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La mise en causes des certitudes en maçonnerie

Le M\ est le contraire du paranoïaque. Le paranoïaque est méfiant, préoccupé par ses droits et les questions de préséance. Il est rigide et insensible aux arguments des autres, incapable de montrer de la tendresse ou d’avoir des émotions positives.

On reconnaît les M\ à leur comportement : Ils écoutent, ne coupent pas la parole aux autres, n’ont pas d’avis péremptoire sur tout et ne se sentent pas dépositaire de la vérité. Ils aiment réellement leurs F\.

Comment est-ce que nous fonctionnons ?

Nous réagissons à des situations en fonction de nos croyances. C’est la base de la psychologie comportementale. Une situation produit un comportement en fonction d’une croyance. Le regard que nous portons sur le monde et sur nous-mêmes, est influencé par des croyances, des préjugés, des jugements souvent érigés en certitudes, et qui se dressent entre la réalité que nous expérimentons et la perception que nous en avons. Là où nous croyons répondre en toute liberté aux sollicitations de notre environnement, nous ne faisons bien souvent que réagir de manière conditionnée à des visions de notre esprit. Le premier versant constitue le maillon principal de tout apprentissage. Pour le comprendre, prenons un exemple simple : jeune enfant, nous expérimentons pour la première fois que l’eau bouillante est dangereuse au toucher, peut-être à la suite d’une expérience désagréable, voire douloureuse ! Notre mémoire l’enregistre, puis en généralise la conclusion pour élaborer une croyance qui aboutira ensuite à un comportement nous permettant, par anticipation, d’éviter de nous brûler en nous méfiant de l’eau qui bout.

Ce mécanisme se révèle donc salutaire et nous permet de mémoriser tout un réseau d’informations que nous acceptons comme vérités et sur lesquelles nous basons nos comportements. Au fil des ans, à mesure que nous expérimentons le monde et ses multiples sollicitations, ce réseau s’enrichit de milliards de données auxquelles nous ne pouvons pas nous permettre de penser constamment, ces données sont reléguées dans notre inconscient qui se charge alors de générer des actes, gestes et comportements réflexes. Les neurosciences ont révélé que près de 90% de nos actes se déroulaient de manière réflexe et inconsciente. Si notre conscience devait se préoccuper de répondre aux sollicitations extérieures à chaque instant, nous serions littéralement saturés. Cette aptitude de notre inconscient à générer des actes réflexes nous permet également de réagir promptement dans des situations où une réflexion approfondie nous mettrait en danger.

Bien évidemment, l’élaboration de nos croyances ne provient pas que de nos expériences propres. Beaucoup d’entre elles sont issues de notre culture, de notre religion (ou de notre athéisme), de notre éducation, de ce que les médias nous répètent tous les jours. Ces idées reçues que nous traînons avec nous portent en elle les germes de leur propre réalité, Le fait même d’y croire nous pousse inconsciemment vers leur accomplissement. Adopter une croyance revient à ordonner à notre cerveau de tout mettre en place afin que cette croyance se réalise, certaines de nos croyances sont infondées et ont des effets négatifs sur nous-mêmes et nos rapports avec les autres.

Les religions et les philosophies ont catalogué ces pulsions négatives :

Le christianisme parle du péché originel et des 7 péchés capitaux :

L'Orgueil
L'Avarice
L'Envie
La Colère
La Luxure
La Paresse
La Gourmandise

Le bouddhisme décrit 3 poisons :Ignorance, avidité, colère. C'est à travers une lutte spirituelle intense, consistant à orienter continuellement sa vie vers le respect d'autrui et à œuvrer au bien commun, que le bouddhiste peut transcender et transformer les Trois poisons.

La maçonnerie a les 3 mauvais compagnons : L'Ignorance, le Fanatisme et l'Ambition.

Il est facile de comprendre que le M\doit modifier ses comportements automatiques en modifiant ses croyances. Il doit identifier les comportements mauvais pour lui et ceux qu’il rencontre. Il lui faut pour cela de l’humilité et remettre en question des croyances. C’est en travaillant en groupe dans un lieu spécial, la L\, où on ne juge pas, ne coupe pas la parole, dont les membres sont F\, que l’on va progressivement tailler la pierre brute, changer notre comportement.

Voyons comment la maçonnerie nous apprend à perdre nos certitudes, nos préjugés.

Au premier degré

Le postulant entre dans le cabinet de réflexion. Cet homme n’est pas n’importe qui. Il a été remarqué par un M\, a réussi 3 enquêtes, passé sous bandeau, il a été reconnu comme libre et de bonnes mœurs. Dans le noir, à la lumière d’une faible bougie ; Il rencontre  une tête de mort ,  une inscription  VITRIOL qu’il ne comprend pas. On lui demande de faire son testament, il attend dans le noir et le froid. Un homme en noir lui enlève sa montre, son portefeuilles des clefs de sa voiture , son téléphone , ses métaux dit le rituel du 18ème siécle. On lui fait ôter son veston; on arrange sa chemise de manière à dénuder le sein et le bras gauche ; on met aussi à nu son genou droit, on déchausse son pied gauche que l’on met «en pantoufle » ; on lui passe une corde autour du cou; enfin on lui bande les yeux. C’est dans cette position destabilisante qu’il est conduit devant la porte du temple où il frappe. Il entend les paroles circuler comme les ordres dans un bateau. Le M\ des Cérémonies fait courber le profane comme s’il passait par une porte très basse. Puis le F\ Couvreur pose la pointe de son glaive sur le sein du récipiendaire.

