que tout ce qui n’est pas assujetti à Allah et à lui seul est un déni, non seulement de ce Dieu tout puissant, mais aussi de lui même entièrement soumis à ses ordres. Il lui faut donc consacrer tous ses efforts ( c’est l’Ijtihad) à conquérir le monde entier ( c’est le Djihad) en vue d’accéder à ce nouvel ordre divin que Mahomet a été chargé de communiquer à toute l’humanité. Les infidèles doivent donc se soumettre ( sinon disparaître) dans la nouvelle communauté islamique dite « Omma arabiya ou islamiya ».

C’est ce qui explique le souci de conquête du monde par les premiers arabes mahométans convertis à l’Islam. C’est ainsi qu’en un peu plus d’un quart de siècle, entre 622 et 650, les troupes du Prophète Mahomet occupent d’abord les territoires s’étendant de la Libye jusqu’aux frontières de l’Inde. Et vers 750, à la fin du califat des Omeyyades, elles atteignent l’Espagne et le sud de la France. Au XI° siècle, la dynastie seldjoukide occupe la plus grande partie de l’empire byzantin et une partie du Pendjab en Inde.

Dans toute cette étendue géographique, le même texte sacré, le Coran, dans une version unique, crée une fraternité universelle que l’on retrouve sous tous les horizons, sans discrimination de races ni de classes sociales, grâce à l’extrême simplicité des critères de la foi islamique qui la fait échapper à tout besoin de rhétorique et, par conséquent, à tout risque de division des croyants pour interpréter ses textes. En effet, la simplicité doctrinale de Mahomet comporte 5 obligations fondamentales à respecter :

    -1. Déclarer qu’il n’y a pas d’autre dieu que Allah (la ilaha ella Lah) et que Mahomet est son envoyé;
    -2. Faire ses prières, tourné vers La Mecque, 5 fois par jour, dont une avant et une après le coucher du soleil;
    -3. Jeûner durant le mois du Ramadan, période commune à tous les croyants;
    -4. Acquitter l’aumône religieuse aux pauvres dénommée Zakât;
    -5. Faire au moins une fois dans sa vie le pèlerinage à La Mecque, dans la mesure de ses moyens.

Le respect de ces préceptes permet à chaque musulman de reconnaître les siens, plaçant tous les croyants sur un pied d’égalité dans la soumission totale à Allah. Ce sont des signes distinctifs de soumission à une règle de comportement en société qui génèrent un sentiment de solidarité et identitaire entre tous ceux qui s’y reconnaissent. L’ego et son corollaire l’orgueil individuel disparaissent devant la reconnaissance de la toute puissance d’Allah qui se trouve affichée dans cette discipline de vie. Cela engloutit donc le principal facteur de division des hommes qui réside dans leur ego et leur orgueil, tout en créant un lien identitaire de fraternité, permettant de se reconnaître comme partie d’une même communauté humaine et spirituelle, en dépassant tous les autres clivages matériels, intellectuels ou politiques. Et c’est bien sûr cette humilité extraordinaire devant la toute puissance d’Allah, que chaque croyant craint fatalement à travers son « Mektoub », qui constitue la force silencieuse et redoutable des musulmans unis dans la « Omma islamiya ».

Et cette interférence du religieux avec le quotidien des populations islamiques fait que leur patriotisme se trouve transcendé par leur foi, laissant craindre le pire (la trahison patriotique) aux stratèges des nations occidentales qui comptent des ressortissants musulmans sur leurs territoires. Cela peut expliquer le malaise des puissances occidentales et l’inquiétude de leurs populations depuis le 11 septembre 2001.

Le Livre du Coran étant considéré comme l’éloquence de Dieu dictée à Mahomet, son envoyé sur terre, pour corriger, compléter et parfaire les saintes Ecritures, il contient donc toutes les Vérités: plus rien ne doit plus se produire dans le domaine de la Connaissance en dehors de ce qui y est écrit. C’est ce qui explique en partie l’absence de science arabe proprement dite, quoique des penseurs arabes et persans aient beaucoup contribué, à titre personnel, à l’avancement des recherches en astronomie, en optique, en physique, en chimie, en mathématiques, en biologie, etc… avant la révolution scientifique et technique opérée en Europe occidentale grâce à la liberté de conscience de ses philosophes.

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