Obédience : NC Loge : NC 17/01/2014

 

L’Éther, chimère ou ivresse de la pensée ?

En grisé : parties du texte non prononcées

Le thème de cette planche m’est venu de la rencontre de deux préoccupations. La première, c’est l’usage répété du mot « azur » par Henri Barbusse dans son recueil de poèmes Pleureuses, publié en 1895 par un jeune homme d’éducation protestante à une époque de résurrection du christianisme. On en relève 26 occurrences, avec un sens proche de « l’éther » des poètes, du « firmament », ou encore du ciel des croyants. Pourquoi ce mot obsessionnel ?

La seconde, c’est qu’à la lecture d’un opuscule (1) consacré à la Relativité, j’ai été frappé par les réticences, à partir de 1920, de son contemporain Einstein, pour confirmer la disparition de l’« éther » des physiciens, concept que lui-même avait mis à bas en 1905.

Il y a deux mois, mon Grand Quotidien du Soir présentait à « l’honnête homme » moderne le neutrino fraîchement détecté comme l’un des « Grands Architectes de l’Univers »… J’ai sauté sur l’occasion pour vous parler de sujet de science physique qui me fascine : l’Éther, ce concept qui prend naissance avec la littérature occidentale, et qui, aujourd’hui encore, est objet de recherches.

Je commence par une citation d’Alan Sokal (2), tirée de son ouvrage « Pseudoscience (3) et postmodernisme (4) » :

« À l’aune de notre présence sur terre, la science est une invention culturelle extrêmement récente […]. L’efficacité de cette invention qui, en l’espace de seulement quatre cents ans, est parvenue à engendrer un savoir exact sur le monde, des quarks aux quasars, est proprement extraordinaire […]. Pourtant, l’attitude scientifique devant le monde […] demeure bien souvent minoritaire, même dans les pays industrialisés […]. À de nombreux égards, la science va à l’encontre des tendances naturelles de la psychologie humaine, [… et] la
pseudoscience pourrait bien être plus naturelle à notre espèce ».

Je trouve ce regard moderne très lucide ; il me fait réfléchir sur la question de savoir si la « pseudoscience », définie avec les concepts du passé, a pu trouver autrefois un terrain plus favorable qu’aujourd’hui, aujourd’hui où, malgré le relativisme et le postmodernisme actuels, s’impose le principe : « La vérité ne se vote pas » (5), et où chaque chercheur peut défendre ses idées sans inquiétude, en plaisantin comme en précurseur.

Bien ; entrons dans le vif du sujet. C’est au VIIIème siècle avant J. C., dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère (6), que l’Éther fait ses premières apparitions pour désigner simplement les hauteurs inaccessibles du ciel, considérées plutôt comme la demeure des Dieux. À la même époque, l’éther apparaît également au début de la Théogonie d’Hésiode (7), au vers 124, avec un sens assez bien défini. Éther, divinité du « clair éclat » et sa soeur Hèméra, le Jour, sont filles de Nyx, la nuit. Celle-ci, après l’apparition d’Éros (le plus beau d’entre les dieux), s’est unie d’amour à Érèbe (8), qui est le coeur obscur des Enfers, ces deux divinités étant elles-mêmes enfants du Chaos et de Gaïa, la Terre aux larges flancs. Pour décrire la genèse du monde, il apparaît donc nécessaire à Hésiode de reconnaître les existences distinctes de Éther et de Jour, deux clartés issues elles-mêmes de deux ténèbres contraires, celle du Ciel et celle des Enfers ; peut-être pour établir l’universalité de la filiation sexuée dès l’origine du monde.

Cent ans plus tard, vers 500 av. J. C., Pythagore (9) considère que la terre est sphérique, mais que le soleil ne fait que refléter un « feu central » situé au milieu du monde. Pour lui, « l’âme du monde est l’éther d’où sont tirées les âmes particulières ». Pour son disciple Parménide (10), le monde est sphérique, avec des couches concentriques.

À la même époque, Anaxagore (11), dans les fragments de textes qui nous restent de lui, utilise les propriétés attribuées à l’éther pour expliquer le monde et les phénomènes naturels. Pour lui, « Dieu est l’intelligence qui a fait le monde ». Il distingue l’éther, porté vers le haut avec le chaud, le lumineux, le sec, et le léger, alors que le dense, le froid, l’humide et l’obscure demeurent attachés à la terre.

« L’éther est le lieu où circulent les astres et les pensées, et pourtant cet éther est infini et imprègne toute chose, dit-il. L’ordonnance du ciel résulte du mouvement circulaire ; […] le Soleil, la Lune et tous les astres sont des pierres incandescentes entraînées par la révolution de l’éther ». Ignorant encore le principe d’inertie, Anaxagore accorde à l’éther une consistance suffisante pour lui attribuer l’entraînement des planètes. À ses yeux, la mécanique des planètes atteste l’existence d’un ordre cosmologique, et c’est donc dans l’éther qu’il situe les pensées.

