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Rudolph Steiner de la théosophie à l’antroposophie

Dans la lignée du programme de notre V\ M\ sur les philosophies, j’ai décidé d’en choisir une autre après les deux chinoises dont je vous ai parlé l’année dernière.

Je me suis intéressé à cela tout à fait par hasard. En effet, me promenant dans les rues de la petite Venise à Colmar il y a 2 ans, je tombais sur une chapelle consacrée à « la Communauté des chrétiens ». J’ai décidé d’aller à leur messe le dimanche matin qui m’a laissé perplexe car très dépouillée mais j’ai découvert que l’inspirateur initial de ce mouvement était Rudolph Steiner suivi par Friedrich Rittelmeyer. J’ai donc lu plusieurs livres de Steiner pour découvrir sa philosophie plus générale appelée anthroposophie. J’ai conscience que ce n’est pas une planche maçonnique mais j’espère qu’elle pourra susciter chez vous des réflexions.

1 Rudolph STEINER début :

Le 25 février 1861, Rudolf Steiner naît à Kraljevec, actuellement en Croatie, de parents autrichiens. En 1869, sa famille s'installe à Neudörfl, aujourd'hui en Autriche. Il soutient en 1891 sa thèse de doctorat en philosophie à l'université de Rostock. Il écrit beaucoup sur Goethe qui sera son inspirateur principal. En 1900, Steiner donne une conférence sur Nitzsche puis sur Goethe à caractère ésotérique cette fois à la Bibliothèque Théosophique. En janvier 1902, il devient membre de la Société théosophique et secrétaire général pour l'Allemagne.

2 La Société théosophique :

La Théosophie vient de theosophia en grec : theos, divin et sophia, sagesse) et a été fondée par des auteurs de l'Antiquité.

La société est une association internationale prônant la renaissance du principe selon lequel toutes les religions et philosophies possèdent un aspect d'une vérité plus universelle. Sa devise est : « Il n'y pas de religion supérieure à la vérité ».

Son enseignement repose sur un syncrétisme liant, le bouddhisme, l'hindouisme, l'ésotérisme et de manière générale toutes les autres traditions religieuses. Elle fut fondée à New York le 17 novembre 1875, par Petrovna Blavatsky. Malgré un certain nombre de crises et de scissions, l'organisation reste présente sur tous les continents et possède des sections nationales dans une cinquantaine de pays.

Elle a pour but de :

- Former un noyau de la Fraternité Universelle de l'Humanité, sans distinction de race, credo, sexe, caste ou couleur ;

- Encourager l'étude comparée des Religions, des Philosophies et des Sciences ;

- Étudier les lois inexpliquées de la Nature et les pouvoirs latents dans l'Homme.

La Société n'a pas de dogme et ne connaît pas d'hérétiques. Personne n'en est exclu pour ne pas croire à tel ou tel enseignement théosophique. On peut même les repousser tous, sauf le principe de Fraternité humaine. À chacun de ses membres incombe le devoir de préserver pour lui-même et pour les autres l'indépendance intellectuelle. La Société théosophique est la servante de la Sagesse Divine.

Les 3 Vérités :

Le Principe qui donne la vie habite en nous et hors de nous ; il est immortel et éternellement bienfaisant. Il ne peut être vu ni entendu mais celui qui aspire à le percevoir, le perçoit.

L'âme de l'homme est immortelle et son avenir est d'une gloire et d'une splendeur sans limites. Une loi Divine de justice absolue « karma » gouverne le monde, en sorte que chacun est en vérité son propre juge. Des vérités qui ne sont pas toutes antinomiques avec la maçonnerie.

3 Rudolph Steiner suite :

De 1902 à 1909, Rudolf Steiner travaille à l'approfondissement de la recherche sur la « science de l'esprit » au sein de la Société théosophique, qui s'efforce de se positionner en interlocuteur légitime face aux courants de pensée philosophiques et scientifiques de l'époque.

Dès 1907, débute à Munich une phase où la priorité sera donnée au travail artistique ; elle durera jusqu'en 1913.

Les premiers pas de l'eurythmie se font dès 1912, mais c'est sous l'impulsion de Marie de Sivers qu'elle prit son essor et se développa ultérieurement.

À l'Assemblée générale de 1909 à Adyar, les responsables de la Société théosophique, Annie Besant et C\ W\ Leadbeater, déclarèrent qu'Alcyone, le futur Jiddu Krishnamurti, alors âgé de 13 ans, était le Christ réincarné. Ils constituent l'Ordre de l'Étoile d'Orient, une organisation dont le futur Krishnamurti devait prendre la tête à sa majorité. L’éclatement de la société Théosophique devint inévitable. De fait, cette affirmation allait à l'encontre de l'enseignement de Rudolf Steiner qui affirmait que l'incarnation du Christ dans un corps humain était un événement unique dans l'histoire de l'humanité.