Le rituel indique clairement le défi :

« Si travailler constamment à votre perfectionnement moral vous paraissait au-dessus de vos forces, il serait temps encore : vous pouvez vous retirer ».

Les 3 voyages contribuent à la mettre dans un état réceptif : il ne comprendra pas la purification par l’air , l’eau et le feu  et ne verra probablement  pas le cadavre. Il prononce des serments, reçoit la lumière dans la chaine d’union. L’initiation est la mise sur le chemin.

Si tout se passe bien, le profane doit mourir pour se transformer dans un homme nouveau qui abandonne ses anciennes croyances pour en découvrir par lui-même de nouvelles lui permettant de progresser vers la libération.

Le second degré est un stade de construction, d’apprentissage. Le M\ reçoit de nouveaux outils et un nouveau repère = l’Etoile flamboyante.

Considérez, mon F\, cette Etoile Flamboyante, et que jamais elle ne s’écarte de votre esprit ; elle est l’emblème du génie qui élève aux grandes choses ; elle est aussi le symbole de ce feu sacré, dont le Grand Architecte de l’Univers nous a doté, et aux rayons duquel nous devons discerner, aimer et pratiquer le vrai, le juste et l’équitable. Que cette Etoile Flamboyante soit le guide permanent de votre quête. L’élévation au grade de maitre maçon est un psychodrame violent. Le compagnon rentre en reculant en loge pour apprendre qu’on le soupçonne d’avoir tué un être exceptionnel, le M\ H\ dont il n’a pas entendu parler. Il écoute le récit de l’assassinat d’Hiram par les 3 mauvais compagnons, vit le rôle d’Hiram et tombe en arrière dans le cercueil d’Hiram. Il est relevé par le V\ M\ et les 2 surveillants par les 5 points parfaits de la maitrise. Dieu soit loué ! Le M\est retrouvé et il reparaît aussi radieux que jamais !

La M\est a dogmatique, elle n’enseigne pas de solution mais engage le M\à trouver sa vérité. C’est un travail personnel qui se réalise en groupe, en L\. Ce n’est pas l’accumulation d’un savoir encyclopédique, il s’agit d’un travail d’introspection ; d’assimilation, qui vise à transformer l’inconscient du M\. C’est un travail rigoureux, répété avec mise en pratique de ce qui a été découvert. Le M\ doit répandre en dehors la lumière qu’il a perçue en L\.

La méthode M\, si elle existe consiste à nous faire vivre des pièces de théâtre où nous tenons un des premiers rôles. Les planches sont des travaux philosophiques qui visent à expliquer ce que nous avons perçu par les symboles. Le M\ rencontre en L\ des personnalités qu’il n’a pas choisies et doit faire avec.

Le rituel du 1er degré est clair :

Vous avez connu beaucoup d’hommes, vous avez peut-être des ennemis. Si vous en rencontriez dans cette assemblée ou parmi les F\M\, seriez-vous disposé à leur tendre la main et à oublier le passé ?


Le devoir du M\ est de chercher la vérité, modifier ses croyances par des principes liés à des qualités humaines relativement indépendantes de l’époque. Ne vous payez pas de mots, n'accordez à qui que soit une confiance aveugle, mais écoutez tous les hommes avec attention et déférence. Respectez toutes les opinions, mais ne les acceptez comme pour justes que si elles vous apparaissent comme telles après les avoir examinées. Un adulte ne change pas sa personnalité, mais il peut modifier des comportements qu’il a compris comme mauvais et acquérir de nouveaux automatismes. Il lui faudra du temps pour ancrer ses nouvelles croyances. Les anciens comportements risquent de réapparaitre en cas de stress, quand l’égo est attaqué. Le câblage de la croyance initiale n’est pas effacé. C’est en travaillant constamment que l’on progressera de la même façon que l’on parle couramment une langue étrangère en pensant directement dans cette langue. La mise en cause des certitudes n’est pas le doute chronique ou l’inaction. Le doute et l’inaction engendrent la peur, la honte de soi. Le M\ doit construire le temple, s’engager, recruter des profanes. C’est en transmettant que l’on précise ce que l’on a appris. Le M\ doit maitriser son égo, tout en gardant confiance en lui-même sans déprimer ni s’étonner quand il reçoit des coups. La comparaison avec le vélo est pertinente : on est stable seulement lorsque l’on avance. La M\ est une psychothérapie pour personne bien portante.

« Ce ne sont pas les choses qui nous nuisent, mais le jugement que nous portons sur elles. »
Epictète
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
Sénèque

J’ai dit, T\ V\ M\,

P\ B\


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