Sur la cosmologie, les idées de Socrate (12), disciple d’Anaxagore, sont rapportées par Platon (13) : « La terre est sphérique et divisée en beaucoup de creux pareils à celui de la Méditerranée, dont nous habitons les bords. Mais au-dessus de ces creux habités par les
hommes, il y a une terre plus pure, qui est située dans le ciel pur, dans l’éther, où sont les astres ». Est-ce vraiment là les idées de Socrate, lui qui s’exprime souvent au moyen de symboles ? En tout cas, les idées d’Anaxagore sont largement débordées, bien au-delà de la perception des sens.

Platon, lui, déclare que « l’espace entre l’air et le ciel des fixes (région du feu) devient l’éther, séjour des dieux astres ». Pour lui, qui reconnaît même trois sortes d’éther, la théorie de la lumière s’appuie sur la vision : l’oeil envoie des rayons sur l’objet qu’il observe. (14) (Sa parabole de la caverne veut faire sentir la distance entre l’apparence et la réalité, qu’il identifie à la vérité et qu’il croit unique et accessible).

À la même époque, Eudoxe (15) soutient que le monde est géocentrique, et qu’autour de la Terre, les mouvements des astres sont réglés par des sphères qui les portent.

Ce système va être enrichi par l’imagination d’Aristote (16) : l’éther est le premier des cinq corps (avant le feu, l’air, l’eau et la terre). Il pense que « l’âme est un mouvement perpétuel parce qu’elle est tirée de l’éther qui court toujours… » ; ou encore : « l’éther est principe de chaleur, donc de vie ». Répétant Anaxagore, il écrit : « Il est de toute nécessité qu’il existe un corps simple dont la nature soit de se mouvoir selon la translation circulaire, conformément à sa propre nature… En dehors des corps qui nous entourent ici-bas, il existe un autre corps, séparé d’eux, et possédant une nature d’autant plus noble qu’il est plus éloigné de ceux de notre monde ». Pour lui, les astres sont solidaires de sphères de cristal, et « nagent dans un fluide parfait qui n’oppose aucune résistance à leurs mouvements ». Ses successeurs ont désigné Aristote comme l’inventeur de l’éther, alors qu’à ce sujet il n’a fait que broder sur ses maîtres Anaxagore, Platon et Socrate.

Mais à la même époque que Socrate, Démocrite (17), disciple de Leucippe (18), répand l’atomisme et les prémices de l’athéisme. Il propage le doute sur les vérités scientifiques de son temps, il sera suivi par Anaxarque (19), et ses idées seront âprement contestées par Platon.

Parallèlement et loin d’Athènes, Héraclide du Pont (20), semblant tout ignorer de l’éther, décrit un monde où les astres circulent selon des cercles compliqués autour de la Terre qui tourne sur elle-même. Mais en faisant tourner Mercure et Vénus autour du Soleil, il ouvre la voie à l’héliocentrisme. Comme les pythagoriciens, il pense que les âmes, délivrées de leurs corps et composées de lumière astrale, se réunissent dans la Voie Lactée.

Un peu plus tard, Épicure (21), reprenant la théorie atomique de Démocrite qui a déjà cent ans, pense que la physique n’est pas fondée sur l’existence des dieux, qui ne sont pas à craindre, que le vide peut exister, et que les atomes obéissent au « clinamen » (22), idée qui sera expliqué bien plus tard par le latin Lucrèce (23). Il pense, lui, que la vérité scientifique ne s’établit que sur des expériences réfutables.

Straton (24) combattra l’existence et la pérennité de l’âme selon Platon, mais sera aussi l’adversaire de l’atomisme de Démocrite. En 280 av. J. C., Aristarque de Samos (25) annonce, le premier, que la terre tourne autour du soleil en tournant sur elle-même, comme l’a écrit plus tard Archimède (26). On ignore les conceptions astronomiques d’Euclide (27), disciple de Platon avant Archimède et Ératosthène (28), mais on sait que, comme son maître, il pensait que la vision était due à des rayons émis par l’oeil.

Au deuxième siècle avant J. C., Hipparque (29) nous fait entrer dans l’astronomie véritable, bien qu’avec une représentation géocentrée du monde. Compilateur des données chaldéennes et égyptiennes, il prédit les éclipses, il connaît la précession des équinoxes, il mesure le méridien ainsi que les distances de la lune et du soleil. Pour rendre compte des mouvements des astres, il invente la théorie des épicycles. Un peu plus tard, Posidonios (30) construit une sphère animée dont la description nous évoque la machine d’Anticythère. Enfin, au premier siècle avant J.C., Ptolémée (31) soutient le monde géocentré d’Hipparque. Il le perfectionne grâce au système des épicycles et à la notion d’équant, et ses conceptions seront pérennisées dans le monde occidental jusqu’au XVIème siècle.

En résumé, nous constatons que du huitième au premier siècle avant J. C., la notion d’éther a évolué depuis un contenu poétique jusqu’à un ensemble de structures matérielles organisant les mouvements des astres et hébergeant les âmes. Ce concept a été adopté par certains des
plus brillants esprits, Pythagore, Anaxagore, Platon, Aristote et leurs disciples, en particuliers pour ceux qui croyaient au pouvoir spirituel des dieux. En revanche, pour d’autres esprits tout aussi brillants, mais pour qui les dieux n’étaient que des symboles, et que la postérité n’a pas encensés, Leucippe, Démocrite, Héraclide, Épicure, l’éther était inutile à leurs explications du monde.