Rudolf Steiner et les membres dissidents, en quelque sorte exclus, fondèrent la Société Anthroposophique Universelle le 3 février 1913.

4 L’anthroposophie :

Rudolf Steiner postule que ce qu'il appelle l'observation et le penser seraient les deux piliers de toute connaissance. Il propose, par une intensification conjointe aller-retour de ces deux activités, de faire l'expérience de l'essence du penser, qu'il appelle le penser pur. De ce dernier, l'homme doit pouvoir tirer en toute autonomie le motif de ses actions et agir alors librement. C'est ce que Rudolf Steiner a appelé « l'individualisme éthique ». L'anthroposophie se fonde sur l'affirmation d'un dépassement possible de la vision matérialiste de la nature et du monde en y ajoutant les niveaux suprasensibles de l'existence : processus vitaux, âme et esprit.

Selon Rudolf Steiner : « L'interprétation correcte du mot « anthroposophie » qui vient d’anthropos et sophia, n'est pas « sagesse de l'homme », mais « conscience de son humanité », c'est-à-dire : éduquer sa volonté, cultiver la connaissance, vivre le destin de son temps afin de donner à son âme une orientation de conscience, une sophia ».

L'anthroposophie cherche à développer en l'homme les forces nécessaires pour appréhender ce qui existerait au-delà des sens : monde éthérique ou monde des forces formatrices, monde psychique ou astral, monde spirituel. Pour Kant, l'homme ne peut pas connaître ce qui est au-delà des perceptions sensorielles. Pour l'anthroposophie, l'homme peut développer en lui les facultés qui lui permettent de dépasser cette limite.

« La règle d'or est celle-ci : Quand tu tentes de faire un pas en avant dans la connaissance des vérités occultes, avance en même temps de trois pas dans le perfectionnement de ton caractère en direction du bien ».

L'entité du Christ, le Logos ou Verbe, joue un rôle central dans la cosmogonie steinérienne ; toutefois l'anthroposophie ne se conçoit pas elle-même comme une religion.
En se basant sur les résultats de l'investigation spirituelle, l'anthroposophie propose dans tous les domaines de l'existence, des applications pratiques qui se veulent en harmonie avec la nature profonde de l'homme : éducation, médecine, thérapies artistiques, pharmacie, agriculture, économie, vie sociale, arts, etc.

5 les développements de la société :

Rudolf Steiner avait le projet de faire construire à Munich un édifice appelé le « Johannes-Bau » qui serait un lieu voué à l'activité artistique en général, notamment théâtrale, et un centre pour la recherche, les rencontres et les conférences afin de répondre aux besoins de l'intense activité qu'il impulsait alors, dans le cadre de la Société théosophique. Une opportunité se présenta à Dornach en Suisse, près de Bâle, et c'est là que démarra, en septembre 1913, la construction du Johannes-Bau, lequel fut ensuite rebaptisé « Goetheanum». Des ouvriers, des architectes, des sculpteurs et peintres de multiples nationalités y travaillèrent ensemble pendant toute la Première Guerre mondiale et ensuite jusqu'en septembre 1920, suivant les indications de Rudolf Steiner. Il sculpta lui-même le « Représentant de l'humanité », une énorme statue en bois d'orme qui devait figurer à l'arrière-plan de la scène, à l'est de l'édifice. À la suite de la destruction du premier Goethéanum dans un incendie criminel, il conçut et modela une maquette en argile du futur bâtiment qui cette fois serait construit en béton. De 1919 à 1924, l'anthroposophie étend son domaine d'application et diverses initiatives voient le jour :

Avec sa femme, Marie von Sivers, il développa une nouvelle forme d'art connue en tant qu'eurythmie - quelquefois nommée « chant visible ». Cet art du mouvement est aussi employé à des fins thérapeutiques. Des représentations sont données au Goetheanum, et dans divers théâtres à travers le monde. Il y a maintenant plusieurs écoles d'eurythmie qui offrent des formations complètes de durées variables.

Première approche d'une analyse de l'édifice social par Rudolf Steiner : Le mouvement pour la triarticulation de l'organisme social, dans les mois qui suivirent la fin de la Première Guerre mondiale, a tenté de promouvoir auprès des élites culturelles et politiques allemandes des idées nouvelles pour une reconstruction de la société. Ce mouvement fut un échec politique. Cependant l'impulsion donnée à l'époque est encore présente de nos jours par Nicanor Perlas, et poursuit son chemin.

