Obédience : NC Loge : NC Date : NC

 

Imaginaire maçonnique

A l’heure où la Nouvelle Calédonie se cherche un destin commun deux ans avant  le premier Referendum d’auto-détermination, faudra-t-il que les Calédoniens adoptent l’Imagination comme système de Pouvoir pour continuer à vivre ensemble dans l’avenir ? Certes après 25 ans maintenant des Accords ont été écrits. Ceux de Matignon et Oudinot en 1988 puis celui de Nouméa en 1998.

Mais en 2018 les Hommes et les femmes de cette « terre de dialogue et de partage » comme l’indique la devise du Pays, vont ils continuer à rester unis, et ce, malgré leurs divisions politiciennes ? Avec depuis peu, une économie en crise et des inégalités sociales permanentes ? Déjà la parole circule beaucoup dans les loges du « Caillou » pour chercher avec les mots et avec le cœur les convergences et pour gommer les divergences entre toute les composantes de la  diversité humaine. Nous le savons, le travail des maçons de bonne volonté ne s’arrête jamais. La construction pour édifier avec patience et  persévérance un destin commun est possible. Des  propositions émergent de toutes parts pour écrire ensemble un nouveau contrat social digne de nos valeurs humanistes. L’enjeu est de taille ; transmettre aux générations futures une société apaisée, respectueuse de la Tradition dans la modernité de notre Siècle.

Rappelons que la réflexion sur l’avenir institutionnel qui s’est tenue lors du 15e  Comité des Signataires en Mai 2016 et présidé par le Premier Ministre Manuel Valls en personne a décidé d’une méthode de travail. Il s ‘agit de chercher un consensus  sociétal sur le thème des valeurs communes et découlant de trois sources : les droits de l’homme, les valeurs chrétiennes et les valeurs kanak et océaniennes. Mais c’est sur le plan politique que les partis se sont opposés, notamment sur les questions de compétences régaliennes. En effet si tous s’accordent sur la question des relations internationales et d ‘un renforcement de la Nouvelle Calédonie dans la région Pacifique. La question de la représentation d’un futur Pays à l’ONU divise indépendantistes et loyalistes.

A cela s’ajoute les réflexions sur la monnaie qui restent floue et sans volonté affirmée de voir l’avénement de l’Euro comme nouvelle devise calédonienne.

Au final cette année 2016 aura tout de même après deux comité des signataires, produit un document de cadrage jetant les bases d’un préambule sur les accords et les désaccords tout en  recensant le chemin parcouru.

Pour autant aujourd’hui les interrogations sont nombreuses. La question qui inquiète le plus grand nombre de Calédoniens est celle du contexte économique et social, certes fort différent de celui des évènements sanglants de 1984, mais les crispations qu’il procure interroge l’opinion sur des tensions qui pourraient ressurgir comme celles d’il y a 25 ans.

Certes tous reconnaissent que « le chemin parcouru » s’il a apporté une forme de progrès institutionnel en termes de rattrapage et de rééquilibrage, il est encore loin d’avoir comblé les décalages économiques et sociaux des classes moyennes et défavorisées.

La vie reste très chère en Calédonie pour nombre de gens, le chômage croît, les entreprises débauchent, et les comptes sociaux ont du mal à sortir les caisses du « rouge ».

Les cours du Nickel sont dans la tourmente internationale et sont moins favorables à l’économie locale. D’autres secteurs, comme le tourisme et l’agriculture, ne produisent pas assez d’effets pour se substituer sérieusement à l’industrie minière toute puissante.

La classe politique dans son ensemble est consciente de ces difficultés et elle travaille de manière responsable à franchir ce mauvais cap conjoncturel, auquel s’ajoute depuis quelques années un nouveau phénomène inquiétant en terme de cohésion sociale, celui de la délinquance des mineurs, en proie aux addictions. Ce problème récurrent n’est pas assez maitrisé. Il contraste avec l’idée de paix et de sérénité véhiculé par l’imagerie traditionnelle de cet outremer idéalisé. Il angoisse et crée un sentiment de malaise, qui exacerbe les discours populistes de quelques partis en mal d’électorat. Un travail de fond s’impose et si le Gouvernement local pluraliste dans sa composition fait preuve de lucidité, trop souvent le courage s’émousse au travers de querelles d’appareils dans les deux camps, indépendantistes et loyalistes.

Alors, le terreau de la discorde est-il dressé pour de nouveaux affrontements ? En des temps troublés on se souvient que la mission du dialogue avait renoué avec une possibilité de concorde et elle avait aboutit a réconcilier deux visions d’avenir  dans un nouveau pacte social. Deux mains s’étaient  tendues en 1988  pour un nouveau compromis. Le 17 juillet 2010 deux drapeaux ont été rapprochés en Nouvelle Calédonie sous le regard de l’Etat représenté par François Fillon. Aujourd’hui la question se pose à nouveau à un an de la sortie de l’accord de Nouméa : Comment co-construire en Calédonie, avec le concours des loges maçonniques en général et la GLDF en particulier, une société forte de ses valeurs républicaines et océaniennes ? Une société riche de sa diversité pour vivre ensemble un avenir commun ? En clair passer des cailloux, des caillasses, des affrontements et du climat de guerre des évènements de 1984 à ceux des accords, de la paix, et de l’espérance retrouvée pour des lendemains heureux et durables en faveur du « caillou » autre nom de la Nouvelle Calédonie.

En visite à Nouméa en 2013 pour le 1er Symposium de Pacifique de la Grande loge de France, Marc Henry, alors Grand Maitre de l’Obédience donnait des éléments de réponses lors d’une émission de la chaine de France Télévisions NC 1ére « Toutes nos différences sociétales ou politiques ne sont pas l’enjeu, l’Enjeu c’est la rencontre, l’écoute, et vivre l’instant ensemble ». Elie Poigoune, militant indépendantiste Kanak et membre de la Ligue des Droits de l’Homme ajoutait « Construire une humanité nouvelle ici en Nouvelle Calédonie reste un challenge extraordinaire ». Enfin en 2016 lors de son départ l’ancien Haut commissaire de la République en Nouvelle Calédonie, Vincent Bouvier affirmait de son coté « Il faut sans doute beaucoup plus de courage pour renoncer à la violence, qu'il ne faut de courage pour l’exercer ».

Des vœux qui nous permettent d’espérer pour le futur, dans cette terre de partage du bout du monde

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