Donc, jusqu’à la contre-réforme, le système de Ptolémée sera incontesté en Occident ; la Scholastique a paralysé la science, les écrits d’Aristote sont devenus des dogmes, l’astronomie ne progresse plus et le concept d’éther est oublié. Il en fut différemment dans le monde musulman : autour de l’an mil, le savant perse Alhazen (32) est le premier à comprendre le principe d’inertie ; on lui attribue même la connaissance de l’attraction gravitationnelle. Il explique le fonctionnement de l’oeil qui reçoit la lumière incidente ou réfléchie, et le rôle de la mémoire dans la vision. Étranger par nature à la scholastique médiévale, il comprend les causes et les lois de la réfraction, le crépuscule, le pouvoir des lentilles de verre. Il ne sera traduit
en latin que deux siècles après sa mort. Un peu plus tard, Nasireddin (33) et ses successeurs, toujours en Perse, sont convaincus de la fausseté du système de Ptolémée ; ils établissent que c’est la terre qui tourne autour du soleil ; et ils ne disent rien sur l’éther.

Au XVIème siècle, l’héliocentrisme est rétabli par les recherches de Copernic (34). L’Église examine ses travaux (35), et deux papes clairvoyants (36) émettent successivement un avis favorable. Sur les mêmes bases que lui, Kepler (37) établit les trajectoires elliptiques des astres et les lois de la mécanique céleste, lois qui seront reprises par Newton. Pour justifier ces trajectoires, il imagine un système de polyèdres dans lequel les distances sont en accord avec la Sainte Trinité, et avec le dodécaèdre, qui représente l’Éther, comme chez Platon. Galilée (38), qui ne lira pas ses ouvrages jugés trop mathématiques, utilisa les travaux de Copernic pour étayer ses conceptions sur l’inertie, et sur l’espace qui baigne le monde. Mais il défend maladroitement ses conceptions, et ses écrits seront examinés en 1616 par un Saint-Office qui préfère les condamner plutôt que les comprendre.

Ainsi, bousculant les idées de l’Antiquité, Kepler, Tycho Brahe, Galilée, puis Descartes (39) adoptent le système héliocentré de Copernic, système que l’Église combattra encore 50 ans. Descartes, qui a renoncé à publier ses propres oeuvres sur l’optique, imagine, pour remplacer les polyèdres de Kepler, que des tourbillons d’éther entraînent les astres, confortant ainsi l’idée tenace d’Érasistrate (40) selon qui « la Nature a horreur du vide », accompagnant Aristote dans les dogmes de la scholastique.

Mais deux nouvelles mutations arrivent au XVIIème siècle : en 1666, Newton (41) explique la gravité et l’inertie mécanique, et il décrit la structure granulaire de la lumière. Peu après, en 1678, Huygens (42), adepte de l’héliocentrisme qui ne pose pas de problème aux Pays-Bas, décrit les propriétés ondulatoires de la lumière dans une théorie mathématique qui, elle, a besoin de l’existence de l’Éther ! En effet, pour expliquer la transmission d’une lumière au caractère ondulatoire, il faut pour faire des ondes un support vibrant ; et c’est seulement 150 ans plus tard que la validité complémentaire des deux théories sera reconnue.

Face à la théorie de Newton, d’autres savants comme Leibniz (43), Euler (44), Young (45), Fresnel (46), défendent la théorie ondulatoire de la lumière aux côtés de Huygens. Arago (47) est d’abord adepte de la théorie corpusculaire, puis convaincu par la théorie ondulatoire, de même que Helvétius (48). Beaucoup au XVIIIème siècle, soutiennent l’existence de l’éther, mais pas un n’ose en proposer une description raisonnable, quand les mathématiques en énoncent des propriétés impossibles : densité quasi-nulle, transparence parfaite, rigidité et élasticité quasiinfinies.

Les siècles s’écoulent, les découvertes avancent ; en 1802, la nature corpusculaire de la matière commence à être comprise (49), ainsi que l’énergie électromagnétique, qui a besoin d’une substance comme support : ce sera encore l’éther, même pour Maxwell (50), qui se perd en conjectures sur sa constitution et surtout sur sa mobilité par rapport aux objets, et qui cherche à le remplacer, pour la propagation des ondes, par le concept de champ. La poésie s’empare également de l’éther : une fin de siècle portée sur l’ésotérisme ressuscite des éléments pythagoriciens pour placer dans l’empyrée, là où règne l’éther, le siège de l’harmonie des sphères (51).

Cette situation dura un siècle, jusqu’en 1905, date à laquelle Mach (52) et Einstein (53) interprètent correctement la célèbre expérience de Michelson, qui cherchait justement à mesurer le mouvement de l’éther face au mouvement de la terre. Mais là, c’est l’inutilité de l’éther qui
fut établie, et la théorie de la Relativité restreinte en découla. D’autres expérience (54) donneront les mêmes résultats : l’hypothèse de l’éther est parfaitement inutile, il n’existe dans l’espace aucune référence fixe pour le mouvement rectiligne uniforme. Einstein affirme en 1905 : « L’introduction d’un « éther lumineux » se révélera superflue, dans la mesure où, dans la conception qui va être développée, il ne sera pas introduit d’espace au repos absolu doté de propriétés particulières… » Mais il déclare quelques années plus tard : il faut « analyser les concepts couramment utilisés depuis longtemps et montrer à quelles circonstances particulières ils doivent leur raison d’être et leur utilité, et comment chacun d’eux est issu des données de l’expérience. On brise ainsi, dit-il, l’autorité excessive qu’ils ont acquise… ».