Première école Waldorf : Appliquant la pédagogie de Rudolf Steiner, elle vit le jour en 1919 à Stuttgart. Initialement c'était une école d'entreprise principalement destinée aux enfants des ouvriers de la fabrique de cigarettes Waldorf-Astoria. Les écoles Waldorf sont aussi appelées Écoles Steiner. De 1919 à 1924 Rudolf Steiner donna 15 cycles de conférences, développant les bases d'une pédagogie issue de sa compréhension spirituelle de l'être humain. Les écoles Waldorf n'enseignent cependant pas l'anthroposophie. Ce sont les professeurs qui fondent dans l'anthroposophie et dans la conception de l'homme qu'elle propose, leur capacité à enseigner.

La Communauté des Chrétiens se développe dès 1922 à Dornach avec le projet de rénover la pratique religieuse chrétienne. De jeunes théologiens s'adressèrent au pasteur protestant Friedrich Rittelmeyer (1872-1938), alors membre de la Société anthroposophique à Berlin. Ce dernier se tourna alors vers Rudolf Steiner pour lui demander conseil sur la manière de féconder le domaine cultuel religieux à partir des conceptions anthroposophiques. Rudolf Steiner accéda à cette demande et organisa deux cours à l'intention de ses théologiens à Stuttgart et à Dornach. Rittelmeyer devint le premier recteur de ce « mouvement de rénovation religieuse » dont le centre s'établit à Stuttgart. « La Communauté des Chrétiens », bien que reprenant les enseignements anthroposophiques est indépendante de la Société anthroposophique. Elle est présente sur tous les continents avec 300 communautés dont une en Alsace.

La médecine, dite médecine anthroposophique, s'est développée à la suite de cycles de conférences données à une trentaine de médecins, à leur demande. Une introduction systématique à cette orientation médicale fut rédigée dans un ouvrage que Rudolf Steiner écrivit avec Ita Wegman, médecin hollandais (1876-1943), dont le titre est Données de base pour un élargissement de l'art de guérir selon les connaissances de la science spirituelle. Par la suite, Ita Wegman fonda en 1921, à Arlesheim, près de Bâle, la première clinique anthroposophique, appelée actuellement « Ita Wegman Klinik ».

L'agriculture biodynamique a pris naissance en Allemagne, à la demande d'agriculteurs. Rudolf Steiner donna un seul cycle de 8 conférences sur le sujet en juin 1924 à Koberwitz (Silésie). Par la suite, ce sont des agriculteurs et des agronomes qui ont expérimenté et développé cette pratique qui fut l'une des premières méthodes de ce qu'on appelle aujourd'hui l'agriculture biologique. Elle est actuellement pratiquée dans de nombreux domaines agricoles dans presque tous les pays du monde. Les produits cultivés selon cette méthode peuvent recevoir le label « Demeter » délivré en France par l'association Demeter France.

6 La société aujourd’hui

Le Goetheanum est le siège de la Société anthroposophique universelle et de l'École Libre de Science de l'Esprit à Dornach, près de Bâle, en Suisse. La Société anthroposophique promeut une vie culturelle et spirituelle libre. L'École Libre de Science de l'Esprit a pour objet de favoriser des recherches dans le domaine spirituel. Elle est organisée en différentes sections :

Anthroposophie générale - médicale - mathématiques et d'astronomie - sciences de la nature et département d'agriculture. - pédagogique - sciences sociales - arts plastiques - arts de la parole et de la musique - belles-lettres - recherche spirituelle de la jeunesse.

La Société anthroposophique universelle, en tant que telle, a en 2008 un peu plus de 50000 membres. La Société anthroposophique ne fait ni propagande, ni prosélytisme.

7 L’organisation spirituelle, psychique et physique de l’être humain selon l'anthroposophie :

Selon le point de vue envisagé, Rudolf Steiner propose diverses approches de la nature humaine, ce qui se traduit selon les cas par une subdivision en un nombre de constituants variable, résumés ici :

1. Le corps physique

C'est le seul que la science traditionnelle reconnaisse.

2. Le corps éthérique

Rudolf Steiner l'appelle aussi corps vital ou corps de forces formatrices. Il s'agirait davantage d'un champ de forces que d'un corps. Il présiderait au développement du corps physique jusqu'à sa taille adulte et ensuite il dirigerait les processus qui maintiennent sa forme. C'est lui qui ferait du corps physique un corps vivant. Les plantes et les animaux auraient également un corps éthérique.