Et après la publication de la Relativité Générale de 1916, Einstein entame une révision de ses travaux pour tenir compte de l’expansion de l’Univers, et cette nouvelle crise conduit la communauté scientifique à une nouvelle résurrection de l’éther qui prend. Pourquoi cette nécessité ? J’avoue que là, je suis à peine capable de suivre et de rester un honnête homme dans mon siècle. Dans des analyses scientifiques sur cette question, on comprend que le champ ne possède aucune propriété de cet éther qu’il remplace, et qui aujourd’hui encore, sous des noms nouveaux, le Champ, le Vide, l’Espace, ou même la Quintessence (55). Donc aujourd’hui, pour des raisons qui me dépassent si elles sont strictement techniques, ce concept de l’éther est présenté comme indispensable à la poursuite des études sur la structure de l’infiniment grand comme de l’infiniment petit.

Pour l’infiniment petit, si j’ai bien compris, le boson de Higgs nouveau-né est à la masse ce que le photon est à la lumière, et nous savons que ces deux entités, masse et lumière, sont convertibles et liées par la célèbre équation : E = MC2. Donc, pour que les interactions entre photons et bosons soient mathématiquement explicables, cette découverte entraînera bientôt, j’imagine, la nécessité de définir un nouvel éther dans le champ de Higgs…

Il y a 400 ans, Bacon (56), cité par Alan Sokal, disait : « L’Homme croit de préférence ce qu’il désire être vrai » ; je pense que tous les savants sont soumis à cette maxime, et moi aussi. Mais en me penchant sur ces ballets de particules invisibles ou de galaxies géantes, dans un vide
minuscule ou immense, je ne crois plus rien, je songe à l’intuition qui a fait dire à Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie… ». Alors que ma planche était à moitié faite, j’ai découvert un ouvrage (57) très récent et très technique, intitulé : « L’éther existe-t-il ? » Moi, je ne sais toujours pas, et je ne sais toujours pas si cet aspect de la connaissance fait partie de la Science ou de la Pseudoscience, ou même, si c’est une chimère de l’esprit humain, peut-être pavé par les nombres ; je me suis efforcé de vous exposer la question…

J’ai dit.

F\ C\

Notes :

(1) Françoise Balibar, Einstein 1905, De l’éther aux quanta, PUF, 1992.

(2) Alan Sokal (né en 1955), physicien et épistémologue américain, auteur avec Jean Bricmont (physicien belge, né en 1952) d’un célèbre canular intitulé « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformatrice de la gravitation quantique », publié dans la revue Social Text en 1996. Cet article est reproduit dans leur ouvrage : Impostures intellectuelles (Odile Jacob, 1997). Son point de vue sur la recherche est clairement exposé dans son autre ouvrage « Pseudosciences et postmodernisme » (Odile Jacob, 2005), mérite d’être cité :

« À de nombreux égards, la science va à l’encontre des tendances de la psychologie humaine, tant par ses méthodes que par ses résultats. La pseudoscience pourrait bien être plus naturelle à notre espèce. Le maintien d’une perspective scientifique sur les choses exige une lutte intellectuelle et émotionnelle permanente contre la pensée complaisante, téléologique et anthropomorphique, contre les erreurs de jugement en matière de probabilité, de corrélation et de relation causale, contre la tendance à percevoir des patterns inexistants, et contre la propension à chercher des confirmations plutôt que des réfutations à nos théories préférées ».

(3) Pseudoscience : « Démarche prétendument scientifique ou utilisant le langage de la science mais qui ne respecte pas les canons de la méthode scientifique, dont le principe de réfutabilité ». En Sciences Humaines, on peut appliquer les critères de Karl Popper.

À l'opposé : le scientisme, c’est la science officielle et dogmatique. Revue Parasciences : « La Vérité est le point d'équilibre entre toutes les oppositions ». Paul Feyerabend : « la science est la plus agressive et la plus dogmatique des institutions religieuses ». Gaston Bachelard : « La vérité est une erreur rectifiée ». Carl Sagan (fondateur du Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Paranormal) déclare : « La seule vérité sacrée est qu'il n'y a pas de vérité sacrée ». Parapsychologie, télépathie, astrologie, graphologie, homéopathie, ostéopathie, alchimie, psychanalyse, ufologie (science des ovnis), créationnisme, vitalisme. Carl Sagan (fondateur du Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Paranormal) déclare : « La seule vérité sacrée est qu'il n'y a pas de vérité sacrée.

(4) Postmodernisme : concept introduit en 1979 par Jean-François Lyotard (1924 – 1998), selon lequel « les progrès des sciences ont entraîné la fin de la crédulité devant des explications englobantes et totalisantes.

(5) Denis Monod-Broca (1918-2006), journaliste, in Le Monde, 13 février 2013. De nos jours, Peter Higgs (né en 1929) en sait quelque chose, lui qui a été exclu de la communauté scientifique durant 25 ans avant de voir ses idées enfin reconnues dans les années 90 et de recevoir le prix Nobel il y a trois mois.

(6) Homère (fin du VIIIème siècle av. J.C., originaire d’Ionie) – On relève 15 occurrences dans l’Iliade :

– Zeus ! Très glorieux, très grand, qui amasses les noires nuées et qui habites l’aithèr !

Zeus Kronide qui habite l’aithèr agitera d’en haut sur eux sa terrible Aigide
…on voit s’éclairer les cimes et les hauts promontoires et les vallées, et que l’aithèr infini s’ouvre au faîte de l’Ouranos
…le cruel Kronide excita un grand tumulte et fit pleuvoir du haut de l’aithèr des rosées teintes de sang
…la clameur des deux peuples monta jusque dans l’aithèr, parmi les splendeurs de Zeus. Et Zeus, s’éveillant indigné, dispersa tous les dieux par l’Ouranos ; et il me cherchait pour me précipiter du haut de l’aithèr dans la mer.

…de peur que Zeus le vît, et il monta dans un grand pin né sur l’Ida, et qui s’élevait jusque dans l’aithèr.

…les mains liées d’une solide chaîne d’or, et où tu pendais ainsi de l’aithèr et des nuées ?

Et le sort décida que j’habiterais toujours la blanche mer, et Aidès eut les noires ténèbres, et Zeus eut le large Ouranos, dans les nuées et dans l’aithèr.

Mais le haut Olympos et la terre furent communs à tous.

De même que, le foudroyant Zeus ayant dissipé les nuées noires au faîte d’une grande montagne, tout apparaît soudainement, les cavernes, les cimes aiguës et les bois, et qu’une immense sérénité se répand dans l’aithèr.

De même qu’une nuée monte de l’Olympos jusque dans l’Ouranos, quand Zeus excite la tempête dans la sérénité de l’aithèr, de même la clameur et la fuite s’élançaient des nefs.

De même, dans une île lointaine, la fumée monte vers l’aithèr, du milieu d’une ville assiégée. Ainsi, une haute clarté montait de la tête d’Akhilleus jusque dans l’aithèr.

Et, parlant ainsi, il excita Athènè déjà pleine d’ardeur. Et, semblable à l’aigle marin aux cris perçants, elle sauta de l’Ouranos dans l’aithèr.

De même que les neiges épaisses volent dans l’air, refroidies par le souffle impétueux de l’aithéréen Boréas, de même, hors des nefs, se répandaient les casques solides…

Et voici les 3 occurrences dans l’Odyssée :

Tenant cette baguette dans ses mains, le puissant Tueur d’Argos, s’envolant vers la Piériè, tomba de l’Aithèr sur la mer et s’élança, rasant les flots.

Mais l’olympien Zeus qui habite l’aithèr sait s’ils ne verront pas tous leur dernier jour avant leurs noces. Et elles restent toutes amassées dans les demeures, tandis que l’aigle s’élève dans l’aithèr divin.

(7) Hésiode (Béotie, fin du VIIIème siècle av. J.C.) - Au IIème siècle de l’ère chrétienne apparut l’Agốn, « Dispute d’Homère et d’Hésiode », dont le contenu est beaucoup plus ancien (Aristophane en cite des vers dans La Paix, en 421 av. J.-C.). Cet ouvrage, qui narre un tournoi opposant Homère à Hésiode, a pour objectif de répondre à la question : que faut-il préférer, la poésie didactique ou la poésie épique ? Au terme du tournoi, Hésiode l’emporte parce qu’il célèbre la paix au lieu de la guerre. [in Wikipedia] - Voici les vers 116 à 138 de son poème La Théogonie :

En vérité, aux tout premiers temps, naquit Chaos, l’Abîme-Néant, et ensuite Gaïa la Terre aux larges flancs

– universel séjour à jamais stable des immortels maîtres des cimes de l’Olympe neigeux – les étendues brumeuses du Tartare, au fin fond du sol aux larges routes, et Éros, celui qui est le plus beau d’entre les dieux immortels (il est l’Amour qui rompt les membres) et qui, de tous les dieux et de tous les humains, dompte, au fond des poitrines, l’esprit et le sage vouloir.

De l’Abîme-Béant, ce furent l’Érèbe l’Obscur et Nyx la Nuit noire qui naquirent. Et, de la Nuit, à leur tour, Clair-Éclat et Journée, Éther et Hèméré, qu’elle enfanta, devenue grosse de son union de bonne entente avec l’Érèbe obscur.