3. Le corps astral

Cette dénomination ancienne a été conservée par Rudolf Steiner du fait qu'elle était d'usage courant en ésotérisme, mais il l'appelle aussi corps psychique, corps de conscience, parfois corps des désirs ou corps animique. Ce corps n'épouserait pas les formes des corps physique ou éthérique. Il affecterait une forme ovoïde parcourue par des courants de forces psychiques apparaissant lumineuses et très colorées à la « perception clairvoyante ». Dans la littérature ésotérique, on en parle souvent comme de « l'aura ».

4. Le « Moi » ou le « Je »

Le Moi est considéré comme l'entité supérieure immortelle de l'homme, destinée à se déployer et se structurer sous la forme de ce que l'anthroposophie appelle « la triade spirituelle ». Le Moi est censé agir dans l'âme et susciter ainsi l'être conscient.

5. L'âme

Dans la structure ternaire anthroposophique de l'être humain : Esprit - âme - corps, on appelle « corps » l'ensemble constitué du corps physique, du corps éthérique, et de la partie inférieure du corps astral. Le terme âme, sous-entendant ses trois aspects appelés âme de sensation, âme d'entendement et âme de conscience, désigne la partie supérieure du corps astral, tandis que le terme esprit désigne le moi, incluant le germe de la triade spirituelle. L'âme de sensibilité serait particulièrement unie au corps astral. Le corps astral est censé rendre conscientes les impressions transmises par les organes sensoriels, mais ce serait dans l'âme de sensation que le Moi peut revivre les souvenirs, les représentations de ce qui a été perçu. L'expérience intérieure se déroule dans l'âme de sensation. Dans l'âme d'entendement, le Moi élabore ce qu'il reçoit. Il éclaire et élabore par la pensée ce qui vit dans l'âme de sensation. Grâce à cette partie de l'âme, le Moi peut porter des jugements. C'est au sein de l'âme d'entendement que l'homme s'éveille à lui-même, qu'il saisit son Moi. Toutefois, la pleine conscience de son Moi, il ne peut l'acquérir que dans l'âme de conscience. L'âme de conscience recherche la vérité et le bien moral. Ce n'est qu'à ce moment que la connaissance véritable de soi et du monde peuvent devenir objective et que le Moi peut élargir progressivement sa conscience au suprasensible.

6. Les corps supérieurs

Le disciple qui suit un chemin spirituel, anticipe par le travail qu'il fait sur lui-même, des stades de conscience qui ne deviendraient l'apanage naturel de l'humanité que dans le futur. Le travail du Moi sur le corps astral, en le métamorphosant, donnerait naissance au Soi spirituel. Le travail du Moi sur le corps éthérique (ou vital), en le métamorphosant donnerait naissance à l'Esprit de vie. Le travail du Moi sur le corps physique, en le métamorphosant, donnerait naissance à l'Homme-Esprit.

8. Réincarnation et karma :

Pour Rudolf Steiner, au stade actuel l'homme ne serait ni tout à fait libre, ni déterminé ; il se trouverait sur le chemin qui mène à la liberté. Progressant d'incarnation en incarnation, l'être humain développerait les facultés et le savoir qui lui permettraient d'aborder son environnement et sa destinée avec une maturité croissante. Un esprit qui se détermine lui-même, en toute lucidité sur ses motivations profondes, est un esprit libre.

9. Critiques :

La principale difficulté pour évaluer l'anthroposophie selon la méthode scientifique réside dans le fait que Rudolf Steiner s'appuie sur ce qu'il appelle des perceptions spirituelles, non accessibles au plus grand nombre, si tant est qu'elles existent réellement. Ainsi, tout ce qui se base sur des perceptions spirituelles dans l'anthroposophie ne peut être considéré que comme hypothèse ou comme une croyance. Rudolf Steiner s'exprime cependant à ce sujet, déclarant qu'il ne souhaite pas être cru sur parole, mais invite ceux qui le souhaitent à vérifier par eux-mêmes ses propositions. Son approche se fondant essentiellement sur le développement méthodique de certaines facultés par des exercices méditatifs, seul celui qui entreprend ces exercices, qu’il a codifiés dans un de ses livres, peut finalement prétendre à une vérification.

10 Conclusion
La maladie eut finalement raison de lui, et il décéda le 30 mars 1925, alors que les fondations du nouveau Goethéanum étaient à peine achevées.

Rudolf Steiner laisse derrière lui une somme considérable d'enseignements. Au total, il écrivit environ 30 livres et donna plus de 6 000 conférences, dont une partie fut recueillie et publiée, l'édition allemande comprend environ 370 volumes.

Je dois dire que personnellement je ne connais, malheureusement pour lui, aucune des différentes disciplines qu’il a générées.

J’ai dit V\ M\

B\ K\


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