Quant à la Terre, en premier lieu, elle fit naître, égale à elle-même, (il fallait qu’il pût la cacher, l’envelopper entièrement), Ouranos, le ciel étoilé, afin qu’il fût, pour les dieux bienheureux, séjour à jamais stable ; puis elle fit naître Ouréa les Hauts Monts, gîte gracieux de déesses – des Nymphes qui habitent les monts coupés de ravins – et elle enfanta aussi l’étendue stérile du large qui se gonfle et fait rage, Pontos le Flot-Marin – tout cela sans bonne entente source de désir. Mais ensuite, au lit du Ciel, elle enfanta le Fleuve-Océan, Océanos aux profonds tourbillons, Coïos, Crios, Hypérion Qui-parcourt-les-hauteurs, et Japet, Théia la Divine, Rhéia, Thémis Juste-Coutume et Mémoire (Mnémosyne), Phoibè la Lumineuse, toute d’or couronnée, et Tèthys qui inspire l’amour. Et après eux, bon cadet, naquit Cronos aux idées retorses, le plus terrible des enfants – et il se prit de haine pour son géniteur vigoureux.

(8) Érèbe, personnifiant les ténèbres des Enfers ; il fut métamorphosé en fleuve pour avoir secouru les Titans.

(9) Pythagore (Samos, 580 – Métaponte, 495), philosophe et mathématicien ; il n’a jamais rien écrit. Pour lui, dans la nature, tout est nombre, et tout nombre est symbole.

(10) Parménide d’Élée (près de Salerne, 510 av. J. C. - ?), auteur d’un Traité de la Nature. Pour lui, c’est la raison qui est le critère de la vérité. Comme Pythagore, il met la terre sphérique au centre de l’univers sphérique constitué de zones concentriques, l’ensemble étant pourtant régi par un feu central.

(11) Anaxagore (Athènes, 500 – 428 av. J.C.), disciple d’Anaximène, contemporain de Socrate, maître de Périclès et d’Euripide ; il fut condamné à mort pour athéisme et finalement banni. Il est à l’origine de la formule : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau », reprise par Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Fragments :

- L’intelligence est principe de toutes choses, cause et maîtresse de l’univers, elle donne l’ordre au désordonné, le mouvement à l’immobile, sépare ce qui est mêlé, fait un monde de ce qui est confus.

- Dieu est l’intelligence qui a fait le monde.

- L’ordonnance du ciel résulte du mouvement circulaire ; le dense, l’humide, l’obscur, le froid et, en général, tout ce qui est lourd, s’est réuni vers le milieu et s’y est figé, ce qui a formé la Terre ; les contraires, le chaud, le lumineux, le sec, le léger, se sont portés vers le haut de l’éther.

- Le Soleil, la Lune et tous les astres sont des pierres incandescentes entraînées par la révolution de l’éther.

- Ce qui est né de la terre retourne à la terre, ce qui a germé de la semence éthérée retourne à l’éther.

- L’éther environnant est igné par essence et la force de son mouvement révolutif a détaché de la terre des pierres qui, rendues incandescentes, ont formé les astres.

- Lorsque le chaud tombe sur le froid (c’est-à-dire la partie éthérienne sur l’aérienne), le bruit produit le tonnerre.

- Toutes choses étaient confondues ensemble, infinies en nombre et en petitesse; car l’infiniment petit existait. Mais, toutes choses étant ensemble, aucune n’apparaissait, par suite de sa petitesse ; tout était occupé par l’air et par l’éther, qui sont tous deux infinis ; car de toutes les choses, ce sont celles-là qui l’emportent par le nombre et par le volume.

- Et en effet l’air et l’éther se dégagent de la masse qui nous environne, et cette masse est infinie en quantité.

- Ce qui est mêlé, ce qui est distinct et séparé, le nous en a toujours eu connaissance complète ; il a tout ordonné comme il devait être, tout ce qui a été, est maintenant et sera plus tard, et aussi cette révolution même qui entraîne les astres, le Soleil, la Lune, l’air et l’éther, depuis qu’ils sont distincts.

- Le dense, l’humide, le froid, l’obscur se sont concentrés là où est maintenant la terre ; le dilaté, le chaud, le sec et le lumineux se sont retirés vers le haut de l’éther.

(12) Socrate (470 – 379 av. J. C.), élève d’Anaxagore.

(13) Platon (Athènes, 424 – 348 av. J.C.) – Au sujet de l’éther, il écrit dans Epinomis : « Ce qui vient hiérarchiquement après le feu, c’est l’éther ; il sert à l’âme pour façonner des vivants qui ont pour propriété de contenir en majeure partie la substance même de ce corps ». Pour Platon, comme plus tard pour Euclide, la vision est faite par des rayons partant de l’oeil vers l’objet.

(14) Cette idée a cela de commun avec la « parabole de la caverne » que, comme de nos jours Heinrich Böll (1917 – 1986), elle fait comprendre que le monde n’existe en tant que tel que sous le regard de l’homme.

(15) Eudoxe (env. 400 – 350 av. J. C.) – Proche de Platon, il soutient que le monde est géocentrique, et que les mouvements des astres sont réglés par des sphères qui les portent, système enrichi par Aristote.

(16) Aristote (Macédoine, 384 – Eubée, 322 av. J. C.), adepte de la logique binaire. Aristote dit que les images sont une étape intermédiaire dans le processus d’abstraction qui va des formes sensibles aux formes intelligibles, mais aussi que « jamais l'âme ne pense sans image ». Pour lui, le mouvement est « acte de puissance ».

(17) Démocrite d’Abdère (Thrace, 460 – 370 av. J. C.), philosophe présocratique matérialiste, adepte du rire, voyageur et géomètre, savant encyclopédiste, fondateur de la doctrine atomiste. Il est l’auteur du Grand ordre du monde. Pour lui, le monde est composé d’atomes et de vide. Inaltérables, les atomes tourbillonnent éternellement dans le vide infini, et s’unissent dans les corps qui constituent les mondes innombrables, qui se succèdent.

(18) Leucippe (460 – 370 av. J. C.), philosophe grec, hédoniste, fondateur de l’atomisme : c’est l’agencement des atomes qui fait la diversité du monde. Il est l’auteur d’une Cosmologie selon laquelle les premiers principes sont le vide et le mouvement ; l’âme est un objet concret et les dieux n’ont pas de puissance spirituelle. Pour lui, des simulacres trompent les sens et la vérité n’est que dans les phénomènes.

(19) Anaxarque d’Abdère (vécut en Thrace vers 350 av. J. C.), adepte du doute philosophique.

(20) Héraclide du Pont (388 – 310 av. J. C.), disciple de Platon. Partisan du monde géocentré ; mais la terre tourne sur elle-même et Vénus et Mercure tournent autour du soleil.

(21) Épicure (Samos, 341 – 270 av. J. C.) – Il établit la validité scientifique sur l’expérience réfutable. Comme chez Démocrite dont il reprend les idées (théorie atomique), la physique n’est pas fondée sur l’existence des dieux qui ne sont pas à craindre, elle obéit au clinamen, expliqué bien plus tard par le Latin Lucrèce.

(22) Clinamen : c’est le degré de liberté accordé aux atomes, et responsable de tout ce qui leur advient.

(23) Lucrèce (Lucretius Carus, 1er siècle av. J.-C.), poète latin auteur de De rerum natura,poème qui décrit le monde selon Épicure.

(24) Straton de Lampsaque (Grèce, 338 – 269 av. J. C.), philosophe.

(25) Aristarque de Samos (310 – 230 av. J. C.), élève de Straton et partisan du monde héliocentré, comme l’a écrit Archimède. Il établit l’usage des longitudes et latitudes, et il mesure la distance de la Lune.

(26) Archimède (Syracuse, 287 – 212 av. J. C.).

(27) Euclide (IIIème S. av. J. C., distinct d’Euclide de Mégare), géomètre grec, disciple de Platon avant Archimède et Ératosthène. Comme Platon, il pense que la vision est due à des rayons émis par l’oeil.

(28) Ératosthène (276 – 194 av. J. C.), dirigea la Bibliothèque d’Alexandrie. Il donna la mesure exacte de l’inclinaison de l’écliptique et du diamètre de la terre.

(29) Hipparque (Nicée, 190 – Rhodes, 120 av. J. C.) – Établit l’usage de la trigonométrie. Astronome, compilateur des données chaldéennes et égyptiennes, il établit le premier catalogue des étoiles. Il sait prédire les éclipses, il connaît la précession des équinoxes, il mesure le méridien et les distances de la lune et du soleil. Il invente la théorie des épicycles pour rendre compte des mouvements des astres.

(30) Posidonios (135 – 51 av. J. C.) Vit à Rhodes puis à Rome. Il est l’auteur d’un traité de physique et météorologie ; il mesure le rayon terrestre, la distance et le diamètre de la lune, qu’il rend responsable des marées. Il construisit une sphère animée dont la description évoque la machine d’Anticythère.

(31) Claude Ptolémée (Égypte, 90 – 168), astronome grec, auteur de l’Almageste et d’un catalogue de 1.000 étoiles. Il soutient le monde géocentré d’Hipparque et perfectionne le système des épicycles grâce à la notion d’équant. Dans ses écrits, il fait souvent référence à ses prédécesseurs, en particulier à Aristote qu’il réfute. Ses tables de calcul et sa description du monde resteront valables jusqu’à la fin l’Empire d’Orient. Elles furent oubliées en Occident jusqu’à l’époque de Copernic où furent utilisés des instruments d’optique.

(32) Alhazen ou Ibn al-Haytham (Bassorah, 965 - Le Caire, 1039), connu de Bacon et Kepler.

(33) Nasireddin (Nasir ad-Din at-Tusi, 1201 – Tabriz, 1274), philosophe et astronome perse ; il mesure exactement la précession des équinoxes. Ses travaux sont connus de Copernic. Pour lui, l’Univers est composé par l’assemblage des particules élémentaires.

(34) Nicolas Copernic (1473 – 1543, Pologne), astronome polonais, mais aussi chanoine et médecin. Il est partisan de l’héliocentrisme dès 1530, mais il conserve les sphères solides accompagnées de petits épicycles, ainsi que la « sphère des fixes », rejetée à grande distance ; il sera accueilli au Latran.

(35) En 1633 par Clément VII, puis en 1636 par Paul III.

(36) Clément VII en 1533, et Paul III vers 1536.

(37) Johannes Kepler (Bavière, 1571 – 1630), astronome allemand, adepte des propriétés des nombres. À Linz en 1615, il doit défendre sa mère durant six ans contre des accusations de sorcellerie. En 1634, l’armée suédoise détruit sa tombe, ses ossements sont jetés à la fosse commune. Il construit une Table de logarithmes, et il publie des horoscopes astrologiques.

(38) Galilée (Galileo Galilei, 1564 – 1642), ingénieur et astronome italien. Il enseigne les idées aristotéliciennes et le système de Ptolémée sans les admettre alors qu’il partage les idées de Copernic. Il construit un premier thermomètre, une pompe à eau. Il perfectionne la première lunette, il observe une nova et les satellites de Jupiter ; il montre l’inexistence des orbes de cristal d’Aristote et conforte le système de Copernic. La condamnation de ses travaux ne sera levée qu’en 1757, et l’héliocentrisme ne sera admis officiellement par l’Église qu’entre 1820 - 1830.
(39) René Descartes (La Haye, 1596 – Stockholm, 1650), philosophe français. Convaincu par l’héliocentrisme, il renonce à publier ses travaux par soumission à l’Église.

(40) Érasistrate (310 – 250 av. J. C.), médecin grec. Sa déclaration : « La nature a horreur du vide » expliquait le mécanisme de la respiration, mais l’usage dogmatique qui en fut fait aveugla longtemps de nombreux esprits.

(41) Isaac Newton (1643 – 1727), philosophe, mathématicien, physicien et astronome anglais. Vers 1666, il attribue la pesanteur à la gravitation. Il publie sur les lois de la Gravité et sur le principe d’inertie, il étudie la lumière blanche et sa nature corpusculaire, il crée la théorie de la couleur. Pour lui, « tout ce qui n’est pas déduit des phénomènes, il faut l’appeler hypothèse ». Il refusa les derniers sacrements.

(42) Christian Huygens (La Haye, 1629 – 1695).

(43) Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646 – 1716), philosophe allemand. Pour lui, le mouvement des planètes autour du Soleil est dû à la circulation harmonique d’un éther fluide autour du Soleil qui emporterait les étoiles ; comme Descartes, sa métaphysique lui interdit de concevoir un espace vide : « Je ne crois pas qu’il y ait aucun espace sans matière. Les expériences qu’on appelle du vide n’excluent qu’une matière grossière ».

(44) Léonard Euler (Bâle, 1707 – Saint-Petersbourg, 1783).

(45) Thomas Young (1773 – 1829), physicien britannique, confirme en 1801 la nature ondulatoire de la lumière et à la même époque le mécanisme de la perception des couleurs par l’oeil.

(46) Augustin Fresnel (1788 – 1827), physicien français, spécialiste de l’optique.

(47) François Arago (1786-1853), physicien français. Il mesure le diamètre des planètes et la vitesse de la lumière, mettant en évidence l’inaptitude de l’éther à représenter les propriétés de la lumière.

(48) Helvétius (Claude Adrien Schweitzer, Paris, 1715 – 1771), philosophe français matérialiste. Tournant le dos au christianisme, il reconnaît que Dieu, « législateur céleste », est une explication aux mystères de la nature quand les sens y font obstacle. « L’instinct […] est comme l’éther, qui pénètre tous les corps sans y faire aucune impression sensible » (in De l’Esprit)- « Par le système de l'attraction, il n'est pas nécessaire d'admettre un Dieu... »

(49) La théorie moderne des atomes, entrevue dès 1789 par Higgins qui découvre la loi des proportions définies, sera établie par Dalton en 1802 ; les dimensions des atomes seront annoncées par Avogadro en 1811.

(50) James Clerk Maxwell (1831 – 1879), mathématicien et physicien écossais. Il détaille la théorie cinétique des gaz.

(51) Harmonie des sphères : il s’agit en fait d’un arrangement arithmétique ou même numérologique pour tenter d’expliquer la loi de Bode, donnant les longueurs des grands axes de rotation des 7 planètes principales, dont la suite des les valeurs relatives reflétaient pour les Pythagoriciens, non seulement l’harmonie numérique du Monde, mais son affinité avec la suite des longueurs de cordes vibrantes générant les 7 tons de la gamme ; de la à parler de la musique des sphères, il n’y avait qu’un pas…

(52) Ernst Mach (1838 –1916), physicien autrichien, qui étudia les ondes. Il combattit la théorie des atomes…

(53) Albert Einstein (Ulm, 1879 – Princeton, 1955), célèbre physicien initialement allemand. Il croit seulement à l’expérience : « l’expérience seule peut décider de la validité d’une théorie mathématique, aussi belle soit-elle ». Dès 1899, il écrit à sa femme ses doutes sur la signification du concept d’éther.

(54) L’expérience de Thomas Trouton et Henry R. Noble en 1909, avec l’électricité statique. Il en fut de même pour l’expérience du levier à angle droit menée un peu plus tard par Gilbert Newton Lewis et Richard Chase Tolman.

(55) Quintessence, nom donné à l’éther au XVIIème siècle par Torricelli, et de nos jours par plusieurs physiciens (Limin Wang, Steinhardt, Ostriker, Caldwell).

(56) Francis Bacon (1561 – 1626), philosophe anglais.

(57) Jean-Jacques Samueli, « L’éther existe-t-il ? », Ellipses, 2011.


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